JEZABEL L. PEREZ ► lauren jauregui

Jezabel est née dans la capitale du Venezuela, à Caracas. Quand on vous parle de Caracas, vous pensez sûrement à la plage, aux paysages de rêve, aux cocktails de fruit et aux hôtels de tourisme tellement accessibles dans ce pays pauvre. Pourtant ce n'est pas du tout dans l'opulence qu'est née Jeza. Fille du bidonville, c'est dans un immeuble de bureaux abandonné que ses parents ont élu domicile, comme tant d'autres. Bref, c'était pas la joie, à vivre tous ensemble dans une seule pièce. Enfin, sur le papier c'est pas la joie mais la petite brune en garde un souvenir heureux. Ils n'avaient rien, c'est vrai. Même pas l'eau courante, c'est pour dire, et encore moins l'électricité. Et pourtant, de ces deux années passées au Venezuela, elle ne garde qu'un sentiment de bonheur et d'amour. Ils n'étaient que 4 à l'époque, son père, sa mère, son grand frère de 6 ans son aîné et elle.

Quand sa mère a accouché de son premier petit frère, ils ont décidé de tenter le tout pour le tout et de déménager aux Etats Unis. Bien évidemment, ce n'est pas légal, personne ne les aurait laissé passer la frontière tranquillement. A l'époque, Jez n'en savait rien, mais aujourd'hui elle se doute bien que son père a du négocier avec la mafia locale pour obtenir un droit de passage. Ils y ont laissé toutes leurs économies et tout était à recommencer sur cette terre promise, comme le disait son père. L'American Dream, ils allaient pouvoir enfin le toucher du bout des doigts. Bon, pas en toute sérénité puisqu'il y avait toujours le risque non négligeable de retourner à la case départ et de retrouver le bidonville de Caracas. Ses parents ont travaillé d'arrache-pied pour leur permettre un minimum de confort. Leur logement n'était pas bien plus grand que celui du Venezuela, d'autant que la famille s'est agrandi de 2 nouveaux membres au cours de leur 3 premières années de vie ici. Sa mère faisait des ménages chez des particuliers peu regardants sur son permis de travail, son père était chauffeur de taxi. Ils le sont toujours, de vrais piliers prêts à tout pour offrir les meilleures chances à leurs 4 enfants.

Jez a rapidement pris ses marques aux Etats-Unis, encore assez petite pour apprendre rapidement l'anglais et s'adapter à ce mode de vie tellement différent du leur. Ca n'a pas été le cas de Pedro, son frère aîné, qui en a fait voir de toutes les couleurs à la famille. Vandalisme, vol à l'étalage, ça a été l'escalade jusqu'à son retour au Venezuela à ses 16 ans, aidé par ses mauvaises fréquentations. Le fait qu'il ait très vite rejoint les rangs d'un gang n'a été un secret pour personne et Jez n'oubliera jamais les larmes de sa mère, toujours si discrète, dès qu'on évoquait le prénom de son grand frère. Jez n'avait que 10 ans à l'époque et pourtant, elle était déjà décidé à ne surtout pas marcher dans les pas de Pedro. Elle a toujours aimé étudier, depuis toute petite et elle devient rapidement la première personne de sa famille à avoir de vraies chances de faire des études supérieures.

Si Jez avait déjà des rêves plein la tête, tout ça était loin d'être simple puisqu'ils n'avaient aucun papier légal, nécessaire pour une inscription à la fac et encore plus pour l'obtention d'une bourse, indispensable vu leur niveau de vie. Une chance inespérée s'est présentée en 2013, quand Obama a choisi de régulariser la situation de 5 millions d'immigrés clandestins aux Etats Unis. 5 millions de personnes dont 4 Perez qui n'avaient plus à craindre l'expulsion, enfin. A partir de là, Jez n'a fait que bosser autant que possible pour pouvoir atteindre son rêve : intégrer Harvard, une des meilleures universités du monde. Tout aurait pu être parfait mais un événement tragique est venu bouleverser leur équilibre retrouvé en 2014. Son grand frère a été assassiné à Caracas dans une rixe entre gangs, mettant un gros coup pour toute la famille. Jez n'était déjà pas très emballée par le monde de la drogue et ça a suffi à la vacciner définitivement, suffisamment pour ne jamais en consommer pour le restant de ses jours quand on sait la violence qui peut se cacher derrière de simples "produits d'amusement".

Pourtant, elle ne s'est pas laissée abattre et à continuer son propre combat pour la réussite. Et ça a payé puisqu'elle a été acceptée dans le cursus scientifique d'Harvard. La pauvreté de sa famille a été un frein à beaucoup de choses dans sa vie, pourtant, elle lui a permis d'entrer dans la prestigieuse université avec une bourse d'études conséquente, couvrant le prix des frais d'inscription et lui permettant de louer une chambre sur le campus. Depuis Jez a trouvé un travail dans un cinéma proche du campus, jonglant entre ses études en biochimie et neurosciences et la vente de popcorn. Si pour beaucoup, c'est loin d'être le rêve, pour la petite brune partie de rien, c'est une victoire incroyable que peu sont capables d'apprécier à sa juste valeur.