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13 juillet 2016. Une date qui n'avait rien de bénigne. Il y avait exactement deux ans, deux longues années, la cadette de la famille Archibald avait lâchement fait croire à sa mort. Un suicide par-dessus un pont et le corps retrouvé n'avait en aucun cas été le sien. La demoiselle avait simplement un complice très doué pour ce qui est de faire disparaître les gens et pour une fois, la famille Basini n'utilisait pas ce don après avoir descendu une personne, mais belle et bien pour la faire fuir. Les raisons de sa fuite.. Son frère les connaissait depuis le premier soir de leur retrouvaille. Cependant, il n'en avait toujours pas pris conscience. Cela l'amusait de lui dire qu'il ne voudrait jamais être oncle et qu'elle n'avait pas intérêt à continuer à tout vas, mais.. Se rendait-il seulement compte que ça avait failli être le cas ? Qu'elle aurait du être mère, Dante aurait été le père et lui aurait été par la force des choses – et des liens familiaux – un oncle. Formidable, elle n'en doutait pas. Lui aurait largement moins aimé la surprise, mais peut-être est-ce que cela l'aurait fait grandir plus vite ? Oui, elle lui reprocherait encore et toujours d'être trop gamin, mais il n'en était pas moins toujours parfait à ses yeux. Il resterait son jumeau à tout jamais. Un autre aurait accueilli la surprise avec le même choc, c'était Dante. Se retrouver père comme ça.. Souvent, la brune avait imaginé sa tête en revenant avec leur bébé. Heureux. Choqué. En larme. Mais.. Rien n'avait été possible. Si elle avait réellement eu cet enfant, aurait-elle été dans cette boîte de nuit au Canada ? Aurait-elle revu son frère et aurait-elle eu le déclic pour revenir auprès de lui ? Probablement, non. Elle aurait veillé son enfant toute la nuit et elle n'aurait même pas pensé au fait qu'elle se faisait le plus grand des mal en restant loin de ceux qu'elle aime. Non, car à ses yeux, rien n'aurait été plus important que la vie et la survie de ce chérubin. Un enfant de l'amour qu'elle portait à ce bel italien qui avait tant bouleversé sa vie et qui continuait de tout chambouler dans la vie de la jeune femme. Bien entendu, ces derniers mois, il en avait bavé et elle s'en était félicitée. C'était plus simple de savoir qu'il la déteste plutôt que de voir dans ses yeux cette petite flamme lui rappelant leur bonheur passé. Parce qu'elle sait qu'il a une femme, une colocataire, des amis, d'autres femmes qui tournent autour de lui et que tout ceci lui donne follement envie de vomir tous les jours. Et cette envie de tout rendre était bien plus violente que la pire des grossesses.
Regardant par la fenêtre, Elena se demandait vraiment si ce jour était propice à aller discuter avec son premier amour. Depuis qu'elle était arrivée ici, elle avait préféré soigneusement l'éviter et cela avait parfaitement marché. Simplement voir son frère et son amie, Megan. Les journées semblaient interminables, mais elle les aimait ainsi désormais. Plus calme et plus détendue, la brunette avait réussi à être largement plus apaisée. Il faut dire que son expédition à Bali avec Xavi l'avait fortement aidé et elle ne pouvait pas s'en déplaire d'avoir passer ces moments en sa compagnie. Tout commençait à mieux se caler dans son esprit et cela lui faisait vraiment le plus grand des biens. Jouant avec son téléphone, elle envoyait un regard de travers à son paquet de cigarette avant d'aller s'enfermer dans la salle de bain pour prendre une douche. Son esprit se troublait encore quelques instants. Il fallait qu'elle le fasse. Qu'elle aille le voir et qu'ils en parlent. Crever l'abcès pour pouvoir enfin avancer chacun de leur côté. Les illusions s'étaient envolées désormais. Elle sait parfaitement que Dante ne serait plus jamais l'homme si merveilleux qu'elle avait eu à ses côtés. Elle l'aimerait, de tout son cœur, mais c'était impossible. Et pour une fois.. Elle sentait que cette distance n'était pas de sa faute à elle. La sienne ? Oui. Mais aussi celle qu'à créer ses parents et sa famille durant son absence à elle. Personne ne peut rien faire contre ça à part lui sauf qu'il avait très clairement baisser les bras et ce n'était pas supportable de le voir ainsi. Cela fait mal de dire adieu à une personne que l'on aime, mais.. Un certain mal est nécessaire dans la vie. Si une personne ne peut plus rien pour vous, ni bonheur, ni malheur, alors il faut la laisser partir. Disparaître. Les souvenirs resteront toujours, avec les sourires et les larmes qu'ils ont apporté, mais la personne physique ne peut rester.
Sortant de la douche, la demoiselle s’affairait pour ne pas le manquer. Soufflant doucement en passant une robe, ses cheveux sont noués en un petit chignon et ses pieds trouvent leur place dans de petites espadrilles. Son cœur n'est déjà plus aussi calme qu'avant alors qu'elle quittait sa chambre. Une petite route la menait vers ces habitations où les Summer Camper dormait et elle espérait juste qu'il soit là sans quoi.. Trouverait-elle encore le courage d'affronter cette peur de le voir une nouvelle fois ? Ce n'était pas la Sarah du soir du bal qui se présentait en face de lui. Ni celle de leur retrouvaille. Peut-être ressemblait-elle bien plus à la vraie Sarah, celle du début, celle qui sourit et qui profite de la vie tant qu'il en est encore temps car elle a déjà su ce que cela faisait d'être passée pour morte durant presque deux années entières. Alors elle se rapproche, encore et encore. Ses mains sont entrelacées pour ne pas qu'elle puisse remarquer son propre tremblement. On aurait dit qu'elle allait vers lui pour la première fois.. Comme lorsqu'elle était tombée amoureuse de lui. De doux rapprochements avant de finir l'un avec l'autre, souriant, heureux. Foutrement heureux. Son cœur se serre à ces souvenirs et son poing reste figé en l'air alors qu'elle était sur le point de frapper à sa porte. Peut-il encore sentir sa présence, comme avant ? Sait-il seulement qu'elle se trouve à quelques mètres de lui ? Comprendra-t-il qu'elle ait besoin de lui parler de cet enfant qu'elle n'a jamais eu et dont il n'aurait probablement pas voulu si vite, dans cette relation qui partait dans tous les sens ? Alors la brune hésite, se demande si venir avait été une bonne idée. Que ferait-elle si elle se retrouvait face à sa femme ou une autre prétendante ? Serait-elle capable d'endosser le coup sans revenir à ses vieux travers de vengeance et de haine ? Son cerveau ne sait plus où donner de la tête et les pointes de ses phalanges finissent par taper contre le bois massif de la porte de sa chambre. Un coup, un seul. S'il ne l'entendait pas, ce serait fini.. avant même d'avoir commencé.
Des bruits de pas résonnèrent derrière ce mur entre eux. Regardant à droite et à gauche dans le couloir, son corps souhaitait si fort s'échapper, mais ses jambes la prennent en otage et la force à affronter sa plus grand peur. Cette épreuve, de perdre leur enfant.. Elle l'avait affronté seule et n'en avait parlé à personne. Absolument personne. Baptiste était au courant sans s'en rendre compte, mais cela n'allait pas plus loin. Là.. Elle avait devoir parler, s'expliquer et surtout faire face aux réponses de l'homme qui aurait du en être le père. Cette maudite porte s'ouvrait enfin, le laissant apparaître. Lui. Dante. Personne d'autre que lui. Sa gorge se serre, ses poings se ferment et son cœur se soulève l'espace d'un instant. Son premier amour, l'homme de sa vie – après son frère – se trouvait là, droit devant elle. La dernière fois qu'ils avaient été face l'un à l'autre, ce fut durant le bal et.. Il ne valait mieux pas s'en rappeler, n'est-ce pas ? Depuis, elle avait emménagé chez Xavi pour changer d'air et.. Surtout pour cesser d'être seule dans leur appartement, quartier d'Italie. Les messages qu'il lui avait adressé sur cet endroit l'avait rendu folle de rage. C'était leur cocon ! Plutôt mourir – pour de vrai cette fois-ci – que de s'en séparer ! Au retour de Bali, elle y avait fait un saut.. pour constater qu'il était vide de leurs effets personnels à l'un comme à l'autre. Les photos sont toujours là, les meubles et ce parfum si caractéristique. Le mélange de chacun qui embaume l'air comme jamais. La sensation de bonheur qu'elle ressentait en y entrant avait laissé place à la réalité violente de se dire que tout était fini. « Bonjour, Dante » dit-elle simplement, d'un calme olympien. Oui, elle était venue avec le drapeau blanc. La hache de guerre était plantée et elle la laisserait là pour toujours. Tant pis si cela serait sujet à partir dans tous les sens, aujourd'hui, Elena – que dis-je, Sarah – ne voulait plus se déchirer avec lui. Le temps fera son effet, ainsi va la vie désormais.
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