(flashback) peter&nevada ✗ let's play.

Let's play.

En y réfléchissant bien, ça n'avait pas été une aussi mauvaise idée que ça, de faire du théâtre. Nevada qui aimait beaucoup manipuler les gens pouvait être content d'utiliser ses talents de comédien quelque part, et surtout, dans un autre but que de se servir des gens ou de les blesser. Et puis il était quand même artiste dans l'âme, alors forcément, il allait aimer. Il s'était pourtant toujours contenté de ce qu'il avait, c'est à dire son don pour la peinture, en laissant les autres s'amuser à jouer des rôles dans des comédies musicales au lycée, ou à danser les ballets ou la danse contemporaine, en jugeant que cela n'était pas pour lui. Il ne faisait aps que peindre, pourtant. Il photographiait, aussi. Une passion transmise grâce à son frère jumeau, qui était un véritable passionné. Comment dire qu'il recevait à leur anniversaire à chaque fois un nouvel appareil ou un objectif dernier cri, et Nevada revoyait encore son sourire de gamin illuminer son visage. C'était le bon temps. Maintenant, les fêtes de famille n'étaient plus comme avant. Loin de leurs parents, les jumeaux essayaient toujours de trouver le temps d'y aller, mais juste pour Noël, parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se déplacer à chaque fête. Alors, c'était un colis avec une carte qu'ils envoyaient ensemble à leurs parents, histoire de marquer quand même le coup.

Arrivé dans la salle, le jeune peintre avait passé une main dans ses cheveux et parlé en français à son nouveau professeur. Un léger sourire étira ses lèvres en entendant son accent étrange, Il hocha la tête à la suite de ses paroles. « Cool. J'suis doué pour jouer des rôles, il paraît. T'pourras me dire si c'est vrai, comme ça. » Le brun regarda les jeunes arriver et prendre place, il se mordit la lèvre en lançant un dernier regard au professeur avant d'aller s'asseoir à son tour.

zelda

Let's play

 Peter eut un sourire. Il aimait la France. C'était un pays où il adorait passer. Un pays riche, et rempli de divers cultures, un passé millénaire qui enrichissait les âmes. Un pays où il faisait bon vivre selon lui. Les théâtres étaient aussi immenses que ceux du Broadway. Racine, Molière. Andromaque, les femmes savantes, les fourberies de Scarpin. Tout cela l'inspirait. L'art était omniprésent en France mais la seule personne qui l'avait en quelque sortes touché, fut un jeune homme talentueux. L'art semblait vivre en lui, tout naturellement, celui-ci était venu à Harvard. Un lieu où les artistes, les intellectuels, et les fêtards pouvaient se réunir et être en parfaite harmonie. Enfin, c'était comme ça lorsqu'il était étudiant dans ces lieux. Il se souvenait de la chaleur des gens au point qu'Harvard était devenu sa famille, sa maison. Lui, un fils rejeté et mal-aimé avait trouvé une famille en ces lieux, chez les mathers où on le considérait comme un frère, et non comme le stupide.  La phrase du jeune homme lui fit un sourire. Lui aussi, jouait un rôle, 7 jours sur 7. Il devait jouer le rôle d'un mec clean, un homme qui n'avait pas de problèmes ni de démons mais au fond, il était juste un cas perdu.

Peter savait qu'il devait se contenir, de ne pas prendre sa bouteille isotherme qui contenait des alcools très forts et qu'il picolait de tout. Il devait cacher ses tremblements et faire montrer d'être en paix avec lui-même et en phase avec le monde.

- Tout le monde joue un rôle de toute manière, petit, même moi, je joue un rôle. Si tu ne joues pas ce rôle, tu te feras entuber jusqu'au bout, déclara-t-il d'une manière calme et pensif.

Il levait les yeux en direction du bruit. Le cours commençait, les élèves s'installaient et il sourit au jeune homme avant de commencer son cours, d'une manière intrigante et surtout qui donnait aux élèves, une envie de s'intéresser à lui. Son cours allait porter sur l'improvisation.

- Qu'est-ce qu'est l'improvisation ? Quand l'utilise-t-on ? Demanda-t-il aux élèves.

Il était assis sur sa table et regardait tout le monde. Peter eut un sourire en voyant des mines effarées et perdus, mais intéressés des élèves. Il adorait les intriguer, pour eux, il était un véritable mystère.

Let's play.

C'est vrai. Tout le monde joue un rôle. Pas forcément le bon, néanmoins. Nevada avait passé sa vie à jouer un rôle. En fait, il jonglait plutôt entre les masques qu'il mettait, bien que ses proches pouvaient le voir comme il l'était : un gamin souriant, aimant rire et manger, et ne se souciant que de s'amuser. C'était un bon vivant, en fait, même s'il était rongé par une maladie depuis sa naissance, et qu'il devait prendre constamment un traitement. Mais seuls ses parents, son frère depuis peu et James étaient au courant. Il gardait cela comme un secret, craignant d'être rejeté et évité comme un paria. Pourtant, sa maladie n'avait rien de contagieux. Mais il ne s'en préoccupait plus, désormais. Il avait appris à vivre avec, pour son plus grand plaisir. Parfois même, il s'en servait comme d'une arme. Enfin, cette fois-ci, il n'était pas question d'exposer sa maladie, sauf si on lui demandait de trouver un scénario pour jouer une improvisation.

Lorsque le professeur lui dit qu'il fallait jouer un rôle, le brun hocha la tête. Il était bien d'accord avec lui. La seule façon de s'en sortir dans ce monde, c'est de se créer une sorte de carapace pour que les autres ne nous atteignent pas, et qu'ils voient qu'on est forts. Mais au fond, tout le monde a des sentiments, et même les plus forts qui se montrent insensibles et qui font un tas de choses atroces, comme Nevada qui se montrait parfois horrible et insensible. Enfin, cela ne lui était pas arrivé depuis un bon bout de temps. Depuis plus de six mois, maintenant. Le professeur posa sa question sur l'improvisation. Nevada ne sut y répondre, il continua donc de fixer le professeur sans rien dire, laissant les élèves répondre, tout en réfléchissant quelque peu à la réponse que cela pouvait être. Mais aucune réponse ne lui venait, il avait beau chercher, il ne trouvait rien. Alors il abandonna bien vite sa réflexion, préférant attendre finalement que quelqu'un d'autre réponde, en laissant son regard se poser sur le professeur qui attendait fièrement qu'un élève prenne la parole.

zelda

Let's play

 Peter observait d'un air discret son artiste français du coin de l'oeil, il refusait toutes les réponses qu'on lui donnait, qu'on lui proposait. Une question dont la réponse était si évidente, elle se trouvait devant tout le monde depuis le départ. Improviser était un gêne dans l'être humain. Tout le monde finissait par improviser, chaque jours, chaque minutes, chaque seconde, tout était une improvisation. L'être humain était imprévisible et tant qu'il le demeurait ainsi, l'improvisation demeurait quelque chose d'instinctif. Peter improvisait tellement, tout le temps, tous les jours, toute la journée. Une chose qu'il n'improvisait pas, c'était de boire de l'alcool et de fumer. La décadence, la débauche, la débâcle demeuraient aussi de l'improvisation. Chaque soirées où il buvait, il improvisait ses gestes. L'improvisation revenait à du pragmatisme, s'en sortir malgré les difficultés. Peter aimait le théâtre pour cela. Il s'inspirait de la vie réelle, de cette vie qui a été si rude avec lui. Le théâtre avait ce pouvoir de changer une vie cruelle, à une tragédie à qui on pouvait tirer des leçons morales. Elle pouvait embellir une vie cruelle, la faire envier le monde. Le théâtre avait le pouvoir de captiver, de faire imaginer temporairement le monde, les spectateur, les transporter dans un autre univers, leur faire oublier leurs soucis. Tout était pour lui, un calcul, chaque gestes, rires, moues étaient un calcul qu'il déterminait. Le scientifique qu'il était en réalité, n'était jamais très loin. Comme quoi, son enfance à la dure lui avait servi à quelque chose.

Peter eut un sourire en voyant la mine déconfit de certains. Certes, c'étaient des bons arguments très constructifs mais aucun valait le siens. Il fallait qu'ils vivent le théâtre, qu'ils le ressentent, qu'ils respirent la scène, qu'ils rentrent le personnage dans leur coeur, qu'ils ressentent les émotions de celui-ci au point qu'ils devinrent ce personnage. Peter s'en était inventé au point d'être devenu cet homme et de ne plus faire la différence entre le Peter mature qui essaye de s'en sortir et le Peter de tous les jours. Peter allait s'asseoir sur le bureau de chêne noir, se malaxant les mains. Peter était un nerveux, il n'arrivait pas à se calmer, à rester calme. Il était un hyperactif, il bougeait tout le temps, un sourire en coin vint étirer ses lèvres.

- Alors on ne sait pas ? Nevada ? Demanda-t-il en jetant un regard au français. Bon, je vais vous le dire. L'improvisation est partout, pas forcément dans le théâtre. On l'utilise tout le temps, tous les jours, toutes les minutes. L'être humain est imprévisible, tant qu'on le sera, l'improvisation sera dans nos gênes. L'improvisation, c'est notre instinct qui nous parle. Il nous permet de trouver une solution à une difficulté quelconque. Dans le théâtre, on a l'utiliser quand il y a un trou de mémoire ou une perturbation, une coupure, un problème dans le régisseur. L'improvisation est donc du pragmatisme que tout le monde a, déclara-t-il en regardant tout le monde. Des questions ? Ajouta Peter en les regardant.

Les élèves semblèrent convaincus, captivés par son récit mais tout ce que Peter voulait, c'était de boire encore et encore. Oui, l'alcool lui manquait.

let's play (peterxnevada)

Nevada secoua la tête, il n'avait pas réellement d'idée de réponse à sa question en vérité. Il était un artiste, cependant, il ne connaissait rien au théâtre. Alors cette question, il ne la prit pas totalement comme Peter avait souhaité que ses élèves la prennent. Il la prenait plutôt de façon tout à fait technique, en pensant surtout juste au théâtre, et pas à la vie réelle. Cela dit, la réponse du professeur ne l'étonna pas non plus. L'improvisation faisait partie de son quotidien, plus qu'il ne l'imaginait en réalité. Maintenant, il en avait connaissance, et à l'avenir, il ne pourrait s'empêcher de se dire « Oh, là j'improvise ! » à chaque fois qu'il ferait quelque chose d'imprévu. Et ça lui arriverait très souvent. Lui avait l'habitude de ne pas prévoir les choses, c'était ainsi à vrai dire. Sauf pour les choses importantes, comme tout le monde en fait. Nevada observait lui aussi les réactions des élèves qui semblaient très à l'écoute du professeur, lui-même l'écoutait avec attention, il avait su capter son attention, alors pour une fois, il se gardait bien de faire quelques remarques qu'elles soient désobligeantes ou non. Et il n'avait pas non plus de question à poser, tout était assez clair dans sa tête, alors il reporta son regard sur le professeur en attendant qu'il continue son cours..

Let's play

 Peter eut un petit sourire en voyant les élèves s'intéresser, être captivé par lui, par ses phrases, ses mots, ses intonations, sa voix rauque et naturellement sensuel. Le théâtre lui avait tant appris dans la vie. Il lui avait appris à se calmer, à s'assumer, à se décomplexer de tout et même à relativiser.  Il lui avait appris aussi à comment oublier ses démons en un temps. Il lui avait appris aussi à se jouer de la vie et de ses tourments. Le professeur ne pouvait qu'adorer le théâtre. Maintenant, c'était à lui de faire apprendre le théâtre à ses élèves, les aider, et même leur donner des astuces afin qu'ils réussissent comme lui dans la vie. Après tout, il était un jet setteur connu, avec des erreurs longues comme des bras, buvant du champagne avec des pétales d'or et sniffant de la drogue,  ou draguer des femmes, bien que parfois il faisait plus dans la provocation et terminait souvent dans la presse à scandale. Aucune main se levait et Peter vint écrire sur le tableau ce qu'il venait de dire, tout en continuant son explication d'une manière complexe mais compréhensible de tous. Pendant tout le cours, Peter expliquait d'une manière très constructif, instructif,  montrant le côté pragmatique du théâtre, montrant à quel point celui-ci s’immisçait dans la vie de tous les jours. A la fin du cours, les élèves même les plus rebelles rechignaient à partir, il avait fait preuve d'interactivité avec tous les élèves du cours, même avec le petit artiste français, espérant éveiller leur curiosité. Il adorait expliquer le théâtre avec humour et simplicité, cela passait tellement mieux qu'avec l'ancien professeur qui était trop sérieux, alors que Peter se laissait plus à l'humour, faisant des jeux de mots, riant des broutilles avec les élèves , mais tout de même bien expliquer le théâtre, tout en leur donnant envie. Peter aimait par toutes les manières captiver tout le monde.

Lorsque la sonnerie retentit, Peter attendit que la salle se vide tout doucement et Peter se tournait vers son favoris français. Il vint vers lui qui rangeait ses affaires.

- Alors le cours t'a plût ? Demanda-t-il avec un sourire.

Le professeur eut un sourire, il espérait avoir plût à cet élève. C'était la première fois qu'il enseignait son domaine de prédilection qui était reconnue dans le monde entier.

let's play (peterxnevada)

Finalement, il avait bien aimé ce cours. Ce n'était peut-être pas son cours préféré, puisqu'il n'était pas un acteur, oh ça non. Il était loin de l'être. Mais il avait tout de même apprécié ce que Peter venait de leur enseigner. Peut-être qu'il y reviendrait de temps à autres, quand il en aurait le temps, parce qu'il avait beaucoup de projets. Sans parler des cours, sa vie extérieure lui prenait beaucoup de temps. Entre les toiles dont il ne savait pas quoi faire, James qui hantait son esprit, et puis son boulot, oui, il avait de quoi s'occuper, alors il ne voulait pas trop se mettre de pression sur les épaules. Lorsque la salle fut vide, Nev commença à ranger ses affaires, et vit ensuite le professeur s'approcher. Il lui adressa alors un sourire ainsi qu'un hochement de tête. « Ouais, c'était pas mal. C'est pas devenu ma passion, mais c'était grave intéressant. J'reviendrais peut-être, un de ces quatre. » Dit-il alors avec entrain. Il balança son sac à dos sur son épaule, avant de hausser les épaules. « Enfin s'il y a de la place. J'imagine que tu dois captiver pas mal d'élèves, non ? La salle était pleine aujourd'hui. »