Adieu Harvard ~ Bonanda

Tout était dur pour Amanda à ce moment-là. En plus de n’avoir plus de temps pour elle, elle n’avait plus le temps pour rien. Elle travaillait les week-ends sans relâche pour pouvoir gagner un peu d’argent et passait ses soirées à réviser ou à remettre en ordre ses cours. Le peu de temps qu’elle avait de disponible, elle essayait de le passer avec Isaiha mais dès qu’elle se retrouvait seule, le tas de choses qui faisait qu’elle pouvait aller mal ressurgissait.

Le décès de son père avait eu un impact tout particulier sur sa vie. Plus que la perte d’un être cher, c’était tout son mode de vie qu’elle devait remanier. Son père avait eu pour habitude d’envoyer quelques centaines d’euros par mois à Amanda pour qu’elle puisse payer son logement et ses études ainsi que tous ce dont elle avait besoin. Ainsi, tout le revenu qu’il lui versait partait dans les obligations financières et tout ce qu’elle gagnait à côté permettait à la jeune femme de se payer de quoi manger, parfois quelques vêtements – car au-delà de la personne économe qu’elle était, Amanda restait avant tout une fille et ne pouvait s’empêcher de se faire plaisir.- Avec l’hospitalisation qui avait été nécessaire pour elle, ainsi que les quelques thérapies qu’elle avait reçues, Amanda croulait bientôt sous les factures et bien qu’elle avait essayé de mettre beaucoup d’argent de côté, il était impossible pour elle de venir à bout de tout cela.

De plus, le Summer Camp allait bientôt arriver et Amanda s’y était inscrite sans penser au problème potentiel qui allait lui tomber dessus. Il y avait quelques semaines de là, la jeune norvégienne s’était renseignée sur l’éventuel héritage qui lui était destiné après la perte de son père et après des dizaines de coup de téléphone ainsi que des tas d’e-mail envoyés, elle avait reçu une lettre tout à fait étrange lui expliquant que la succession d’héritage avait déjà été ouverte et ajoutant le fait que si Amanda voulait pouvoir avoir plus d’informations, il fallait qu’elle s’adresse au notaire qui avait ouvert le dossier. Seul bémol, cet homme était forcément norvégien et ne répondait à aucune question par téléphone ni mail. Amanda se voyait donc dans l’obligation de retourner à Oslo pour pouvoir éclairer cette histoire de succession dont elle ne voyait pas la couleur.

Après avoir échangé quelques textos avec Bonaventure, Amanda se rendit dans sa chambre munie de cette lettre. « Désolée de te déranger Bona… » Dit-elle l’air complètement perdue, s’approchant de lui pour l’étreindre quelque peu en guise de bonjour. « Il faut qu’on parle… J’ai un problème. » Ajouta Amanda, complètement paniquée, le doute stagnant sur son visage blafard.

Il était déjà assez dur pour Amanda de gérer ses cours et ses histoires de cœur, alors si à tout cela s’ajoutait la gestion d’une paperasse sans nom, c’était la fin du monde pour elle. C’était la raison pour laquelle elle comptait énormément sur Bonaventure pour l’aider dans cette démarche et aussi, elle ne voulait absolument pas se rendre en Norvège seule, c’était impensable. « Merci » déclara Amanda lorsqu’il lui dit qu’elle n’avait pas besoin de s’excuser. Amanda s’assied sur le lit délicatement suite à la demande de son meilleur ami et déplia le papier qu’elle tenait dans les mains depuis son arrivée. « Non ça va merci, j’ai vraiment pas faim. » Dit-elle pour lui répondre avant de prendre une inspiration pour se donner un peu de courage. « En fait c’est assez long à expliquer… Après la mort de mon père j’ai pas du tout pensé à tout ce que ça importait… La succession et tout ça, notre maison à Oslo… J’étais leur seule fille alors j’imagine que tout ça me revient… Sauf que j’ai jamais connu ça et je sais pas du tout comment ça fonctionne. Du coup, j’ai envoyé quelques e-mails et tout ça à l’instance là-bas puis j’ai reçu cette lettre-là –Elle brandit le papier devant Bonaventure, tout était écrit en Norvégien – En gros ça explique que la succession est déjà ouverte et que si je veux plus d’information il faut que je me rende là-bas… » Elle dégluti difficilement et regarda Bonaventure dans les yeux, l’air extrêmement peiné. « Je sais que c’est bizarre de penser à ça… Mais Bonaventure, j’ai aucune économie et le mois prochain je n’aurais même pas assez d’argent pour payer mon loyer… J’essaie de travailler dur, chaque week-end et chaque soir que je peux mais c’est vraiment pas assez… Si je dois me rendre à Oslo je vais me retrouver dans le négatif. Je sais vraiment pas quoi faire… J’ai vraiment besoin de tes conseils là… »

Bonaventure voulait payer le voyage à Oslo et le problème résidait dans le fait qu’Amanda n’avait pas la moindre envie que ce soit le cas mais le jeune homme ne lui laissait apparemment pas le choix. La jeune blonde paraissait réellement perdue et complètement paniquée à l’idée de penser à l’avenir. « Ca me gêne vraiment Bona… J’ai pas la moindre envie que ce soit toi qui paie le voyage tu sais… » Dit-elle sans une once d’assurance dans la voix, elle semblait fatiguée, essoufflée, le regard presque éteint. Il lui parla d’une colocation, ce n’était pas une mauvaise idée mais les seules personnes avec qui elle avait envie de l’être étaient déjà prises, Summer était avec Paris, Isaiha avec une fille dont elle connaissait même plus le prénom et Bonaventure… A tout bien réfléchir, Bonaventure était seul et peut-être le seul avec qui elle pouvait se mettre en colocation. « Une coloc ?... Je veux bien mais je n’ai vraiment pas envie de cohabiter avec quelqu’un que je connais à peine… » Dit-elle, sous-entendant bien évidemment qu’elle lui demandait s’il était possible qu’ils se mettent ensemble, en colocation. « Je ne sais pas quand je veux partir, le plus vite possible, tant pis pour le reste des cours, il faut vraiment que je règle cette histoire au plus vite, j’ai peur que ma tante ait essayé de récupérer notre maison… » La relation qu’elle avait avec sa tante était plus que compliqué. C’était très étrange mais elle ne l’avait jamais appréciée et il en était de même avec ses grands-parents. Elle était nettement capable de faire ce genre de choses et Amanda était persuadée que si elle ne se manifestait pas, tout ce qui devait lui revenir allait lui passer outre. « J’ai un peu peur de rentrer… » dit-elle alors qu’elle s’imaginait déjà tout ce qui allait se passer en Norvège si elle y retournait.

« Merci Bona… Je ne sais pas ce que je ferais sans toi… » Dit-elle alors qu’elle se mit à sourire quelque peu, bien que l’envie n’y était pas. Une colocation avec Bonaventure… C’était certainement l’idée la plus folle qu’elle n’avait jamais entendue mais cela pouvait être une expérience à tenter, quelque chose qui allait peut-être fonctionner, pour une fois. « Avec toi ? … Mais, ça va être bizarre… » Commença-t-elle par avouer puis regarder un peu autour d’elle et déclara : « Temps que tu ne mets pas le bazar partout… Ça devrait aller… » Ajouta la jeune femme, un peu plus réconfortée au vue du soutien que son meilleur ami lui apportait. Il l’attira dans ses bras et elle s’y blottit volontiers, profitant de l’instant pour l’entourer de ses bras et le serrer avec force, y mêlant toute la sympathie qu’elle avait pour ce garçon qu’elle aimait plus que tout au monde, il était encore plus important qu’un frère, Bonaventure était presque comme son âme sœur, mais sans tout le côté amour et romantisme… Enfin… Quelque chose qui y ressemblait en tout cas. « D’accord, j’arrête de m’inquiéter autant, promis… » Souffla la jeune blonde contre le cou de son ami. « SuperBona… Mouais… Je veux bien le voir ce costume, enfin, quand tu l’auras récupéré de la blanchisserie, du coup… » Dit la jeune femme tout en embrassant la joue de son confrère. « Une colocation avec toi… Je ne suis pas très bonne pour la vie à deux… Alors tu sais, je veux bien m’occuper des repas si tu veux bien faire la vaisselle… » Déclara-t-elle pour alléger un petit peu la situation, bien qu’au fond, elle restait très anxieuse à l’idée de repartir pour la Norvège.