listen to me (wilder)

Avery était convaincu que Cole ne pouvait pas gâcher ce qu’il y avait entre sa sœur et lui. Foutues illusions. En une soirée, en une coupe de champagne, tout le château de cartes semblait s’être effondré. Victoria l’avait chassé comme un malpropre sans même se poser les bonnes questions. Ô dieu Cole. A la poubelle le mec qui a eu le malheur de se venger d’une foutue coupe de champagne. Avery était entré dans le jeu du Wildingham sans penser aux restes et maintenant il s’en voulait. Ca le rendait fou de savoir qu’il avait tout gâché avec Victoria. Et elle le rendait si impuissant avec la froideur de ses sms. Il n’y avait même pas une once de réconciliation dans les mots féminins. N’arrivant pas à se résoudre à la laisser lui échapper, l’étudiant s’était rendu à la eliot house dans le but de croiser la présidente et de lui imposer sa version de l’histoire. Il se retrouve devant la porte de sa chambre et frappe à deux reprises sur la porte.

@L. Victoria S.-Wildingham

J'y avais cru. Putain, comme une conne, j'y avais cru. A ce 'nous' qui semblait pourtant impossible, à une histoire si différente de toutes celles que j'avais connu. J'avais baissé mes gardes et placé de l'espoir dans un futur possible avec quelqu'un qui était mon parfait opposé. Pire encore, j'avais sincèrement pensé que ça pouvait marcher .. Jusqu'à un retour brutal à la réalité.
Les sentiments de colère et de dégoût ne m'avaient pas quitté depuis le bal, et resurgissaient même ponctuellement, à des moments où je m'y attendais le moins. Comme maintenant, alors que j'étais attablée à mon bureau, occupée à travailler. Mon esprit dévia un court instant de mes activités et paf, c'était Avery et tous les sentiments négatifs qu'il avait apporté qui me revenaient en tête.  
Je soupirais, fronçais les sourcils. Il fallait se concentrer. Toc, toc. C'est ouvert. dis-je sèchement. Je ne tournais la tête qu'après que mon invité soit entré et qu'il ait fermé la porte derrière lui. Qu'après avoir deviné au silence qui suivit et au parfum familier du nouveau venu que celui-ci n'était autre que ce putain de Winthrop que je n'avais aucune envie de voir. Faut croire que j'ai pas été assez clair dans mes messages, alors je fais la faire plus courte et plus simple pour être sûre que tu comprennes ; tu ne m'intéresses pas. Ce que tu as à dire ne m'intéresse pas. Dégage. Tu le sens dans ces syllabes bien détachées, toute la hargne que j'ai pour toi ? Pauvre con.

Avery voulait simplement discuter. Une affaire difficile avec Victoria. Loin d'être la pro de la communication, il se demandait parfois comment elle était arrivée au poste de présidente de la eliot house. On ne refait pas la demoiselle. L'entrée en matière de Victoria en est une preuve supplémentaire. Silver reste de marbre, planté devant la porte, toisant le bureau et la jeune femme, silencieux. Rien n'était prévu, pas de mots d'excuses, pas de speech relatant le bal, pas de défense tout simplement. C'est les mains vides qu'il s'empare d'une chaise et se pose en face de Vic. Voilà, on est à la même hauteur. Il n'y a pas de coupable, ni de juge, juste nous. « J’ai été con. » C’est ce qu’elle a envie d’entendre, nan ? « J’étais pris dans l’action, j’ai pas réfléchi. » Cole était là avec son petit air de mec condescendant. Il avait foutu en rogne Wade, parlait de Maelys, de Briony, de tout ce qui pouvait toucher le winthrop. Mais ça, Avery s’abstient de le sortir. « C’est qu’une erreur. »

Je voulais qu'il parte. Immédiatement. L'avoir si prêt de moi me rendait folle de rage, me contrôler pour ne pas lui sauter à la gorge prenait littéralement toute mon énergie. Je n'avais aucune envie de le voir, ni de l'entendre. Rien de ce qu'il pourrait dire ne me ferait changer d'avis de toute façon. Je m'étais mise à nue devant lui de la façon la plus intime possible. Je lui avais livré des pensées et des failles dont je n'avais jamais soufflé mot à personne, et il avait piétiné tout ça en un quart de seconde en attaquant mon propre frère. C'était mort pour lui maintenant, voilà tout. J’ai été con. J’étais pris dans l’action, j’ai pas réfléchi. Nan, tu crois ? Je restais silencieuse face à ce visage que j'avais envie d'écraser entre mes mains .. C’est qu’une erreur. J'haussais les sourcils, et le ton par la même occasion. Là, c'était la phrase de trop. Qu'une erreur ? QU'UNE ERREUR ? TU TE FOUS DE MOI ? Un faux pas et on repart alors, c'était ça son plan ?! Je t'ai laissé entrer dans ma vie Avery, j'ai mis un bon nombre de mes croyances de côté et j'ai fais de gros efforts pour toi. Pour essayer, pour voir ce que ça pourrait donner, nous. Je t'ai donné ma confiance par dessus tout .. Et tu la balayes d'un coup de flûte à champagne comme ça et dit que ce n'est qu'une erreur ?! Je croyais rêver, on était en plein délire. T'as quoi à me dire, hein ? T'as quoi pour expliquer le fait de t'en être pris à mon frère après les discussions qu'on a eu à ce sujet ? "Il m'a énervé alors j'ai agis sans réfléchir" ? C'est ça ?! Sans réfléchir un quart de secondes aux conséquences ? Ou à moi ? En te ralliant du côté d'un type qui voulait diffuser une vidéo de toi en plein ébat juste pour se venger qui plus est ? T'as quoi à dire pour ta défense ?

Avery est totalement decomposé devant Victoria. Wtf. Qu'est-ce qui lui arrive ? C'était qu'une putain de coupe. Il n'est même pas sûr d'avoir écouter tout le discours tant la surprise est imposante. Des excuses et ils vont ensemble au summer camp, c'était un si bon scénario. Elle balaie toute sa confiance en lui. Elle rature le nous. Elle est incontrolable. Pour la première fois, Avery ignore totalement quelle est l'attitude à adopter. Il fronce légérement les sourcils, cherche et cherche encore. « Essaye de te souvenir de la soirée juste avant cette histoire. Quand on était nous deux. Ensemble. Sans personne autour pour nous emmerder. » Pas Adam. Pas Cole. Pas Wade. Avery marque une pause et pose son regard sur les prunelles adverses. Puis il reprend rapidement pour ne pas être coupé par la rage bleue. « J’fais des conneries. J’suis pas parfait et ca tu l’as su dès le départ. Et pourtant t’étais là. Je suis là. J’m’accroche à ce nous parce que j’veux pas perdre ce qu’on a pour des mauvaises décisions. » Les murs sont fébriles et Vic n’arrête pas d’y donner des coups, mais il ne lâchera rien. Ses pupilles n’abandonnent pas le combat. Si les yeux sont véritablement le miroir de l’âme alors elle pourrait lire la sincérité. Sauf que les filtres de la colère brouillent tout, raison pour laquelle il mise tout sur les mots.  « Ca arrivera encore. Le monde parfait n’existe pas. » Les contes de fées ne sont que des rêves écrits dans des ouvrages vendues à des enfants crédules. Grandir, ca te montre que la vie n’est pas si rose, que les gens ne sont pas si sincères, que le prince charmant n’existe pas. « Mais j’veux être présent dans ton monde imparfait Victoria. Laisse moi une chance de réparer ce que j'ai gaché. »

(Invité)