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BENTLEY&JACOBS ♥ with so little to be sure of ; any moment.

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Elizabeth Ford était votre femme britannique typique. Elle payait ses impôts, faisait son ménage et entretenait ses relations, comme toutes les autres femmes de la ville de Bristol. Comme elles, elle avait ses habitudes, par exemple, celle de prendre deux doses de café le matin au lieu d'une, ou encore, celle d'aller visiter la tombe de ce qui aurait dû être son premier enfant toutes les nuits, depuis des années. Comme toutes les bonnes femmes, elle savait masquer ses arrières pensées et émotions derrière le masque hypocrite du bien-être humain, n'étant cependant pas immunisée aux émotions négatives, tels que la jalousie, la colère ou encore, le regret. Et aujourd'hui, alors qu'elle était sur son lit de mort, Elizabeth se rendait compte que tous ces sentiments trop longtemps répressés revenaient à présent pour la hanter.
Elle se rendait compte à quel point la folie l'avait perdue. Elle se rendait compte à quel point la stupidité l'avait possédée. Et dans un élan inouï de lucidité, elle se rendait compte que c'était ce qui était lentement en train d'arriver à son fils. Jacobs. Le nom lui était familier, pour la simple et bonne raison qu'elle l'avait choisi. Le visage ... Commençait à lui échapper, par contre, ce qui était fort louable, étant donné le fait que son fils l'aimait à un tel point qu'il cherchait par tous les moyens à la voir le moins souvent possible. Néanmoins, elle n'était pas délirante au point d'oublier une période où tout était largement plus facile ... Une période où son fils avait été heureux, vraiment, heureux. Une période où Bentley Alexander Terrence Michael Adamson-Newton faisait encore partie de sa vie.

Et sur le grand plan des choses, elle avait l'intention de réparer les erreurs de son fils et de rétablir le bonheur universel ... Une dernière bonne action, avant son départ. C'était ainsi qu'elle voyait les choses, et c'était ainsi, aussi, qu'elles devaient l'être.

C'est comme ça que je me suis, à nouveau, retrouvé sur le plateau jeu. Moi qui croyait avoir été rayé de la liste et éliminé des participants, moi qui avait tenté d'aller mieux pour celui que j'aimais, et qui, en récompense, s'était fait lacérer le coeur par des mots plus aiguisés que des lames d'acier, moi qui m'étais juré de rester le plus loin possible de Jacobs, et, indirectement, de sa famille, je m'étais retrouvé, à nouveau, dans leur cercle vicieux. Et pourtant ... Autant que j'essayais, mon côté altruiste prenait toujours le dessus, malheureusement. J'avais l'impression d'être aspiré dans le vide intergalactique de leur univers, moi, pauvre cosmonaute perdu ne cherchant qu'à retrouver la planète du bonheur, quittée il y a si longtemps, et, vraisemblablement, encore bien loin d'elle. J'étais tombé dans le trou noir de leur galaxie, un véritable gouffre sans fin ni issue dans lequel j'étais enfermé contre mon grès.

Elle m'avait appelé, et comme la bonne poire que j'étais visiblement, j'avais décroché. Je me rappelle encore du coup de fil comme s'il s'était agi d'hier ... Mais avec eux, tant de choses se passaient en si peu de temps qu'on terminait toujours, un jour où l'autre, par en perdre les notions. J'étais resté sept mois avec Jacobs. De ça, j'étais sûr. Mais je ne savais plus combien de temps j'avais pleuré sa perte. Combien de temps j'avais été marqué par cet abandon des plus brutaux ... Et c'était sans doute parce qu'inconsciemment, quelque part, je n'étais toujours pas parvenu à m'en remettre. Elle m'avait appelé, et m'avait fait part de son envie de me revoir. Je passais par le coin ... Henley, Bristol ... Nous savions tous que dire que c'était loin serait mentir, à ce stade là ... Et c'est ainsi que je me mis à lui rendre visite. Orsay étant repartie avec Noah, j'étais à présent seul, chez mes parents. Et je n'avais rien de mieux à faire que de rendre visite à la mère de celui qui m'avait, autrefois, brisé le coeur.

Elle faisait de la peine à voir. Son souffle ralentissant, sa voix rauque ... Tout poussait à indiquer qu'Elizabeth Ford n'allait plus faire long feu ... Tout poussait à indiquer que ce n'était plus qu'une question d'heures, plutôt que de jours, et que ce lit blanc allait éventuellement finir par se vider, jusqu'à ce qu'une autre bonne femme cancéreuse finisse par avoir besoin d'un endroit où expirer son dernier souffle. Et je n'avais pu faire autre chose que l'écouter. J'étais venu, ces derniers jours, dans le seul et unique but de lui tenir compagnie, endurant seconde après seconde la douce torture que c'était de l'entendre vider son sac en me racontant sa vie ainsi que celle de son fils ... La première partie ne me dérangeant pas tant - Mme. Ford étant, après tout, l'une des femmes les plus fascinantes que j'ai pu rencontrer - je ne pouvais cependant pas m'empêcher de souhaiter qu'elle se taise quant au sujet de son fils ... Rien qu'entendre son nom, c'était trop pour moi. J'endurais en silence sa présence, sa compagnie qui n'en était pas tellement une lorsqu'elle piquait ses crises de colère contre ses infirmières ou qu'elle sombrait dans le délire de la manière la plus profonde qui soit ...

J'étais là pour elle. Moi, et non son fils. Encore une fois, je devais tout faire à sa place ...

Elle m'avait fait jurer de ne pas le prévenir, de ne pas l'appeler. Elle ne voulait pas lui infliger de souffrances supplémentaires, et je m'étais senti obligé de l'écouter. Et puis ... Un jour, en sortant de sa chambre d'hôpital, j'avais entendu les infirmières parler. Elle n'en avait plus pour longtemps.

Et c'est ainsi que la main tremblante, je levais le combiné téléphonique à mes oreilles, n'ayant plus entendu sa voix depuis maintenant 5 ans. C'est ainsi que des papillons au ventre, j'appelais son numéro ... Et c'est ainsi que je lui exposais les faits.

Il était encore au Summer Camp ... Il était encore en train de s'amuser, tandis que je vivais l'enfer qu'était celui de forcer un sourire face à une femme dont le piteux état me réduisait le coeur à l'état de cendres.

La masquerade dura trois jours encore, le temps qu'il vienne. Et puis, alors que je n'attendais plus son arrivée, m'étant dit qu'il n'avait pas encore perdu l'habitude de tenir ses promesses, telle que celle qu'il m'aimerait pour l'éternité, où qu'il ne m'oublierait jamais, je m'étais assoupi, épuisé, sur la chaise à côté du lit de Mme. Ford, avec un seul souhait en tête : celui qu'il la reverrait une dernière fois avant son départ 'pour l'autre monde'.


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Dans la chaleur propre à l'été, je faisais le point. Mes réflexions emmêlées ne me servaient aucunement, et ne faisaient qu'augmenter les maux de tête. J'étais las de raisonnements, d’hypothèses tout à fait invraisemblables. Allait-elle, réellement, expirer son dernier souffle,et surtout se sentait-elle coupable de ses actes ? Je n'en étais que peu persuadé, venant d'une personne visiblement incapable de reconnaître ses fautes. Cette femme avait toutes les bonnes excuses, cette femme pouvait tout se permettre. Cette dernière avait le droit d'aller rejoindre ses commères en nous laissant, ma sœur et moi, et se croyant bonne mère ! Quel injustice lorsque l'on sait que nous n'avions même pas le droit de mettre un pied dehors sous peine de représailles... À quoi cela rime de faire souffrir ses enfants à cause de la perte d'un précédent ? De plus, elle cessa de nous porter toute attention dès qu'elle fut placée en asile, quoique je ne faisais rien pour la recevoir : je l'évitais au grand maximum. À l'âge de onze ans, une honte de sa folie m'étais apparue et je décidais de ne plus m'approcher d'elle. Etais-je beaucoup trop radical ? Sans doute... La peur m'envahissais dès que je me risquais à ses côtés, elle était persuadée que son défunt fils se trouvait tout près d'elle, et lui parlait. Autant dire qu'il était normal de ne pas être rassuré en sa présence, à l'exception fait de mon père qui ne perdait pas foi en elle.

Cette époque était à présent rayée de ma vie, et je tentais au mieux de m'en libérer, du moins jusqu'à présent. De retour à Bristol, ville de mon enfance que je chérissais, malgré tout, pour y avoir rencontrée une personne merveilleuse. D'ailleurs celui-ci m'avait fait chaviré le cœur quelques jours auparavant, rien qu'avec un coup de fil. Certes, il ne s'agissait pas de grandes déclarations enflammées comme j'en ai rêvé l'autre nuit, mais une terrible nouvelle qui malgré moi, me dévastait. La personne que j'aimais autant que je la détestais était à mis-chemin de l'autre monde. Ma mère, j'avais beau me convaincre que je pouvais l'exécrer le plus possible, une petite part en moi me forçait à la voir d'un autre angle, et me murmurait que sa folie n'était pas volontaire. Bien évidemment, je n'étais pas sot au point de croire qu'elle faisait cela pour le plaisir ! Je soupirai tout en sortant du bureau de tabac, mon péché mignon à bout de bras : mon paquet de cigarette. Je ne pouvais que difficilement concevoir une journée sans lui, surtout dans ce genre de moment. Cependant il m'était déconseillé de renouer avec toute addiction depuis ma presque overdose... Le destin devait s'acharner sur moi : entre mon chagrin d'amour avec Teodora, ma mère qui va être happée par les anges, mon tout nouveau goût pour l'héroïne, et enfin mes retrouvailles avec Bentley. Ces dernières risquent d'être tout aussi chaotique que notre séparation que je regrettai depuis cinq années.

J'avançai avec élégance vers l'hôpital, même si je devais m'y rendre depuis trois jours déjà : je ne pouvais m'y résoudre tout de suite. J'observai mon reflet dans les vitres des magasins et constatais que je n'étais pas trop mal avec mes boots Chloé clouté, et ce jean slim foncé. Ce débardeur noir un peu loose rendait assez bien, surtout avec cette chemise en jean Levis ouverte avec les manches retroussées. Aussitôt, je me stoppai, faisant tomber à terre la clope que j'entamais doucement mais sûrement : j'étais arrivé à destination. J'aurais nettement préféré devoir parcourir encore quelques rues, hésiter devant trop de bifurcations ! J'avais à la fois peur, et le désir ardent de les revoir. Un passant me bouscula si brusquement que je manquai de peu de déchanter ; et je poussai contre mon gré les portes de la bâtisse. Les blouses blanches dominaient par rapport aux civils, et je devais avouer me sentir oppressé par cette foule, n'ayant jamais été des plus à l'aise dans ce genre de situation. Timidement, j'abordai celle qui délivrait les renseignement, demandant à avoir accès à la chambre de Elizabeth Ford. « Chambre 322, troisième étage. »

Suivant ses instructions, j'empruntais l'escalier afin de perdre encore plus de temps. Mes mains tremblaient à la fois à cause du stress, et de cette cure de désintox forcée. Heureusement que seul mon corps en réclamais et que je n'avais aucunement envie de me retrouver dans le même état que tantôt pour quelques futiles plaisirs. Que trop épuisé après avoir gravis le premier étage, je me résolus à user des technologie moderne, et je pus souffler à mon aise. Bien vite, le monstre métallique me recracha à l'endroit dit et je dû me mettre en quête de la chambre 324 ou 322 je ne savais plus. J'inspectai chaque porte à la recherche de son nom, du mien espérant me réveiller tôt ou tard de ce cauchemar. Cela faisait cinq que je n'avais pas vu ma mère, ni Bentley et je ne savais pas lequel je craignais le plus : l'homme que j'ai aimé éperdument qui désormais m'exècre sûrement, ou bien cette femme. « Ford... Elizabeth Ford... » déchiffrais-je une fois devant la trois cent vingt-deux.

La porte se déroba presque d'elle-même, me laissant le loisir de les découvrir assoupis. Mes pas semblaient avoir dérangé mon ancien amant qui ne tardait nullement à donner des signes de vie. « Excuse-moi... » articulai-je plus pour le passé que pour l'avoir réveillé. Je m'installais sans jeter un simple regard à ma mère sur le siège le jouxtant : je craignais devoir l'affronter. J'étais si choqué que je ne remarquai pas tout de suite le beau visage de Ben, dont les années avaient gommées quelques détail de son physique dans mes souvenirs. Cependant, celui-ci n'avait aucunement altéré le goût de nos baisers si délicieux que tout autre me semblait insipide ! « Comment... comment va-t-elle ? » Je devais avoir l'air d'un imbécile avec mon teint blêmes, et mes mains agitées de faibles soubresauts que je tentais vainement de dissimuler.

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Un soupir. Puis deux. Avouons le : une chaise ne figurait ni dans la liste des endroits où dormir les plus 'glamour', ni dans celle des plus confortables. La position assise était d'ailleurs réputée, chez les Adamson-Newtons, de leur causer d'affreux torticolis. Mais aussi fragile que mon ossature puisse être, j'avais des principes, et je m'y tiendrais. Bien que je n'avais aucune attache tangible et réelle à cette femme sur son lit de mort, je sentais bien que quelque chose de plus fort nous liait. Cela faisait à présent plus de trois semaines que nous avions repris contact ; plus de trois semaines qu'elle avait eu pour m'émerveiller avec les récits de sa vie, m'attendrissant avec les plus anodines des histoires de ses enfants lorsqu'ils n'étaient rien de plus que cinquante centimètres dans une paire de couches, me faisant frissonner par ses plus passionnées escapades et m'émouvant même aux larmes en me racontant la perte de son premier enfant.

Plus elle me parlait, et plus j'avais l'impression d'avoir été , en quelque sorte. D'avoir vécu tout ce qu'elle avait vécu, comme si ses yeux étaient miens et qu'elle avait réussi à inculquer en moi souvenirs et visions par le simple talent de sa langue enchantée. Après tout ce qu'elle m'avait offert, après tout le savoir, toute la maturité et toute la bonne humeur qu'elle avait su partager avec moi ... Je ne me sentais pas de l'abandonner en ses dernières heures. Ce qui justifiait ma manière plus qu'inconfortable de dormir. Nous avions conclu un pacte d'accord mutuel, pacte, néanmoins, que j'avais brisé de mon côté : son fils n'aurait pas à en savoir plus sur son état décadent tant que ses lymphocytes étaient encore en état de la maintenir en vie. De son côté, elle m'autorisait à veiller sur elle, tel un ange gardien, jusqu'à son dernier souffle, ne serait-ce que pour écouter ses derniers remords ou souhaits, que ceux-ci soient libérés dans un excès de fièvre délirante ou, au contraire, prononcés dans un élan final de lucidité et de santé mentale.

Les sifflements de sa respiration se faisaient plus saccadés ; plus douloureux à entendre.

Elle n'en avait plus pour longtemps.

Un instant, la tentation de fuir fut plus forte que moi, l'idée de voir cette femme qui, malgré tout, n'en demeurait pas moins extraordinaire, étant plus que ce que je me sentais capable d'endurer. Mais celui d'après, je m'étais assoupi comme par enchantement, la Belle au Bois Dormant de mon conte de fées s'étant piqué le doigt sur le fameux fuseau. Mais quelque part, je savais que c'était en vain. Il n'y aura pas de Prince, monté sur son fidèle destrier blanc, pas de Preux Héros venu sauver notre Princesse Déchue. Rien, ni la chimiothérapie la plus avancée du monde, ni le plus grand des baisers d'Amour d'un empereur exotique ne pourrait guérir cette héroïne des plus courageuses. J'admirais Elizabeth. Je l'admirais pour tout ce qu'elle avait vécu, ainsi que pour la manière dont elle était capable de garder cet humour qui lui était propre et ce sang froid dont je semblais visiblement manquer - en vue de la boule qui se nouait depuis plusieurs jours dans mon estomac - jusqu'à la fin des temps ; tout du moins, de son temps.

Et c'est ainsi que la mère de Jacobs vint à hanter mes rêves. Chaque après midi, je m'assoupissais, à ses côtés, une nouvelle de ses péripéties antérieures dans mes songeries de fin de journée. Cela faisait maintenant cinq jours qu'elle était entrée en état critique ; cela faisait maintenant cinq jours que j'avais ainsi adopté ma nouvelle routine. Endormis par l'épuisement, la chaleur, et le calme, vers les seize heures, notre réveil, programmé pour les cinq, nous permettait ainsi de discuter en toute intimité, sans être dérangés par les insupportables infirmières.
Si je remerciais bien Elizabeth de quelque chose, en tous les cas, c'était indéniablement du fait qu'elle ne m'avait pas harcelé au sujet de son fils. La plupart des mères que je connais auraient tout fait pour me jeter dans ses bras une nouvelle fois ... Mais non. Elle s'était simplement contentée de constater, à rares intermittences, à quel point son fils était aveugle et imbécile de ne pas avoir compris ce qui était bon pour lui ... Ni trop peu, ni trop lourd, elle savait doser parfaitement ses insinuations afin de me faire comprendre qu'elle regrettait notre rupture. Et je me contentais de lui sourire d'un air timidement gêné, tout en pensant en mon fort intérieur que si ça n'en tenait qu'à moi, les choses n'auraient jamais été réduites à ce qu'elles étaient à l'heure actuelle ...

Et c'était avec cette pensée en tête que Morphée trouva l'envie de venir me bercer en ses bras musculaires de divinité antique ... Et avec cette même pensée que je me réveillais, peu de temps plus tard, un maux des plus terribles au crâne. Constatant ma montre, je pestais quelque peu : qui osait venir me déranger en plein sommeil de beauté ?! Il était à peine dix-huit heures ... Je n'avais pas dormi plus de deux heures, et me connaissant, je ne saurais me rendormir ... Mes sourcils froncés creusaient sur l'océan tropical de mon front de profondes vagues concernées. Je fixais l'inconnu d'un regard involontairement condescendant, sans nul doute dû à la fatigue dans lequel cette brève sieste m'avait induite. Je me mis alors à plisser légèrement des yeux, tentant de me souvenir de ... quelque chose ... Ce visage ne m'était pas inconnu, non, loin de là ... Et pourtant, la somnolence faisait en sorte que mes souvenirs glissaient entre les doigts de mon cerveau. Puis, son regard me pénétra l'âme ... Et ça me frappa de plein fouet.

Immédiatement, je me sentis faiblir.

Je pense que ceux qui pouvaient me voir à l'époque auraient affirmé que mon visage s'était alors vidé de toute couleur, que mes lèvres, auparavant rouges et humides, semblaient à présent desséchées, et peinaient à trouver les mots qu'éventuellement, je souhaitais sortir. Il s'excusa ... Et à ce moment là, un flot de questions et de réponses défilaient à allure vertigineuse dans mon cortex. Tant et si bien que je ne pouvais plus que lui répondre par :

- J ... Jake.

D'un effort surhumain, je m'aventurais à esquisser un sourire qui ressemblait plus à une grimace douloureuse qu'à autre chose ... J'allais également tenter de me lever pour aller à sa rencontre, mais sentant que mes jambes n'allaient pas m'obéir, je me ravisais au dernier instant, préférant me plier à leur volonté plutôt que de me ridiculiser en tentant d'aller à l'encontre de celle-ci. J'étais vraiment en piteux état ... Faible, comme toujours, en sa présence. Pitoyable, inutile ... J'avais eu droit à ces mots là, également, lorsqu'il s'était décidé à me jeter comme la dernière des merdes ...

C'était si ... Improbable, ces retrouvailles, si inattendu, que quelque je ne pouvais pas vraiment y croire ... Et pourtant, c'était vrai. Et je le savais, étant donné que c'était moi, celui qui l'avait contacté. Quant à Elizabeth, celle-ci dormait toujours à poings fermés, sereine et calme sur son lit ... Tant et si bien qu'on aurait pu croire qu'elle n'était plus de ce monde, si ce n'était pour les légers mouvements que sa fébrile cage thoracique faisait lors de sa respiration saccadée. Baissant la tête, je lui répondis :

- Je ne sais pas si elle va tenir encore longtemps ... Je ... Je suis désolé, Jake ... Tellement ... désolé ...

Dans ma tête, les choses se brouillaient. Tant et si bien que je n'avais pas entendu ma voix s'estomper dans le vide tant j'étais perdu ... Tant et si bien que je n'avais pas compris, moi même, si je m'excusais de l'état déficient de ma mère, ou de lui avoir donné raison d'agir de la sorte, tant d'années auparavant. Et pourtant, c'était si lointain, si distant que je peinais à m'en rappeler ... Et que mon coeur fébrile commençait à ressentir des pincements rien qu'à cause de la présence de celui qui, auparavant, avait tout été pour moi.

- Malgré tout, c'est la femme la plus fascinante que j'aie jamais rencontrée. décrétais-je finalement. De toutes manières, à ce stade, je pouvais lui dire ce que je voulais ... Ce n'était pas comme si notre relation pouvait détériorer davantage après tout ce qui s'était passé ... Et j'en étais tellement amer et malade que ça ne pouvait plus que me faire rire, tant la douleur me devenait ridiculement insupportable.

Ma main glissa dans le vide, avant de se rattraper sur l'une des siennes. Et sans m'en rendre compte, je laissais mes doigts serrer les siens avec une force dont je me croyais à ce moment là incapable.


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Je n'avais guère l'habitude de l'apercevoir aussi sereine, si bien que j'oubliais presque ses années de douces folies, et me concentrais pleinement sur cette expression agréable : elle devait rêver. Des bribes de souvenirs me parvinrent, je me revoyais haut comme trois pomme et chétif, cherchant fébrilement dans l'album photo poussiéreux entreposé dans le grenier, sous une pile monstrueuse de vieilleries. Mes petites mains maigrichonnes étalaient devant moi divers photographies dont la qualité et la beauté n'était nullement à contester. Je découvrais cette personne qui m'était si chère et si effrayante à la fois, et je la trouvais presque belle avec toute sa jeunesse. Malheureusement je ne pus poursuivre mes rêveries, puisque celle-ci gravissait peu à peu les marches de l'escalier. À cette époque, j'avais encore l'infime espoir qu'elle me considérait comme son fils, et non cet être qui vivait sous son toit... Aujourd'hui, il était que trop peu présent, et je savais pertinemment que je l'avais effacé de moi-même en me conduisant si froidement avec elle. La rancœur m'animait, et désormais, je la sentais diminuer à toute allure comme attendri par cet état de faiblesse.

D'ailleurs, ma mère – aussi étrange cela peut il me paraître de la nommer ainsi – était-elle véritablement en train de dormir ? N'était-elle pas en train de nous écouter, d'entendre ma voix sans se manifester ? J'avais tant de chose à lui avouer, m'excuser dans un premier temps, mais surtout avoir des explications. Avait-elle conscience de cet abandon ? Qu'elle me chagrinait au plus haut point, si bien que j'étais sans nul doute, l'enfant le plus sombre de tout Bristol. Et pour cause, les autres me fuyaient et ne m'appréciaient guère plus qu'un monstre de foire dont la mère était à l'asile. Cette « particularité » m'avait longtemps rendu honteux, et à la fois vulnérable. J'aurais préféré entre de ces gens normaux qui ne se posaient aucune question et me semblaient si heureux que je les enviais à outrance. Ce fut à l'âge de quinze ans que je repris confiance en ma personne, l'année où mon physique changea du tout au tout. Adieu aux habits trop grands, adieu au corps mal proportionné... J'étais devenu le jeune homme que j'étais désormais, la fine barbe bohème en moins. Puis après, j'ai fait l'une des plus belles rencontres de ma vie entière, et j'ai eu la stupidité de faire écrouler ce merveilleux château de carte... Ma jalousie disproportionnée m'avait fait payer mon attachement à Bentely.

Sa voix prononçant mon prénom, mon surnom plus précisément, me sorti de mes songes, et je ne pus m'empêcher de plonger mon regard dans le sien, avec une expression propre à ma personne : j'avais la bouche entrouverte de peu, les yeux perdues dans d'immenses contrées encore inexplorée... Son timbre coulait à mes oreilles comme un chant de sirène, et malgré la situation délicate, je ne désirais que coller mes lèvres aux siennes après tant d'années. Je m'en voulais terriblement, je regrettais amèrement mes erreurs passées et ne cessais d'imagier ma vie avec lui. Cet oiseau de paradis m'indiqua que ses minutes étaient comptées, et une épée me transperçait le cœur de part en part. Cette terrible réalité m’horrifiait et une peur étrange de l'inconnu m'assaillait, s'insinuait vilement dans mon fort intérieur, faisant écrouler chacune de mes remparts, une à une. Je me sentais faible, surtout en sa présence. J'avais l'ardente et insistante envie, non besoin ! De le prendre dans mes bras, le serrer tout contre mon cœur comme autrefois, de lui faire comprendre qu'il était encore tout pour moi. Mais n'étais-je pas guidé par la tristesse qui me gagnait, et le désir d'amour depuis que Teodora m'avait fait comprendre que je ne serais à jamais qu'un vulgaire et simple ami ? Ses paroles me touchèrent indirectement. Trouvait-il sincèrement ma mère fascinante ? Qu'avait-elle bien pu lui dire à mon sujet ? Sur le sien ? J'espérai qu'elle avait fait l'impasse sur mon existence, qu'elle n'ait aucunement raconté des anecdotes croustillantes sur moi... Comme cette sale bonne femme que l'on nommait maîtresse – tortionnaire oui! - qui suite à des jugements infondés m'avait puni d'avoir renversé un pot d'encre sur le sol, la pause durant. C'était absolument faux, mais comment convaincre ces imbéciles heureux ? Soudainement, une chaleur gagna ma main, et je ne tardais à reconnaître cette sensation digne de mes rêves les plus fous : il avait glissé la sienne dans la mienne, exerçant une légère pression que je pris pour un geste de réconfort. Ma respiration s'accéléra, je me sentais revivre nos années idylliques, cette journée au café... Notre rencontre. Je caressais avec mon pouce sa dos de main, de la nostalgie en fond sonore. Les déclarations enflammées suivies de baiser passionnées... Nos regards langoureux, et nos mots doux... Jusqu'à ce Fameux Vendredi, qui aurait dû être l'un des plus beaux instants de nos vies. Au lieu de cela, j'avais laissé ma colère me gagner, dicter mes actes.

Empli d'envies contradictoires, je lâchais brusquement sa main et bondit tel un cabri hors de mon siège. Je ne pouvais me trouver en sa présence, en leur présence, après tout ce que je leur avais fait endurer sans aucune once de remord. Mes yeux se baladait un temps sur le visage parfait de Ben, et le désir si présent de l'embrasser me prenait tout entier. Afin de contrôler au mieux mes pulsions, je me reculais jusqu'à mur d'en face, tout en fuyant son jugement. « T'excuse pas... T'as rien... fait. » Je dissimulais mes yeux rougis tout me rabattant mes paupières. « Au contraire, t'en as trop fait. Tu... peux partir, si ça te dérange. » Dans un soupire, je prononçais une phrase que j'allais certainement regretter amèrement. « Tu dois... sûrement avoir quelqu'un à aller rejoindre, et pas te confiner avec ma mère au bord du gouffre, et... moi. » Qu'il reste ! Je vous en conjure, qu'il ne me quitte pas !

Mes prières silencieuses achevées, je fouillais de mes mains tremblantes mes poches à la recherche d'une cigarette : j'en manquais cruellement. Au diable l'interdit ! Aussitôt je la portais à mes lèvres comme l'on le fait avec un met délicieux, puis l'alluma sans plus de cérémonie. Les premières volutes me firent un bien fou, même s'il me fallut les abandonner sous le regard lourd de sens de Ben. Je l'écrasais avec amertume puis remis le restant mon paquet, histoire de la continuer d'ici quelques heures. « J'espère qu'elle t'a pas trop... enfin que tu n'as pas perdu ton temps. » Je risquais un regard en sa direction. « Elle... elle a l'habitude de captiver son auditoire mais de le faire sombrer dans une drôle de déprime. » Analysais-je tout en m'adossant au mur immaculé. « Merci... d'avoir tenu le rôle que je n'ai jamais pu tenir le temps de quelques jours. » Je murmurais la voix tout aussi fragile que l'état de ma mère. L'atmosphère m'étouffait peu à peu, et nouait ses mains autour de mon cou dénudé. Elle serrait avec hargne, me faisant payer mes erreurs passées, et ne lâchait aucunement prise. Je suffoquais presque, et même si tout cela ne se déroulait que dans mon esprit, j'avais la sensation que tout cela était réel. Mes mots inquiets et précipités brisèrent le silence régnant jusqu'alors en maitre absolu. « Si elle se réveille... » Commençai-je avec difficulté tout en commençant à saisir la poignée. « Dis-lui... dis-lui qu'au final, elle est largement pardonnée... depuis longtemps. » Achevai-je tout me prenant la poudre d'escampette. Je me laissais glisser à terre, désespéré.

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Mal. Il en avait mal, mon coeur.

Mon pauvre coeur maltraité, abattu, négligé, en malnutrition ... Mon pauvre coeur qui n'avait cherché que l'amour et s'était à la place retrouvé à l'abattoir, derrière tous ses prédécesseurs ; tous ces coeurs d'âmes innocentes persuadées que le bonheur sentimental n'était pas qu'un mythe inventé pour les contes de fée.

Mais en l'occurrence, je souffrais par altruisme, en opposition à la douleur égoïste que je me traînais depuis à présent une demi-décade vis à vis de Jacobs. La peine que j'avais venait en effet, toujours, du coeur ; cependant, elle n'était plus dirigée face à la situation dans laquelle il m'avait abandonné, tant d'années auparavant. Je souffrais, en effet, devant la scène qui se présentait à mes yeux, scène insupportable et des plus catastrophiques. Un enfant dans le procédé de perdre sa mère, sa déesse, celle qui lui avait tout donné, à commencer par la vie ... Rien qu'à y penser, des frissons commencèrent à parcourir mes entrailles. Et pourtant ... Je savais que c'était inévitable.

Ève devait croquer dans la pomme, Jésus devait se faire crucifier, et Elizabeth devait également nous quitter - à en juger par son état, d'ailleurs, je me disais qu'elle ne pouvait durer plus de quelques heures ; une journée, au grand maximum. En effet, certaines choses étaient des constantes universelles ; des faits qui seraient arrivés, quelles qu'en soient les circonstances. Jusqu'à preuve du contraire, nous expirons tous un jour ... Même les meilleurs d'entre nous. Nous avons tous un dernier souffle, bien que celui-ci soit parfois également le premier de certains. Nous avons tous mérité le repos éternel, que ce soit nichés confortablement dans le ventre de Gaïa, notre mère, ou éparpillés aux quatre coins du globe par notre cher frère Éole.

Quelque part, je sentais l'appel de son corps, ainsi que la chaleur qui émanait du mien à la vision de celui-ci. Nos coeurs ... C'était comme si nous n'en avions qu'un demi, nous tous, êtres humains, et que lui possédait celle qui s'emboîtait à la perfection dans le mien. Tant et si bien que résister à la tentation de plaquer mes lèvres contre les siennes à nouveau me demanda un effort quelque peu surhumain. Et pourtant, je parvenais avec difficulté à contenir ces pulsions. Ce n'était, après tout, ni le temps, ni l'endroit approprié pour de telles retrouvailles ... Et puis, quoi que je puisse dire, je lui en voulais encore, terriblement. Comment pardonner à quelqu'un de nous avoir privé de la seule chose capable de nous faire ... vivre, réellement et sans prétentions, sans barrières ? Comment pardonner celui qui nous avait ôté toutes raisons de sourire lorsque la journée était terminée et que l'on rentrait seul chez nous ? Je n'étais pas rancunier, loin de là. Mais il m'avait fait mal. Et pour cette simple et bonne raison, je me devais d'être vigilant et de ne pas me laisser succomber, à nouveau, à son charme des plus divins ... Ne serait-ce que pour ma propre santé mentale.

Dans un élan de faiblesse, cependant, mes doigts rejoignirent les siens ... Ne serait-ce qu'en guise de soutien physique face aux démons psychologiques qu'il était vraisemblablement en train d'affronter. Néanmoins, quelque chose m'était ... arrivé, lorsque nos peaux s'étaient à nouveau rencontrées, après tout ce temps. J'avais un instant eu l'impression que mon sang s'était glacé. Et puis, dans une effusion explosive de couleurs, pensées, émotions et souvenirs, je me mis à sentir la chaleur, à ressentir le bien et à trouver un certain confort dans le contact entre nos mains. Ce simple geste peu révélateur recelait cependant des plus belles mémoires qu'il me restait à l'heure actuelle. Notre première rencontre, où ma main s'était provisoirement laissée aller jusqu'à la sienne dans le but de caresser ses articulations, avant que je cède à l'ardent désir de lui offrir mon premier baiser ... Cette après-midi où nous étions jeunes, naïfs et heureux, à nous promener, nous, amoureux transis, mains dans la main, en ce jour hivernal ensoleillé de janvier ; ce jour où il m'avait professé son amour inconditionnellement éternel, et où j'y avais répondu ... Le soir où j'avais tenté de lui offrir une autre de mes 'premières fois' ; où il avait été préoccupé et où ma main s'était de manière réconfortante posée sur la sienne avant qu'il n'explose en un amas de jurons, de reproches et d'insultes non justifiées avant de m'ordonner de partir pour ne plus jamais revenir ...

Une larme commença à me perler au coin de l'oeil, tandis qu'ému, j'allais faire une erreur.

En effet, j'avais été sur le point de lui avouer, à nouveau, que mes sentiments pour lui n'avaient pas péri avec le temps ; qu'ils n'étaient pas emballés avec une date d'expiration, qu'il n'y avait pas de date limite à la consommation ... Que mon amour pour lui était là, en abondance, jusqu'à ce qu'il soit prêt à le saisir, et même plus longtemps encore.

Et pourtant ... C'était comme s'il avait lu dans mes pensées. Quasi-immédiatement, le contact entre lui et moi fut rompu. Il avait bondi de son siège, me lançant un dernier regard empli de quelque chose que je pris pour de la nostalgie ; un regard qui me transperçait le coeur d'une lame glacée, un regard qui faisait naître en moi un sentiment de regret intensément pur et profond. Immédiatement, je me mordis la lèvre, comme pour empêcher à ma naïve déclaration de quitter mon palais maudit. J'avais échappé de justesse à une cuisante et imminente humiliation ... Ça m'apprendra à penser avec mon coeur au lieu de mon cerveau.

Chaque pas en arrière était un pas sur le pauvre organe qui pompait vie et oxygène dans mes artères ; chaque mouvement dans une direction opposée à moi me piétinait le coeur.

- Je ... je ... articulais-je finalement. Soupirant profondément, je détournais mon regard du sien, avant de continuer silencieusement : Je n'ai rien de mieux à faire.

J'avais avoué que mes vacances étaient d'une platitude exceptionnelle, l'ennui étant ma berceuse, la solitude, ma prérogative. Je remerciais Elizabeth d'avoir apporté un peu de compagnie dans ma vie décidément bien monotone ... Et je n'osais pas me prononcer quant à la perche que Jacobs me tendait, de peur d'en dire trop. Non je n'ai personne à rejoindre ailleurs parce que je ne fais que t'attendre depuis cinq ans. Rien qu'à y penser, j'avais honte ... Et c'est pour ça que je préférais rester muet sur le sujet.

Il se mit à fumer, et à ce moment là, mes poings se resserrèrent. Je savais qu'il ne me portait aucun respect. Sinon, il aurait pris ma parole tant d'années auparavant, au lieu de croire en la voix de son subconscient. Mais qu'il en manque autant à sa mère, en ses dernières heures de vie ... Cela me dépassait complètement. Elle souffrait d'un cancer du poumon, et lui, ne trouvait rien de mieux que de lui fumer dans le visage ?! C'était inadmissible. Néanmoins, j'étais las. Je ne pouvais même plus trouver la force de me battre avec lui ... Il gagnait toujours, après tout, tandis que tout me retombait dessus. Loin d'être masochiste, je me refusais ainsi de retomber dans sa spirale infernale ; et c'est donc par un léger regard désapprobateur que je lui fis comprendre que son geste était des plus déplacés. J'avais appris à le connaître, à force d'avoir eu sa langue plaquée contre la mienne pendant tous ces mois, comme si celle-ci avait profité de ces échanges amoureux pour me raconter tous ses secrets.

Fronçant les sourcils en haussant les épaules, je lui répondis alors sèchement :

- Bon, Jake, au lieu de te soucier de moi, soucies toi d'elle, plutôt. Je vais très bien, je suis en pleine forme, j'ai encore un coeur, en cerveau, deux jambes et deux poumons. Elle n'en a plus pour longtemps. Tu pourras me demander ce que tu veux ... après ...

Ma voix s'estompait petit à petit dû à l'émotion ; à la fois celle produite par l'insensibilité de celui que j'aimais ... que j'aime, face au décès imminent de sa mère. Mais également face à la révélation qu'il se souciait, ne serait-ce qu'un peu, de moi. Un sourire se dessina discrètement sur mes lèvres tandis que j'ajoutais :

- Elle a été plus que divertissante par moments ; voire, même, généralement. Ne t'inquiète pas de ça. Vraiment.

J'essayais de lui faire ce sourire rassurant dont il avait toujours raffolé, incertain de s'il avait conservé son pouvoir d'antan ou non.

- Jake ... Je ne te remplacerais jamais dans le coeur de ta mère. Tu le sais ... lui déclarais-je alors avec une certaine tristesse dans mon ton, simplement parce que je savais mieux que quiconque à quel point il était irremplaçable dans un coeur.

C'est alors que sans prévenir il disparut. Et je ne pouvais que le regarder partir, comme d'habitude, sans protester ni le suivre ... Sans avoir le courage de le rattraper avant qu'il ne soit trop tard ...

Bentley Alexander Terrence Michael Adamson-Newton, tu es faible. me dit alors la voix dans ma tête.

- T'aurais pu le lui dire toi même, espèce de crétin. parvins-je difficilement à hoqueter, quelques larmes glissant hors de mes yeux.

Un toussotement, puis un deuxième, marqua alors le réveil de cette chère Mme Ford. Son teint avait repris de la couleur, ses yeux, grand écarquillés, semblaient étincelants. Elle rayonnait d'une étrange et fragile beauté ; une beauté heureuse et joyeuse. Un instant j'oubliais son identité et son âge, tant la créature face à laquelle je me trouvais était belle et gracieuse. Son regard vitreux et vide d'émotions me passa directement au travers, et c'est alors que je me décidais à me lever. M'asseyant sur le bord de son lit, j'affichais du mieux que je le pouvais un sourire léger et insouciant ; un sourire d'adolescent innocent alors que ma naïveté avait, depuis quelques années, disparue, en tous les sens du terme sauf un. Prenant sa main lilliputienne dans la mienne, je lui chuchotais calmement :

- Shhh, shh ... Calmez vous, Mme Ford. Tout va bien, tout ira bien.

Son regard affolé me fixait dans le blanc de l'oeil, si bien que je ne parvenais plus à la regarder en face. Elle faisait pitié à voir, une véritable caricature pathétique, même aux plus insensibles des yeux. Ses lèvres frétillaient étrangement, comme si elle tentait de parler, malgré le fait qu'aucun son audible n'émanait de sa bouche. Les cheveux blancs parsemant son scalp doré semblaient aussi fantomatiques que ceux de la dame blanche en personne, tandis que sa corpulence plus que maigrichonne procurait l'impression que telle une allumette, un rien pourrait la briser en deux ... Bien que je savais, quelque part, que brisée, elle l'était déjà.

- Ja ... Jacobs ... articula-t-elle finalement.

L'embrassant sur le front en fermant les yeux, n'ayant pas le courage d'affronter son regard fantomatique, je lui annonçais calmement à l'oreille :

- Jacobs va bien, Mme Ford .. Jacobs se porte très bien et ... Et il m'a dit de vous dire ...

Je marquais un léger temps d'hésitation avant de continuer :

- Il m'a dit de vous dire qu'il vous aimait très fort. Et qu'il vous souhaitait tout le meilleur dans l'au delà.

Une larme, puis deux, glissa le long de mes joues. Cela devait vraisemblablement être l'une des choses les plus difficiles que j'avais eu à faire de ma vie. Rassemblant tout courage qu'il pouvait bien y avoir dans mon humble être, je parvins finalement à ouvrir les yeux afin de la regarder une dernière fois.

Son regard était absent, déjà ailleurs ... Elle ne semblait même plus parmi nous, et c'était sans doute parce qu'elle ne l'avait pas été pendant des années. Un frêle sourire était comme peint de force sur ses lèvres ridées par la maladie, un air d'insouciance et de bonheur répandu sur la majorité de son corps. Sa main glissa alors de la mienne, son bras se balançant à moitié dans le vide.

Déposant un dernier baiser sur son front, je murmurais, la voix frémissante, le ton désolé :

- Rest in peace.

Mes doigts tremblant n'obéissant plus à mon corps se mirent alors à se diriger vers ses paupières, afin de les abaisser, tel des rideaux, au dessus du dernier regard qu'Elizabeth Ford avait lancé à l'humanité avant de faire sa sortie de scène, non pas accompagnée d'un orchestre et de spectaculaires feux d'artifices, mais en toute modestie, pour changer.

Elle était partie de la même manière qu'elle avait vécu, toutes ces années : insouciante et libre, psychiquement.

Puis, je me mis à sangloter.


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Une violente douleur à la poitrine, comme une secousse interne qui me déchirait peu à peu... Son regard blessé me transperçait de part en part, pareil à l'épée brandie par le Preux Chevalier qui pourfend l'air à la rencontre du dragon. Je me sentais ignoble, j'avais l'impression d'être cette barrière entre lui et le bonheur qu'il méritait amplement. J'espérai profondément qu'il m'ait oublié durant toutes ses années, mais une petite voix que je tentais de taire souhaitait qu'il m'aimait encore... Bien sûr que non ! Il lui était interdit d'éprouver de tels sentiments à mon égard : je ne n'en étais que trop peu digne. Il méritait une personne aimante qui puisse le combler de joie, se réveiller aux aurores et revenir de la boulangerie, des viennoiseries coulant à flot... Lui apporter le déjeuner du matin au lit, lui susurrer des mots tout aussi doux que cette passion qu'il lui porte ! J'étais bien évidement en mesure de tenir ce merveilleux rôle, mais cependant je n'en étais plus digne. Je devais rester à jamais cet étranger qui fut un temps celui qui l'embrassait avec un désir ardent. Les souvenirs passés me torturaient comme pour me faire comprendre mes erreurs, me faire mesurer l'étendue de ma lâcheté. J'eus un pincement au cœur et je tentais tant bien que mal de le camoufler. Je n'avais guère envie qu'il le remarque, qu'il comprenne que je n'étais pas non plus tout à fait insensible à sa beauté parfaite, et que je frémissais au contact de sa peau contre la mienne...

Même ses mots me bouleversaient, me chamboulaient. Allant du reproche le plus juste – quelle mouche m'avait donc piqué pour fumer dans un tel endroit ? - aux mots réconfortants qu'il prononçait, accompagnés d'un sourire tendre qui m'évoquait nos moments communs. Délicieux moments que j'aimerai tant revivre, et je donnerai tout l'or du monde afin que cela se réalise. Que nous puissions de nouveau nous câliner sans craintes, qu'il puisse me faire pleinement confiance... Je désirais marcher à ses côtés, l'épauler, lui professer une seconde fois mon amour... Cependant je craignais de lui faire du mal, de faire écrouler encore et encore son Château de carte et que la belle Princesse qu'il était allait se retrouver l'âme en peine, et que l'histoire se réitérerait à cause d'un mauvais auteur en mal d'inspiration. Bentley venait de trouver les termes appropriés qui réconfortèrent le garçonnet de huit ans qui faisait tout pour plaire à sa mère, qui tentait vainement qu'elle le remarque. Malgré moi mes coins de lèvres se retroussèrent et je le lui adressais sans vraiment être maître de mes actes.« Tu... tu n'as... » Je reprenais mon souffle tout en dissimulant mes rougeurs. « Tu es toujours aussi... tu as toujours ce don pour m'aider. »

Sans crier gare, comme prit d'un excès de folie je pris la poudre d'escampette après mes dernières volontés. Cette proximité se reconstruisant peu à peu entre nous tel un pont entre la terre et le ciel, la réalité et l'imaginaire. Je n'étais que le grossier fruit de la raison et des rationnels tandis que brillait sur ton chemin la divinité de l'évasion et toute la pureté dont les cieux jouissaient. J'avais l'impression d'être face à un ange délicat de fragile que je pourrais cueillir au creux de mon cœur et le protéger de ce monde querelleur. Sur ces pensées je me laissais glisser avec nonchalance et désespoir au sol, sans se soucier du passage. Peu m'en importait d'autrui alors que deux des êtres à qui je tenais se trouvaient dans cette pièce, l'un à l'article de la mort et l'autre, à peine sorti de son sommeil Princier. Je devais être dans une situation peu commune à mon goût, d'être partagé entre l'euphorie de retrouver Bentley et le déchirement de perdre une mère. Tous mes désirs se portaient sur ses lèvres sensuelles tandis que ma peine se dirigeait sur cette femme affaiblie par ses vices. Ses analyses ne firent qu'attiser mes maux de tête et encouragèrent le tambour à amplifier sont tintamarre. Mon teint blême se fit bien plus maladif encore - moi même je souffrais d'addictions auxquelles je devais renoncer - le manque flagrant d'héroïne étant l'un des pivots de cet état. Une infirmière se courba même près de moi, s'assurant que j'allais au mieux. Croyait-elle sincèrement que j'allais avouer de but en blanc que je fus un Junky au risque que ma mère l'entende ? La détruire bien plus encore ? Très peu pour moi.

Dans un effort colossal, je me campais sur mes deux jambes peu solides - pourquoi le corps était-il le reflet des ressentis ? - et posai ma main sur la poignée sans me décider complètement. Soudainement, alors que j'allais me raviser, un mauvais présentement me poussa à agir, et pour mon grand dam il était trop tard. Son bras inerte pendant dans la vide tel le balancier déréglé d'un pendule et je découvrais Bentley sanglotant. Cette scène me tétanisait : je n'étais pas en mesure de la saisir pleinement. Etait-ce la fin ? Etait-elle vraiment dans cet autre monde ? Cette réalité me semblait absurde, cela ne pouvait en être ainsi : Elizabeth Juliet Ford était une femme forte qui ne pouvait se permettre de trépasser. Mes membres ne voulaient plus m'obéir tandis que je fixais sans vraiment la voir son enveloppe vide, avec une expression mêlé à de l'effroi et à un air rêveur qu'arborent les jeunes enfants lorsqu'ils se remémorent un cauchemar. Les mots me manquaient, et les remords se bousculaient dans mon crâne. J'aurais dû lui parler bien plus tôt et avoir cette conversation que je redoute depuis des lustres, de pouvoir tenir ce rôle de famille qui n'avait été qu'une vulgaire mascarade. L'eau ne coulait sur mes joues pâles : la douleur était telle qu'aucune manifestation physique pouvait la représenté, ce serait-ce qu'un centième. Petit à petit, quelque chose se déchirant au plus profond de mon cœur.

Les sanglots longs et Bentley me firent remettre un pied sur terre. Sa tristesse me touchait à outrance, si bien qu'une main invisible me força à avancer à la manière d'un automate. Sans le prévenir, je l'enlaçais comme avant, collant nos torses l'un contre l'autre. Sa respiration caressant ma nuque m'apaisait drôlement, sans pour autant soulager mon état. Désœuvré, je me blottissais tout contre lui, en quête de cette relation d'autant et de réconfort. J'étais comme partagé entre deux mondes, celui du passé et du présent. D'ailleurs, dans lequel étions-nous ? Sommes-nous en 2006, ou en 2012 ? Un subtile mélange entre les deux, un univers unique où le temps n'est que le cadet des soucis. « Six ans... » Susurrai-je à son oreille. J'oscillais entre le plaisir et le désir de n'être plus, j'oscillais entre l'avenir et le présent... J'eus un mouvement de recule infime, me permettant de conserver le contact tout en l'observant de près pour la première fois depuis tant d'années. Ce nez, cette bouche et ses yeux... J'avais envie qu'ils soient miens. Soudainement, mes lèvres s'approchèrent des siennes imperceptiblement, mais elles finirent par embrasser ton front. « Bentley, je... te remercie. » murmurai-je la voix brisée.

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bentley & jacobs
the coffee cup.


Partie.

Après des jours de cruelle et tendre agonie, Elizabeth Ford était partie dans l'au delà, me laissant avec l'une des boules les plus monumentales aux entrailles. Partie ... Cette notion qui, autrefois, me semblait si abstraite, si irréelle et si lointaine avait désormais décidé de pointer le bout de son nez afin de me faire comprendre à quel point elle était pesante. La jeunesse, aussi belle qu'elle semblait, s'évaporait bien facilement ... Quant à la vie ? N'en parlons même pas. Les larmes coulaient au rythme de mon coeur, une par une, alternant d'un oeil à l'autre ... Je ne pouvais supporter l'idée qu'elle ne soit plus, c'était impensable. Et pourtant ...

Qui aurait cru que l'on pouvait autant s'attacher à quelqu'un en si peu de temps ? Un amour filial s'était développé en mon sein pour Elizabeth ces dernières semaines, amour qui accentuait ma douleur face à sa perte, malgré moi. Mais qui étais-je pour parler ? Qui étais-je pour sangloter comme une madeleine face à la perte d'une femme avec qui, excepté émotionnellement, je n'avais aucune attache ? De quel droit me permettais-je d'exposer ma douleur publiquement, ou même, d'éprouver de la douleur, alors sa propre chair et sang était capable de se contenir ces quelques instants ?

Jake m'intimidait.

Et je ne m'en cachais pas. J'avais peur de lui. Tellement peur. Peur de sa beauté dévastatrice, de ses mots ravageurs. Peur de ce qu'il était, de qui il était, pour moi, surtout ... De ce qu'il représentait. J'avais peur du bonheur que la vue de son visage m'offrait, parce que j'appréhendais la douleur qu'il avait su m'infliger en deux temps trois mouvements. À le voir s'avancer tel qu'il le faisait, je ne pouvais m'en empêcher, c'était plus fort ... Et ainsi, je commençais à me recroqueviller sur moi même.

Mais c'était trop tard, le mal était fait.

Ses bras vinrent s'enrouler autour de mon corps ... Et un instant, j'eus un pincement au coeur. J'avais senti son odeur, voyez-vous. Son odeur si masculine et pourtant si agréable et douce ; celle qu'il avait toujours eue. Son odeur si ... Si parfaite. L'odeur qui m'avait enivré il y a longtemps de cela et dont je n'avais jamais su me défaire. Inspirant longuement, je me sentis alors apaisé par ce délectable cocktail pour les narines. Je ne saurais vous expliquer comment ni pourquoi, mais j'étais à présent debout, plaqué contre lui. Mes mains qui avaient commencé par se cramponner autour de son buste s'étaient dé serrées, apaisées par son odeur qui m'évoquait, malgré moi, les plus beau des souvenirs.

Et pourtant, les larmes ne s'arrêtaient pas. Elles coulaient à flots, faisant une ébullition de tristesse dont seul Jacobs, et, visiblement, tous ceux autour de lui, étaient capables de m'infliger.
Je trouvais du réconfort en sa compagnie. Le connaissant, je savais bien qu'il ressentait quelque chose, au fond de lui. Que ce soit tristesse, regret, remord ... Il ne pouvait pas rester insensible face au départ de sa mère. Et ainsi nous nous retrouvions enlacés l'un contre l'autre, à partager notre douleur. Et j'étais soulagé. Soulagé qu'il ne m'en voulait pas, soulagé qu'il ne me chassait pas, qu'il ne s'enferme pas seul face à sa frustration et à son mécontentement.

Quelque part, sa confiance, le fait qu'il me partage ainsi sa peine avec moi me bouleversait. J'avais l'impression de toujours exister, pour lui. De toujours être quelque part à l'intérieur de lui, comme si la plus grosse fraction de son coeur était toujours signée "Bentley, Forever". Tout semblait alors si normal, si naturel, si logique ... Comme si rien n'avait changé. En ce moment, ma tête posée sur son épaule, j'avais l'impression, oui, que rien n'avait changé. Qu'il m'aimait toujours, qu'il m'aimerait toujours ... Mes larmes se mirent alors à redoubler en quantité tant je me rendais compte à quel point mes pensées étaient absurdes. Et malgré tout, je l'aimais, je l'aimais encore, je l'aimerais toujours ... Malgré tout je ne pourrais jamais cesser de l'aimer. Et c'était sans doute ce qui me fendait le plus le coeur en deux.

Je sentais ses bras se resserrer davantage autour de moi, me gardant prisonnier dans une étreinte innattendue, à m'en couper le souffle. Je me mis à fermer les yeux, mes hoquets se faisant alors plus discrets, et silencieux. J'étais, calme, serein ... À l'aise, dans les bras de Jacobs. Mon nez vint alors à se poser dans son cou, comme ensorcelé par son odeur démoniaque. Le fruit de la tentation, la pomme du serpent ... J'étais Ève et il était ma damnation. Mon nez s'aventura alors vers ses cheveux, suite à quoi, je me mis à hésiter. La tragédie m'ayant vulnérabilisé, sa présence me réconfortant, un instant je ressentis comme le besoin, l'ardent désir de l'embrasser ... Mais la raison s'empara de moi et je me ravisais, ôtant par la même occasion mon nez de ses fins fils de soie afin de me contenter de rester là.
J'avais comme l'impression qu'il y avait eu un changement de pouvoir à ce moment là.
Que j'étais devenu fort, lui plus vulnérable ... Que ce n'était plus lui qui soutenait mon poids en l'air, mais bel et bien l'inverse. Je me mis alors à lui tapoter doucement le dos d'une main, affichant malgré moi une mine triste : quoi qu'il advienne, je ne supportais toujours pas l'idée de le voir triste ... Ça m'écoeurait toujours autant, notamment lorsqu'il n'y avait rien que je pouvais y faire.

Des frissons parcoururent alors mon corps face à l'énigmatique lot de mots qu'il venait de me susurrer à l'oreille ... Tétanisé, j'étais pris d'une certaine sorte de sueurs froides dont je ne saurais expliquer l'origine. Six ans ? S'en souvenait-il donc aussi bien que ça ? Ne m'avait-il pas oublié, après tout ce temps, après tout ce mal ? Ça ne m'aurait pas surpris, bien au contraire ... En guise de réponse, n'ayant pas trouvé l'usage de ma langue à ce moment là, je me contentai alors de le serrer encore plus fort contre moi, me cramponnant presque à ce corps que j'avais idolâtré plusieurs mois.

Il m'embrassa sur le front.

Et là, je ne voulais plus que ça s'arrête. Je ne voulais pas que ça cesse, ce tendre instant ... Je ne voulais pas que nos corps se séparent, je voulais qu'il continue, qu'il m'embrasse, vraiment, je le voulais, que je le voulais ...

Égoïste. J'étais égoïste.

Et c'est alors qu'une infirmière entra dans la salle, ayant eu vent de la mauvaise nouvelle grâce au complexe système informatique qui les reliait au pouls de Mme. Ford. Me défaisant rapidement de l'emprise de Jacobs, je me mis à rougir. Néanmoins, je glissais ma main en direction de la sienne avant de laisser mes dents danser tentativement contre sa paume, espérant qu'il comprenne l'invitation de la serrer que je venais de lui donner.

Nous fûmes priés de sortir de la chambre, et je ne pouvais que m'y complaire avec soulagement. Malgré tout, j'étais une âme sensible, et voir ce cadavre inanimé à mes côtés était bien trop douloureux pour moi. J'en ressentis d'ailleurs le contre coup en sortant de la chambre, lorsque je sentis mes jambes commencer à vaciller. Ma tête se mit à tourner, en parfaite synchronisation avec le reste de l’hôpital, tandis que je titubais vers un mur, cherchant un support quelque part ... Ce qui m'était impossible, vu mon état de vertige insurmontable.

- Oh ... murmurais-je alors.

Le sol. Il venait vers moi, il montait à toute allure ... Ou alors c'était moi qui tombais ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Tout ce que je sais, ce que je le voyais se rapprocher, et que je n'avais même plus la force d'avoir peur de me fracasser le crâne, ni celle de me relever. Je tombais, encore et toujours, plus vite, toujours plus vite, vers un sol de pierre froide qui voulait autant de moi que Jacobs. C'est à dire, absolument pas.


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Ses larmes me déchiraient complètement, comme si un loup sauvage m'arrachait le cœur avec ses crocs. J'avais envie de revoir ce sourire si merveilleux et si divin, celui qui me donnait moi-même l'envie de rire et de croquer la vie à pleine dent. Ses yeux pétillants me manquait terriblement, et leur malice était devenue mon eau. Je devais être comme ces voyageurs en quête d'une oasis perdue dans le désert, au risque d'y laisser leur vie... Sauf que moi, je l'avais trouvé cette oasis, ce paradis que j'affectionnais tant ! Il était encerclé par mes bras, ne voulant plus jamais le perdre même si cela impliquait divers sacrifices. Je serrais d'avantage mon étreinte avec tendresse, savourant ces instants de bonheur dont je rêvais depuis bien six ans désormais. Les sensations de jadis semblaient renaître en une explosions de feux d'artifices. De sublimes feux. Tous étaient colorés et bondissants, et respirait le bonheur que j’éprouvais en le revoyant, en pouvant de nouveau sentir son corps tout contre le mien. Si jamais un était gris, il se voyait chassé par un plus flamboyant...

Cependant, une invasion d'ombre voila ma joie : ma mère venait de partir. Cette vérité qui peu à peu prenait toute son importance me plongeait dans un état second qui gommait, pour mon plus grand dam, les délicieuses sensations de tantôt. Partie à jamais. Je ne le verrais plus jamais avancer vers moi, ni même me faire des reproches, ou au contraire tenter de lever le drapeau blanc... Un hoquet survint tout aussi soudainement qu'une biche sortant de la forêt pour atterrir devant vos phares, sans autre issue que de mettre fin aux jours de la bête. Ma respiration se faisait courte et rapide : j'ai été un fils plus que pitoyable. Je n'ai pas su pardonner en temps voulu et désormais, j'étais là me morfondre de mes erreurs, pour changer. Quelques minutes auparavant, je croyais encore qu'elle allait se relever, m'avouer qu'il ne s'agissait que d'une mascarade afin que je revoie Bentley... J'avais beau attendre, rien de ce genre ne se produisait. La dure réalité me mettait à dure épreuve, et j'oubliais presque sa présence. J'avais envie d'hurler, de me débattre ! Malheureusement, aucune de ces attitudes ne la ramèneront, et je dû me contenter de trembler, comme glacé par le souffle putride la mort.

Je me cramponnais à cet amour de jeunesse comme si je craignais qu'il ne m'abandonne aussi... Je sentais son nez se poser sur mon cou, humant sans doute mon parfum. À vrai dire, je ne savais plus lequel je m'étais aspergé ce matin - étant sans doute bien trop chamboulé pour me soucier d'un si futile détail. Il devait s'agir d'un d'Armani puisque je ne mettais Shalimar que pour m'endormir. Ma mère mettait ce parfum il y a fort longtemps, je le savais pour avoir conservé ce souvenir toute mon enfance durant. Mettait. Un nouveau pincement au cœur m'assaillit, et je nichais subitement ma tête tout contre son cou, cherchant sans doute un peu de réconfort. Je fermais les yeux comme pour stopper cette bombe à retardement qui s'apprêtait à exploser. J'emmêlais mes mains dans ses cheveux, m'évoquant d'avantage de souvenirs m'ébranlant encore un peu plus. Nos "Je t'aime" accompagnés de baisers passionnés, je m'en languissais et je ne tardais à le lui faire remarquer en lui glissant à l'oreille les années qui nous séparaient de la belle époque... Son étreinte me rassurait autant que lorsqu'il me tapota le dos tantôt.

Ainsi, j'embrassais son front à défaut de me le permettre avec ses lèvres. Sa peau contre ma bouche, ma bouche contre sa peau... Je frissonnais de la tête aux pieds, ne pouvait m'empêcher me coller encore plus contre son corps. J'aurais voulu que le temps s'arrête, et que je puisse lui dérober un véritable baiser. Pour notre malheur, une infirmière éclata notre bulle idyllique, venant remplir les formalités. Bentley saisit ma main dans la sienne et ainsi, me réchauffa de la tête aux pieds. L'importune nous dévisagea avec un air à la fois désolé et intrigué, ne sachant auquel de nous deux s'adresser. Ma princesse - comme je me plaisais à le surnommer jadis sans qu'il le sache - s'en alla dans le couloir, et elle put me poser quelques question auxquelles je ne prêtais pas la moindre attention : Ben semblait déchanter à mesure qu'il avançait, et sans perdre une seule seconde de plus je m'élançais en sa direction en bon chevalier que j'étais. Héroïque, je le cueillais : l'empêchant ainsi de rencontrer le carrelage froid. « Ben... Ben... » susurrais-je tout en posant une main sur son front et l'aidant à se relever. « Ça va ? » m'assurais-je avec inquiétude.

J'enlaçais sa taille, le soutenant et me rapprochant de lui à la fois. Je l'entrainais dans les dédales de couloirs afin de retrouver la sortie, de lui faire prendre l'air. Les émotions nous avaient ravagés de fond en comble, comme les rats rongeant le papier-peint chez les vieilles personnes. Sa présence, son aura m'aidait à tenir, à ne pas faillir et rester las et telle une loque au sol. Pour lui, j'avais de nouveau envie de me battre, d'être quelqu'un de meilleur dont il pourrait être amoureux, que je ne sois pas l'imbécile qui éprouverait un amour à sens unique. Dans un souffle, je me laissais guider par mon cœur. « Bentley, je t'ai... » La raison menait un rude combat avec ce premier, et je pus terminer ma phrase initiale, la remplaçant par quelque chose de beaucoup moins beau.« Je te remercie pour tout ce que tu as fait. » Je glissais ma main dans la sienne, et laissait tomber ma tête sur son épaule.

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bentley & jacobs
the coffee cup.


Perdu. Étourdi ... Mal ... Tellement mal ... Faible. Désorienté. Déstabilisé. Le noyau de mon écorce terrestre venait de m'être arraché ... Je n'étais plus collé à son sein ... Jacobs ... Jacobs ... Mes lèvres se courbaient vers l'extérieur dans un appel inné pour les siennes ... Soif, faim, sommeil ... Toutes étaient dirigées vers lui, tant sans lui, la vie n'avait plus de sens. Plus de mérite. Plus d'utilité. Mon corps peinait à continuer sans lui ... Quant à mon âme ... N'en parlons même pas. Je tombais, encore et toujours plus vite, pour ce qui semblait être une infinité ... Ou un rien de temps, je n'en sais que fichtre rien. J'avais trop mal au crâne pour pouvoir prêter attention à ce genre de détails. Trop de ... difficulté à me ... concentrer ...

C'était amusant, ce carrelage blanc, hahaha, hihihi, ce carrelage contre lequel mon crâne allait bientôt se fracasser afin d'y laisser une gigantesque trace, une tâche rouge vif ... Immédiatement, je me sentis encore moins bien, comme si mes entrailles venaient de se nouer en mon estomac. Une douleur incomparable, un mal de ventre affaiblissant ... Mes yeux se fermèrent alors automatiquement. Oh ... Jake ... Je les rouvris alors instantanément, souriant sans doute bêtement. Au revoir, Jake, pensais-je alors, persuadé que mon corps allait rencontrer ce charmant sol marbré afin de l'embrasser de toutes ses forces.

Et c'est là que je sentis une forte paire de mains se poser directement sous mon dos ... Et que je sentis mon sourire s'étendre davantage, d'une oreille à l'autre. Mes yeux pétillants et rougis par les larmes ne pouvaient s'empêcher de fixer la lampe d'une lueur blanche maladive au plafond et de se sentir agressés par cette lumière hostile. Néanmoins, ma voix, rendue rauque par l'émotion me rattrapa à mon plus grand dam.

- T'es mon héros.

Sa main contre mon front ... Mon front si brûlant que les étudiants du cordon-bleu auraient pu faire frire leurs pavés de rumsteck au dessus de celui-ci ... Une fièvre à la fois exténuée et euphorique s'était emparée de tout mon être. M'agrippant tant bien que mal à sa manche, je ne puis m'empêcher de continuer à sourire, tandis que mon beau, mon prince, mon preux chevalier, m'aidait à me remettre sur pieds. Puis, l'espèce de transe dans laquelle je venais de me trouver se dissipa, laissant place à une timidité engrenée par la vulnérabilité face à laquelle sa présence me laissait en proie.

Je pris alors sa main en la mienne, simplement parce que j'en avais éprouvé le besoin ... Qu'il le veuille ou non.

- Ç. ... Ça va aller, oui, ne t'en fais pas.

Je forçais un sourire grimacé, déformé par ma pâleur de teint.

Puis, il enlaça ma taille. Et instantanément, j'étais aux Anges. Le septième ciel, l'Olympe, le Paradis ... Appelez ça comme vous voulez. La vie antérieure. En tous les cas, je ne m'opposais pas à y accéder immédiatement si cela équivalait à une éternité avec ce sentiment de bien-être, d’entièreté que sa présence me procurait ... Comme si nous étions deux fragments fracassés d'une âme torturée à nouveau réunis et en fusion céleste ; une parfaite harmonie. Sa présence me réconfortait, il me rassurait. Ce n'était qu'avec lui que je me sentais bien ... Qu'en ses bras que la sécurité elle même existait. Je n'oublierais jamais l'étincelle que j'avais aperçue lors de chaque contact entre nos lèvres, ces lèvres qui s’emboîtaient à la perfection ... Et je sais que depuis, je n'ai jamais su retrouver chose similaire, pas avec Trevor, et certainement pas avec Tyler.

J'avançais avec difficulté ... Ou plutôt, avec une facilité surprenante. En effet, Jacobs, mon Jacobs me portait presque au travers du Labyrinthe que recelait ce glorieux bâtiment dont le seul but d'exister était de sauver des vies, âmes en perditions ou corps en besoin de réhabilitation.
Ce qui était difficile, par contre, c'était d'être si proche de lui, de mon mien, de mon trésor, de celui qui, autrefois, avait tout signifié pour moi ... J'étais nez à nez avec le titre de mon roman autobiographique, le mot récurrent qui se retrouvait malgré l'auteur sur chaque page, que ce soit à sa tête ou à son pied. J'étais si proche de l'âme soeur, et pourtant, si éloigné aussi ... J'avais envie de l'embrasser, de l'enlacer, là, maintenant ... J'avais envie de retrouver ce que j'avais avant, simplement parce que jamais je n'ai su atteindre autant de perfection qu'avec lui ... Mon Jake ... Mon Jacobs ... Écureuil. Je l'avais surnommé écureuil le jour où je m'étais amusé à l'observer de la tête aux pieds, et que c'était ce à quoi ses cheveux m'avaient immédiatement fait penser.

Nous étions dehors ... Et l'air frais de début de soirée me prodiguait un bien fou. Criquets chantaient, soleil se couchait, oiseaux étaient repartis dans leurs nids ... Tout était parfait, dans ce parking stagnant, figé dans le temps, comme si Jacobs ne m'avait jamais quitté et que je n'avais pas erré comme un chien battu toutes ces années en attendant qu'il ne revienne me sauver. Un instant, j'eus un haut le coeur, l'intime conviction qu'il allait me dire ces deux mots qui avaient eu le don de me faire frémir de la tête aux pieds tant d'années auparavant. Je me sentais à nouveau jeune, impressionnable et impatient ... Et puis, il dévia la tournure de sa phrase. Et déçu, je crus presque même que j'allais pleurer. Mais mes talents de théâtre ayant repris le dessus, je me contentais de lui sourire péniblement, les yeux décidément bien humides, ce soir ...

- Ce n'est rien. décrétais-je.

Sa main glissa dans la mienne, sa tête sur mon épaule ... Serein, apaisé, je m'extasiai alors à humer une dernière fois son délectable parfum, ayant tellement espéré qu'un jour, son coeur retrouverait chemin vers le mien ... De l'autre main, je lui tapotais légèrement le dos, en profitant pour rapprocher mon corps brûlant du sien, gelé. Aucun bruit ne pouvait se faire entendre, hormis le doux et distant clapotis de la fontaine illuminée située non loin de nous ... Une véritable scène de carte postale.

Et puis, c'était terminé. Après ce qui me sembla être une éternité, la rupture entre nos deux corps se fit. Et après deux timides "au revoirs" balbutiés de manière quasi-inaudibles entre deux lèvres, coquines, dont le seul souhait était de s'embrasser au moins une fois avant le départ de l'hôpital, lèvres accompagnées de quatre joues rougies par "le souffle glacial" selon certains, "le cri du coeur" selon d'autres, nos chemins se séparèrent, je rentrais chez moi en train.

Pensif, j'étais resté là, à contempler la fenêtre, me remémorant une époque où une certaine personne m'accompagnait à la gare ou venait m'y chercher ... Un sourire se dessina sur mes lèvres, et ne disparut pas jusqu'au lendemain matin.

Je l'aimais encore.


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With so little to be sure of any moment

Sa peau... ce corps... J'étais torturé de par cette beauté et ce désir d'emmener mon Apollon loin d'ici, de cet hôpital qui me, nous, rappelait sans doute trop de mauvais souvenirs. J'avais envie de chevaucher en sa compagnie mon fidèle destrier, que je souhaitais autre que ce grotesque zèbre bariolé de violet, et de visiter des terres oubliées. J'avais envie qu'il mesure l'ampleur de la passion que j'éprouvais à son égard, qui brulait comme un terrible incendie, ravageant mon être de l'intérieur, me consumant pas à pas. Ma main dans le sienne me bouleversait presque autant qu'un brusque tremblement de terre, et d'ailleurs, si un tel évènement se produisait en ce moment-même, peu m'en importerait. Ma tête sur son épaule m'évoquait les moments merveilleux où l'on se contentait de se tenir l'un dans les bras de l'autre...

Je ne laisserais plus aucune chose nous séparer, jurai-je en cette fraiche soirée. Désormais, personne ne sera capable de mettre fin à cette relation que j'espérai de tout cœur voir renaître tel le phénix. Nos cendres, le passé, et cet oisillon qu'il sera une fois sa combustion achevée, notre futur. Concevoir un lendemain sans Bentley me semblait irréalisable, trop irréel et désastreux pour que je puisse y survivre. Un Nous de lettres dorées capitales, s'imposait face au destin. Peu importe si ce dernier avait bien d'autre choses à nous faire découvrir, puisque je savais déjà comme ma vie allait se dérouler à présent : j'allais tout faire pour regagner totalement son cœur, j'irais jusqu'à me trainer à ses pieds, le supplier de m'accorder une seconde chance... Lui promettre de l'aimer à jamais, lui expliquer pourquoi mon cœur menace d'exploser dès que je croise son regard...

Non Bentley Alexander Terrence Micheal Adamson-Newton, ce n'était pas rien. Ne venais-tu pas de répondre à cette déclaration avortée ? Ou a mes remerciements ? Peut importe, ce que je m'apprêtais à te confier n'était pas quelque chose qui était poussée par le chagrin ou encore le choc émotionnel et la peur d'être abandonné, mais par mes sentiments que je sentais s’emmêler les un avec les autres. Ben, si c'était rien, je serais déjà retourné chez moi. Enfin, plutôt à mon ancien chez moi... J'avais envie qu'il comprenne sans que j'avais à lui dire clairement que je tenais toujours à lui, que quelque part une partie de mon cœur n'avait cessé de battre pour lui...

Le chant de la fontaine et de la nuit tombante accompagnait ma nostalgie, m'aidant à revivre nos baisers enflammés, nos mains qui s'égaraient comme de pauvres biches perdues... Un vif désir de revivre nos passions passées, que j'espérai bientôt d'actualité, ma taraudait. J'essayais tant bien que mal de refouler mes pulsions le plus loin possible, de peur d'être rejeté. La meilleure manière de se débarrasser d'une tentation est d'y céder... Même si Oscar Wilde fut un homme que j'admirai beaucoup durant ma jeunesse, pour avoir dévoré avec avidité chacun de ses ouvrages, ce n'était ni le moment - quoique - ni le bon état d'esprit pour ce genre de chose...

Dans un dernier effort, je parvins à me contrôler, et me contentai de glisser mes mains dans ses poches arrières comme autrefois. Ce contact me ravivait et me réchauffait : j'avais envie qu'il se prolonge pour une éternité, voir plus. Je me laissais enivré par l'instant présent, savourant chaque sensation... Ses lèvres appelaient les miennes telles des aimants, mais malheureusement, je devais essuyer un deuil, pas papillonner avec mon grand amour de jeunesse, mon âme sœur... Il m'était tout de même difficile d'assimiler cette réalité - même si je m’efforçais d'y croire, le petit garçon au fond de moi s'y refusait obstinément... Les regrets, ils m'envahissaient en grand nombre, m'attirant dans les ténèbres.

Je l'étreignais d'avantage, comme s'il était mon bouclier. Je fronçais les sourcils tout en étant sujet à des flashs de notre relation... Notre premier baiser devant tant de monde, nos petits rendez-vous, les fois où je le rejoignais devant son école ne manquant aucunement de lui démontrer mon amour en public... Mais aussi la fois où je lui avais dit 'Je t'aime' alors qu'il s'apprêtait à me quitter, et ce Fameux Vendredi... Jour tant exécré pour avoir gâché d'avance les plus belles années de ma vie, jour où j'avais laissé ma jalousie maladive me dominer...

Malheureusement, notre entrevue touchait à sa fin. Mon corps qui pourtant était si bien tout contre le sien, dû s'éloigner afin qu'il rentre chez lui par le train. J'avais envie de l'accompagner comme autrefois, de l'embrasser à la dérobée alors que le départ était imminent... Je protestais silencieusement, mais me promit de le rappeler, de trouver une quelconque raison pour pouvoir me délecter de sa présence et peut être sauter le pas. Dès qu'il fut parti, j'extirpais de son paquet une cigarette que je portais à ma bouche. Après un énième soupire, je jetais l'étui dans la poubelle la plus proche : il fallait que je change. De plus, je me souvenais qu'il n'était pas très fou des baisers avec un arrière goût de tabac froid. Souriant, je regagnais la maison de mon enfance.

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