here for you x jeisa

Qui disait vacances disait forcément visites, à commencer par la ville de Sidney et les alentours de l'hôtel mais pourquoi pas aussi oser s'aventurer un peu plus loin ? New Galsgow, c'était ici que Jules passait la journée avec des amis mais aussi la nuit. D'après ce qu'ils avaient entendu, ça valait d'autant plus le coup d'y rester pour la soirée alors, puisqu'ils n'avaient rien de prévu et qu'ils n'étaient jamais venus ici, autant en profiter. Ce serait donc un bar pour commencer et puis ensuite, ils verraient. Il devait bien y avoir des choses à faire, surtout en période de vacances et dans une aussi grande ville que celle-ci - même si à côté de Boston, ça ne valait pas grand chose. Assis à une table, le mather balaya la salle du regard avant que son attention ne s'arrête sur un homme en train de verser quelque chose dans un verre et ensuite demander au barman de le donner à une blonde qui se trouvait un peu plus loin. Plutôt facile de deviner que ce n'était pas qu'un simple relaxant qu'il avait mis dedans... Et ouais, peut-être que c'était pas le genre de Jules de jouer au héros et de se mêler des affaires des autres, mais il ne pouvait pas se contenter de rester assis sur sa chaise tout en sachant que cet enfoiré allait avoir ce qu'il voulait. Le mather pouvait parfois - souvent - se comporter en parfait connard, mais il n'était pas un monstre, pas au point de laisser un truc pareil se produire sous ses yeux. Alors, sans même jeter un coup d'oeil à l'homme en question, Jules se leva de son siège et s'approcha du bar pour venir se placer jusqu'à côté de la blonde. "Tu ne devrais pas boire ça." Il était sérieux, très sérieux, même si ça ne l'étonnerait pas une seule seconde que la demoiselle prenne ses paroles pour une simple blague ayant pour but d'engager la conversation. Mais lorsqu'il tourna davantage la tête pour la regarder dans les yeux, il constata avec étonnement qu'il connaissait déjà la blonde. C'était Jeisa et soudain, Jules se félicitait encore plus de s'être levé pour venir la prévenir.

Je devais avouer que le summer camp était un excellent moyen de s'amuser. Une bonne excuse pour faire la fête et autre. J'ai toujours adoré ces concepts, j'ai toujours adoré sortir, faire la fête, me coucher à pas d'heure. C'est une vie que j'ai longtemps assuré au Brésil avant que mes parents m'obligent à venir à Harvard. J'ai énormément changé depuis. En même temps, j'ai quand même du me calmer pour assurer mes études et l'ambiance, n'est quand même pas la même. Certes il y avait des soirées de folies, Boston n'était pas loin etc. Mais allez au Brésil et vous verrez que c'est encore plus tentant quand même ! Bref, nous étions en Nouvelle Ecosse pour cet été et j'en étais contente. J'allais essayer de faire de ce summer camp un meilleur que l'année passée. Je n'étais pas dans une bonne optique cette fois ci, et cela s'était senti sur la fin avec mon accident de voiture. Je n'avais toujours pas repasser mon permis. Je n'avais pas envie. Mais j'avais recommencé à boire petit à petit, j'avais appris à m'amuser sans me miner la gueule en buvant n'importe comment. Ce soir, j'étais sortie dans un bar avec deux copines, à New Glasgow. Les filles étaient tout excitées, tellement que j'avais été capable de les perdre en vingts minutes. J'étais au bar, telle une déprimée qui vient se saouler alors que pas du tout. J'étais réellement de bonne humeur. Finalement, je remarquais mes deux amies au loin qui me faisait signe de venir alors que le barman m'interpellait, me donnant un verre. Quoi ? On me donne des verres maintenant ? Ah, on me l'offre. Je ne voyais pas de qui il parlait, et je n'eu pas le temps de m'y attarder qu'un gars débarquait de nul part en me conseillant de ne pas boire dedans. Et qui d'autres que Jules ? Tiens donc. J'avais envie de l'envoyer chier, mais je remarquais vite qu'il était très sérieux. Trop sérieux. Je regardais mon verre, puis Jules, puis le barman. Je posais le verre, décidant de ne pas y toucher. « Merci » dis-je simplement. Que dire de plus ? Je crois que l'on avait pas vraiment envie de se parler plus que ça. Enfin si, j'avais envie de lui parler, mais j'avais trop de fierté pour ça.

La blonde à qui l'on venait d'offrir ce verre, ce n'était pas une simple inconnue parmi tant d'autres puisque Jules la connaissait, il s'agissait de Jeisa. Et ouais, peut-être que ça faisait un moment qu'ils ne se parlaient plus vraiment, sans que le mather n'ait véritablement compris pourquoi, n'empêche qu'il s'en serait voulu, encore plus, en sachant que c'était elle, s'il n'avait rien fait. Mais heureusement pour tout le monde, le jeune homme avait préféré venir la prévenir. Et elle l'écouta, reposant directement le verre sur le comptoir sans y avoir bu une seule gorgée. Voilà qui était rassurant, mais pas suffisant. La blonde venait de lui dire merci mais ça, il s'en fichait un peu, ce n'était pas ce qu'il avait cherché en la mettant en garde. Ni en reprenant le verre pour aller le rendre à son propriétaire qui devait déjà avoir capté que c'était mort pour lui, ce soir. "Tu ferais mieux de dégager avant que les flics ne débarquent." Jules venait de balancer ça d'un ton neutre, il était très calme et sérieux. Il n'avait appelé personne alors non, la police ne viendrait pas, mais au moins, ce connard partirait. Et le tout, sans avoir besoin de lui balancer un coup de poing en pleine figure comme d'autres l'auraient fait à sa place. Chacun sa façon de faire, celle de Jules était plus maligne, moins agressive, plus discrète aussi. "Ne dis pas merci. Tu ne devrais pas être ici toute seule." Non, pas de remerciement, il n'aimait pas ça. Ça lui donnait l'impression d'être quelqu'un qu'il n'était pas et puis, quand il faisait quelque chose, ce n'était pas pour obtenir de la reconnaissance par la suite. Jules savait très bien que Jeisa ne devait pas être ravie de le voir ce soir qui plus est, alors ça ne servait à rien de faire semblant. Il venait de lui donner un autre conseil qui ressemblait plus à une question cachée afin de savoir pourquoi elle se trouvait dans ce bar si loin de l'hôtel en solitaire. Mais c'était juste formulé d'une autre façon pour que ça passe mieux, peut-être. Ce qui n'était même pas certain, avec elle.

Sortir avec des copines étaient un bon moyen de commencer ce summer camp du bon pieds. Comme il le faut, de manière soft mais pas trop non plus. De toute façon, je ne l'ai jamais été. Et peut être que si ça m'a joué des tours dans le passé, je suis presque certaine que cela se reproduira encore. D'ailleurs, si Jules n'était pas intervenu à l'instant, ma naïveté légendaire m'aurait joué un sacré tour. Je crois que je ne me rendais pas compte, car j'avais tout de même un peu déjà bu, et car je n'avais pas envie de me prendre la tête. Pourtant, si ce gars avait réussi son coup, j'aurais pu vraiment être en danger. Je ne pouvais donc pas tout simplement ignorer le jeune homme, à qui j'en devais une maintenant. Ou peut être pas, c'est normal ? J'en sais rien. Jules est compliqué, je ne cherche pas à sa voir ce qu'il se passe dans sa tête maintenant.  Je fronçais les sourcils en le voyant aller redonner le verre au mec, n'entendant pas forcément ce qu'il disait. Mais je pouvais pas m'empêcher au fond de moi, d'être contente que Jules soit arrivé. Mais j'allais certainement pas lui dire, croyez-moi. « Tu n'étais pas obligé » Je savais que ce qui je disais ne servait à rien, s'il avait décidé un truc, il le ferait de toute manière, alors bon. « Je ne suis pas venue seule » lui dis-je en montrant d'un coup de tête mes copines en train de.. danser sur des tables. Mon dieu, elles sont dingues. Je rigolais en les voyant, avant de reporter mon regard sur le jeune homme. « Tu vas bien ? » lâchai-je finalement. Bizarrement, je n'avais pas envie qu'il parte, j'avais envie de lui parler, de le retrouver un peu comme avant. J'étais complexe, car je lui en voulais et en même temps, absolument pas.

"Je ne me suis pas senti obligé." Réponse à peine prévisible de la part de Jules qui ne voyait absolument rien d'extraordinaire au geste qu'il venait de faire. À croire que Jeisa le pensait trop égoïste pour intervenir dans un moment pareil et aider les autres lorsqu'ils en avaient besoin. Et bah si c'était le cas, elle se trompait parce que le mather avait beau être je m'en foutiste, il y avait des limites quand même. S'il était intervenu, c'est parce qu'il avait une part de bienveillance en lui, bien cachée mais pourtant présente. Jules ne se sentait jamais obligé de quoi que ce soit de toute manière parce que si c'était le cas, il ne ferait rien. Bref, Jeisa était seule au bar mais était venue accompagnée, par ses amies visiblement... Amies qui ne lui auraient pas été d'une grande aide pour lui porter secours s'il avait fallu en arriver là. Le mather détourna le regard, sans broncher, avant de reposer ses yeux sur la blonde qui lui demandait comment il allait. Était-ce vraiment important dans de pareilles circonstances ? C'était les vacances, il était loin de Boston alors oui, ça ne pouvait qu'aller. Et puis, ça l'intéressait vraiment de savoir ça vu la dernière discussion qu'ils avaient eu ? "C'est plutôt à moi de te poser la question..." Il n'avait pas répondu mais bon, en général quand on posait cette question à quelqu'un, c'était juste histoire de lancer la conversation et pour paraître poli, rien de plus alors... Il préférait retourner la question à la blonde, non pas pour lui montrer qu'il ne s'en fichait pas mais parce qu'il voulait vraiment le savoir.

J'avais de la chance l'air de rien que Jules soit arrivé à ce moment là. Je ne sais pas vraiment comment cette histoire aurait pu se terminer et je ne veux pas le savoir. J'avais bien vite chasser cette pensée de mon esprit, inutile de s'éterniser sur des hypothèses. Tout allait bien, j'allais bien, rien ne pouvait m'arriver de toute façon. Jules était là, et je me disais qu'il était peut être temps pour moi de mettre ma fierté de côté et d'arrêter de faire ma gamine comme la dernière fois à Cambridge. Je me connais, je peux être chiante et bornée quand je le veux et je pense que le jeune homme en a subi les frais cette fois ci. Mais.. il sait comment je suis, non ? Bref, je tente quand même de lancer la discussion, n'ayant pas forcément envie de me retrouver seule. Puis personne n'avait l'air de l'attendre lui. Au pire des cas, je m'en fichais si quelqu'un l'attendait, je l'avais pour moi là. Comment je vais moi ? Mon frère est parti faire le tour du monde, ma soeur est je ne sais où au Brésil mais ça à la rigueur ça ne change pas ma vie, mais je me rends quand même compte que tous mes repères ici se cassent. J'ai pas envie de me sentir seule, c'est tout. « Ça peut aller.. » Inutile de lui mentir en lui disant que tout allait dans le meilleur des mondes. Mais j'allais bien, à ma façon. Mais je n'avais pas envie de parler de mes problèmes, j'avais envie de passer une bonne soirée. Et je voulais retrouver Jules, et passer au dessus des problèmes que j'avais avec lui. « Tu me dois en verre un quelque sorte... » Pas du tout, mais j'essaye de le tourner comme ça. Au moins, la discussion prendrait un autre tournant, plus léger. J'avais envie de détendre l'atmosphère et me retrouver quelques mois en arrière, quand Jules et moi on s'entendait à merveille.

Cette soirée débutait d'une étrange façon et pourtant, elle donnait l'impression que tout allait très bien se passer. C'est à dire qu'ils allaient pouvoir tenir une conversation plus de cinq minutes sans que Jeisa ne lui reproche quelque chose ou qu'ils ne se disputent. Ce qui n'avait pas encore été possible depuis... son retour à Harvard, soit un bon moment maintenant. Et se dire que c'était grâce à cet énergumène assis trois mètres plus loin rendait le tout assez ironique. D'ailleurs, en coup d'oeil en direction de ce dernier suffit pour rendre Jules satisfait puisque l'autre l'avait écouté et avait pris les jambes à son cou. Tant mieux, parce qu'il n'avait vraiment pas envie de passer toute sa soirée à surveiller un psychopathe qui se fondait parmi la masse de tous les ethylophiles présents dans ce bar - et qui n'incluaient pas le mather, soyons clairs là-dessus. Reportant son attention sur la blonde posée à côté de lui, il haussa légèrement les sourcils avant de répéter mot pour mot ce qu'elle venait de lui dire. "Ça peut aller ?" Seul le ton était différent, pour lui montrer que ça l'intéressait de connaître les détails de ce qui n'allait visiblement pas. Ou en tout cas, elle n'était pas très convaincante pour lui faire croire le contraire. Attrapant une cacahuète dans le bol disposé devant eux, il sourit à la remarque de la jeune femme qui avait très bien parlé pour le coup. Ouais ça le faisait rire parce qu'en général, c'était lui qui proposait à boire - quand il était d'humeur généreuse - et pas l'inverse mais soit. "Ne t'habitue pas trop à ça..." lança-t-il avant de faire signe au barman de venir. Si la jeune femme le connaissait bien, elle savait qu'un verre était la seule chose que Jules payait aux autres et c'était déjà bien assez à son goût. "Alors, qu'est-ce qui te ferait plaisir ?" Mis à part surveiller le barman en qui il n'avait aucune confiance depuis l'épisode précédent.