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BREAKEVEN ► yuno

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BREAKEVEN
no wise words gonna stop the bleeding feat. yuta


Il est quinze heures passées, c’est la fin des cours. Le premier réflexe que j'ai en sortant du bâtiment : allumer une clope. A chaque fois que je sors mon briquet, j’entends la voix de ma mère me dire : « Tu viens d’écourter ton espérance de vie ». Ça me fait rire parce qu’elle trouve le moyen de me faire la morale alors qu’elle aussi s’enchaîne des clopes à longueur de journée. Elle était censée avoir arrêté depuis des années mais une fois, je l’ai surprise derrière l’arbre dans le fond du jardin. Sur le coup, j’ai cru qu’elle allait s’étouffer avec son mégot. Depuis, on s’est dit qu’on s’aiderait contre l’addiction. Un an après et me voilà encore avec une cigarette à la bouche. Mes sœurs non plus aiment pas ça. Elles se sont liguées contre moi pour que j’arrête. Elles ramènent plus souvent leurs mômes à la maison parce qu’elles savent que j’fume pas quand ils sont là. Me demandez pas pourquoi j’ai commencé ni pourquoi j’veux pas arrêter. Ces conneries, une fois qu’on y goûte, c’est à la vie, à la mort. Plus souvent la mort avec ça mais j’ferai en sorte que ça n’arrive pas. J’arrêterai. Mais pas maintenant.

Allumée, j’enfourche mon skate, les écouteurs sur les oreilles, ma playlist enclenchée et c’est parti pour rentrer au bercail. J’salue mes derniers camarades de classe qui montent dans leurs bagnoles et s’éloignent tandis que j’donne une première impulsion pour faire rouler ma planche. Le chemin jusqu’à la maison est pas très long, ça me prend une dizaine de chansons (vous avez jamais mesuré le temps avec de la musique ?) soit une demie heure à tout casser. Quand mes sœurs préfèrent prendre le bus pour arriver à temps pour regarder leur série, moi je préfère le calme de la rue qui longe la mer. Enfin, faut d’abord que je traverse la jungle de bitume avant d’atterrir sur l’étendue bleue. Ce chemin, j’compte plus le nombre de fois que j’l’ai emprunté et ce, bien avant d’aller à la fac, quand j’ai commencé à faire du skate. J’étais pas seul à ce moment-là. La première fois, c’était avec … lui. Avec Yuta quoi. L’appeler lui, ça fait genre interdit, comme avec Harry Potter et Voldemort. C’est juste qu’après tout ce temps, j’peux pas m’empêcher de penser à lui alors qu’il m’a probablement jeté dans un trou sans fond, loin dans ses souvenirs de gosse. Pff qu’est-ce qui me prend de repenser à lui ! Comme si c’était le moment. Puis merde, ça fait 4 ans maintenant, j’devrais plus être nostalgique de tout ça, c’est débile. Et totalement ridicule. Mais surtout inévitable. Allez comprendre pourquoi j’arrive pas à me sortir ce con de la tête. Quatre ans, ça aurait dû être suffisant.

L'odeur salée de l'eau me fait un temps oublier. Je pense à nos étés à Busan, au sud de la Corée, les pieds trempés dans l'eau, le corps étendu sur le sable. Je pense aux centaines de châteaux de sables que j'ai pu construire et au nombre de fois où j'ai hurlé sur mes sœurs : « Une tour, c'est pas comme ça ! Tu fais n'importe quoi, c'est tout caca ! » ou les tonnes de glaces qu'on avalait en une journée. Et puis, je pense à toutes les fois où Yuta m'avait balancé dans la flotte, les soirs où on attendait de voir la Grande Ourse. Voilà, j'y arrive pas. J'me rends même pas compte que j'suis arrivé au bout de ma clope. Passage éclair à la poubelle et j'repars. Trois chansons plus tard et j'arrive devant la maison. La voiture de Mme Walker est garée devant, juste à côté de celle de Liz. Mme Walker est la dame qui s'occupe de notre grande maison quand Maman n'a pas le temps de le faire. Elle aide aussi lorsqu'on organise ces gigantesques repas de famille. Elle est discrète mais elle a toujours un petit sourire aux lèvres. Quand je franchis la porte, je n'entends que le faible bruit de l'aspirateur à l'étage. J'accroche mon sac à la rambarde de l'escalier pour le récupérer plus tard et fais un tour dans la cuisine avant d'aller comme tous les soirs, m'enfermer dans mon atelier. Je choppe deux trois trucs à grignoter puis je récupère mon sac. J'fais mon chemin dans le salon pour sortir par la porte du jardin quand j'tombe nez à nez avec quelqu'un. « Oh pardon je vous avais pas vu ». Et quand j'finis par reconnaître la personne qui se trouve en face de moi, y'a tout mon monde qui s'écroule comme un château de cartes. Il a suffit de deux secondes pour que tout tombe en ruines. Encore une fois.

T'es parti comme t'es revenu : sans que je m'y attende.

©junne.
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« Allo ? » Maman m'appelle pour savoir si j'ai terminé mon travail ( vu que c'est les vacances scolaires j'ai dû me trouver autre chose, en ce moment je répare des vélos dans une boutique spécialisée et j'enchaine dans un grand restaurant où je fais la plonge. Je suis obligé de tout accumuler, surtout depuis que ma mère à péter les plombs en vidant nos économies dans des télés achats débiles, le pire c'est qu'elle utilise à peine ce qu'elle achète ! ) « Je serai là dans vingt minutes. » Apparemment y'a beaucoup trop de boulot pour elle et elle doit être efficace rapidement car la famille chez qui elle bosse reçoit dans la soirée. Je remets une roue à sa place puis je m'en vais, saluant mes collègues et mon patron sur mon passage.

J'arrive là-bas complètement essoufflé ( j'ai couru pour ne pas trop la faire attendre ) et quand je vois la maison, j'avoue que je reste un peu con devant tellement elle est belle. Ce n'est pas une villa mais c'est une très très très belle demeure. Je passe la porte ( qui était déjà ouverte ) et tombe sur ma mère sans avoir à la chercher. « C'est quoi cette dégaine ? » J'ai du cambouis un peu partout sur moi à cause des chaines mal entretenues de vélos que j'ai dû manipuler. Je m'essuie sur mon t-shirt pour qu'elle arrête de râler mais elle gueule encore plus. « Mais tu aurais pu te laver les mains ! Il ne faut pas qu'ils te voient comme ça, tu vas me faire honte ! » Elle me pousse jusqu'à une salle de bain et me nettoie le visage comme si j'avais six ans. « Je peux le faire tout seul. » Elle me jette un regard qui ne me donne pas vachement envie de rétorquer, je me tais mais seulement parce que c'est elle. « Retire ton haut. » « Non, ça va pas la tête ?! » Elle soupire. « On va le retourner pour ne pas qu'ils voient les taches. » Je croise les bras en faisant la gueule. « Je vais avoir l'air d'un blaireau avec l'étiquette qui ressort et... » Elle prend mon t-shirt et me l'enlève sans que j'ai fini de parler, je fais encore plus la gueule quand elle affiche une mine satisfaite. « Maintenant tu vas dans le jardin et tu t'occupes de tondre la pelouse. » Le truc que je déteste typiquement faire. « Ok. »

Je sors de la pièce, toujours en faisant la tronche ( avec ma mère je suis un sale gosse mais j'ai le droit de l'être je crois hein. ) Sans soucis je trouve le jardin mais la tondeuse ça... Je veux pas retourner à l'intérieur pour lui demander où elle se trouve, sinon je vais encore me faire traiter d'assisté et j'ai pas envie de demander à quelqu'un qui habite là-dedans parce qu'ils vont voir ma dégaine et penser que je suis un clochard qui vient squatter leur baraque. Alors je cherche ( pendant dix longues et gonflantes minutes ) mais après un moment, je m'apprête à retourner à l'intérieur ( parce que bon, je suis pas très patient ) mais il m'en empêche.
Lui,
Noam.

C'est tellement un choc, c'est... Mon cœur bat à tout rompre, j'ai des larmes qui montent et qui risquent de dévaler mes joues mais je les retiens, faut que j'ai le mental pour ça parce que tomber à nouveau à cause de lui, je m'en relèverai pas.

On se regarde comme deux cons qui savent pas quoi se dire. J'en reviens toujours pas qu'il soit là devant moi. Je m'y attendais tellement pas, il vient de me voler mon souffle et tout ce qui préservait mes frêles remparts contre mes démons. Tout s'échappe : ma force, celle qui me maintenait éloignée de lui, qui me serinait que ne plus faire partie de sa vie c'était synonyme de tranquillité pour la mienne et celle de ma mère, celle du monde entier.
Parce que lui et moi c'est interdit, c'est mal, je dois le déteste, le haïr, l'éliminer de mon chemin.
J'aimerais le bousculer, ignorer qu'il est lui et rentrer à la maison pour évacuer tout ces trucs qu'il a fait naitre rien qu'en apparaissant.
Mais je ne le fais pas, je reste planter là, à l'admirer parce qu'il est encore plus beau qu'avant ou c'est moi qui ai un souvenir déformé de lui. Il a toujours été beau de toute façon, malheureusement.
Il est beau, futé, débrouillard, doué dans tout ce qu'il entreprend, passionné, bienveillant, drôle, parfait.
Pour moi il était est parfait.
J'aimerais tellement penser le contraire putain, tellement.
« ... »
Pourquoi je suis incapable de dire un truc ? N'importe quoi genre « bonjour » ou « hey... » rien, rien du tout. Je baisse les yeux parce que son regard me déconcentre, c'est ainsi que je trouve enfin la force de lui dire. « Je trouve pas la tondeuse. » Là y'a un million de petits smileys qui se facepalm dans ma tête et leur écho me fait mal au crâne. J'AI TROP HONTE. En plus je suis en train de repenser à ma dégaine de plouc avec mon t-shirt à l'envers et mon jean crade. J'ai jamais eu autant envie d'avoir le don de téléportation que maintenant. Quelqu'un l'appelle et là je reconnais sa mère qui me reconnaît aussi, on rebeug tous ensemble. La scène vue de l'extérieur doit être hilarante mais nous on ne se marre pas du tout. Elle allait lui dire quelque chose mais se ravise pour ensuite retourner d'où elle vient. Y'a un nouveau silence d'un demi siècle qui précède son départ et je le brise à nouveau pour lui dire « Pardon. » Pardon pour tout. Pardon d'être parti et de ne t'avoir rien. Pardon d'avoir été lâche, pardon d'avoir peur de tout, de toi, de moi, des idées qu'on m'a mise dans la tête. Pardon d'avoir fait de nous ce qu'on est aujourd'hui, pardon...

©junne.
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Quatre ans. Quarante-huit mois. Mille quatre-cent soixante jours. Mille quatre-cent soixante et un si on tombe sur une année bissextile. C’est long mille quatre-cent soixante jours. Ça m’avait laissé le temps de passer à autre chose (enfin je pensais). D’oublier. D’écrire un nouveau chapitre où son nom n’était mentionné nulle part. Y’avait eu quelques ratures parce que j'avais pas pu m'empêcher d'y repenser. Quand je passais devant le skate park, quand mon regard se perdait dans les étoiles ou sur de vieilles photos, quand c'était son anniversaire. Et malheureusement, à bien d'autres moments. Quatre ans, c'est pas suffisant finalement.

J'ai jamais su comment il avait réussi à s'insinuer autant dans ma vie. Au début, c'était qu'un gosse avec qui je faisais du skate. Puis c'est devenu un ami, un petit frère qui me ressemblait pas du tout mais avec qui je partageais toutes mes conneries. Il a aussi été mon meilleur ami. En deux ans, il avait pris plus d’importance que je ne l’aurai cru. On était jamais l’un sans l’autre, on faisait rien sans l’autre. Ma première cuite, c’était avec lui, dans la chambre de ma sœur. A se lancer des défis d’abrutis, on avait fini par vider la bouteille volée dans la réserve de mon père. Expliquer à mes parents comment on était devenus deux loques humaines, ça avait été le moment le plus délicat de ma vie, le plus dangereux mais le plus drôle. Il avait suffi que je tourne la tête vers Yuta pour éclater de rire sur le carrelage de la cuisine. On s’était fait expulser dans le jardin pour une session dégrisement à coups de karcher. Ma mère s’en était donnée à cœur joie à ce moment-là. Nous, on trouvait rien d’autre à faire que de se plaindre en rigolant comme deux cons. Y’en a eu d’autres des aventures comme ça : quand j’avais eu la peur de ma vie à la fête foraine en croisant un clown, quand on s’était amusé à se prendre pour Sherlock et Waston pour découvrir qui était le nouveau copain de ma sœur, quand il fallait trouver des excuses à Yuta pour son retard et qu’il se fasse pas engueuler par sa mère. Y’en a eu tellement et pourtant, j’me souviens de chaque instant. Comme si c’était hier. Quatre ans, c’était pas assez long.

Le revoir dans mon jardin me renvoie à cette dernière journée qu’on avait passé ensemble. Du moins, le peu qu’on avait pu. C’était l’anniversaire de Clary. J’avais rompu avec elle ce soir-là, dans l’espoir de pouvoir vider mon sac à Yuta, lui dire que ça faisait longtemps qu’il était plus un petit frère pour moi, que ce que je ressentais pour lui, c’était pas de l’amitié. Ça l’a peut-être jamais été. Mais « je t’aime » sont des mots qui ne sont jamais sortis de ma bouche ce jour-là. J’avais tant de choses à lui dire, tant de choses à lui demander et maintenant qu’il est là devant moi, j’trouve rien à lui dire. J’le regarde comme si je venais de voir un fantôme. Presque en fait. Y’a des jours où je pensais même qu’il était mort. « Il est parti » m’avait dit sa mère avant de me claquer la porte au nez. Alors oui, j’avais imaginé des tas de choses.

Ça me parait irréel de le trouve là, devant moi, chez moi en plus. C’est le dernier endroit où je pensais le revoir. Et pourtant. « Je trouve pas la tondeuse ». Là quoi ? « Tu … ». La scène doit paraître ridicule. La première chose qu’il me dit, c’est qu’il trouve pas la tondeuse. Puis pourquoi il la cherche ? Mais j’trouve rien à lui répondre. J’bouge plus, comme si j’étais pétrifié et que j’étais juste le spectateur d’un film à mourir d’ennui.

J’entends à peine la voix de ma mère quand elle ouvre la porte qui donne sur le jardin et puis le silence. J’arrive même pas à me retourner pour lui dire de s’en aller, de toute façon elle le comprend d’elle-même. La porte se referme. Je suis totalement obnubilé par Yuta. Il a changé et en même temps, non. C’est lui mais il y a quelque chose de différent. J’arrive pas à trouver quoi. Mais j’le sens, c’est tout.

Comme sorti de nulle part, ma voix résonne dans le jardin. « Elle est là-bas ». J’sais pas comment j’ai réussi à aligner trois mots ou comment mon bras s’est levé pour lui indiquer la cabane à outils sans que je m’en rende compte. Mon bras retombe mollement et j’ai l’impression d’avoir vidé toute ma batterie. Si je pouvais, j’me laisserai tomber par terre comme une merde en attendant que ça passe. Yuta est le premier à briser ce nouveau silence. Son regard se baisse, venant se perdre dans l’herbe alors que le son qui sort de sa bouche ne me parvient que dans un murmure. « Pardon ». De quoi ? De pas avoir trouvé la tondeuse ? De pas savoir quoi dire ? Ou pour toutes ces années de silence ?

Je déglutis, j’ravale la boule qui se forme dans ma gorge. J’sais pas quoi lui dire. Alors j’avance. Je passe à côté de lui pour aller vers mon atelier et quand j’arrive à la porte, j’me tourne vers lui. « Viens ». J’attends pas qu’il fasse un pas, je sais même pas s'il va me suivre mais j'crois que si on a une chance de parler, ce sera mieux de le faire dans mon atelier qu'exposer dans mon jardin, avec toute ma famille et le reste qui va bientôt débarquer.

Je laisse la porte ouverte derrière moi tandis que j'avance vers la table du fond. Mon atelier, c'est une grande cabane en bois qu'on a construit avec mon père. Y'a tout c'qui fait ici : de la peinture, des toiles vierges ou colorées, des dessins chiffonnés, des pinceaux, des torchons peinturlurés qui traînent à côté du lavabo. Y'a un canapé dans le coin, pour les soirs où j'avais plus le courage de traverser le jardin et de rejoindre ma piaule. C'est le seul endroit où j'ai jamais allumé une clope. C'est mon sanctuaire. J'y invite jamais personne. Même mes sœurs n'y mettent pas les pieds, elles savent que c'est pas un truc à faire. Alors laisser Yuta y rentrer, c'est comme si je lui ouvrais la porte pour revenir dans ma vie, le faire entrer dans un univers qui n'est qu'à moi. Et pour peut-être tout détruire une fois de plus.

©junne.
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 « Elle est là-bas. » Sa voix m'avait manqué. Je suis du regard la direction qu'il me désigne et fixe ce point pour gagner du temps. Je ne fais que retarder l'échéance, celle où je vais à nouveau devoir porter mes yeux sur les siens. J'aime pas ce que j'y vois : de la confusion, de la tristesse... Des trucs que j'ai jamais vu auparavant, du moins quand il me regardait moi. Parce qu'entre nous tout était hm, facile ? Il ne pouvait pas se perdre quand on était ensemble vu qu'on était la boussole de l'autre. Puis son chagrin s'il en avait ( ce qui était très rare, Noam c'est une constellation à lui tout seul ) ce n'était jamais à cause de moi, jamais. Mais aujourd'hui sa douleur m'est destinée, comme tout le reste. Ces choses brisées qu'il garde enfoui comme il peut sans oser me les montrer. Je sais que je t'ai fait du mal, je sais que j'ai tout fichu en l'air mais j'ignorais à quel point jusqu'à maintenant.

« Viens. » Il ne m'adresse même pas un regard. Son ordre sonne froid, tout comme sa gestuelle qui m'a donné l'impression d'être repoussé et pourtant je n'hésite pas, je le suis. Il pousse la porte d'une cabane en bois mais pour moi ça ressemble plus à... Rien. Je suis tellement angoissé à l'idée de me retrouver seul avec lui, que quand je referme la porte derrière moi, je suis incapable de décrire ce qui nous entoure. Je suis focalisé sur lui, lui qui dit pas un mot et qui m'a pourtant demandé de rappliquer. Il va faire quoi ? M'engueuler ? Me frapper ? Se perdre dans nos silences ? Il ne fait rien, il gravite juste dans cette pièce toute floue ( de mon point de vue en tout cas ) et attend.

« Tu m'énerves, pourquoi tu dis rien ?! » Les rôles s'inversent, je suis la victime et lui l'accusé. « Pourquoi tu m'as demandé de venir là si c'est pour rester planté comme un débile devant moi ? Je vais pas rester là, je suis trop con de... Putain, pourquoi ça s'ouvre pas cette merde ?! » Je tire sur la poignée comme un malade, au point qu'elle me reste dans la main. « T'ES CONTENT ?! C'EST TA FAUTE ÇA ENCORE !!! » J'agite la poignée cassée avant de la balancer parterre et d'aller tirer la gueule dans un coin, allant m'asseoir sur un canapé ( vachement confortable en plus... Ce qui a le don de m'énerver encore plus. ) Et croise les bras en commençant à réellement ouvrir les yeux sur ce qui se trouve dans cette saleté de cabane, son monde. Ses dessins partout, des parties de lui disséminées dans chaque recoin et moi au milieu. Il m'a laissé entrer ici, ce lieu où il a peint son âme sur chacune de ces toiles exposées et je sais à quel point c'est précieux pour lui tous ces gribouillis. Je me rappelle encore les fois où il se trimballait avec son carnet à croquis, il ne laissait personne regarder dedans sauf moi ( après l'avoir bien saoulé comme il faut pour qu'il cède mais il voulait juste que je le supplie cet idiot ! ) Et là c'est pas seulement quelques feuilles de papier, c'est tout un univers, le sien. Coloré ou pas, je sais que sur chaque toile il s'est investi de tout son être parce qu'il est comme ça Noam, c'est quelqu'un de passionné dans son art et même avec les gens. J'adorais ça chez lui, le fait qu'il puisse transporter n'importe qui avec ses paroles quand il parlait de ce qu'il aimait, de qui il aimait...

J'observe avec un air bougon un de ses tableaux mais ça me gêne, j'ai comme l'impression de lire dans son journal intime alors je finis par reluquer le sol couvert de peinture, y'a même des paillettes dans un coin et du papier chiffonné. Je pousse un gros soupir avant de le contempler regarder à nouveau et cette fois-ci sans ciller. « Pourquoi tu me dévisages comme ça ?! J'ai rien fait. » Et c'est pour ça qu'on en est là... Parce que, je n'ai rien fait.  

©junne.
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« Maman, j’crois que j’suis amoureux de Yuta ». Elle est là, allongée à côté de moi dans l’herbe quand j’lui avoue que je ressens pas que de l’amitié pour lui. J’ai le visage rouge suite à ma confession et le silence fait bourdonner mes oreilles. J’entends son rire qui fait écho dans le jardin et j’crains le pire. Qu’elle me dise que c’est qu’une passade, que j’y connais à rien à l’amour, que j’suis trop jeune pour ça et que dans deux jours, j’aurai tout oublié. Mais Maman, ça fait de longs mois que j’cogite là-dessus, que j’essaie de faire taire tout ça parce que je sais que ce sera jamais réciproque. Mais ce soir, alors que y’a plus que nous deux et la fumée de cigarette qui s’élève dans le ciel, j’ai eu besoin de lui dire à elle, à ma maman.

Je sens du mouvement à côté de moi et elle me dit « Relève toi Noam », j’lui obéis sans protester et elle me tire face à elle (elle a toujours eu de la force ma mère, c’est dingue). Elle prend mon visage entre ses mains comme elle le fait quand elle veut pas qu’on détourne le regard et qu’elle a un truc important à nous dire, elle fait même ça avec mon père. Mais moi, ça me stresse, j’ai le cœur qui carbure plus qu’une Ferrari à pleine puissance. Mais elle a cette douceur dans le regard et ce sourire heureux sur les lèvres qui m’apaisent en quelques battements de cils. « Déjà première question, tu crois ou tu es sûr ? Ce n’est pas pareil mon chéri ». Elle avait raison. Et moi, j’étais … « Sûr ». Son sourire s’agrandit tandis qu’elle me pose une seconde question, qui me déroute un peu pour le coup : « Alors si tu es sûr … qu’est-ce que tu fais encore ici ? Plutôt que de me dire ça à moi, va lui dire ! ». Je la regarde bouche bée. Parce qu’encore une fois, elle a raison. Je hoche la tête comme un furieux avant de l’enlacer et de me relever pour prendre le chemin de la maison de Yuta. « Noam ! ». Je me tourne vers elle : « Sois courageux ! ». Je reviens vers elle pour lui claquer un énorme bisou sur la joue avant de mettre en route. Mais c’était trop tard. Il était parti.

(…)

J’ai l’impression que j’pourrai exploser. Comme ça, d’un coup. Ou que j’pourrai faire une crise cardiaque tellement mon cœur bat vite et fort. J’deviens fou, ça résonne dans chaque parcelle de mon être. Mes mains tremblent comme des feuilles mortes un jour d’automne, prêtent à se décrocher à la moindre bourrasque de vent. J’essaie par tous les moyens de me calmer. J’savais que le revoir, ça me ferait de drôles de trucs. Je m’attendais pas à ce que ce soit … à ce point. Être dans ma cabane, dans mon univers réussit pas à me faire aller mieux. C’est pire. Parce qu’il y rentre lui aussi. Il peut tout voir, tout ce que je cache à tout le monde, tout ce qui se passe dans ma tête. Y’a tout ici. J’me sens exposé, mis à nu, sans défense. J’me livre à lui, complètement. Je suis à toi.

C’est lui qui met fin au silence le premier (j’crois que ma voix est parti dans le fond de mes baskets) mais ce serait mentir si je disais que ces paroles ne me surprennent pas du tout. J’dois le regarder comme s’il sortait d’un asile psychiatrique, qu’on était dans deux mondes différents et qu’on comprend rien à ce que l’autre raconte. Moi ça m’fait cet effet-là. Lui, ça a plutôt l’air de l’énerver. Et pas qu’un peu. Il en casse même la poignée. J’crois que tout me parait tellement irréel que j’réagi même pas. J’peux que le fixer comme un demeuré et attendre qu’il finisse sa … crise ? Avant, j’aurai rigolé en le traitant de boulet, en lui disant qu’il ressemble à une gamine de 15 ans qui pète une durite. Et ça le ferait rire. Et moi aussi. On rigolerait tous les deux comme des abrutis en oubliant tout. Comme d’habitude. Mais comme d’habitude, ça n’existe plus. Ce qui nous relie n’est plus qu’un fil aussi épais qu’une tête d’épingle. Et si on tire un peu trop fort, tout se cassera la gueule. Alors j’le laisse faire en attendant que ça passe. Il finit par s’asseoir sur le canapé sans pour autant quitter cet air bougon qui lui va pourtant si bien. Quand il « boudait », il avait cette même tronche. Le front plissé, les sourcils froncés et la bouche tordue dans une moue qu’on ne pouvait que trouver adorable (il supporte pas qu’on lui dise ça, qu’il est mignon).
 
« Pourquoi tu me dévisages comme ça ?! J'ai rien fait ». J'devrai arrêter mais j'y arrive pas, mon regard se perd sur son visage. Il est passé où ton sourire Yuta ? Celui qui me consolait, qui me faisait rire, qui m'a rendu dingue de toi, qui m'a hanté chaque nuit, il est où ton sourire d'imbécile ? « On est enfermés ». J'arrive enfin à aligner des mots pour former une phrase et je sais pas si je dois rire parce qu'il a réussi à péter la poignée ou parce que j'ai pas réussi à lui dire autre chose. Et puis ...

« T'es parti ». C'est une accusation, une réponse qu'il n'a sûrement pas besoin d'entendre. « T'es parti sans rien dire. A personne. Même pas à moi ». J'attrape distraitement un pinceau qui traînait sur la table et joue avec la peinture qui y est resté accrochée. Je vois son regard fuir sur les murs autour de lui, y'en a pas un qui soit pas recouvert d'une toile ou d'une trace colorée, ça perturbe. « J'aurai des milliards de choses à te dire et elles sont pas toutes super sympas, j'avoue ». Je laisse courir la tête du pinceau sur ma paume, traçant des courbes imaginaires. C'est pour éviter de lui balancer en pleine gueule. Parce que c'est pas le seul à avoir envie d'hurler un bon coup, d'accuser tout l'autre quand c'est lui le premier à avoir mis les voiles.

« Mais j'sais pas où t'étais pendant quatre ans, ni ce qui t'es arrivé. Alors peut-être que tu les mérites pas, tous ces trucs méchants que j’ai envie de te dire. Peut-être que si, en fin de compte. J’en sais rien. J’en sais rien Yuta ». Je prononce son nom difficilement, comme si ma langue était rouillée après ne plus l’avoir mentionné pendant tant d’années. Quatre ans, c’est long. « Ça fait quatre ans que j'essaie de comprendre pourquoi, si c'est de ma faute ou si t'as juste décidé que t'en avais plus rien à foutre de ma gueule. J'ai essayé mais maintenant, j'suis plus sûr de vouloir connaître l'histoire ». Parce que j'ai peur de voir qu'il a continué sa vie comme rien était et qu'il découvre que moi, j'suis toujours bloqué au même endroit.

©junne.
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« On est enfermés. » Merde, j'avais pas songé à ça. Je suis tellement occupé à essayer d'esquiver ça, cette situation inconfortable, lui, nous, ce que j'ai fait ou plutôt ce que je n'ai pas fait. Suis-je vraiment le seul fautif dans cette histoire ? Est-ce qu'il est en droit de m'en vouloir à ce point ? On gueule pas sur un prisonnier parce qu'il est derrière les barreaux, il y est et on peut pas y faire grand chose mis à part attendre que son sursit vienne à son terme. J'ai essayé de m'évader, de chercher un moyen de le contacter puis quand je me suis retrouvé dehors, tous les efforts que j'avais mis en œuvre pour essayer d'être à nouveau auprès de lui m'ont semblé... Stupides. Aller vers lui ça signifiait faire le mal, maman m'en aurait voulu, les gens aussi, parce que c'est pas bien toi et moi. Fin' dans ma tête on est qu'un et ça c'est pas cool du tout, faut pas que tu sois confronté à moi comme je suis maintenant. Je suis plus le même, je le serai plus jamais même si je le voulais. Déjà parce que tu m'as connu avec un regard innocent sur pratiquement tout, même sur toi. Quand je t'admirais ( c'est le mot, même quand je n'avais pas le béguin j'étais en admiration sur tes talents de skateur, ta façon de dessiner, d'être avec les gens. Je voulais devenir comme toi jusqu'à ce que je te veuille toi ) y'avait de l'amour mais c'était quelque chose de pur, sans arrières pensées. À présent tout est brouillé, sombre, sale. Je veux pas que t'es à subir cette vision de moi, surtout qu'elle n'est pas prête de changer. Si tu savais tout Noam, tu ne me regarderais plus de la même manière. Avec toi je joue le gentil garçon en mettant des barrières puis avec les autres je me déchaine, mais les autres c'est pas toi alors ça compte pas.

« T'es parti. » Ok, c'est parti. Je l'écoute, tête baissée, comme un petit garçon sur le point de se faire punir. Il me fait des reproches, il ne fait que ça. J'ai la gorge toute serrée, les émotions en limbeaux, y'en a tellement que je sais plus quoi ressentir. J'ai encore envie de pleurer, mais je le fais pas. L'entendre me dire que je me suis foutu de sa gueule, qu'il a jamais compté pour moi, ça me fait sourire, un sourire triste. C'est justement parce que je t'aimais trop qu'on en est là, crétin. Il fait son pauvre petit mec délaissé, m'accusant sans même penser une seule seconde que peut-être ce n'était pas entièrement ma faute tout ça, notre séparation. C'est ça qui me fait le plus mal, qu'il croit que je suis un enfoiré capable de l'abandonner, sans raison en plus, parce que... Parce que rien en fait, une pulsion comme ça.

La colère monte.

« C'est quoi tes putains de truc « mechants » que t'as à dire ? Que je suis un connard ? Que tu regrettes d'avoir été mon ami ? Que je méritais pas ton amitié ? Je suis rien d'autre qu'un lâche aussi hein et que j'adore quitter mon meilleur ami parce que j'ai rien de mieux à foutre dans la vie que de niquer la mienne ! » Je me relève, le regardant droit dans les yeux. « Ça tombe bien que tu ne veuilles pas écouter mon histoire, parce que y'en a pas. C'est comme tu le penses dans ta tête, je suis un crevard qui s'est foutu de ta gueule et qui s'est tiré sans rien dire, sans raison. » Je le pousse, il recule d'un pas. « Sans putain de raison ! » Je le frappe au niveau de l'épaule, pas assez fort à mon goût. Son regard me fait déchanter, me fait perdre l'envie de lui casser la gueule... Son regard à la noix qui m'rend fragile alors que c'est pas le moment. « TU M'ÉNERVES, POURQUOI TU ME FIXES COMME ÇA ?! » Je ne mesure pas ma force cette fois mais plus que le coup, c'est le pot de peinture qui nous a causé du tort. Il a trébuché et m'a emporté dans sa chute, on est tous les deux étalés parterre et je continue à fulminer en solo, lui donnant des pauvres coups de poings dans le bras, qui le font à peine bouger. « Je te hais. » Je me redresse, lui tourne le dos et me recroqueville sur moi-même en plaçant ma tête entre mes genoux. « Je te hais pour me croire aussi pourris, je te hais tellement. » Je retiens un sanglot, m'enveloppe de mes bras en me serrant au point de m'en faire mal. Le temps s'égrène comme dans un sablier défectueux, j'ai l'impression qu'on est resté figé pourtant les grains continuent leur chemin sans se soucier de ce que je ressens. Je me redresse, passe une main sur mon front et soupire, une frêle respiration qui sonne brisée ( ça m'énerve ) franchit mes lèvres avant que je murmure : « Je voulais pas te quitter, jamais. » Toujours dos à lui, je tends mon bras dans sa direction, celui orné de sa gourmette. Je ferme les yeux douloureusement, en faisant ça je fais un pas vers lui, je suis débile. Je cherche à nous foutre en l'air ou quoi ?

J'ai pas le droit d'être trop près de toi, tu comprends ça ou pas ? Pas le droit.

©junne.
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T’as raison. T’es un connard. Mais j’en suis un aussi. T’es un connard parce que t’es parti comme un voleur, t’as tout pris avec toi. Mais j’en suis un aussi. Pour ne pas chercher à comprendre. Tu m’as crevé le cœur et c’est tout ce que je vois, la seule chose que j’arrive à comprendre, qui fait sens. Tu me l’as brisé alors c’est à toi de payer. T’as pas à être en colère, t’as pas à m’en vouloir, t’as pas à être triste. T’as pas le droit. T’as pas le droit. C’est moi qui suis resté comme un con à attendre de revoir ton visage, à entendre encore ta voix à chaque coin de rue. C’est pas toi qui regardait chaque mec passer au skatepark avec la boule au ventre parce que dans un coin de ta tête, tu gardais quand même cet infime espoir que tu reviennes. T’as pas le droit de faire cette tronche en me revoyant, t’as pas le droit. T’es parti, c’est toi le coupable. Pas moi. Moi j’t’ai cherché dans toute la ville, j’ai passé des heures à t’appeler pour entendre cette voix mécanique me dire que ton numéro n’était plus attribué (et pourtant, j’ai continué d’appeler, j’connais encore ton numéro de téléphone par cœur). J’t’ai cherché même quand le reste du monde me disait d’arrêter. J’me suis acharné pour enfin te dire c’que t’étais vraiment pour moi.

Mais j’ai fini par faire ce que je déteste le plus : j’ai abandonné. J’ai arrêté de croire, de penser à lui, j’me disais même qu’il était mort. Ouais, c’était sa meilleure excuse pour avoir disparu. J’pouvais pas imaginer qu’il soit encore quelque part sur cette terre et qu’il me donne pas de nouvelles. Et pourtant, il est là devant de moi. A avoir ce regard que j’comprends pas. Un regard qui m’accuse de tous ses maux. Un regard qui a perdu tout éclat. J'comprends pas pourquoi il est comme ça. Mais j'veux pas savoir non plus. Parce que si j'apprend qu’il a souffert tout seul dans ton coin, que y'avait personne pour lui, comment j'vais pouvoir le regarder en face. Ses yeux cherchent à me montrer ce qui lui est arrivé ces quatre derniers années mais sa bouche elle, elle veut garder le secret. Elle veut tout me cacher. Et moi je l'encourage à se taire. Parce que si je sais, j'aurai plus de raison ... plus de raisons pourquoi ? Pour être un gosse égoïste.

« C'est quoi tes putains de truc « méchants » que t'as à dire ? Que je suis un connard ? ». Oui.
« Que tu regrettes d'avoir été mon ami ? Que je méritais pas ton amitié ? ». Jamais.

Alors au fond, j'mérite tout ce qu’il me balance, ses coups, sa colère. T’as raison de m'en vouloir. Il me frappe mais je sens rien, il s'approche et la seule chose sur laquelle j'arrive à me concentrer, ce sont ses lèvres qui bougent. Le reste, c'est flou. Alors j'ai l'air de le fixer comme un débile, de ne plus être là mais j'entends tout.

« Ça tombe bien que tu ne veuilles pas écouter mon histoire, parce que y'en a pas. C'est comme tu le penses dans ta tête, je suis un crevard qui s'est foutu de ta gueule et qui s'est tiré sans rien dire, sans raison ». Pourquoi tu mens ? Si c'était vrai, tu t'énerverais pas comme ça.

Je finis par tomber à la renverse. Et je m'accroche à lui par réflexe. Parce qu’il a toujours été la personne qui m'faisait garder les pieds sur terre quand j'allais trop loin dans mes délires et mes conneries. Il est l'ancre qui m'a toujours retenu sur le cap. Il le sait pas mais il a changé ma vie. Mais j'arrive pas à lui dire. Il fuirait si j’lui disais ça non ? Et j'veux pas que ça arrive. Même si là, il hurle qu’il me déteste, qu’il me hait. Moi je t'aime. Et je pourrai jamais m'arrêter.

Le temps semble s'être figé autour de nous. Y'a que les battements de mon cœur qui m'assure que la vie ne s'est pas figé dehors. Et les épaules tremblantes de Yuta. C'est quand la dernière fois que je l'ai vu comme ça ? Ah. C'était quand il s'était engueulé avec sa mère. D'ailleurs, est-ce que ça allait mieux avec elle ? Je l'avais même pas reconnu (en même temps, j'avais dû la voir deux trois fois), je sais même plus depuis combien de temps elle travaille chez nous. Et Yuta, est-ce que c'est la première fois qu'il venait chez nous ? Probablement. Avec les photos étalées dans le salon, il aurait reconnu toute la famille. Le hasard fait bien les choses. Ou mal, apparemment de son point de vue.

« Je voulais pas te quitter, jamais ». On dirait que ça lui coûte une quantité d'énergie d'avouer ça. Et moi, j'ai le cœur qui fait du saut en parachute. Sauf qu'il a pas de parachute. Il est en chute libre. Il me tend son poignet et je remarque en l'espace de quelques secondes ce qui orne son poignet : c'est ma gourmette. Enfin, c'est la sienne depuis des années mais c'est mon prénom qui y est gravé. Je souris même si là maintenant, j'ai envie de chialer comme un môme. « Tu l'as gardée ... ». Quelle déduction Noam, sans déc' ! Machinalement, mes doigts saisissent sa main, contemplant le bracelet. Je parcours la gravure du bout de l'index, comme si elle risquait de se briser à mon contact. J'me rend compte que le bras de Yuta est un peu tordu bizarrement alors je le libère. Ça m'embrouille encore plus.

« Si tu voulais pas partir, pourquoi tu l'as fait ? Et ... t'étais où toutes ses années ? ». Il bouge pas alors j'me lève et vient me placer face à lui. « Regarde moi ». J'attends qu'il obtempère même si ça doit prendre des heures, je lâcherai pas. Quand il relève les yeux, j'dois me retenir de ... Ouais. J'inspire. « Pendant 4 ans, j't'ai cherché partout où j'pensais que j'aurai une chance de trouver. J'passes des journées à attendre au skatepark comme un con en espérant que tu passerais par là. Mais t'es jamais revenu ». Je baisse les yeux vers mes mains, j'ai de la peinture sur les ongles. Je les gratte comme pour m'empêcher de flancher.

« Je ... j'ai même cru que t'étais mort. Parce que faut dire que ça te ressemblait pas de pas répondre au téléphone. D'habitude, tu répondais toujours en deux secondes, cinq max. Pour moi, c'était la seule ... excuse. Parce que j'pouvais pas croire que t'étais parti juste comme ça. Pas toi ». Quand j'ai plus de trace colorée, je le regarde à nouveau. « Mais tu sais, à force, j'ai fini par croire que c'était le cas. Et oui, j'ai pensé que t'étais un connard. Mais ... ». J'ravale la boule qui se forme dans ma gorge et me frotte le nez pour faire partir ces putains de larmes qui menacent de s'faire la malle et de m'faire passer pour un pauvre fragile (c'que je suis en réalité mais j'aime pas qu'on m'le fasse remarquer). « Quand t'es parti, y'a tout un truc qui s'est écroulé et ... j'ai jamais eu le courage de reconstruire. Pas sans toi ».


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Je me crispe lorsque ses doigts rencontrent ma peau. Je ne me laisse pas toucher d'habitude, sauf quand j'ai un gramme indécent d'alcool dans le sang et que je le cherche sans vraiment le vouloir. Je m'explique, en fait c'est comme si j'étais là, que je me voyais aguicher ces gens, hommes, femmes peu importe dans le fond. Que je devenais ma propre marionnette et que je draguais, embrasser, coucher sans que je le veuille, c'est plus un devoir qu'un désir. En gros y'a plus de Yuta qui tienne quand j'suis comme ça. Je dois faire ces trucs pour me punir... Au début je croyais que j'aimais ça, qu'en le faisant j'allais contre ces connards qui m'avaient lobotomisé pour leur prouver qu'ils avaient échoué mais je me mens à moi-même, y'a qu'à moi que je fais du mal.

Avant mon départ j'étais hyper tactile mais qu'avec Noam, j'ai toujours eu du mal avec les autres, parce que je suis pas à l'aise avec moi-même. J'ai jamais eu autant d'assurance que lui, lui il est bien dans ses baskets et il a ce don de te faire sentir important sans rien faire de particulier. Je sais pas comment l'expliquer mais pour moi Noam c'était tellement l'exemple à suivre, je voulais tout faire comme lui. Je séchais les cours exprès pour pouvoir m'entrainer au skatepark et lui montrer mes progrès ( même si j'ai jamais réussi à faire aussi bien que lui. ) C'est un mec « solaire » qui arrive à te faire croire que tout va bien d'un sourire. Il m'apaisait rien qu'en étant là, rien qu'en s'intéressant un peu à moi. Alors quand il relâche mon poignet pour me bombarder de questions, tout ce que je fais c'est de baisser la tête en restant muet. Qu'est-ce tu veux que je te dise ? La vérité ? Tu la sauras pas, c'est mieux que tu crois ce que tu penses savoir sur mon compte, au moins ça te tiendra éloigné de moi.

« Regarde moi. » Je veux pas, je veux pas.
Y'a un vide qui se creuse dans mon être, j'ignore pourquoi je commence à avoir les larmes aux yeux. Peut-être juste parce que le fait qu'il soit là me fragilise, en même temps Noam c'est comme un doux cauchemar que j'ai essayé de fuir pendant quatre ans et maintenant il est là, bien réel et il ressemble plus à un rêve qu'autre chose et ça me tue. Je veux pas avoir à te regarder, rien que le son de ta voix me donne envie de me rouler en boule dans un coin et de pleurer des heures et des heures jusqu'à me convaincre que c'était pas vraiment toi. T'as jamais été là, j'ai jamais souffert et je t'ai jamais fait sombrer avec moi.

Sa présence est intimidante, surtout quand il est debout comme ça à me regarder alors que je suis recroquevillé au sol. Ça prend un peu de temps mais je sais qu'il me lâchera pas alors je lui cède en posant un regard décharné sur lui. J'ai mal rien qu'à le regarder et en le voyant inspirer juste avant de prendre la parole, je sens que ce qu'il va me révéler ne va pas arranger les choses. « Pendant 4 ans, j't'ai cherché partout où j'pensais que j'aurai une chance de trouver. J'passe des journées à attendre au skatepark comme un con en espérant que tu passerais par là. Mais t'es jamais revenu. Je ... j'ai même cru que t'étais mort. Parce que faut dire que ça te ressemblait pas de pas répondre au téléphone. D'habitude, tu répondais toujours en deux secondes, cinq max. Pour moi, c'était la seule ... excuse. Parce que j'pouvais pas croire que t'étais parti juste comme ça. Pas toi. » J'ai pas eu tort... Puis il m'achève. « Quand t'es parti, y'a tout un truc qui s'est écroulé et ... j'ai jamais eu le courage de reconstruire. Pas sans toi. » Sa voix est secouée, elle tressautait à certains moments et a même laissé place à un début de sanglot. Ce qui est pire que sa propre douleur, c'est celle de celui qu'on aime et d'en plus en être l'auteur. Il m'oblige à ouvrir les yeux sur ça, sur tout ce que j'ai détruit en me laissant enfermer comme un animal, en ayant suivi les codes moraux de mes bourreaux, croyant bien agir, être un gentil garçon, quelqu'un de bien, le fils que ma mère aurait voulu avoir et que Noam aurait surement aimé avoir comme ami. Mais j'ai jamais été celui qu'ils voulaient tous, j'ai essayé de me mentir, de leur mentir mais à l'évidence c'est rien d'autre qu'une grosse blague.
Même s'ils m'avaient planté un clou dans le crâne pour me faire changer, j'aurais toujours aimé Noam.
Noam je l'ai pas seulement dans la tête, je l'ai dans les cellules qui me composent. Va falloir me découper en morceaux pour que je sois à l'image de celui qu'ils veulent que je sois.

Il a cru que j'étais mort, c'est un peu ce qui m'est arrivé là-bas. Des fois la mort est plus douce que la vie. Il m'arrive encore de me réveiller en entendant des bruits de pas, les leurs, ceux qui venaient me sortir de ma cellule alors que je me débattais comme un possédé pour leur échapper. Puis j'ai fini par me soumettre, devenir l'ombre de celui que j'étais. J'étais en cage Noam, quelque part c'est comme si j'avais été coincé sous terre entre quatre planches de bois, sauf qu'on m'avait enterré vivant.

« Quand t'es parti, y'a tout un truc qui s'est écroulé et ... j'ai jamais eu le courage de reconstruire. Pas sans toi. » J'écarquille grand les yeux, pourquoi il m'a donné autant d'importance ? Au point de s'arrêter de vivre ! Pourquoi t'as fait ça crétin ?! POURQUOI ?! Je mets du temps à encaisser ce que je viens d'entendre, quelqu'un frappe à la porte, vu qu'on répond pas et que la personne essaie d'entrer en réalisant que l'accès est bloqué, elle va chercher de l'aide. ( J'ai deviné que c'était ma mère au son de sa voix, elle m'a à l'oeil depuis que j'ai essayé de fuguer alors en ne me voyant pas tondre la pelouse elle a dû se mettre à ma recherche. ) « Noam. » Je touche machinalement sa gourmette, comme pour me tenir accroché à lui alors qu'il est là face à moi. J'ai juste à me lever, le prendre dans mes bras, pleurer contre lui, m'excuser et tout lui expliquer pour qu'on puisse repartir à zero ou du moins essayer mais je le fais pas, je reste assis comme un débile avec de grands yeux brillants pleins de larmes mais elles restent bien à leur place. Elles ne couleront pas, pas devant lui. J'entends un bruit de serrure qu'on fait sauter et la porte s'ouvre sur le papa de Noam.
J'ai envie de mourir de honte et de chagrin et de tout ce qui me donne la nausée à ce moment précis. « Yuta, qu'est-ce que tu fiches ici ? » Elle s'adresse à moi en japonais pour ne pas que vous compreniez. « Lève toi tout de suite tu n'as pas fini ton travail ! » Je me lève, ne t'adresse pas un regard ( si je l'avais fait, tous mes efforts pour retenir mes larmes auraient été vain ) et marmonne un « au revoir. » À ton père alors que je passe à côté de ma mère sans même un mot, elle m'appelle, mais je ne me retourne pas.
Je fuis,
je cours,
je veux rentrer et m'enfermer dans ma chambre, là où il n'y aura personne d'autre que les murs pour être témoin de ma descente en enfer. Là où le noir est un refuge et où je me noie dans une eau salée au goût de chagrin.

©junne.
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