(jusia) sweet dreams

Je ne comprenais pas réellement ce qu'il m'arrivait. Je ne comprenais rien à toutes ces questions qui me passaient par la tête. J'étais incapable de dire ce qui m'avait poussé à me sortir du lit au milieu de la nuit pour airer en nuisette dans les couloirs de l'hôtel. Je crois que les millions de pensées bizarres que j'avais à l'égard d'un homme commençaient à avoir raison de moi, au point que mon corps en arrive à décider de faire ce qu'il veut. Vous l'aurez compris, je me tenais déjà devant la porte de la chambre de Jules et je n'avais aucune envie, aucune volonté de faire demi-tour. J'ouvrais doucement la porte pour m'introduire délicatement dans la chambre du jeune homme. Il dormait paisiblement et la seule chose dont j'avais envie, c'était de me trouver à ses côtés, comme ça avait pu arriver autrefois. Voilà un petit moment que nous ne nous parlions plus et il me manquait terriblement. Silencieusement, je m'introduisais sous la couverture et je m'allongeais à ses côtés sans le toucher pour ne pas le réveiller, du moins, je faisais de mon mieux pour qu'il ne me remarque pas tout de suite. J'étais prête à faire semblant de dormir juste en espérant qu'il ne me mette pas dehors.  

Le summer camp, lieu de toutes les surprises ? C'est en tout cas ce qu'on lui avait dit lorsque Jules s'y était inscrit, même si ce n'était pas ça qui l'avait poussé à le faire. À vrai dire, il n'attendait rien de particulier de ces vacances, si ce n'est de passer de bons moments et de se changer les idées, bien sûr. Mais le jeune homme n'était pas du genre à espérer quoi que ce soit, oh que non. C'était plutôt l'inverse en fait, à vivre au jour le jour et à se laisser porter par le vent. Des surprises, il n'en attendait pas vraiment et pourtant, la première arriva bien assez tôt. Jules dormait paisiblement dans son lit, si bien qu'il ne remarqua même pas que quelqu'un s'était introduit dans sa chambre et même sous ses draps. Jusqu'à ce qu'il ne se retourne dans son sommeil et ne sente son bras heurter quelque chose - ou quelqu'un, plutôt - et ne le fasse ouvrir les yeux. Le mather se redressa vivement avant de constater qu'il ne s'agissait que de... "Ana...?" Ouais, c'était bel et bien la blonde qu'il avait juste à ses côtés ou alors, le fruit de son imagination. C'était doublement étonnant  de la trouver là parce qu'il ne se souvenait pas s'être endormi avec et ça, c'était pas le genre de chose qu'il aurait oublié étant donné qu'ils ne se parlaient plus vraiment depuis un certain temps. Mais non, la jeune femme était tout aussi réelle que les cocktails qu'il avait ingurgité la veille. "Qu'est-ce que tu fous là ?" Ne vous méprenez pas, il était content de la présence de la blonde et si ça ne tenait qu'à lui, Jules serait déjà en train de l'enlacer et même de l'embrasser mais, elle avait été assez claire sur le sujet la dernière fois alors il avait du mal à comprendre ce qu'elle faisait dans son lit, surtout d'une manière aussi soudaine. 

Rien ne se passa comme prévu puisque j'avais réveillé le jeune homme. Enfin, Jules se réveilla en sursaut à la seconde où son bras vint percuter mon corps. Pourtant, je n'avais pas bougé, je n'avais émis aucun son de surprise. J'étais restée immobile, juste une masse dans son lit. Il se rappelait au moins qu'il s'était endormi seul. Cela voulait dire qu'il n'était pas en état d’ébriété. La surprise se lisait sur son visage et je pouvais clairement le comprendre, je crois qu'à sa place, j'aurais réagi de la même façon. Puis, j'avais tellement peur qui me sorte du lit, que je ne préférais pas bouger, juste le regarder en tenant fermement la couverture. Je ne comptais pas bouger d'ici, que ce soit clair. Et qu'est-ce que je faisais ici ? C'était la question. Il avait le droit à sa réponse. « Je n'arrivais pas à dormir... » Ou l'autre traduction de "tu me manques" parce que c'était clairement le cas. Il me manquait tellement que je n'avais pas réussi à me convaincre de ne pas venir. « Je peux rester ? » lui demandais-je d'une petite voix. Je devais avouer que j'aurais aimé lui préciser que même si la réponse était négative, je ne serais pas d'accord, mais je me disais que ça serait déplacé de ma part.

Alors c'était juste ça ? Elle avait du mal à dormir ? Jules ne savait pas tellement quoi en penser, c'était pas comme si ça allait changer quelque chose de squatter son lit, que ça allait l'aider à trouver le sommeil, non ? Enfin, c'était ce qu'il se disait en tout cas. La présence de la jeune femme ici n'avait rien de logique, plus maintenant du moins. Si elle s'était pointée au beau milieu de la nuit trois mois plus tôt, le mather aurait trouvé ça tout à fait normal - et encore - mais là, pour une surprise, c'en était une. Agréable, mais incompréhensible surprise. C'était pas elle qui avait mis fin à leur re... ouais nan, en fait il ne savait même pas comment qualifier les choses alors, valait mieux pas essayer de le faire. "Euh... ouais." lâcha-t-il en s'appuyant sur les coudes, regardant Ana d'un air dubitatif - même si dans le noir, il ne voyait pas grand chose. Elle voulait rester, très bien. Jules n'avait aucune raison ni envie de la faire partir de toute façon, bien au contraire. Mais fallait quand même avouer que c'était étrange comme situation. "J'croyais que tu voulais plus te retrouver dans le même lit que moi ?" Bon, c'était pas exactement ce qu'elle avait dit mais le résultat était le même et puis, c'est ce qu'il avait compris, lui. Ces derniers temps, c'était plutôt difficile de savoir ce que la blonde voulait mais s'il y a bien une chose dont il était certain, c'était de ça.

Je venais de me glisser dans le lit de Jules alors que ce dernier y dormait paisiblement. Son visage semblait serein et je ne bougeais pas d'un poil pour être certaine de ne pas le réveiller. J'avais, de toute façon, bien trop peur qu'il me sorte de sa chambre s'il remarque ma présence, alors valait certainement mieux ne pas le réveiller. Sauf que le mather bougea dans son sommeil et son bras vint me percuter, le surprenant. C'est sûr que ça devait faire bizarre d'avoir quelqu'un qu'on n'avait pas invité et qui était encore moins attendu. Puis... dans le lit quand même. Je le regardais sans bouger, agrippant la couette de mes mains comme si je voulais me faire la plus petite possible. Je lui expliquais que je n'arrivais pas à dormir et je lui demandais même son autorisation pour rester. C'était stupide, j'étais déjà là. Le pauvre, il semblait avoir du mal à comprendre ce qui lui arrivait et en même temps, j'aurais été à sa place, je crois que j'aurais vraiment eu peur. Enfin bref, il s'était redressé et apparemment prêt à me questionner. Je le regardais sans rien dire avant de finalement cracher le morceau, « Tu me manques » lui avouais-je en le regardant dans les yeux.

Ok, elle était dans son lit et il venait de lui dire qu'elle pouvait rester mais par contre, si Ana pensait qu'il allait la laisser s'en dormir sans rien ajouter de plus, elle se trompait. Jules n'était pas le mec le plus curieux de la Terre, c'était même plutôt le contraire en fait, mais dans une situation comme celle-ci, il ne pouvait que se poser des questions. Et par conséquent, interroger la jeune femme quant à sa présence ici, sa véritable présence ici. Parce que d'accord, elle n'arrivait pas à dormir, mais ça n'était pas suffisant comme réponse. Il agissait peut-être comme un con mais il était loin d'être stupide alors ce n'était pas Ana qui allait lui faire avaler ça. Surtout pas elle, il la connaissait quand même assez depuis le temps, hein. Et même si au fond de lui, le mather savait pourquoi la blonde se trouvait dans son lit, cette nuit, il se refusait d'y croire et de l'admettre. Jules, fallait qu'on lui dise les choses clairement, c'était ce qu'il voulait, il en avait besoin sinon, il préférait nier plutôt que d'assumer. Ça ne changerait jamais et plus tôt les gens le comprendraient, mieux ce serait. C'était le cas d'Ana qui venait de lui avouer qu'il lui manquait. C'était bizarre, parce qu'une personne normale aurait été contente d'entendre ça, mais pas Jules. Il n'aimait pas se savoir important aux yeux de quelqu'un, il n'aimait pas que l'on puisse ressentir de la jalousie par rapport à sa possible proximité avec d'autres et il n'aimait pas savoir qu'il manquait. Le mather était trop habitué à ce qu'on le déteste et qu'on lui reproche tout un tas de trucs pour ça. Cependant, c'était bel et bien ce que la blonde venait de lui dire. D'ailleurs, elle aussi, elle lui manquait. C'était chiant, c'était dur à avouer mais c'était la vérité et ça aussi, c'était un sentiment qu'il n'aimait pas, qu'il détestait. Pourtant, à l'écoute de cet aveu, Jules fit complètement abstraction de ce qu'il pouvait se passer entre eux en ce moment et se rapprocha d'Ana pour venir s'emparer de ses lèvres et l'embrasser. C'était sa manière de lui faire comprendre qu'elle lui manquait. Mais comme s'il avait peur que ce ne soit pas suffisant, le mather se surprit à prendre la parole après avoir mis un terme à ce baiser inattendu. "Toi aussi..." Légèrement penché sur elle, les sourcils froncés, ses yeux parcoururent le visage de la jeune femme pour finalement plonger dans son regard. Jules avait l'impression de ne plus être lui-même et il n'aimait vraiment pas ça.

Je n'avais pas imaginé une seule seconde que j'en arriverais là. Je n'avais jamais rien ressenti pour un homme et j'étais persuadée que je ne ressentirais jamais rien. Je veux dire, moi Anastasia Reynolds, j'étais incapable d'éprouver des sentiments amoureux. Est-ce que j'éprouvais des sentiments pour Jules ? Je n'en savais rien. Je n'en étais pas encore arrivée à me poser ce genre de questions. Pour le moment, je me surprenais à être envoûtée par les charmes du mather à tel point que je me retrouve à me faufiler dans son lit en pleine nuit. Plus le temps passait, moins j'arrivais à garder mes idées aux claires et ce soir, je lui avouais enfin qu'il me manquait. C'était terrible, je ne pensais pas que je pourrais m'attacher si facilement. Est-ce que je l'étais ? Et puis, comment Jules allait réagir à tout ça ? Pour le moment, il ne disait rien, il me regardait juste. Puis finalement, son visage s'approcha et ses lèvres vinrent à la rencontre des miennes. Une sensation douloureuse, mais agréable vint se nicher dans mon ventre, certains appellent ça les "papillons". Personnellement, je ne m'y connaissais pas assez pour dire quoi que ce soit à ce propos. Je préférais simplement profiter de ce moment que le Mather m'offrait. Combien de temps encore cela allait durer ? Une nuit ou encore quelques jours ? Des semaines ? Le baiser s'arrêta et mon regard vint aussitôt à la rencontre de celui de Jules qui me disait que "lui aussi". Je lui manquais. Jules venait de le dire que je lui manquais. Un large sourire vint illuminer mon visage avant que mes mains viennent l'attirer à moi pour lui offrir un nouveau baiser, plus fougueux que le précédent. « J'ai ma place dans tes bras cette nuit donc ? » lui demandais-je en riant doucement. Dans son lit c'était déjà bien, dans ses bras c'était mieux. 

C'était vraiment bizarre, déjà de voir Ana débarquer dans son lit comme ça, au beau milieu de la nuit alors qu'ils ne se parlaient plus depuis un moment et puis... là elle venait de lui avouer qu'il lui manquait. Exactement le genre de truc qu'il ne voulait pas entendre mais pourtant, il ne la repoussa pas. Il n'en était pas capable de toute façon et n'en avait pas envie. Mais ce qui était le plus bizarre, ce fut ses paroles, à lui. Juste deux mots, mais qui signifiaient beaucoup et ça le mather le savait très  bien. Est-ce que s'il avait pu revenir en arrière, juste deux minutes plus tôt, il l'aurait fait ? Peut-être. Ce n'était tellement pas son genre d'avouer ce genre de choses et de se sentir comme ça... Mais bon, c'était dit, alors autant faire comme si ce n'était pas quelque chose d'exceptionnel et se focaliser sur le moment présent. C'est à dire Ana qui lui rendait son baiser, ce qui faisait du bien, il fallait l'avouer. Ça faisait longtemps, depuis le bal et même un peu avant alors ça aussi ça lui avait manqué. Et il n'aurait jamais pensé retrouver les lèvres de la jeune femme ce soir, ni son corps... Jules sourit à sa remarque avant de passer une main dans les cheveux de la blonde et de la faire descendre jusque ses cuisses. "Je suppose que oui..." Il sourit davantage avant de l'embrasser à nouveau, en y mettant plus de fougue que précédemment tandis que ses mains venaient s'introduire délicatement sous le tissus pour profiter des moindres parcelles du corps de la jeune femme. Se réconcilier sous les draps pendant le summer camp... c'était quand même plus efficace que les mots et puis, Jules était plus doué pour ça que pour parler.

Nous allions nous rappeler de cette nuit, j'en étais certaine. Déjà parce que malgré le fait que je ne lui parle plus, j'avais décidé de me glisser dans son lit pendant qu'il dormait et une fois qu'il avait remarqué ma présence, il n'avait même pas cherché à me mettre dehors. Jusqu'ici, c'était un exploit pour tous les deux. Et la cerise sur le gâteau, c'était le moment où j'avais mis ma fierté de côté pour lui avouer qu'il me manquait. C'était déjà énorme, mais qu'il vienne à m'embrasser et à me répondre que "lui aussi", c'était inimaginable. Je crois qu'il n'y avait rien d'autre à dire à propos de tout cela. Non, le mieux, c'était d'être ensemble et de laisser nos corps agir puisque de toute évidence, nous en avions déjà dit beaucoup ce soir. Je vins l'embrasser fougueusement tandis qu'il prenait position au-dessus de moi, mon corps était à la merci de ses caresses. Un large sourire vint illuminer mon visage, heureuse d'avoir mon Jules pour moi toute la nuit. Cela faisait tellement longtemps que ça faisait un bien fou. Je me sentais revivre en quelque sorte et c'était ainsi que nous nous retrouvions. Si nous avions tendance à nous déchirer par les mots, physiquement, nous ne faisons qu'un à la perfection.

Je me réveillais doucement, ma tête posée contre le torse du De Lacroix, mon bras sur son ventre. Il faisait chaud, mais je ne comptais pas bouger, je ne voulais pas le réveiller. Je glissais simplement ma tête en arrière pour pouvoir le regarder dormir. Comme ça, c'était cruellement romantique, mais pour tout vous avouer, je n'y prêtais pas attention. Je profitais simplement du moment. Observant le calme et l'apaisement sur le visage du jeune homme.

Si Jules avait su plus tôt qu'il suffisait d'un câlin pour que les choses ne s'arrangent entre lui et la blonde, croyez bien qu'il n'aurait pas perdu une seule seconde. Non mais franchement, les femmes étaient si compliquées qu'il n'avait jamais cherché à les comprendre. Et si d'habitude, ça ne lui apportait rien de bon, pour une fois, c'était différent. Le mather n'avait pas vraiment d'effort jusque là pour tenter une approche auprès de la demoiselle, estimant que ce n'était pas à lui de le faire, de toute façon. Pourquoi ils ne se parlaient plus depuis quelques semaines ? Parce qu'elle lui avait reproché quelque chose alors qu'il n'avait absolument rien fait. Il s'était même pris un verre en pleine figure alors non, ce n'était vraiment pas à lui de faire leur premier pas. Et Ana l'avait sûrement compris puisque c'est elle qui avait pris la décision de venir le rejoindre ce soir. Très bonne initiative qui avait porté ses fruits puisque tout était redevenu comme avant, pour cette nuit du moins. Est-ce que ça allait durer ou bien, encore une fois, une dispute était à prévoir ? Jules n'en savait rien et s'en fichait pas mal, c'était le moment présent qui lui importait, plus que tout le reste. La nuit qu'il venait de passer était certainement la meilleure depuis qu'il était arrivé ici si bien qu'à son réveil, en croisant le regard de la blonde, il ne put que sourire. "Salut..." Il releva un peu la tête, un petit air amusé sur le visage. "Qu'est-ce que tu regardes comme ça ?" Lui, évidemment. Depuis combien de temps ? Il n'en savait rien, mais Jules aimait bien les questions rhétoriques de ce genre, juste pour le plaisir d'entendre la réponse sortir de la bouche de la jeune femme.