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Il n’y avait qu’une heure de différence entre Boston et Sydney, pourtant Tom avait du mal à dormir. À chaque fois qu’il fermait les yeux quelque chose l’empêchait de tomber dans les bras de Morphée. Pourtant, il avait sommeil, du moins c’est ce qu’il essayait de se persuader. Après s’être mis dans toutes les positions possibles et imaginables dans son lit d’hôtel il s’était résigné à fixer le plafond en silence. Seulement, ça l’avait vite agacé; ne rien faire c’était pas vraiment son truc. Il avait donc fini par enfiler un short, un t-shirt et des chaussures de sport. Courir ça lui avait toujours vidé l’esprit. Il avait peut-être arrêté le sprint depuis qu’il avait mis un terme à sa carrière mais il restait tout de même un coureur, il ne pouvait pas l’ignorer, ça faisait entièrement partie de lui. Il était arrivé à Ingonish Beach quand il reconnu une silhouette au loin. Il était tard et elle n’apparaissait que sous le clair de nul mais il était sûr de qui s’était. ”Pea?”, il disait en s’approchant. Il l’appelait comme ça parfois en référence à la première lettre de son prénom parce que son accent français n’était pas parfait et que Pi était plus facile à prononcer et puis c’était mignon. ”Tout va bien?”, il demandait alors qu’il s’arrêtait devant elle. Elle était toute seule au milieu de la nuit à errer dans la plage et l’expression sur son visage ne traduisait pas non plus du bon.
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Phèdre se retourna dans un grognement, se recroquevillant sur elle-même dans un espoir futile que cela ferait taire les à coups sourds qui faisaient rage dans son crâne. Elle pensait avoir l'habitude. Elle aurait presque du l'avoir, vivant ça depuis plusieurs années. Mais à chaque fois la douleur lui coupait le souffle toujours de la même façon et elle avait l'impression d'étouffer. Elle réussit à sortir de ses draps sans mouvement brusque afin de s'asseoir dans son lit, regardant l'heure que lui indiquait son portable sur la table de chevet. Awesome. Soupirant, elle enfila un simple débardeur, un short en jean et une pair de basket blanches et referma la porte de la chambre derrière elle. Elle étouffait et avait besoin de prendre l'air, se persuadant que cela finirait par passer et que c'était meilleur que les médicaments qu'elle avait quand même glissé dans sa valise avant de partir. La brise fraîche de la nuit sur son visage lui fit à peine du bien, mais c'était déjà plus agréable. Elle ne savait pas vraiment où elle allait, mais elle y allait, tout était mieux que rester dans sa chambre. C'est ainsi que la blonde arriva sur la plage sur laquelle les vagues venaient s'échouer dans mélodie régulière. Prenant ses chaussures à la main, elle se redressa trop vite, venant prendre sa tête entre ses mains alors que la migraine redoublait pendant quelques secondes. C'est alors qu'elle entendit sa voix, bien après qu'elle aurait du percevoir le pas de sa course. Elle ne put s'empêcher de sourire malgré tout. Il n'y avait que lui pour l'appeler comme ça. C'était vrai que depuis son arrivée à Harvard, on lui avait souvent fait la remarque que son prénom était imprononçable. Et non, il était pas imprononçable, il était juste français, loin de ce qu'un accent anglophone était habitué à prononcer. Alors les Faidwe, elle avait l'habitude de les entendre et ne s'en formalisait pas. Relevant ses yeux à l'entente de cette voix qu'elle reconnaîtrait entre mille, elle vint croiser ceux de Tommy. Oui oui ça va, j'ai... juste un peu mal à la tête, ça va passer. lui dit-elle dans un sourire tentant d'être convainquant. Phèdre ne voulait pas l'inquiéter plus que nécessaire et elle avait tellement l'habitude qu'elle-même avait tendance à en minimiser l'intensité. Pire qu'une enfant capricieuse sur le sujet, elle ne prenait ses médicaments que lorsqu'on la forçait à le faire, détestant la sensation dans laquelle ils la mettaient.
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Tom avait doublé sa vitesse en voyant les mains de la jeune femme emprisonner son visage. Elle lui souriait pendant qu’il reprenait son souffle, loin d’être convaincu par sa réponse. Dans le silence qui avait accompagné leur amitié, il avait appris à lire les expressions de son visage au lieu de s’attendre à ses mots. Il savait quand elle n’allait pas bien et le fait qu’elle pouvait le lui cacher l’attristait quelque peu. Il avait compris dès le début que Phèdre était comme lui, elle se cachait derrière un masque de force et de froideur de peur de révéler sa forte sensibilité. ”Juste un peu?”, il demandait en soulevant un sourcil. Il était la définition même du je-m’en-foutisme mais pas quand il s’agissait elle. Elle avait réussi à se faire une place dans son cercle très restreint de gens-que-j’aime-bien et il n’appréciait pas la voir dans un mauvais état. ”Tu veux t’asseoir?” Ils ne parlaient pas beaucoup mais peut-être qu’il était temps. Au bal déjà il avait ressenti l’envie d’en savoir plus sur elle. ”Qu’est-ce qu’il se passe? Je sais que ça va pas”, il finissait par dire en plongeant son regard dans celui de Phèdre, histoire de lui montrer que pour une fois il était sérieux.
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Elle aurait du savoir que ça ne passerait pas. Il la connaissait trop bien. Elle l'avait laissé la connaître trop bien. C'en était parfois déroutant. C'était comme ça depuis qu'ils se connaissaient, ils se comprenaient comme personne et c'était une chose à laquelle Phèdre n'était pas habituée. Mais c'est aussi pour ça qu'elle ne voulait pas l'inquiéter plus que nécessaire, ce n'était qu'une migraine comme elle avait eu beaucoup avant ça, rien d'autre. Elle savait aussi que dans cet état, elle était bien peu amène à cacher quoi que ce soit à quiconque, mais fort peu se doutait-elle de croiser âme qui vive à cette heure-là, encore moins Tommy. Elle posa son regard bleu sur lui avant de capituler dans un soupir. Ok, peut-être un petit peu plus. Elle relaissa tomber sa main le long de son corps. Un peu beaucoup même. avoua-t-elle avant de s'asseoir sur le sable blanc en réponse à sa question. Elle savait même pas ce qu'elle faisait d'ailleurs debout, c'était encore pire. Elle verrouilla un instant son regard au sien à la seule lumière de la nuit avant de le reposer sur le sol, traçant d'un doigt des arabesques floues entre les grains fins du sable. C'est juste des migraines, j'en ai depuis très longtemps. Ca ne rend pas la chose plus agréable mais c'est comme ça. Parce que j'ai la tête pleine de plus d'images qu'une bobine de film. Elle eut un mince sourire à son encontre. Cela dit, je ne suis pas la seule à être debout au milieu de nulle part à une heure pareille. ajouta-elle en haussant un sourcil perspicace. Faire un jogging en pleine nuit, c'était quelque chose d'assez insolite. Quelle est ta raison à toi ?
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Un peu beaucoup même. Il n’avait pas le temps de répondre qu’elle s’asseyait par terre et il la suivait. Il déposait ses bras sur ses genoux, les mains pendant dans le trou que formait ses deux jambes. Elle tournait doucement la tête alors que les vagues s’échouaient sur la rive. Une légère brise releva ses cheveux blonds, révélant ses épaules nues, ses doigts s’occupaient sur le sable. Tout d’un coup, elle ressemblait un peu à un enfant à promener son regard sur ses créations. Des migraines. Il n’était pas au courant, elle ne les avait jamais mentionnés. ”Tu n’as pas de médicaments pour soulager la douleur?” Ça pouvait toujours l’aider à trouver le sommeil. Il souriait en entendant sa question. Elle voulait changer de sujet mais il n’était pas d’accord. ”Oh, rien. Une insomnie ordinaire, c’est tout”, il disait en haussant les épaules, fixant l'océan. ”Est-ce que je devrais m’inquiéter, Pea?” il demandait après un long silence en redirigeant son regard vers celui de la jeune femme. Bien sûr qu’il allait s’inquiéter peu importe ce qu’il se passait mais il demandait si c’était grave, si ça l’empêchait de dormir la nuit, si ça la faisait pleurer de peur que ça ne s’arrête pas, si ça resurgissait beaucoup trop souvent. Il voulait tellement qu’elle lui dise la vérité cette fois.  
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Phèdre continua de tenter d'ignorer les battements dans ses tempes et elle en vint à se demander lequel des deux était plus facile à esquiver, ses maux de tête ou les remarques inquisitrices de Tommy. Si, dans ma chambre. Elle marqua un temps d'arrêt avant de poursuivre. Mais ils me rendent malade, à peu près dans tous les sens du terme, j'aime pas les prendre. Elle savait que d'un point de vue extérieur, cette remarque pouvait paraître insensée et puérile mais elle s'en moquait, ses choix la concernait et elle emmerdait ceux qui pouvaient ne pas comprendre. Le brun ne serait certainement pas de cette catégorie. Ca lui était arrivé bien sur de le prendre, quand la douleur occasionnée lui était réellement devenue insupportable, mais majoritairement, elle préférait serrer les dents et attendre que la migraine passe plutôt que de subir l'état brumeux dans lequel son médicament la plaçait. Et de plus, les médicaments ne faisaient pas tout. Elle esquissa un faible sourire. Tu sais, avoir des migraines n'a rien de plus extraordinaire qu'une insomnie. C'était à moitié vrai. Tout dépendait de la raison de l'insomnie comme celles des maux de tête. Elle reprit son sérieux à la dernière remarque de Tommy. Elle ne voulait rien lui cacher, pas à lui. Mais ce n'était pas quelque chose dont elle parlait souvent, sans compter qu'elle n'était pas du tout à l'aise avec le fait de parler d'elle ni même de se plaindre de quoi que ce soit. Elle ne savait juste pas faire. Je ne veux pas que tu t'inquiètes. Ce n'était pas vraiment une réponse à sa question mais c'était sa réponse à elle et la plus sincère qu'elle pouvait avoir. Elle marqua un temps de pause avant de laisser sa voix couvrir le silence de la nuit une nouvelle fois. Tu as déjà entendu parler de ce qu'on appelle l'hypermnésie ? S'il voulait tant savoir, elle allait lui dire.
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