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Perdue. Dans mes rêves abandonnés, dans mes cauchemars, je suis juste perdue, au fond du trou, au fond du gouffre dans lequel je ne cesse de m'enfoncer. De m'éteindre petit à petit. J'ai plus goût à la fête, plus goût à l'amitié, plus goût à l'amour qui a prit la fuite, plus goût à la vie. Un corps inerte que je porte, une âme redevenue bien vide maintenant. Rapidement. Trop rapidement que j'en ai déjà oublié l'odeur de la passion, de la joie, du bonheur, j'ai déjà tout oublié. Tout comme si ça n'avait jamais existé, comme si rien ne s'était passé, trop éphémère, trop furtif, la chute brutale comme je l'imaginais.. Pire, bien plus pire que ce que j'avais pu imaginer. Je n'arrive plus à trouver le sommeil, à me libérer totalement de son emprise, d'oublier son nom, d'oublier les moments. Les beaux, les moins beaux, et je m'effondre dans cette nuit noire. Je m'effondre assise sur cette foutue marche, au milieu de nulle part, le seul endroit où j'ai réussie à me réfugier. Un endroit sale, morbide, dégradée comme moi. Comme ce que je mérite probablement. Le visage dans mes mains, les gouttes salés qui tombent au sol et je me sens ridicule. Je me sens au plus bas, humilié, détruite de l'intérieur. Il est venu et à tout saccagé, tout mit en ruine et putain j'ai personne pour me réconforter, pour me relever, aucune famille, quelques amis qui doivent faire la fête et je me retrouve seule de nouveau avec moi-même. J'expire, essuyant mes larmes de la paume de ma main, balayant ma tristesse d'un seul coup irrité. Les yeux rouges, le nez qui coule je me relève en tentant de calmer mes sanglots. Je vois encore flou avec les larmes au bord de mes yeux, je balance violemment la bouteille de verre que j'ai dans la main, la laissant se briser en mille morceaux, se briser tout comme je le suis. J'avance, je déambule dans la rue, tirant mes cheveux en arrière avec mes mains et je fermais les yeux. Je les ferment fort, fort, fort comme pour tout effacer. Je laisse retomber mes mains le long de mon corps et j'ouvre les yeux, je vois ma pire terreur, ma phobie, là, de dos. J'ai envie d'hurler, de lui taper dessus jusqu'à ce qu'il en crève, jusqu'à ce qu'il est mal autant que j'ai mal. Mes pas ralentissent, je marche sans un bruit, continuant de vouloir dissimuler toutes traces de faiblesse qui ruinent mon visage depuis des heures. Je le contourne, le regarde, et je sens les larmes monter encore. Je te déteste putain, je te déteste. T'as fait en sorte d'être ma bouée de secours le temps de quelques instants pour finir par me laisser couler, pas remplir mes poumons d'eau et de toi jusqu'à l'extinction de tout signe de vie. - Rentre chez toi. Je murmure la voix tremblante, cassée par les pleurs et je me dirige jusqu'à devant l'entrée principale, cherchant activement les clefs de ma chambre dans mon sac. Sac que je fais tomber par le stresse, tout se renverse, et je tombe à genoux, les larmes coulantes jusqu'à l'extrémité de mon nez, tentant de ramasser mes affaires malgré ma vie restreinte.
Je veux plus de toi, plus de nous, plus de cet amour qui me tue. Je ne veux plus rien, ni rire, ni m'amuser, ni pleurer, ni vivre. Je ne veux plus rien. Et malgré tout ça, ce sentiment atroce au fond de ma poitrine, de mon ventre je sais que c'est toi. Je sais que mon cœur et mon corps tout entier te réclame, te hurle de t'en emparer encore une fois, une dernière fois et j'ai juste envie de me jeter du haut d'un pont plutôt que de ressentir ça. Plutôt que de souhaiter me brûler à nouveau dans son enfer. Je ne sais plus où je vais, comment j'y vais, ce que je suis, je ne sais plus rien.. Je marche machinalement, trop rapidement, ma respiration se fait saccadée, mes jambes tremblent et mes mains moites quand je croise son ombre. Quand je croise sa silhouette, cette atmosphère.. On était pas comme ça, on était bien, même si ça faisait mal souvent, on était bien. Et je t'avais toi, je t'avais.. Toi. Maintenant il ne me reste plus rien, tu m'a abandonné, tu m'as laissé seule et morte sur le carreau sans même t'en rendre compte. Alors pourquoi t'es là ? Pourquoi ? Tu veux voir le résultat final ? Tu veux avoir satisfaction que finalement t'as gagné ?.. T'as réussi à achever cette pauvre droguée de Mather ! Bravo. Et je serre les dents, j'ai cette boule dans le ventre qui ne demande qu'à exploser, douloureuse, intense, piquante. J'ai mal, j'ai tellement tellement mal que même les larmes n'arrivent pas à me soulager. À apaiser cette douleur mortelle. Et à genoux sur le bitume, je ramasse mes affaires, déboussolé, stressée, tellement que je m'écorche le bout de mes doigts contre le sol. Et j'entends ses pas se reprocher, mes yeux se ferment et je pince les lèvres pour m'empêcher de sangloter. Reste loin de moi, va-t-en, t'approche pas.. - N.. Non, laisse.. J'arrive à peine à parler, à sortir ses quelques mots. Il n'écoute pas, il continue de rester, d'être là, de m'afficher le fruit de ma défaite, de ma tristesse. Je sens son regard sur moi, je l'esquive, tourne mon visage, je ne veux pas que tu vois comme tu as gagné. Pas que tu vois comme je suis faible, comme je suis rien sans toi. - Part.. Je dis d'une voix qui part dans les aiguës par les gémissements.
Alors c'était ça l'amour ? Tout ce bordel de sentiment ? Ça n'apporte qu'une once de bonheur avant de disparaître pour laisser place au tonnerre, aux orages, au tsunami, à l'ouragan qui t'emporte haut, tellement haut pour finir par te jeter à terre. Et les blessures sont bien plus douloureuses que les fractures ouvertes, que l'imputation d'un membre, qu'une lame tranchante me transperçant la peau, pire que tout et personne ne pouvait me guérir. Personne mise à part lui, mise à part toi, mise à part celle qui m'a infligé ce supplice. Et la plaie ne cesse de s'élargir quand son visage est à quelques mètres de moi, que son odeur arrive jusqu'à mes narines, que sa voix vient déchirer mes oreilles. Et je ferme les yeux, mordant dans ma langue, puis ma lèvre fermement quand il me dit vouloir rester. À quoi bon ? Tout était terminé, non ? Alors à quoi bon ? À part intensifier ma peine. - Tu.. Tu tenais à moi Noah ? Je demande blindée de rancune. Je viens enfin affronter son regard, les joues encore humides, autant que mes yeux. - Est-ce que.. Tu tenais à moi bordel ?.. J'haussais la voix, le regard noir, me rapprochant d'un pas, le visage grimaçant je levais les yeux, intensément, douloureusement.
Comme on dit, le poids de mon amour s'évalue dans ma souffrance. J'étais coincée dans une chute dans un puit sans fond, me noyant dans le désespoir et la nostalgie, entre la détresse et la fin de toute une vie que je sentais si proche. Je n'arrivais plus à imaginer ma vie sans lui après ces derniers mois, il avait tailladé mon cœur avec la lame fine d'un couteau pour y graver son prénom, indélébile, ineffaçable. Me torturant un peu plus à présent, appuyant sur mes entailles loin d'être cicatrisées. Appuyant un peu plus là où ça fait mal, restant debout devant moi comme pour me rappeler tout ce que j'avais plus maintenant, tout ce que je venais de perdre, tout ce que je n'aurais plus.. Et putain comme j'ai mal, comme ça me brûle à l'intérieur, comme j'ai envie que cette déchirure se referme, qu'elle arrête de me tordre de douleur, juste qu'elle se referme, engloutissant tout les souvenirs avec elle. Que la plaie se referme, qu'elle puisse me redonner ma liberté et que je puisse passer au-dessus de ce mal sans fin. Mais, non, il reste là et je le défie, je le fusille littéralement de mon regard ensanglanté. Pleurant des larmes de sang chaud que je n'arrive pas à contrôler, à ravaler. Et mes oreilles sont bouchées, je n'arrive pas à entendre ce qu'il me dit, je n'arrive pas à l'accepter parce que rien n'est cohérent. Rien n'est logique. - Pourquoi t'était là tout ces soirs Noah ?.. Pourquoi t'as embrassé une autre meuf que moi ? Pourquoi tu t'es barré avec elle ce soir là ?.. Et tu crois que j'ai pas vu tes regards sur cette fille de mon équipe, sur cette blonde ? Tu crois que j'ai rien vu ?! Que j'ai pas vu tes yeux se balader sur son visage comme t'as pu le faire avec moi ? Les sanglots montaient petit à petit, petit à petit que les mots sortaient de ma bouche, remémorant la scène à l'intérieur de ma tête que je tiens entre mes mains. Je secoue la tête de gauche à droite, resserrant l'étreinte de mes mains sur celle-ci comme pour étouffer ses images qui crament mon putain de cerveau. - Arrête Noah.. Arrête bordel ! Hurlais-je en pleine nuit, pointant mon index en sa direction, le bout de mon doigt sur son torse. - Arrête. Je lui ordonnais. Qu'il garde ses salades pour lui, j'aime pas la verdure. - Tu savais ce que tu représentais pour moi, tu SAVAIS. Tu savais que moi, je jouais pas.. Je le repoussais en arrière, je le poussais de toutes mes forces, je voulais faire sortir toute ma rage et mes peines. - J'étais qu'un jeu à la con pour toi.. Dis-je à peine audible dans ma barbe. Je passais mes mains sur mon visage, j'en avais assez de pleurer, assez de pleurer pour toi. - Une victime de plus sur ton tableau. Je lance doucement en passant ma manche sous mon nez en hochant la tête, lèvres pincées comme si je venais de tout comprendre, comme si je venais d'avoir une illumination. - Félicitation. Répliquais-je en expirant, baissant la tête avant de lui tourner le dos, tourner les talons dans le sens opposé. J'avais de nouveau besoin de cette foutue marche, sale, dégradée, et c'était ma destination, je veux fuir ma chambre, fuir ce nid à démons.
Je l'écoute hurler, son visage qui se crispe, sa voix qui se transforme et ses mots qui me saignent. Qui me tue littéralement. Je serre les dents, tellement fort qu'elles grincent. Je le regarde, le regard vide, tombant des nues, je me rendais compte de tout.. Je venais d'avoir toutes les réponses, toutes celles que j'avais peur d'entendre, elles sont dites maintenant. À coeur ouvert, écorchant de nouveau le mien. Je recule d'un pas, dégoûté, écoeuré par la personne dont j'étais tombé raide dingue, par ce personnage qui m'a fait vivre un rêve tout éveillé. Ça n'était qu'un rêve, un leurre, ça n'était rien. Et putain, comme avais-je pu être aussi bête. On ne sera jamais un couple, jamais amoureux, jamais mari et femme, on ne sera jamais ce dont j'avais pu souhaiter secrètement tout le long. Je ravale ma sauve amère. M'éloignant de lui de quelques mètres, dévasté, la vérité est trop dure à entendre, à accepter, il avait raison sur tout et.. C'était trop dur. - T'as raison, restons rien. Soufflais-je avant de me barrer. De fuir, je ne pouvais plus rester un minute de plus avec lui, j'avais juste envie de gerber toutes mes tripes. J'étais donc la seule dans toute cette histoire à m'être investit ? À avoir ressentit toutes ces choses si fortes ? Ouais. Faut croire que ouais. C'est finit maintenant, tout est finit. Efface tes larmes, il ne sert plus à rien de pleurer un amour inventé de toute pièce, un amour à sens unique.