leonoukas ⇝ bring on the night

Loukas était sans doute la seule personne qui aurait put me faire sortir de mon lit aujourd'hui. Je n'étais pas d'humeur, et cela depuis le bal de fin d'année. Le bal c'était très mal fini malheureusement, et il était difficile pour moi de faire comme ci rien ne c'était passé. J'avais été violemment attaqué, et il était difficile de le cacher maintenant que la presse le savait. J'étais une victime maintenant. Officiellement. Et c'était chiant. Tellement chiant. Je me cachais en attendant que la chose se tasse, qu'une Kardashian tombe enceinte ou que Taylor Swift se trouve un nouveau mec j'en sais rien. Mais les gens ont auront jamais rien à foutre d'une princesse à terre. Ou de n'importe qui d'autres d'ailleurs. Tant que quelqu'un est en train de souffrir dans l'oeil du public, les gens sont heureux. C'est triste, mais c'est comme ça. Et je m'y étais habitué, c'était ma vie "normale". Cette fois, elle m'affectait bien plus, parce qu'elle me rappelait d'une expérience passée que je voulais laisser derrière moi. Rien n'aurait put me faire sortir. Sauf un bon diner et Loukas Jefferson. Il savait comment me faire sortir de chez moi lui. Je faisais comme on m'avait appris en grandissant pour le rejoindre : tête haut, visage inexpressif. Je n'étais pas le genre de fille qui allait se morfondre et pleurer, déjà à la base, et je n'allais donné le plaisir à personne de me voir la larme à l'oeil. Je n'avais pas pleuré chez moi, je ne pleurerais pas dans la rue. J'avais surtout regarder la télévision et manger de la pizza d'ailleurs, à agir comme si rien de tout cela ne m'affectait alors que c'était le cas. Je faisais avec quoi. « Je crève de faaaaim. » dis-je en voyant Loukas, me dépêchant d'aller le serrer dans mes bras. C'est en me retirant de son étreinte que je remarquais les nombreux regards sur nous, enfin, sur lui. Loukas était le genre de personne qui attirait les regards, principalement parce qu'il était canon comme tout, et aujourd'hui, là tout de suite, ça m'agaçait. On commence à peine à s'installer qu'une serveuse vient nous apporter nos cartes, faisant au passage la belle vers Loukas. C'était comme si je n'existais pas dans ces moments-là, c'était gênant. Alors qu'elle repart en s'assurant bien qu'il la regarde partir, je soupirais et enlevais ma veste lentement. « Ca commence déjà. »

Ce soir était un soir un peu spécial. J’avais décidé d’emmener Eleonor dans un des plus beaux restaurants de Boston. Cette jeune femme était certes, habituée au grand luxe, mais j’avais envie de faire les choses en grand, comme d’habitude. Je lui avais donc donné rendez-vous dans le centre-ville. Je l’attendais tranquillement puis à son arrivée, je ne résistais pas à son étreinte. « Bonsoir à vous aussi Mademoiselle Von Hohenzollern. » Je déposais un baiser sur sa joue après notre étreinte puis je me dirigeais vers sa chaise, la tirant le temps qu’elle prenne place. Je prenais ensuite place et aussitôt, la serveuse nous sautait dessus. Je commandais une bouteille de vin et la laissais repartir le temps que ma compagne du soir se décide sur son repas. À peine cinq minutes après, la jeune serveuse revenait vers nous, remuant son fessier de gauche à droite, comme si la route n'était pas vraiment droite. « Quoi, j’ai rien fait moi ! » Je me contentais de lever les bras comme un vrai Italien, haussant les épaules. Puis je les rebaissais en posant mes avant-bras sur la table. J’attrapais alors la bouteille de vin que la serveuse venait de nous déposer tout en prenant nos commandes. Je versais alors du vin dans nos deux verres, j’avais déjà pris un apéritif avant de venir, en attendant Eleonor j’avais posé mon cul au bar. J’avais profité de cette soirée pour employer une nounou, pour la soirée mais aussi pour la fin d’après-midi. Après le bal, les examens, j’avais besoin de souffler, de faire du sport, de prendre un peu de temps pour moi, d’où l’idée du diner en compagnie de cette princesse. « Alors, comment tu vas depuis le bal ? » Je ne l’avais pas vu depuis ce fameux soir et malheureusement je ne l’avais qu’aperçus. A vrai dire je n’étais pas resté très longtemps, pour une fois, je n’étais pas d’humeur à regarder toutes les femmes défiler en robe de soirée, tous les mecs se pavaner en costume bon marché. J’avais pris quelques verres, donné quelques danses en compagnie des femmes déjà accompagnées, puis j’étais rentré dans mon loft, lassé de tout ce bordel. J’observais un moment son visage de marbre tout en attrapant mon verre de vin rouge, le portant à mes lèvres. Quelque chose ne savait pas, elle avait beau avoir mis son masque, je commençais à connaître cette demoiselle.

Je me contentais de lever les yeux aux ciels et regardaient la jeune femme partir. C'est vrai qu'elle était belle, particulièrement bien formé, mais ce n'était pas une raison pour qu'elle s'affiche comme ça. En temps normal, je n'aurais sûrement pas fait attention, mais là tout de suite, elle gêne. « Comment ça se fait qu'à chaque fois qu’on sort toute l’attention est sur toi ? » J'essayais de ne pas sourire, voulant avoir l'air d'être un peu contrarier, ou juste un peu vexé. Je tendais mon verre dans sa direction alors qu'il le remplissait et regardait très vite le menu. Je n'étais pas très inspiré par ce que je voyais alors je me contentais de prendre la même chose que lui, au pire ce n’est pas bon et je vais au Mcdo après. « Hum, je suis en vie donc ça pourrait être pire. » Je n'avais pas vraiment envie de parler de moi, ou du bal en particulier. Ce n'était pas mon premier bal, et il était loin d'être mon meilleur. C'était même un des pires à vrai dire, mon premier à Harvard, et déjà le pire bal de ma vie. Cool. Bon, difficile de surpasser les bals royaux aussi... Je buvais une gorgée de mon verre de vin, en premier lieu tenté de le savourer, je finis par en ingurgité presque la totalité. « Et toi, comment tu vas depuis ce bal ? » Probablement, certainement, mieux que moi. Mon regard se posa sur la serveuse, la belle serveuse rousse, qui repassait près de nous sans un regard pour moi, mais une grande attention vers Loukas. J’étais mal à l’aise, gênée, frustrée. Je n’étais pas invisible, j’étais à moins d’un mètre de lui, plus proche et je l’entendais respirer. Elle restait dans un coin, ne faisant rien d’autre que de jeter des coups d’œil ‘’discret’’ vers notre table. « Elle a faim... Elle est affamée, elle te regarde comme si tu étais son dîner Loukas, ne me dis pas que je suis la seule à le voir ? » J’essaye de ne pas rire, d’être la plus discrète et sérieuse possible, mais c’était un peu amusant quand on y pense. Il n’y avait rien, rien de discret dans son comportement.

« Tu veux quel type de réponse ? Gentille, sarcastique ? » J’pourrais dire que c’est parce que je les envoute avec mon charme, j’pourrais dire que c’est parce que les meufs qui me tournent autour ont parfois, même souvent, le feu au derrière ? J’en avais pas mal des raisons, bidons ou parfois réelles. Je lâchais un rire cependant, histoire de détendre l’atmosphère, je sentais une pointe de jalousie dans la voix de Leo et ça me plaisait, vraiment. Je servais alors deux verres et lui tendais le sien. J’attrapais ensuite le menu et commandais un truc classique, bon, pas trop risqué. A vrai dire je me foutais totalement du restaurant, j’étais juste venu passer un moment en toute intimité, ou presque, avec elle, loin du trio d’enfer ou quelqu’un d’autre d’ailleurs… « Hum… t’es super enthousiaste dis-donc. » J’arquais mes sourcils en posant mon regard sur elle, attrapant mon verre de vin pour le porter à mes lèvres. Cette fille respirait la joie, vraiment… ou pas. Personnellement, mon bal n’avait rien d’extraordinaire. Celui de l’année dernière avait annoncé mon retour après la case prison à cause du Spring Break, même si au final j’avais terminé la fête chez moi, les licornes et les princesses m’avaient largement gonflé. Celui de cette année n’avait rien de transcendant, j’avais fait mon apparition cordiale, donné quelques danses, bu quelques verres puis j’étais rentré chez moi, parce que j’avais mieux à faire. J’avais même décidé de refuser les invitations des jeunes femmes, préférant y aller seul et ne pas être emmerdé, une première. « Apparemment je suis en vie aussi. » Je m’enfonçais un peu plus dans ma chaise tout en posant mon verre, l’air de rien, puis je commençais à m’amuser avec le couteau devant moi, pour me distraire légèrement l’esprit. Leonor ne cessait de fixer la serveuse qui faisait des allers-retours en roulant des courbes, je la voyais, je n’étais pas aveugle, j’avais un très bon détecteur pour ce genre de chose mais je n’y prêtais pas vraiment attention. « Je la vois, mais personnellement je préfère poser mon regard ailleurs, j’ai un autre diner de prévu. » Sous-entendu que Leonor avait toute mon attention et rien qu’elle, s’il fallait que je vire cette serveuse pour son bon plaisir, c’est sûrement ce que j’allais faire, au moins elle se concentrerait sur moi et rien d’autre.

« Laisse, je veux plus savoir. » Je sourirais, il me faisait rire. Il m'amusait. Ce n'est pas si grave qu'il attire autant l'attention, ça m'évitait de l'avoir. J'aimais bien passé inaperçu, et puis il est mignon quand il fait semblant de pas remarquer qu'il est dragué de tout les côtés et se concentre sur moi, ça me fait me sentir... Unique, en quelque sorte. Comme si il n'y avait que moi. Ca me fait étrangement plaisir, mais je n'y pensais pas plus que ça. « Je ne me suis pas beaucoup amusé si tu veux tout savoir. » Je n'ai pas de mot pour décrire mon bal. Étrange, pénible, pesant. « Croisons les doigts pour que le bal de l'année prochaine soit meilleure. » Il faudrait le faire pour qu'il soit pire, genre qu'un avion se crash au beau milieu de la salle de bal. Enfin, tout est possible, on est comme dans Grey's Anatomy à Harvard. On y vit les pires des malheurs, des départs, des morts, des accidents, mais on y reste, parce que la joie que ça nous rapporte et incomparable. On est toujours près à rester quelque part qui nous apporte plus de bien que de mal, c'est quand le mal l'emporte qu'on se décide à partir. La vie était bien pire en Allemagne qu'ici, à vrai dire, J'étais plus heureuse ici que là-bas. Ici, j'avais des amis en or, là-bas, j'étais enfermé. « Tu vas me faire rougir. » Je disais cela sous le ton de la moquerie, avant de cacher mon visage qui commençait réellement à prendre des couleurs derrière mon verre de vin qui se vidait gentiment. « Bon, à part ça merci de me sortir un peu, j'en avais besoin... »

« Okay okay, j’me tais. » J’attrapais mon verre pour en boire quelques gorgées afin de détourner l’attention de la belle de cette serveuse rouquine. Je l’avais remarqué, elle était à la fois élégante et également vulgaire, quelque chose me perturbait chez elle. Mais après tout je m’en foutais puisque j’étais en compagnie de Leo et c’est tout ce qui comptait à l’heure actuelle. Je fronçais les sourcils alors qu’elle me parlait, vaguement, de ses déboires de bal. « Bienvenue au club, tu m 'racontes ? » Moi je n’avais pas grand-chose à dire, j’avais fait acte de présence et j’étais reparti aussi sec, c’était bien la première fois que je faisais une chose pareille. Je lâchais un léger rire, qu’il soit meilleur… Je n’en étais pas certains. Avec toutes les merdes qui nous tombaient sur le coin de la gueule, chaque année était aussi désastreuse que la précédente. Pour ma part j’espérais qu’elle soit plus calme, j’étais loin de m’imaginer qu’elle serait aussi, voire trop, calme. J’étais père maintenant, un père qui tentait de dissimuler l’existence de sa fille, quelle galère. Je m’enfonçais un peu plus dans la chaise tout en jouant avec le menu en regardant la belle jeune femme en face de moi. « Avec plaisir, on remettra ça dès que tu en auras besoin. » Parce que j’allais pas forcément l’avouer mais moi aussi ça me faisait terriblement du bien d’avoir une soirée tranquille en compagnie féminine, ça me manquait depuis un certain temps.