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- Maman, c'est de la folie, je ne suis pas prête. Dita se trompe sur mes capacités...
Je n'ai pas le temps de rétorquer quoi que ce soit que ma mère m'a poussée vers l'entrée de ce cabaret à Paris. « Dita von Teese ne se trompe jamais.» Les paroles de ma mère résonne dans ma tête. Ma mère, cette grande danseuse classique, a souvent eu des contrats en France. Elle essaye toujours de me trouver des petits boulots comme ça, que je puisse m'améliorer dans plusieurs styles de danse, et que je me fasse connaître par le plus grand nombre, et surtout, dans des pays différents. Le patron est un ami de la famille, mais ma mère et lui se sont bien défendu d'en parler à mon père. Papa n'aurait jamais voulu que sa petite perle danse dans un cabaret de la capitale française. Ce n'est pas qu'il trouve ça vulgaire, mais je pense qu'il refuse de penser que des hommes me regardent comme du bétail. Parce que oui, les hommes ne sont pas tous comme mon père, à voire et reconnaître le beau et l'artistique dans chaque danse.
Je ne pensais pas pousser les portes de ce bâtiment si rapidement. Dita m'a entraînée à la demande de ma mère, elle m'a appris l'art du burlesque, mais même si je suis une très bonne danseuse, je ne pense pas être assez douée pour danser dans ce cabaret. Le patron m'a vu ce matin même, et il m'a laissé m’entraîner avec les françaises et semble satisfait de mes performances. Cependant, je souhaite toujours la perfection, et je trouve que j'en suis encore bien loin. Je ne pensais pas danser dès ce soir, pas maintenant. Et je m'en rends compte alors que je suis en train de me faire maquiller à quelques minutes du début de mon passage. Je déglutis en me regardant dans le miroir. Je ne suis pas prête,c'est affreux de ressentir ça. J'ai peur de me ridiculiser, j'ai peur de ne pas être assez lente dans mes mouvements, que cela ne soit pas assez intimiste, que les spectateurs s'ennuient. Je suis en panique et pourtant...
C'est à moi de jouer. Le patron me parle rapidement dans un anglais parfait, même si je comprends un peu le français, autant que je le parle. Mon pouls augmente tellement rapidement que je sens que mon cœur va faire exploser mes côtes une à une. C'est à moi. La lumière vient de s'éteindre totalement, et je suis couchée sur une estrade, allongée dans ce costume magnifique que l'on m'a prêtée. Je suis paniquée, mais en fait, dès que les premières notes de musique retentirent, je me suis sentie plus vivante, et surtout plus femme que jamais. J'ai dansé de nombreuses fois devant un public, dans des concerts, lors de concours, dans des clips. Mais là, tout me semble différent. Cette sensation étrange d'être observée comme un bijou, que chacun de mes gestes soient décortiqués par les professionnels et les amateurs. Allongée, mes gestes sont lents et plein d'amplitude, des mouvements de bras, de bassin. Les jambes se lèvent l'une après l'autre.
Et je finis par me lever, toujours au rythme de la musique, sensuelle. Je marche sur la scène, prenant l'espace, et je m'arrête, accotée contre le mur sur le côté de la scène, les bras en l'air. Mes jambes se brisent sous mon poids, et je glisse le long du mur, retirant mes gants d'une lenteur interminable. Mon regard se pose sur tous les visages que j'arrive à apercevoir malgré la pénombre. Je retire d'un mouvement travaillé une autre partie de ma tenue et me retrouve en corset doré. Je scrute le public et m'avance vers lui. Je descends de la scène grâce au patron du cabaret qui me tend la main. Un clin d’œil pour me faire comprendre qu'il est satisfait du début de ma performance. Maintenant, je dois faire le show en passant de table en table. Un pied posé sur une chaise libre, la main frôlant ma jambe habillé d'un bas couleur chair, des gestes lents, séduisants. Je tourne autour d'une table, frôle la cuisse d'une femme magnifique. Je dois jeter mon dévolu sur quelqu'un. J'avance vers une table sur le côté de la scène. Il y a une table avec un gars tout seul, et étrangement, je me sens attirée vers lui. Mais je m'arrête à la table juste avant la sienne. Je m'approche d'une femme et lui prends les mains pour qu'elle enlève le laçage de mon corset. Je finis par l'enlever complètement et lui poser sur les genoux. Je me retrouve avec un magnifique ensemble de sous-vêtement doré, de la même matière satinée que mon défunt corset. Un pas sur le côté, je frôle l'épaule du jeune homme en posant mes yeux sur un tatouage sur son bras entier. Mon cœur rate un battement, comme une vision, comme un rêve. Il ressemble étrangement à quelqu'un qui ne m'est pas si inconnu. Mais il faut continuer. Je remonte sur scène, et disparaît dans les coulisses. Fin de mon premier numéro. Je suis fière, mais un étrange sentiment s'empare de moi. Noah ? Non, ce n'est vraiment pas possible. J'essayerai de l'observer plus lors d'un autre passage.
« Ma chérie, tu étais parfaite ! »
Ma mère roule les « r » maintenant. Je suis épuisée, je suis tombée sur ma chaise, devant l'immense miroir. C'est de la folie, plus compliqué que n'importe quelle autre danse que j'ai pu faire, plus sensuelle que les danses latines ou africaines, plus technique que la danse classique que ma mère affectionne tant. Mais j'ai aimé, j'ai tellement aimé que je voudrais que cela soit déjà mon deuxième passage tout de suite, même si je suis à bout de souffle, même si je reste droite comme un i sur ma chaise, les yeux dans le vide à cause d'une apparition. Paris est une merveilleuse ville, mais je ne pense pas que mon inconnu tatoué d'internet puisse être vraiment présent ce soir. Il m'a bien fait comprendre qu'il n'était pas français, alors le fantôme que je crois avoir vu ce soir ne peut pas être Noah. J'essaye de me vider la tête en me changeant pour le prochain numéro, mais c'est peine perdue. Je repense à nos conversations, à mes ressentis quand je parlais avec lui. Et je me dis qu'il y a peut-être un infime espoir que ce soit lui, mais que lui ne pourra pas me reconnaître si facilement. Si lui m'a envoyé une photo de lui avec son tatouage et la moitié de son visage, je ne lui ai envoyé que ma main aux ongles parfaitement manucurés. J'ai hâte de faire mon deuxième passage, autant pour la danse, que pour observer ce mystérieux inconnu que ressemble tant à mon partenaire d'insomnie.
Maman parle toute seule, parce qu'en fait, je ne l'écoute pas vraiment. Elle semble dire que je suis faite pour ça, que la danse à Paris est mon avenir... Mais elle se coupe nette dès qu'une main frappe à la porte. Elle court ouvrir, en lâchant la nouvelle tenue qu'elle était en train de m'aider à enfiler. Le patron du cabaret entre et fonce sur moi pour me prendre dans ses bras. J'ai du lancer un regard interloqué à ma mère qui hausse les épaules, bien plus habituée à la façon d'agir des français que moi. Il se recule enfin et attrape mes épaules dénudées.
« Un rêve ! Tu étais une petite étoile fragile, si lointaine, si proche, si forte. Que c'était beau Ellana ! Et je ne suis pas le seul à le penser... »
Je suis presque gênée de ses compliments. Et puis il laisse traîner un doute, comme une demande en attente ou un « mais » qui va arriver par la suite, brisant mon rêve d'un deuxième passage, d'une autre soirée en leur compagnie. Est-ce que mon inconnu a aimé mon passage ? Mais le patron me secoue tellement qu'il me fait sortir de mes rêveries et de mes idées de retrouvailles.
« Un jeune homme t'a apprécié. Il a essayé de me soutirer des informations sur toi, mais je suis une tombe sur ces sujets là. »
Ah ? Mais un jeune homme, ça veut dire quoi ? Un mec comme ça ? Un producteur ? Quelqu'un qui recherche une danseuse pour un contrat ? La curiosité m'envahit d'un coup, mon visage reste interrogatif et je vois qu'il fait exprès de faire durer le plaisir. Et puis, le couperet.
« En fait, tu ne vas pas faire ton deuxième passage maintenant. »
Quoi ? Je me décompose littéralement. Il doit sentir que les muscles de mes épaules se sont relâchés d'un coup, comme dépitée d'une telle réponse, déçue de ne pas pouvoir continuer de danser mais surtout, de ne pas revoir mon inconnu pour essayer de répondre à toutes mes questions. Et puis, la révélation.
« Le jeune homme te veut en show privé. C'est merveilleux n'est-ce pas ? Mais ne stresse pas darling, il y a des caméras partout, mais vous serez seuls dans la pièce. Si ça dérape, lève le doigt vers le plafond, je saurais que je dois intervenir rapidement. »
- Oui... c'est d'accord...
J'ai un peu bégayé. Il a du me retenir pour pas que je ne tombe. Oui, c'est bien, c'est une très bonne idée et je suis heureuse de pouvoir faire un show privé pour ma première fois dans ce genre de danse. Mais il m'angoisse un peu avec ses indications de préventions. A-t-il connu beaucoup de problèmes de dérapage dans son établissement ? Sûrement. Et du coup, j'ai l'impression qu'il m'envoie dans la fosse aux lions. Et surtout, cela repousse mes recherches sur l'identité du tatoué à plus tard. La patron sort, sûrement pour aller prévenir l'homme de ma future arrivée, et pour l'installer dans un pièce isolée. Ma mère, elle, saute de joie comme une enfant qui vient de recevoir le plus beau jouet de la terre. Elle me saute dessus pour terminer de m'habiller. Un très beau costume pâle, avec des plumes et des sequins, cachant un magnifique corset rose.
- Je suis prête.
Le suis-je vraiment ? Je ne sais pas, j'angoisse. Alors que je sors de ma loge avec ma mère, l'une des serveuses m'attrape le poignet fermement et me parle dans un français rapide que j'ai un peu de mal à comprendre. Elle veut me mettre en garde on dirait, je crois comprendre qu'il lui paraît un peu agressif. Merci, tout pour me rassurer. Je garde ça dans un coin de ma tête et suis ma mère dans les étroits couloir. Je m'arrête devant la porte en attendant que le patron sort. Il dépose une main sur mon épaule et embrasse ma joue fortement. Je prends une grande respiration et entre dans la pièce. Je dois paraître à lui sans pour autant l'être, le draguer par la danse, sans parler, juste un show. Je rentre un peu comme une potiche, loin d'être habituée à ce genre d'exercices.
J'avance vers la barre de pole dance installée prêt du jeune homme. Je ne le regarde pas au début, mystérieuse. Tant que la musique n'a pas débutée, je reste les yeux fermés, tenant la barre dans mon dos, les mains moites. Première note, première impression. De tous les hommes de la salle, j'ai eu la chance de tomber sur celui que je voulais observer avec plus d'attention. Physiquement, il lui ressemble en tout cas, mais je ne suis encore sûre de rien. Je démarre en tournant autour de la barre, quelques mouvements de pole dance sur celle ci mais il faut rapidement que je me débarrasse de mon attirail gênant. J'avance vers lui, le sourire aux lèvres, pour qu'il m'aide à retirer le costume. Je tourne autour de lui, le frôlant avec les plumes, me permettant d'observer son tatouage et le comparer avec l'image que j'ai reçu. Je me place devant lui, mes mains caressant ses épaules, son torse, ses hanches, pour descendre le long de ses cuisses. Je finis par m'asseoir sur le bord de ses genoux, dos à lui, en attrapant ses mains pour les poser sur mes hanches. J'ai frissonné, jamais je n'aurais penser faire ça. Et je suis obligée de me dire que c'est Noah, pour être plus à l'aise avec lui. Je remonte ses mains sous mes bras et le guident vers la fermeture éclaire. A toi de jouer.
Jamais je n'aurais cru danser seule pour un homme ce soir. Je ne suis pas la plus belle danseuse, et encore moins la plus talentueuse, alors pourquoi m'a-t-il choisie ? M'a-t-il reconnue ? J'en doute, ma photo ne peut pas lui permettre de me reconnaître si facilement, et encore moins étant donné que nous n'avons pas encore dit un seul mot à l'autre. Moi, je pense que c'est Lui, mon inconnu tatoué d'internet, en tout cas, c'est ce que j'espère. Je repense à nos conversations, à nos musiques échangée, à celles qui ont dérapées aussi, à cause de nos rêveries, à cause de notre frustration partagée. Mais au moment présent, je dois surtout faire le show pour lui seul, assis sur ce fauteuil de cuir au fond de la salle, installé confortablement comme si le monde entier était à ses pieds. Il paraît hautain, il paraît trop beau, comme un roi sur son trône de cuir, comme le prince héritier d'un vaste empire. Et je rentre dans l’arène, pauvre lionne perdue, comme s'il tenait le fouet pour me dresser. La peur au ventre, l'excitation montante. L'angoisse du fouet, l'envie de le dévorer.
La pole-dance, j'ai eu la chance de pouvoir apprendre plus jeune à Londres, et ce mélange de sport et de danse m'a toujours plu. Mais pour pouvoir l’exécuter, il faut que je puisse me débarrasser du magnifique costume en plume. Et quoi de mieux que de me le faire retirer par lui. Je tourne autour de lui comme la lionne autour de sa proie, observant ses attitudes, ses mouvements, son bras tatoué. Et je pense que c'est lui, je l'espère au plus profond de moi. J'ai tellement observé sa photo, étudié les traits de son profil gauche et de son bras marqué à l'encre. Je me mets à rêver de retrouvailles quand il apprendra que je suis cette correspondante sur un forum de musique.
Ses mains posées sur mes hanches suivent les miennes, impatientes de retirer ce qui entrave le plus mes mouvements, ce qui cache le plus mon corps. Et il prend les commandes si rapidement que je suis un peu décontenancée. A-t-il l'habitude de ce genre de lieu, de ce genre de danse ? Connaît-il les secrets de chaque femme, de chaque pièce isolée ? J'en deviens un peu triste, mélancolique peut-être. Mais il faut continuer, finir le show, terminer la danse. Ses mains remontent vers ma nuque, tellement naturellement, fermement, sans réelle tendresse. Comme un matador aguiche le taureau pour ensuite l'achever. Rapidement, je me sens comme un petit animal fragile entre ses doigts, la souris entre les griffes du chat. Et étrangement, j'adore ça. Je laisse ses mains remonter le long de ma nuque et la dégager d'un geste rapide du bout des doigts de la masse de mes cheveux bruns. Je me penche à la pression de la pulpe de sa peau, docile. Et ses doigts frôlent mon dos en redescendant vers la fermeture éclair du corset. Je me mords la lèvre de plaisir. Je me redresse doucement. Il finit par enfin retirer mon attirail pour le laisser tomber à terre, sûrement satisfait de son œuvre. Mais ses mains ne me relâchent pas. Il les pose sur ma taille, dur et froid comme la pierre, et pourtant tendre dans ses gestes. Je me suis cambrée, instinctivement, remontant le bas de mon dos vers lui, laissant apparaître une courbe bien plus poussée. Et quand ses mains terminent le passage de mon ventre, elles se séparent pour se loger au creux des aines. J'ai tremblé, comme un immense frisson qui parcourt tout mon corps. Et j'espère toujours que c'est Noah. J'ai envie de me retourner et de le serrer fortement contre moi, qu'il ne comprenne pas, que je lui murmure que je suis Lana. Mais pour l'instant, je vais laisser le temps faire son effet, je vais le laisser imaginer que je suis juste une danseuse parisienne, que je ne suis le fille que d'une nuit, celle qui attise la rêverie des hommes d'un mouvement de bras.
Et je sens à présent son souffle chaud au creux de mon cou, sous mon oreille où il me prononce enfin quelques mots. J'ai reçu une bouffée de chaleur. J'ai souris. Je tends le cou à son opposé avant de finir par poser ma tête contre son épaule. Je ne réponds rien. Il est adorable, charmant. Et je découvre pour la première fois cette voix que j'ai tant imaginée. Je ne suis pas déçue. Et je me mets à rêver qu'il me prononce toutes nos conversations avec cette voix basse, toujours au creux de mon oreille et mes cuisses posées sur les siennes et mon dos contre son torse. J'écouterai sa voix en boucle mais je dois continuer, briser notre contact, me relever de ses genoux. Je me lève en douceur, et marche vers la barre en roulant des hanches. Étrangement, je me sens plus à l'aise en sous-vêtements, je suis plus libre de mes mouvements, plus femme que jamais. J'attrape la barre, joue avec elle comme avec le corps d'un amant. Une nouvelle musique débute. Et je commence le show, la danse, ma danse pour lui.
https://www.youtube.com/watch?v=DrX76zqQpVI
Des regards, des mains tendues vers lui. Une drague. J'ai le souffle court en imaginant son regard posé sur moi, observant le moindre de mes mouvements. Mais je me concentre sur la danse, un sourire. Rapproche toi de moi, plus près. Encore plus près.
- Spoiler :
Chut !
J'aime la danse et j'apprécie encore plus cette danse. Je n'avais encore jamais réalisé une danse en privée, une danse pour une seule personne, pour un seul homme. Et je me rends compte que je peux être bien moins timide que je le pensais. Peut-être parce que je pense qu'il est mon Noah, parce qu'il n'est pas vraiment un étranger, peut-être parce que je l'aime plutôt bien, et encore plus ce jeu de séduction entre nous. La barre de pole ne fait plus qu'un avec mon corps, comme un prolongement de moi-même. Et mes mouvements amples, aguicheurs, avec cette affreuse envie de lui plaire, qu'il apprécie ma danse, qu'il se rapproche de moi. Et alors que je suis toujours sur la barre, il avance vers moi comme un lion vers sa proie. Je me sens si vulnérable. Je me mets à nue, comme s'il m'avait totalement déshabillée d'un seul clin d’œil. Il me tourne autour comme le chat observe l'oiseau à la cage ouverte, pour savoir quand bondir pour l'avaler sans même poser ses dents sur lui. Voilà comment je me sens, complètement soumise à sa volonté, à ses gestes, à son regard qui me transperce, à sa main qui se rapproche de moi comme une douce attaque, un geste délicat rempli de violence. Et le temps semble s'être arrêté. Et je me suis arrêtée aussi, sur cette barre, comme un perchoir, comme emprisonnée ou paralysée par l'avancé de sa main. Que va-t-il faire ? Ma respiration accélère, mes abdos se contractent pour que mon corps ne bougent plus d'un millimètre. Sa main caresse mon visage, débutant son trajet par ma joue, avant de descendre sur le menton. Et je sens cette bouffée de chaleur quand il pose ses doigts sur mes lèvres, qu'il en dessine le contour comme un sculpteur. J'en frissonne. J'ai même fermé les yeux à ce contact. La pulpe chaude de ses doigts me font même laisser sortir un léger soupire d'entre mes lèvres. Souffle chaud, passion brûlante. Au moment où ses doigts quittent ma peau, mes yeux s'ouvrent, comme animés par un automatisme invisible. Et en perdant le contact de nos deux peaux, j'ai été déséquilibrée. J'ai du reposer mes mains plus en hauteur pour reprendre une position plus facile à tenir. Il porte ses doigts à ses lèvres et y dépose un baiser. Je le prends pour un au revoir, et la suite des événements ne se fit pas attendre plus longtemps. Il me tourne le dos, attrape son verre et quitte tout simplement la pièce. Sans un au revoir, sans un regard en arrière. Mon corps entier se détend et je repose les pieds au sol, l'observant partir. Je suis... dégoûtée, déçue, agacée, énervée. J'en ai les larmes aux yeux. La colère me fait serrer les points. Tu es comme les autres en fait, tu es passé à côté de moi comme si tu ne me voyais plus, comme si j'étais devenue un fantôme pendant la danse. Tu es ce genre de mec prétentieux qui prend les femmes pour de simples objets, l’égoïsme incarné. Mais en fait, ma première envie n'est même avant de vouloir lui balancer la bouteille d'alcool restante dans le dos, de lui exploser sur la tête pour son manque d'éducation, de politesse. C'est de crier le prénom que je crois qu'il porte, de courir, de rattraper son bras et tirer dessus pour qu'il se retourne d'un coup sec avant que je ne dépose mes lèvres sur les siennes. Je crois que j'ai murmuré.
- Noah...
Mais plus rien ne peut être entendu pour lui de ma part. Mes jambes ne me tiennent plus et je tombe à genoux à terre, me retenant légèrement à la barre. Je lève le doigt au ciel pour que le patron accourt. Il me parle, me prend par les épaules, me demande s'il m'a blessée, mais je reste prostrée, à regarder l'encadrement de la porte. Si c'est toi, je ne te le pardonnerai jamais.