Satchel I. Corte-Real ► Thiago Santos

♔ Keep calm and love London ♔



Londres. C'est là-bas que je suis né et que j'ai grandi. Mes parents s'étaient installés dans un quartier huppé de la ville, Kensington. La population du quartier était très bourgeoise et raffinée. Là, on y retrouvait les gosses de riche, les fils à papa. Là, on y retrouvait moi en fait. Je n'ai jamais eu honte de dire que j'habitais dans ce quartier chic. Bien au contraire. Je ne le criais pas non plus sur tous les toits. J'étais peut-être né avec une cuillière d'argent dans la bouche mais je ne me suis jamais vanté de ce que j'avais. Je restais humble, comme l'on m'avait éduqué. Mais nous n'allons pas nous mentir, être riche, c'est le pied! L'argent peut nous offrir un tas de chose sur Terre. Acheter sans avoir peur de faire chauffer le porte monnaie, sortir autant qu'on veut. Oui, avoir de l'argent a beaucoup d'avantages. J'oublie aussi qu'avoir un père reconnu en Grande Bretagne, c'est aussi un plus. Pourquoi? Parce que vous êtes conviés à toutes les soirées les plus chics, aux soirées auxquelles n'importe qui rêverait d'être invité. Des plats raffinés, des rencontres avec d'autres fils à papa, j'aimais bien ces soirées-là. Mon père était à la tête d'une grande entreprise de parfumerie qui portait d'ailleurs son nom, Corte-Real. A mon humble avis, il avait plus de mérite que n'importe qui dans ce milieu. Il avait travaillé dur pour arriver à ce stade-là. Tout travail mérite salaire et tout salaire mérite dépense. Maintenant, il peut s'épanouir, profiter enfin de sa "récompense"..et moi aussi d'ailleurs. Comme je le disais plus haut, je ne manquais de rien. Là où je voulais aller, j'y allais, enfin si mes parents étaient d'accord bien sûr. Ce que je veux dire par-là c'est que l'argent n'était pas un problème pour moi.

Ado, j'étais un gosse normal. Je ne voulais pas être mis à l'écart sous le foireux prétexte que mon père était richissime. Beaucoup d'élèves connaissaient mon père ou plutôt avaient entendu parler de lui. Mais jamais, je n'ai laissé sous-entendre que je me sentais supérieur à un tel ou à un tel. Je me suis toujours comporté comme un être normal, doué de sentiments et de raison. Je n'ai jamais pris la grosse tête et ne me suis jamais pris pour quelqu'un que je n'étais pas. J'ai toujours été naturel et je pense que c'est pour ça que mon intégration n'a pas été difficile. Comme je suis à la maison, je le suis en cours. Humble, souriant, simple, je respire la joie de vivre. Mon allure négligée, mon calme, ma nonchalance amusent mes camarades. Je n'étais pas le plus aimé de tous mais pas le plus détesté non plus. J'avais mon groupe d'amis, comme tout le monde et me limitais à celui-ci. Je n'étais pas vraiment un bon élève. Pour dire vrai, je n'étais pas très bosseur. J'ai toujours été je m'en foutiste et flemmard ce qui horripilait ma mère. Souvent, je m'amusais à dessiner sur mes cahiers, à les orner de petits motifs. J'étais très doué en dessin. C'était le seul cours qui me passionnait réellement. Mes résultats restaient passables mais à chaque fois les professeurs ne se gênaient pas pour évoquer dans mon bulletin mon manque "d'implication et d'intérêt en la matière" excepté en dessin. Heureusement, le contexte familial m'a permis de m'en sortir en langues. J'avais pris l'option portugais car avec un père Cap-Verdien, je le parlais couramment à la maison même si l'anglais primait.

Je n'ai pas eu de crise d'adolescence sérieuse. Pour tout dire, elle était raisonnable. Il m'est arrivé de boire et de fumer en soirée mais je restais responsable et dans la modération. Comme tous les ados, j'allais à des fêtes..et on sait tous à quoi ressemble les fêtes d'ados..elles partent en débandade. Il m'est arrivé de faire quelques folies..surtout de mon corps. J'ai couché avec pas mal de filles que je croisais en soirée. Je ne les revoyais plus et je m'en fichais. L'essentiel est que j'avais pris mon pied. Je n'ai pas eu beaucoup de relations sérieuses. La plupart du temps, je tombais sur des filles creuses, niaises et qui avaient envie "d'exotisme". Je me lassais vite, je n'arrivais même pas à m'attacher à elles. Alors, je les larguais aussi vite que je pouvais. C'était là que j'avais compris que le sérieux, c'était fini. Je suis un gars qui ne se pose pas trop de questions. Je profite de l'instant, le lendemain, je verrai bien ce qui m'attend.

A la fin du lycée, j'ai su ce que je voulais vraiment faire de ma vie. Entre nous, je ne me voyais ni dans des études littéraires, ni scientifiques et encore moins économiques. Le domaine dans lequel j'allais exceller, ça allait être le mannequinat. On m'avait toujours complimenté sur mon physique, sur mes traits fins du visage. On m'avait toujours poussé à me proposer dans des agences. J'ai obéi et j'ai été retenu par plusieurs agences. Ma mère étant styliste, ça m'a beaucoup aidé à avoir des contacts. J'ai commencé donc à poser, à faire quelques photos histoire de me faire connaître dans le milieu. A 17 ans, je participe au concours Mister Black UK que je remporte, à ma plus grande surprise. En toute honnêteté, je ne m'y attendais vraiment pas. En récompense pour mon travail et ma volonté acharnée de devenir mannequin, mon père m'a proposé de choisir l'université de mon choix. Dans un premier temps, mon choix s'est orienté vers Oxford. Après mûre réflexion, j'avais envie de pousser le vice et j'ai choisi Harvard. Là, j'y étudie ce qui est depuis longtemps une passion: le design de mode, un domaine qui combine le dessin et la mode. Mon temps libre, je le consacre à poser, à faire des défilés quand on me le propose. Mon but est soit de devenir créateur de ma propre marque de vêtements qui porterait d'ailleurs mon nom soit de devenir mannequin professionnel. Mon rêve serait de faire la une des grands magazines.