this is embarrassing (w/ hippolyte)

Kendall se glissa avec plaisir sous la douche. Il avait fait, comme souvent, un peu de sport pour finir sa journée. Depuis sa petite enfance, ses parents l'avaient toujours poussé à pratiquer différents sports et ça ne l'avait jamais quitté. Ce soir là, il n'avait pas coupé à ses habitudes avec up petit jogging histoire de bien finir sa journée de cours. Lorsqu'il sortit de la douche, le vestiaire était désert, ce qui était assez étrange, les mecs ayant l'habitude de traîner un peu, d'autant plus qu'il n'était pas très tard. Il ne s'en formalisa pas, rejoignant le casier où il avait mis ses affaires, un flacon de gel douche à la main et une serviette blanche en coton enroulée autour de sa taille. Passant une main dans sa chevelure brune toute humide, il se figea en voyant le cadenas ouvert. Il fronça les sourcils et ouvrit à la volée le casier. Il était vide, ou du moins partiellement. Les bouquins qu'il avait entreposé rapidement avant de partir étaient là, en fait tout était là à l'exception de ses vêtements qui,  eux, s'étaient fait la malle. Kendall laissa échapper un juron. Ca sentait vraiment très fort la grosse blague foireuse. Kendall resta longuement devant son casier, comme pour digérer l'information. Il était coincé, forcé soit d'attendre que quelqu'un se pointe dans l'espoir de pouvoir emprunter au moins un pantalon, même un vieux jogging. N'importe quoi lui faisait plus envie que l'idée de sortir avec sa serviette. Il n'était pas pudique, mais il fallait peut-être pas abuser. Au bout d'un moment, il décida d'aller entrouvrir très légèrement la porte du vestiaire, de sorte à pouvoir guetter le passage. « Y a quelqu’un ? Les gars, c’est pas drôle, pointez vous » lança-t'il d'une voix forte dans laquelle la fatigue se mêlait à l'impatience.

Les derniers mètres de course face à moi, je tape le dernier sprint pour aujourd'hui, le corps contracté, le regard fixant mon objectif, je cours comme si c'était la dernière fois. Je passe les derniers plots, la respiration saccadée, le cœur qui bat la chamade, je marche pour reprendre un rythme cardiaque plus ou moins normal. Je n'avais pas chômé, j'avais légèrement stagné niveau sport, mettant un peu tout ça de côté pour être à fond dans mes partiels que je devais réussir haut la main. Je n'étais pas du genre à me contenter de mes capacités, j'étais du genre à toujours les repousser, me mettre au défi, être la meilleure et dans n'importe quel domaine. Je veux être là numéro une et c'est comment je finirais, je m'en laisse pas le choix, j'ai fait trop de sacrifice tout au long de ma vie pour ne pas y parvenir, ça n'était même pas une option pour moi en fait. Je passe la paume de ma main sur mon front, effaçant les gouttes de sueur, de travail. J'arrive au niveau de ma bouteille d'eau jetée au sol, je viens m'hydrater un bon coup avant de tourner les talons en direction du vestiaire. Je pousse la porte du gymnase, grinçante, elle fait un bruit strident en s'ouvrant et la referme derrière moi. J'avance, impatiente de prendre une douche, je sentais le manque de sport des dernières semaines là et les courbatures me disaient déjà bonjour ! Je sursaute et recule d'un pas quand une voix éclate dans le sombre couloir, une main sur ma poitrine je ferme les yeux avant de m'avancer d'un pas incertain. Je reconnaissais ce brin de voix mais rien de vraiment sûre, j'arrive à proximité du premier vestiaire, celui des hommes et j'aperçois un visage plus que familier. Ken. Je me plante alors en face de lui, croisant les bras, je le dévisage une seconde et un sourire en coin s'affiche sur mon visage. - Alors on fait dans le naturisme maintenant ? Ou la prostitution ? Les deux ne m'étonneraient pas de toi ! Mes yeux se perdent sur son corps sans vraiment m'en rendre compte et rapidement je les relèvent vers les siens. - Ne me dit pas que tu es avec un mec là ? Oh mon dieu ! Ta sœur va sauter de joie en apprenant la nouvelle ! Lançais-je avec enthousiasme en sachant pertinemment qu'il n'était pas de ce bord là. C'était un moyen comme un autre que j'avais trouvé pour l'emmerder profondément. - Le vilain petit canard des Phelps est donc gay.. Je m'approche alors d'un pas décidé vers lui, le narguant du regard et de mon sourire arrogant dont j'avais le secret.

Kendall sentait l'exaspération monter en lui à mesure que les secondes s'égrenaient. Il ne se sentait pas d'humeur particulièrement plaisante et avait beaucoup de mal à apprécier la blague dont il venait d'être la malheureuse victime. Sans doute car c'était le genre de blagues dont on rit après, une fois qu'on est plus coincé à poil dans un lieu publique. Pas qu'il se sente particulièrement embarrassé avec des joues virant au cramoisi, il était parfaitement à l'aise dans son corps et pas franchement pudique, mais ça ne voulait pas dire qu'il se sentait de rejoindre sa voiture sur le parking avec les fesses à l'air, ses bouquins dans les bras, attirant naturellement tous les regards. Cependant, il sentait qu'il serait bien capable de le faire si la situation s'éternisait trop. Il fallait qu'il arrive à harponner quelqu'un pour le soutirer quelque chose à se mettre sur le dos. Il se plaqua donc contre la porte, l'entrouvrit et fit en sorte d'attirer l'attention de quiconque passerait passer par là et le sans en dévoiler trop de son corps. Il espérait qu'un gars passerait par là, mais ce ne fut pas ce à quoi il eut droit. C'est Hippolyte qui se présenta devant lui, l'air hyper satisfaite de s'être trouvée là à ce moment précis. Pour le coup, il aurait préféré parcourir le parking à poil. Elle commença à le charrier comme elle le faisait toujours et il ne rétorqua pas, se contentant de feindre la lassitude vis-à-vis d'elle. Il la vit le reluquer rapidement avant de relever les yeux pour croiser son regard. Elle fit une allusion à sa petite soeur et a une possible homosexualité de sa part et il se renfrogna un peu. Après tant de temps, elle était passée maître en l'art de lui casser les pieds. « Très amusant et laisse ma soeur en dehors de ça. Tu lui racontes suffisamment n’importe quoi comme ça, alors abstiens toi, garde tes pensées vaseuses pour toi » lui répondit-il. Il n'avait jamais été particulièrement proche de sa soeur, mais il ne l'en aimait naturellement pas moins pour autant et ça l'ennuyait profondément de voir en elle une espèce d'Hippolyte 2.0. Les parents de Kendall avaient vraiment merdé quelque part avec elle pour qu'elle aille prendre cette fille en exemple. « Si tu veux tout savoir, on m'a piqué mes fringues » il savait pertinemment qu'il lui tendait là une perche, mais bon. « Et il m'en faut pour rejoindre ma voiture. » Merci à toi, Captain Obvious.

Je connaissais bien Ken, sa famille était des amis de la mienne et j'ai souvent eu à le croiser à des soirées mondaines rien de bien intéressant. Autant le feeling est carrément bien passer avec son frère et sa sœur autant lui, c'était juste pas possible, rien en commun, pas la même vision de vie ni la même façon de vivre d'ailleurs ! Je ne comprenais pas vraiment comment ça se faisait qu'il n'était pas comme ses frères et sœurs.. Ils sont censés avoir eu la même éducation et, si il serait comme eux, il aurait pu me plaire. Non pas qu'il soit moche physiquement mais sa façon d'être m'exaspère, le genre de mec bien niais à souhait dont je peux faire qu'une bouchée ! Tellement ennuyant, c'est dommage il aurait pu avoir un bon potentiel en tant qu'Eliot. J'étais en face de lui depuis seulement quelques secondes et je sortais déjà les sarcasmes, ça a toujours été comme ça entre nous, il y a toujours eu cette sorte de tension ou de je ne sais quoi qui fait qu'on ne peut pas s'encadrer. Il réplique et je ne peux s'empêcher de sourire, sa sœur était exquise en comparaison avec lui, sûrement par le fait qu'elle voit en moi son modèle et que je prends plaisir à la former à mon effigie.. Elle ne réussira que comme ça dans la vie et Ken' me remerciera un jour Ahah ! - Ce n'est pas de simples pensées, je constate tout simplement ! Répondis-je fièrement avant d'avancer vers lui, posant ma main sur son torse en imposant une certaine pression pour qu'il dégage de mon chemin. J'entre dans la pièce sombre, silencieuse et je regarde brièvement autour de moi avant de détourner mon regard vers le sien. - Alors Ken' tu l'as planqué où ton mec ?! Pouffais-je amusé en faisant mine d'attendre sa réponse. J'avance dans les vestiaires apparemment vide, regardant derrière les casiers et dans la douche comme si je le suspecté vraiment et le voilà qui me donne une explication à tout ça. Je reviens alors rapidement sur mes pas, pivotant sur moi-même pour lui faire face de nouveau. - Mon dieu, alors c'est ça la vie d'un raté ? Lançais-je en soupirant. Je le dénigré clairement du regard avant de lever les yeux au ciel et de lui tourner le dos. - T'es pathétique, faut savoir se faire respecter, je peux t'apprendre si tu veux ! Oui, j'avais une certaine réputation par ici et, d'après ce que j'ai pu entendre je suis crainte par pas mal d'étudiants, je ne sais pas comment je dois le prendre mais c'est plutôt flatteur. - Pauvre petit.. Je peux te proposer une robe haute couture qui ira parfaitement avec tes yeux ! Dis-je avec un sourire narquois aux lèvres en le regardant en biais. - Ou alors tu peux tout simplement aller jusqu'à ta voiture comme ça.. De toute façon il n'y a rien à regarder ! Haussement d'épaule et je tournais la tête vers le mur en face de moi. Je mentais quelque peu je l'avoue, son corps était quand même pas mal mais l'avouer me brûlerait la bouche.

Elle posa une main sur son torse, le poussant à l'intérieur des vestiaires de sorte qu'elle puisse y entrer. Kendall la suivi des yeux en levant les siens au ciel tandis qu'elle feignait de chercher un amant imaginaire avec qui il serait actuellement occupé à le faire. Comme si, si ça avait été le cas, il se serait mis à beugler à l'aie dans le couloir. Las de son petit jeu, il lui délivra la vérité sans détour, aussi peu glorieuse qu'elle soit. Il lui tendait une perche, mais c'était une des nombreuses choses qui les différenciait : alors que tout lui semblait travaillé, rongé par l'hypocrisie, chez cette fille et dans leur milieu en général, lui s'était toujours entêté à prôner la spontanéité dans un monde en manquant à son sens cruellement. Il ne se collait pas un masque de froideur sur le visage pour dissimuler ce qu'il pouvait bien ressentir, il ne feignait pas d'être un homme parfait menant une vie en tout point parfaite. La vie est imparfaite. Parfois, on se fait piquer ses fringues. Il n'avait pas peur de le reconnaître, même s'il voyait venir la remarque à des kilomètres. De toute façon, c'était toujours comme ça avec Hippolyte, ça l'avait toujours été, à croire qu'ils étaient carrément incapables de communiquer autrement. « Oui, c'est vrai que toi, tu es davantage de ceux qui piquent les affaires des autres » en somme, c'était une garce, une vraie et le genre à en être fière par dessus le marché, comme si c'était une preuve de force. Kendall trouvait ça totalement surfait et il détestait voir sa soeur adopter ce genre de comportements. « T'inquiètes pas pour moi en tout cas, je me passerais de tes cours de maintien et au pire, si l'envie me vient de changer un jour, j'aurais qu'à prendre les fiches de cours de ma soeur » ça l'aurait même pas surpris qu'elle prenne effectivement des notes. Elle continua ensuite à le charrier, suggérant qu'elle pourrait lui filer une robe, à moins qu'il ne concède tout simplement à se balader sur le parking dans son plus simple appareil. Elle se détourna ensuite et Kendall prit la parole, peu décidé à se laisser marcher sur les pieds, quand bien même il savait pertinemment que ses conversations avec Hippolyte avaient tout d'un dialogue de sourds. « Permets moi de te dire que tes yeux disent parfois le contraire de ta bouche. Tiens ! Voilà une autre leçon que tu pourrais donner : comment reluquer discrètement histoire de ne pas perdre toute contenance ensuite » en admettant qu'Hippolyte puisse perdre toute contenance. Non, c'était pas franchement le genre de la maison.

Je voyais petit à petit l'impatience et le désespoir dans ses yeux quand il me voit debout devant lui, l'agacement quand il entend mes paroles et c'est exactement le but recherché. J'adore pousser à bout les autres, les écraser, les évincer en deux trois mots. C'était mon jeu préféré depuis que j'étais revenu à Harvard et c'était pas pour le bonheur de tout le monde ici.. Et franchement j'en avais strictement rien à foutre de ce qu'on pouvait bien penser, en bien ou en mal l'important c'est qu'on parle de moi non ? Je ne peux m'empêcher de rire à sa remarque, me pinçant les lèvres pour reprendre mon sérieux j'hoche la tête et lève les mains vers le ciel d'un air faussement désolé. - Que veux-tu.. On joue pas dans la même cour ! T'es de ceux qui se font marcher dessus et je suis de ceux qui piétinent. Bon j'avoue que ça aurait pu être une idée à moi quand j'avais treize, quatorze ans.. Aujourd'hui je tape un peu plus fort, plus haut, je gravis les échelons de la méchanceté doucement mais sûrement on va dire ! Je préfère taper là où ça fait vraiment mal, là où je peux détruire une personne en une simple révélation mal placée. J'ai totalement arrêté ce genre de connerie puérile de piquer les affaires d'un étudiant, c'était d'une perte de temps inimaginable. Je me retourne vers lui, me mordant la lèvre inférieure quand il faisait une nouvelle fois référence à sa sœur, apparemment il l'avait en travers de la gorge cette relation.. Et puis tant mieux, un autre moyen de titiller ses nerfs encore un peu plus. - Fait donc ça, tu en as grandement besoin vu dans la situation où tu te trouve à l'heure actuelle.. Dis-je en levant les sourcils et baissant le regard sur sa "tenue" si on peut appeler ça comme ça. Il me faisait presque peine à voir, coincer là, tout seul, sans rien à se mettre parce que c'est soit disant potes ont trouvé ça amusant de le larguer nu comme un ver dans l'enceinte de l'université. Je me redresse subitement, devenant plus que rigide à l'entente de ses mots, c'était si flagrant que ça ? Pourtant ça n'avait duré qu'une seconde, du moins je crois.. Je plisse les yeux, grimaçant et je baissais finalement la tête en me rapprochant de lui. - Tu te fait trop d'idée Ken, c'est juste ton imagination débordante ou ton envie irrépressible qui voudrait que je te regarde avec envie mais.. Je marque une pause en faisant le dernier pas, me plantant devant lui moi et mon regard perçant que je plongeais dans le sien de manière certaine. - Ce n'est certainement pas le cas ! Terminais-je par dire en décortiquant chacun de mes mots tout en continuant d'avancer l'incitant à reculer jusqu'au mur derrière lui. Mes yeux dans les siens, continuant de maintenant ce jeu de regard, restant muette un court instant. - Et là, mes yeux disent quoi à ton avis ? Demandais-je dans un presque murmure.

Kendall se mordit doucement la lèvre, en obtempérant. « Et je ne regrette pas mon choix » se contenta-t'il de dire, ne rebondissant pas sur la pique envoyée. Il savait pertinemment qu'il avait des airs d'anomalies aux yeux de ses parents et de leurs amis proches. Il aurait put être comme les autres, comme Hippolyte. Il présentait bien quand il pouvait, il savait enfiler le smoking soigneusement choisi et afficher un sourire colgate du genre de ceux qu'on se colle sur le visage et qui dissimulent tous les travers, tous les défauts, mieux que n'importe quoi d'autre. Il était capable de se ranger dans le rang et sans doute que s'il le faisait, on le lâcherait un peu. Sans doute que ses rapports avec ses parents et en particulier son père deviendraient plus simples à gérer et de même pour ses relations avec sa fratrie, de même qu'il donnerait ainsi moins de matière à Hippolyte pour l'attaquer comme elle se plaisait à le faire depuis tant d'années, mais il ne voulait pas faire ça. Il ne voulait pas étouffer celui qu'il était pour mieux être perçu par les autres. A quoi bon s'entêter à faire bonne impression sur ses semblables si c'était pour en venir à ne plus pouvoir se regarder en face ? Non, ça ne l'intéressait pas. Hippolyte le jaugeait du regard, le jugeant ouvertement et il restait planté là, son regard bleu fixé sur elle, lui faisant calmement face. Ses commentaires glissaient sur lui tandis qu'il s'affairait à ne pas rentrer dans son jeu. Elle voulait l'y pousser, elle voulait l'énerver et il n'avait pas envie de lui faire plaisir. Il ne manqua pas de saisir cependant l'occasion de la renvoyer un peu dans ses buts, lui signalant qu'il n'était pas aveugle et qu'elle n'était pas aussi subtile qu'elle aimait à le croire, pas tout le temps du moins. Son commentaire l'ennuya, il vit son beau visage se tordre en une grimace. Cette vue le fit sourire, un petit sourire assuré. C'était une petite victoire pour lui. Elle s'avança vers lui en démentant formellement son accusation. Il ne bougea pas d'un millimètre alors qu'elle se plantait devant lui. Néanmoins, elle ne reculait pas et le força au bout d'un moment à se reculer contre l'un des murs du vestiaire. Il appuya son torse nu dessus sans perdre son sourire victorieux. Elle n'était pas la seule à prendre son pied à se moquer de l'autre. « Crois ce qui t'aides à mieux dormir la nuit » commenta-t'il sans perdre prise, alors que son regard était braqué sur elle. Ils étaient très proches, tant et si bien qu'elle emplissait son champ de vision et il se rappela qu'il était à poil à l'exception de sa serviette. S'efforçant de pas flancher, il garda son regard braqué sur elle, une étincelle de défi dans ses iris bleutés. Elle le questionna dans un murmure et il fronça légèrement les sourcils. Il se focalisa sur ses yeux, laissant un silence s'installer entre eux. « Rien de bien fiable » lâcha-t'il d'une voix sourde au bout de quelques secondes.

Je soupire longuement. Tant mieux pour lui s'il aimait vivre comme un rat, comme une victime toute sa vie c'était son problème en fait pas le mien. J'en avais rien à foutre tant que moi je savais encore me faire respecter, encore une fois chacun sa vision de la vie et la sienne n'est pas la bonne malheureusement pour lui. Un jour il finira par comprendre, par me comprendre, je n'était pas aussi détestable quelques années en arrière mais la mort de mon père n'a fait qu'accentué un peu plus mes mauvais côtés si on peut appeler ça comme ça.. Je ne supporte ni la vie ni les gens, mon père n'est plus de ce monde alors maintenant plus rien ne m'importe ni ne me touche. Il affiche un large sourire alors que je m'approche dangereusement de lui, et j'ai envie de lui foutre une droite en pleine tête quand je vois son visage clamant la victoire face à moi. Ça avait particulièrement le don de m'énerver, d'une parce qu'il avait dit vrai et de deux parce que je n'aime pas perdre la face. - Je crois absolument rien, arrête de croire en tes rêves tu seras mignon ! Rétorquais-je de sang froid alors qu'au fond je bouillonnais. Ne rien laisser paraître, encore une fois c'est ma devise. Je continue d'avancer jusqu'à ce qu'il se retrouve dos au mur, coincé de mon étreinte lui demande ce qu'il voyait à l'intérieur de mes yeux. Je souriais en baissant la tête quelques secondes avant de la relever en profitant pour rejeter mes cheveux en arrière. - Voilà, exactement, t'as tout juste pour une fois ! Alors t'avise plus d'émettre la possibilité que je puis être attirer par quelqu'un comme toi. Lançais-je en rapprochant mon visage du sien avant de reculer et de réinstaller la distance entre nous.

Alors qu'elle se tenait juste en face de lui, si proche qu'il ne voyait plus qu'elle, il eut une joie mauvaise à sentir dans son regard la colère monter. Fière comme un paon, elle avait horreur de ne pas avoir le dessus sur tout. Ce besoin viscéral de dominer le monde. Une fille élevée en petite princesse et de ce fait persuadée de régner sur le monde entier du haut de sa paire de chaussures à talons. Une gamine capricieuse, exaspérante, élevée dans une cage dorée. Typiquement le genre de personnes qu'il aurait put devenir lui-même. Son frère était comme ça, sa petite soeur également, ce qui ne le rendait que plus détonnant encore auprès des siens. Ils avaient tous les trois reçus la même éducation et pourtant il avait pris un chemin différent. C'était peut-être dut à ses fréquentations en dehors des proches de ses parents. Peut-être que s'il était tombé sur une version masculine d'Hippolyte quand il était plus petit et qu'il s'était pris d'admiration pour lui comme sa soeur l'avait fait avec la jeune femme alors il serait son semblable. Mais il était ce qu'il était et s'il demeurait un être foncièrement imparfait, il ne regrettait rien du tout pour autant. Il exécrait Hippolyte et tout dont elle se faisait la représentante et il était fier de ne pas être comme elle dans un monde où tout le poussait à le devenir. Et il était ravi de l'énerver, ravi de voir qu'il réussissait à la toucher. Son ton était froid, implacable, mais il devinait la colère contenue dans ce dernier et il exultait d'être arrivé à ce résultat. Elle s'approcha encore davantage de lui, son regard plongé dans le sien et lui demanda ce qu'il y voyait. Son sourire perdit un peu de son éclat alors qu'il lui délivrait une réponse honnête. Il n'y avait rien qui inspire à son sens la confiance de ce regard. Il ne voyait rien de vrai dans ses étendues bleues. Et c'était à la fois exaspérant, triste et franchement séduisant. Il garda ses trois objectifs pour lui. Elle reprit la parole, cinglante avant de s'éloigner enfin, lui permettant de respirer un peu mieux. Il ne releva pas à voix haute et se fendit d'un léger haussement d'épaules, comme pour dire peu importe. Il avait néanmoins un goût d'inachevé persistant et il se sentait d'humeur provocatrice. Il savait qu'elle le trouvait ennuyeux, le genre de mecs sans relief duquel il n'y a rien d'intéressant à retirer et il se foutait de ce qu'elle pensait, enfin du moins c'était ce qu'il se disait. Lui savait qu'il ne l'était pas. On n'a pas besoin de faire preuve d'une méchanceté sourde pour pouvoir se qualifier de personne de caractère. Il ne se comportait pas comme elle, mais il n'en était pas moins quelqu'un de confiant et de sulfureux. Il brulait même davantage qu'elle encore. A l'inverse d'Hippolyte qui devait faire des efforts pour renvoyer cette image de princesse des glaces, lui n'avait aucun intérêt à contenir sa personnalité plus enflammée qu'elle le pensait. « Très bien. » Et sur ce, il laissa tomber sa serviette qui tomba sur le sol des vestiaires pour hommes. Il se pencha pour la rattraper, donnant une vue improbable sur son derrière entre autres choses. « Bon, j'ai pas l'intention de dormir ici » dit-il, grisé par l'assurance qu'il ressentait. Il repartit à son casier, détournant son attention d'Hippolyte, pour aller récupérer ses affaires.