Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibilityLa vie nous appartient - Ft. May Chan Lee
Le Deal du moment : -20%
Drone Dji DJI Mini 4K (EU)
Voir le deal
239 €


La vie nous appartient - Ft. May Chan Lee

Anonymous

Préférences de jeu
veritas
Invité
est en ligne
Invité
May Chan Lee & Alexis Duroy

   

© Kaiji

L'esprit aussi limpide que les flots qui remuaient sous ses yeux, Alex' trônait sur sa Harley  et rien semblait à ce moment précis, fugace, s'opposer à son bonheur simple.
sa moto:
Un livre dans son sac à dos qui contenait aussi des clopes, une petite chaîne hi-fi, peut-être un peu de shit dans un petit sachet  - à vrai dire il n'avait pas pris le temps de vérifier avant de partir, il s'en moquait -, et puis une vue magnifique depuis la falaise. Des vagues qui s'abattaient sur des récifs rugueux qui ne leur laissaient aucune chance hormis une fuite éperdue dans l'océan. Ainsi au bout de la terre, une sensation de puissance s'empara de lui, et le soleil qui faiblissait légèrement, dans son dos, semblait acquiescer. La scène d'infini bleuté qui s'offrait à lui faisait partie de celles dont on se souvient encore lorsque' l'on est à l'article de la mort, de celles qui permettent en introspection de se dire: «oui j'ai bien vécu, et heureux». Dans ce pays, sur ces terres canadiennes ; Alexis ne pouvait s'empêcher de penser, en guise d'inspiration, à un de ses prédécesseurs ô combien plus illustre qui avait vogué jusque dans cette région malgré les dangers. Jacques Cartier, cinq siècles avant lui avait fait le même périple que lui, mais avec une dose de dangers et de courage pour les braver en plus. Son âme en était silencieusement émue. Autant qu'à la pensée de cette région filant des mains de la France après la défaite de la Guerre de Sept Ans. Il se sentait un peu chez lui dans ce pays, chez des cousins, même si une partie voulait le nier. Il n'était pas expert de cette partie de l'Histoire, mais ce récit suffisait à au jeune homme.

Une bouffée de liberté sortit de ses lèvres au milieu d'un petit nuage de fumée. Son mégot éteint vola un petit peu plus loin dans une poubelle ouverte, posée le long d'un sentier côtier pour que les randonneurs y jettent leurs détritus et ne gâchent pas ce don de la nature. Il faisait bon ici, et sur cette vie, l'air y était agréable, la brise marine était encore douce et caressait calmement la peau comme un voile fin glissant le long d'un corps. Le soleil décroissait mais luisait encore. Une seule ombre au tableau pour le jeune français: l'alcool, ou plutôt le manque d'alcool. Il lui fallait un peu de whisky pour se détendre et se laisser aller aux réflexions dans lesquelles se mêleraient futilités sûrement et traits d'esprit avec un tout petit peu de chance. La ville la plus proche, même une bourgade, ferait l'affaire. Les commerces devaient encore être ouverts à cette heure. Le militaire de réserve comptait bien faire ses emplettes avant de passer un tête à tête avec la nuit, peut-être sur une plage si la mer les invitait chez elle. Peut-être sur la route avec cette moto qu'il avait louée en arrivant. Il en avait une à lui, mais en France, et sans être un passionné de la première heure, il aimait bien ces engins là.

Dans un vrombissement terrible, la moto démarra. Les cheveux au vent, sans casque et sans inquiétude concernant la police, Alexis rejoignit la route principale qui le mènerait à la prochaine ville. Il ne savait pas le nom du bled. Il s'en moquait là aussi, il ne demandait le nom que de ce qui l'eut fasciné au préalable. Alexis ne prenait pas le temps de se prendre la tête pour ce qu'il aimait ignorer. Son coeur battait avec un calme machinal, sans s'enquérir et encore moins s'inquiéter de l'allure folle que prenait le véhicule. La limitation de vitesse était dépassée depuis bien longtemps, depuis le moment où il avait démarré à vrai dire. Les voitures trop lentes qui lui faisaient obstacles étaient déposées sur place sans aucune pitié. Quelques mecs tentaient bien de klaxonner, mais lorsque le son lui parvenait aux oreilles, Alexis était déjà loin et cela aurait tout autant pu être un navire perdu en pleine brume que le Français n'aurait pas vu la différence. L'asphalte était mangée et recrachée à l'infini, ce qui était avalé refaisait face - trait pour trait - devant. La verdure sauvage s'étendait à ses côtés, le vent la courbait sous son passage et au loin les premières habitations apparaissaient. Des maisons individuelles, peut-être de familles de pêcheurs. Il aimait supposer au hasard, inventer une existence à tout ce qui s’offrait à ses yeux toujours ébahis.

La ville fut atteinte, après des maisons qui lui avaient parues en bois, Alexis sillonna des quartiers bien bétonnés, à l'architecture plus récentes. Un parking vide, quelques enseignes éclairées, c'est tout ce qui lui fallait pour subvenir à ses besoins, à ses plans. En vitesse la moto fut garée, et Alex' en descendit. A l'intérieur de la grande épicerie, les rayons étaient vidés. Au détour de l'un il croisa une ravissante asiatique. Dans un autre contexte, il serait sûrement allé lui parler, de tout et de rien. Mais elle avait sûrement mieux à faire sur l'instant. Quand à lui, l'idée de se retrouver seul pendant cette soirée pouvait lui convenir. Au rayon alcool, il se prit une bouteille de whisky sans faire attention à la marque. Il croisa à nouveau la jeune femme, il se demandait s'il ne l'avait pas déjà vu à Harvard ou dans le coin. Avec le nombre d'étudiants qui avaient afflué sur l'île, c'était possible. Et encore, Alexis était arrivé ici plus tard, après quelques semaines de vacances chez lui en France, d'autres étaient peut-être déjà rentrés. Depuis son arrivée à la Nouvelle Écosse, le Français s'était plutôt retrouvé seul. Seul comme cette caissière quarantenaire qui ronchonnait en passant les articles d'Alexis qui n'avait pas que pris une bouteille d'alcool. Le jeune étudiant sortit sur le parking et enfouit ses achats dans le petit coffre de sa moto, à l'arrière de sa selle en cuir. Au moment de partir à l'aventure, la jeune femme qu'il avait croisée sortit à son tour. D'une manière peu cavalière, sur instinct, mais dévoilant un sourire chaleureux qui se voulait aussi rassurant - du moins autant que la situation pouvait le permettre.
- Excuse moi de te déranger, tu es d'Harvard non ? Tu veux que je te dépose quelque part ? lança-t-il avec son petit accent, mais toujours avec un sourire bienveillant.

La vie nous appartient - Ft. May Chan Lee RZQXLlLGVNlVQIs9LNuodxXZDb4ZWby1WJRB5vwNlYiUavOMRwDimWDdB1Utrus3
   
(Invité)