ALEXANDRA B. LEVINGTON ► kim matula

« Surtout, tiens-toi droite Alexandra. Ne t'avises pas de me faire honte en public. » C'est ainsi que j'ai passée les premières années de mon enfance. Aussi étrange que ça puisse vous paraître, mon père n'est pas le monstre pour lequel on pourrait le croire. Enfin, c'est ce que j'ai compris aujourd'hui. Il s'est simplement toujours efforcé de faire de moi une femme forte et qui sait ce qu'elle veut dans la vie. Ma mère est morte en me mettant au monde. C'est donc mon père qui a dû m'élever tout seul et croyez-moi, ça n'a pas été de tout repos. Il s'agissait d'un ancien boxer sur le point de raccrocher les gants. Du coup, comme vous pouvez vous en douter, élever seul une fille n'était pas très exactement le premier point sur sa liste de priorités. Disons qu'il aurait préféré que sa femme soit à ses côtés - et moi aussi d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, c'est auprès de cet homme froid, exigeant, mais tout de même aimant que j'ai grandit. Déjà toute petite, je n'avais qu'une idée en tête : devenir une grande danseuse. Avant sa mort, ma mère était une grande ballerine. Elle avait passée toute sa vie à Nice en France. Tant qu'à mon père, il avait vu le jour en Russie. C'est d'ailleurs pour ma mère qu'il avait décidé d'élire domicile en France, jugeant sans doute que la carrière de danseuse de sa femme était beaucoup plus prometteuse que la sienne. Quoi qu'il en soit, c'est avant tout pour suivre les traces de ma mère que je m'étais donnée comme objectif de pratiquer la danse classique. Je me disais sans doute que pratiquer cette activité me permettrait de me rapprocher un peu plus de celle que je n'avais jamais connue. Néanmoins, j'ai fini par adorer ça. J'ai eu la piqûre comme on dit et dès cet instant, plus rien n'a eu d'importance à part devenir une danseuse étoile.

J'ai moi aussi passée les premières années de ma vie à Nice dans l'immense demeure familiale que mon père avait pu nous acheter en vu du petit magot qu'il s'était fait à travers ses combats. Ce n'est que lorsque j'ai atteint l'âge de dix ans qu'il a décidé de se reconvertir en militaire. Il partait très souvent en mission. Nous nous voyions peu et les rares fois où c'était le cas, c'était afin de s'assurer que je devenais réellement la petite fille modèle qu'il voulait que je sois. Oui, mon père a toujours été extrêmement exigeant envers moi et petit à petit, j'ai fini par l'être aussi. Toute mon adolescence, je l'ai passée à essayer d'être la plus parfaite possible. Je m'efforçais d'avoir de bonnes notes, d'être populaire, d'être présente pour mes amis et mes quelques flirts ici et là et bien entendu, il y avait la danse. Les années avaient beau avoir passées, je n'avais jamais déviée de mon objectif. Pire, je m'entraînais deux fois plus dur. Mon but ultime était d'entrer à Juilliard à New York, l'endroit où mes rêves les plus fous seraient le plus susceptibles d'être à ma portée. Aussi, je m'entraînais plusieurs heures par jour afin d'obtenir un niveau d'excellence supérieure et bien entendu, je devais surveiller mon poids afin de rester dans la norme des ballerine. c'est sans surprise que j'ai fini par tomber dans le piège de la boulimie. Au départ, tout me semblait naturel. C'était simple pour moi de me gaver pour ensuite me vider entièrement. Le lycée terminé, j'ai obtenu ma lettre comme quoi j'étais acceptée à Juilliard. Jamais mon père n'avait été plus fier de moi et, je dois bien l'avouer, moi non plus. Enfin, j'arrivais à mes fins. Enfin, tous mes rêves les plus fous étaient à ma portée. Mais c'était sans compter sur le destin qui fini toujours pas nous rattraper.

À dix-neuf ans, soit un an et demi après mon entrée à Juilliard, j'ai fini par faire un malaise. Mes crises de boulimie étaient devenus beaucoup trop forte pour moi et j'avais besoin d'aide. J'ai été rapatrié à Nice où mon père m'attendait. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, il s'est occupé de moi. Il m'a fait entrer dans l'un des meilleurs hôpitaux de la région et s'est assuré qu'on me soigne entièrement. j'ai mît des mois à m'en remettre. Des mois pour reprendre des forces et me voir tel que j'étais réellement. Il va sans dire que ma place à Juilliard ne m'a pas été gardée. On jugeait que la danse était devenue nocive pour moi et qu'il valait mieux que j'arrête. Balivernes !! J'allais reprendre des forces et leur montrer de quoi j'étais capable.

Ce n'est que deux ans plus tard que mon père a décidé de quitter Nice pour partir s'installer à Cambridge. Il jugeait d'Ailleurs qu'il était bon que je l'y suive afin d'y poursuivre mes études, J'imagine qu'il s'est dit que de cette manière, il pourrait garder un oeil sur moi et s'assurer que je ne faisais plus de bêtises. Quoi qu'il en soit, je l'ai suivie à contrecoeur. J'ai même intégrée une confrérie pour lui montrer ma bonne volonté. Encore une fois, je retombais dans le piège de la petite fille parfaite. Seulement cette fois, ça m'était égale. Si c'était réellement ce qu'on exigeait de moi, et bien soit, j'allais me donner dans le personnage corps et âme. J'allais me servir des personnes qui pouvaient me permettre de monter au sommet et me montrer froide et distante avec tous ceux et celles qui pourraient me mettre des bâtons dans les roues. J'ai commencée à sortir, à fréquenter la crème d'Harvard. Je bois, je fume, je consomme. Peu importe, si j'arrive à conserver mon image de fille parfaite ?? Bien entendu, j'ai repris mes études en danse, l'école a beau être moins spécialisée pour la danse classique que Juilliard elle-même, je crois que j'arrive à grimper les échelons malgré tout. En même temps, je retombe peu à peu dans les vieux vices. Mon poids recommence à me préoccuper et j'ai dû mal par moment à garder le contrôle. Seulement, encore une fois, je camoufle ma détresse derrière des apparences trompeuses. Je sors avec mes amis comme si de rien était. je drague. C'est ce que j'ai de mieux à faire.