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J'avais eu cette idée, il y a quelques mois. Au moment où Clay est devenu un problème trop important dans les chemins que doivent prendre mes futurs plans. Avant même de savoir que j'étais enceinte de lui, je voulais juste reculer le moment de l'échéance de notre relation. Je le sais bien, que c'était con. Mais à défaut de réussir à faire tomber mon père, à détruire se piédestal dans lequel il se complaît et où il me contrôle sans arrêt, j'ai donné à une tierce personne la mission de démanteler le contrat qu'à mes vingt deux ans, cupide, j'ai signé. Je suis pourtant persuadée que rien n'a été laissé au hasard, tout absolument calculé. Mais je me dis que ça ne coûte d'essayer. Garder Omnicom, Clay et le bébé. C'est l'objectif, c'est ce à quoi le futur doit ressembler. Je ne peux me résoudre au fait de ne pas passer plusieurs années à ses côtés, devoir me contenter d'Alan quand à sa présence je me suis habituée. Soucieuse, mes lèvres accolées contre la porcelaine de mon mug, enfin de celui que je prends tout le temps, lorsque je suis dans son appartement, je l'observe, sur le canapé, à regarder l'un de ces documentaires dont il adore se gaver, quand moi je me moque un peu tout en restant malgré cela assise à côté de lui, juste par envie. Il est des choses étranges à expliquer, ce que la force des sentiments que je trouvais si laids peut provoquer. Moi, Annalynne Malcolm a boire un café infecte et à ne pas le dire à haute voix, pas encore en tous les cas. A regarder un homme qui m'est interdit mais qui est le géniteur de l'enfant qui en moi grandit. Je bois encore une gorgée avant de soupirer et de poser sur le bar la boisson dégueulasse à souhait. Quand je retourne vers lui, je prends avec moi au passage, m'abaissant, les Louboutins que j'avais laissé traîner, les enfile une fois assise, en énonçant avec nonchalance une vérité. « Tu ne veux toujours pas utiliser la cafetière que je t'ai acheté ? » Je m'en accommode de sa caféine, presque je l'affectionne son côté imbuvable. J'en craque un sourire quand il me regarde en biais, comme si je venais de proposer la pire des énormités. Je me redresse, toujours en souriant, écorche de mes doigts sa mâchoire avant de lui confier. « J'ai rendez vous avec l'un de mes avocats. » Je ne devrai pas tarder. Je vais essayer de faire exploser mon prochain mariage, pour toi, mais je ne le précise pas. Me contente d'un baiser rapidement donné avant de récupérer mon sac, à la volée. En bas de notre bâtiment, mon chauffeur est déjà en train de m'attendre. Patiemment. Il ouvre la portière, me gratifie, d'un mouvement de tête silencieux. Robotisé. A l'arrière mes lunettes Prada viennent recouvrir mes yeux tandis que le trajet se passe dans un calme pieux. Les minutes s’amoncellent, les secondes s'effilochent et enfin le moteur s'éteint. Perchée sur mes talons, je sors de la voiture et parcours les quelques mètres qui me sépare de l'entrée du cabinet. C'est une secrétaire d'accueil qui me remarque en premier. C'est de toute sa hauteur que je me permets de la regarder. « Mlle Malcolm, j'ai rendez vous avec maître Daniels. » Et je n'aime franchement pas attendre, qu'on se le dise.
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