Ce qui est à toi est à moi ! {Firenza}

Lorsque Firenza s'était réveillée ce matin-là, elle avait été heureuse de voir que le temps était au beau fixe et que la température était digne d'un été. Le climat qu'il régnait à sur le campus d'Harvard lui rappelait presque son pays natal qui lui manquait énormément. Néanmoins, il y avait une bonne raison si la jeune femme avait quitté l'Italie à l'âge de 17 ans ; elle devait prendre ses distances afin de faire le deuil de sa grand-mère. Suivre ses parents aux États-Unis y avait grandement contribué et même s'il lui arrivait d'avoir le mal du pays, Firenza ne regrettait pas de les avoir incité à emménager ici. Il y avait dans ce pays une certaine liberté d'expression qui lui permettait de s'épanouir de jour en jour et d'exploiter au maximum sa fibre artistique. Et puis, elle s'était fait quelques amis en quelques semaines à peine. Tous les étudiants étaient sympathiques.

Profitant du temps ensoleillée, la jeune femme s'était emparé d'un livre et avait décidé de le lire sous l'ombre d'un arbre afin d'apprécier un peu mieux la nature et ainsi croiser quelques amis qui auraient eu la même idée qu'elle. De temps en temps, son regard quittait les lignes du roman policier qu'elle lisait pour observer les personnes qui passaient devant elle ou qui s'asseyaient non loin d'elle. Son regard fut attirée par une personne qui s'approcha d'elle et que l'italienne n'avait encore jamais vu.

"Qu'est-ce qu'une fille aussi jolie fait assise ici toute seule ?" demanda-il, un sourire enjôleur peint sur les lèvres. "Elle fait comme toutes les autres jolies filles assises sur la pelouse par ce beau temps, j'imagine... Elle est venue se distraire en profitant du soleil. Le bronzage, c'est le petit bonus..." répondit-elle poliment, en soulignant bien le fait qu'il y avait d'autres jolies filles autour d'eux. Notamment parce que les garçons de sa confrérie étaient réputés pour être de vrais dragueurs. "Tu ne rejoins pas les autres ? Ils ont l'air de bien s'amuser..." lança-t-elle en désignant d'un signe du menton les quelques garçons qui s'amusaient un peu plus loin.

« Je ne suis pas sûr que tu en ai vraiment besoin. Espagnole ? Italienne ? Colombienne ? ». La remarque et la curiosité de Nate ne manqua pas de lui arracher un petit sourire. « Italienne. » répondit-elle en acquiesçant par la même occasion d’un petit signe de la tête. Elle aurait cru que Nate l’aurait tout de suite deviné à son accent fort prononcé. « Plus tard peut-être. J’avoue être intrigué par ce que tu lis. » dit-il dans un sourire, obligeant Firenza a reconsidérer la couverture de son bouquin et à en corner la page en cours pour finalement le refermer. L’espace d’un instant, l’italienne se demanda s’il était vraiment intéressé par le livre ou par sa personne. « Un amateur de littérature ? » le questionna-t-elle avant de se présenter à son tour. « Firenza Salvoni. C'est "le temps des regrets" de Mary Higging Clark, je l’aime beaucoup. ». Elle ne lisait pour ainsi dire que ça ! Elle adorait les polars et ce style d’écriture qui vous tient en haleine du début à la fin.

« L’accent vient donc de là ! » dit-il, la faisant sourire une fois de plus. « Tout à fait ! Le prénom aussi, d'ailleurs. De Florence, pour être exacte. » répondit-elle en s’exclama tout en levant le menton avec fierté. Firenza était amoureuse de son pays natal et si le décès de sa grand-mère ne l’avait pas autant affecté, elle serait probablement restée vivre là-bas. Ceci dit, depuis qu’elle avait posé le pied sur le sol des Etats-Unis, la jeune femme avait aussi constaté que ce pays avait beaucoup à lui offrir…

En prenant un peu de recul sur la situation, Firenza s’aperçut qu’elle donnait l’impression d’être sur la défensive. C’était un peu le cas, d’ailleurs. Depuis la prise d’otages, la jeune femme était un peu plus méfiante envers les étrangers qu’à son arrivée sur le campus d’Harvard. « J’avoue. Mais chut C’est un secret. » lança Nate en posant un index contre sa bouche, comme le ferait un enfant. Nouveau sourire. Firenza se détendit. Il lui avait fallu un certain moment pour évaluer le potentiel « menace » de Nate avant de décréter que le jeune homme était inoffensif et s’intéressait véritablement au livre qu’elle lisait. Comme quoi, la maxime disait vraie : « Il ne faut pas juger un livre d’après sa couverture. ». C’était particulièrement adapté dans cette situation, d’ailleurs…

« Oh, une amatrice de roman policier. » conclut-il, ce à quoi Firenza acquiesça d’un signe franc de la tête. « Je ne lis pratiquement que ça ! J’aime aussi les romans d’aventure… Bref, tout ce qui décrit des scènes d’actions quelconques et des rebondissements inattendus. » confessa-t-elle. Les romans à l’eau de rose ? Trop peu pour elle. « Et toi, Nate ? C’est quoi ton genre de lecture favori ? Quelques bons titres à me conseiller ? » demanda-t-elle, sans vouloir lui donner l’impression de le piéger. C’est juste qu’elle était curieuse de le connaître maintenant qu’il avait su l’intriguer.

« Je ne suis jamais allé en Italie, mais il parait que c’est joli. ». A ces mots, un sourire nostalgique vint fleurir sur les lèvres de Firenza qui confirma d’un vague signe de tête. C’est simple : Firenza était amoureuse de son pays natal et il ne se passait pas un jour sans qu’elle n’ait le mal du pays. Plus d’une fois, la jeune femme avait eu envie de partager ses souvenirs et de décrire toutes ces choses qui la rendaient fière d’être italienne, mais elle craignait que la conversation dévie sur les raisons de son départ. « C’est vrai. » se contenta-t-elle de répondre, appuyant ses propos d’un timide sourire. « Le fantastique. J’avoue, je confesse mes crimes. ». Devant son art un brin théâtral, Firenza pouffa de rire et secoua la tête de gauche à droite d’un air amusé. « Intéressant… » dit-elle en haussant un seul sourcil. « Je suis un grand fan d’Harry Potter et de tout ces bouquins qui vous faire croire qu’il existe sous nos yeux des choses qu’on ne soupçonne même pas. Des livres à te conseiller ? « Pouvoirs obscurs » de Kelley Armstrong, « Fablehaven » de Brandon Mull, et « Magyk » d’Angie sage. ». Firenza était à présent bien plus détendue que lorsque Nate était venue l’aborder. Il était vraiment là pour lui parler littérature et la jeune italienne n’avait rien contre cette idée. Elle trouvait même Nate intéressant : il avait de la conversation. « Pour Harry Potter, j’approuve à 100%. C’est d’ailleurs J.K Rowling qui m’a donné le goût de la lecture. Comme pour beaucoup d’autres enfants, j’imagine ! En revanche, j’admets volontiers ne pas avoir lu, ni entendu parler des livres que tu me conseilles, mais... » commença-t-elle en fouillant dans son sac pour en tirer un stylo et son agenda qu’elle ouvrit à la page qu’elle avait spécialement établie pour les livres à lire absolument, avant de lui tendre. « Pourrais-tu les noter sur ma liste, s’il te plait ? ».