LE RETOUR D'UNE REINE

SERGEî ET ALEKSANDRA

L'année arrivait à sa fin, et Aleksandra se sentait mieux que jamais. Elle avait, certes, entamé un nouveau chapitre dans sa vie lorsqu'elle débarqua à Harvard, mais les remords et regrets de son passé lui pinçaient toujours le coeur de temps en temps. Elle se demandait si elle pourrait un jour tourner véritablement la page et regarder devant elle sans jeter quelques fois des petits clins d’œils furtifs derrière elle et le regretter plus tard. Cependant, la jeune demoiselle faisait des progrès : Elle fréquentait des gens bien, s'éloignait de tout ce qui pourrait lui faire du mal et essayait de traiter les autres aussi bien qu'ils la traitaient, car elle avait tendance à intentionnellement blesser des personnes et c'était trop dommage. Mais elle faisait tout de même des progrès, lentement mais sûrement; et elle était assez fière d'elle même. Sauf que quelque chose clochait toujours. Elle avait beau être une Aleksandra meilleure que celle de son passé, quelque chose pesait toujours sur son coeur. Un nœud n'avait toujours pas été dénoué; et ce noeud en particulier faisait mal. Vraiment mal. La jeune femme évitait peut-être d'y penser, mais elle savait ce que c'était. Sergeï.  Elle ne s'était jamais sentie aussi proche d'une personne et aussi loin d'elle en même temps. C'était incroyablement frustrant. Elle l'avait vu, une ou deux fois sur le campus, tout seul ou avec quelqu'un, lisant un livre ou croquant dans une pomme. Son souffle se coupait à chaque fois qu'elle le croisait et elle se dépêchait de se cacher. Il ne l'avait - à ce qu'elle savait - jamais vu. Dieu sait combien d'heures elle passait avant de dormir à penser à ce qu'elle pouvait lui dire une fois qu'elle serait prête. Mais ce moment n'était pas encore venu. Elle manquait atrocement de courage et elle ne se sentirait mieux que si elle lui parlait. Mais sa plus grande peur était la réjection et c'était probablement ce qui serait sa réaction.
Pour se changer les idées, Aleksandra décida qu'une séance shopping était bien méritée. Ses notes n'étaient pas affreuses et l'été débarquait. Et qui dit été dit Summer Camp. La jolie blonde était plus qu’excitée pour les vacances de fou qui l'attendaient; sauf qu'en jetant un coup d'oeil à sa garde-robe, la jeune femme constata qu'elle manquait de maillots de bain. Elle aurait du les oublier en Russie, pensant qu'elle finirait par revenir chez elle pour l'été. Mais ce n'était pas bien grave : Elle avait repéré de jolies pièces dans quelques magasins en se baladant en ville et c'était donc sa destination pour la journée. A son plus grand bonheur, les articles en question étaient toujours en stock. Sans perdre de temps, elle prit deux ou trois pièces et se dirigea vers les cabines d'essayages. Elle tira fermement le rideau et se débarrassa rapidement de son haut. Utiliser une cabine d'essayage n'était pas exactement ce qu'elle préférait faire pendant une séance shopping : L'idée que quelqu'un puisse la surveiller d'une façon quelconque la hantait pour une raison qu'elle ignore; pourtant, elle est loin d'être pudique. Le haut du corps complètement dénudé, Aleksandra s'apprêtait à mettre le haut du maillot de bain lors qu’à sa plus grande surprise, quelqu'un tira le rideau. Elle sursauta et son premier réflexe fut de couvrir sa poitrine avec un bras tout en se retournant rapidement pour voir l'individu qui venait de s'incruster dans sa cabine. Son coeur manqua un battement lorsque ses yeux se posèrent sur la personne devant elle, qui n'était clairement pas moins choquée qu'elle. C'était Sergeï. Oubliant complètement que son haut du corps était entièrement dénudé, elle porta inconsciemment sa main tremblante à sa bouche. Elle ne comprenait plus ce qui se passait autour d'elle, tellement de pensées traversaient son esprit et elle ne réussissait plus à réfléchir correctement; tandis que le jeune homme, apparemment toujours sous le choc, se retourna mais ne quitta pas l'endroit. Respirant profondément, Aleksandra ferma les yeux et tenta de se calmer pendant une seconde. C'était simple : Le destin en avait assez d'attendre qu'elle fasse le premier pas, alors il valait mieux en finir au plus vite en les faisant se croiser d'une manière assez... subite. Sans réfléchir, Aleksandra tira le rideau de nouveau, attrapa rapidement Sergeï par le bras et le fit rentrer dans la cabine avant de re-tirer le rideau. « Aleks ' .... » Son coeur manqua un battement une nouvelle fois. Il l'avait appelée par son surnom; et entendre sa voix lui procura un frisson qui la parcourut de tout son long. Elle sourit et retint ses larmes. Elle n'était pas consciente que sa main frôlait légèrement le visage du jeune homme et qu'elle était toujours à moitié nue devant lui. « Sergeï... » C'était bien réel, il était devant elle. Elle n'en croyait pas ses yeux. Mais quelque chose manquait : Elle constata enfin qu'elle n'avait toujours pas de haut. Son visage vira du pâle au rouge vif alors qu'elle s'emparait de son haut dont elle se servit pour cacher sa poitrine. Elle posa son regard sur lui et se mordilla la lèvre inférieure. Toute sa vie, elle n'avait pu rougir qu'en sa présence. Elle se rappela alors de la place si spéciale qu'occupait Sergeï dans sa vie et combien elle voulait qu'il l'occupe encore une fois. Tout d'un coup, elle perdit ses mots, et elle ne parvint plus à se souvenir de tout ce qu'elle avait préparé comme discours pendant toutes ces nuits dépourvues de sommeil. Le moment était là. Et elle était bien décidée à saisir l'opportunité qui lui était offerte. « Sergeï... Je .. J'ai besoin de te parler. » Il avait totalement le droit de dire non, de la traiter de tous les noms et de partir pour de bon cette fois-ci. ça ne l'étonnerait pas, mais ça ne voulait pas dire que ça ne ferait pas mal.

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LE RETOUR D'UNE REINE
— aleksandra et sergeï

Oeil ouvert ! Oeil fermé ! Oeil ouvert ! Telle une lampe en fin de vie je clignais des yeux essayant de voir si tout ceci était réel. Si oui ou non Aleks se trouvait réellement devant moi, pourtant à chaque fois que mes yeux s'ouvraient, son corps et son visage se trouvait continuellement devant moi. Après quelques secondes, j'abdiquais, oui tout ceci était réel, elle se trouvait là devant moi à moitié nu dans une pièce totalement exiguë, bien trop petite. J'avais besoin d'air, d'air frais, de voir autre chose. A peine ai je prononcé son surnom que je sortais de la cabine, espérant un instant qu'elle se rhabille et peut être même pouvoir m'éclipser ni vu ni connu. Mais rapidement après être sorti, voilà que je sentais une petite emprise sur mon poignet, me redirigeant dans la cabine d'essayage, toujours muet et incapable de laisser filtrer un son de ma bouche, je regardais dans le vide, alors que la jeune russe se mit à émettre quelques mots.  « J'crois qu'on s'est tout dis ... » Je répondais d'une voix presque blasée, car les mots que nous avions pu échanger en Russie restaient toujours gravés dans ma tête. Non elle ne regrettait aucuns de ses choix, elle vivait dans un conte de fée, son petit ami allait certainement devenir son mari, l'homme de sa vie et le père de ses enfants, et alors qu'est ce que tout cela pouvait me faire ? Non je n'avais pas envi d'en apprendre plus, de savoir combien elle était heureuse alors que je n'avais jamais osé tomber amoureux d'une autre femme qu'elle. Je jouais avec ma montre comme pour montrer que mon temps était compté, foutaise, et pourtant j'espérais abréger mes souffrances dans cette pièce bien trop petite pour nos deux corps d'adultes.

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SERGEî ET ALEKSANDRA

Aleksandra n'avait pas trouvé le courage pour aller parler avec Sergeï, alors l'univers jugea bon de les faire rencontrer... dans des conditions certes quelque peu embarrassantes et dans l'un des lieux les plus improbables, mais ils s'étaient retrouvés, ce qui, en principe, comptait le plus. C'était une bonne chose car Aleksandra risquait de ne jamais pouvoir faire le premier pas et foncer. Mais le rejet était son plus grand cauchemar, ce qui pouvait très bien arriver si Sergeï le souhaitait; mais cela voulait dire que ce dernier allait quitter pour de bon la vie de la jeune femme et, connaissant sa force et capacité à digérer les choses qui lui arrivaient, elle ne pourrait certainement pas surmonter cela; car même quand il n'était plus présent dans sa vie pendant certaines périodes, il l'était toujours dans son coeur et esprit. Il remplissait toujours le rôle de "meilleur ami" pour elle, leur relation s'était peut-être compliquée avec le temps, mais elle croyait en eux et en la relation qui les reliait. Ils étaient beaucoup plus forts que les mauvais choix qu'ils avaient pu faire, qu'elle avait pu faire ... Et pourtant, elle craignait la réaction de Sergeï. Ils avaient traversé tant de difficultés et d'obstacles ensemble, mais cette fois-ci, elle se sentait coupable car elle lui avait clairement fait du mal et elle ne l'avait jamais vu aussi blessé. Elle craignait qu'il parte et qu'il l'oublie, ou pire, qu'il l'ait déjà oubliée.
Le moment était là. Il était là, derrière un rideau. Le fait qu'elle soit à moitié nue n'importait que peu la jeune femme qui s'empressa de fermement attraper Sergeï par le poignet et le fit entrer dans la cabine avec elle avant de se cacher la poitrine avec son haut - bien qu'il l'ait déjà vue dans cet état dans le passé. Elle ne voulait pas lui laisser la chance de partir puisqu'il savait désormais qu'elle se trouvait à Boston, ce qui changeait bien des choses. Le jeune homme avait le regard perdu dans le vide et évitait de croiser Aleksandra du regard, ce qu'elle trouvait étrangement frustrant. Son ton et ses paroles exprimaient clairement qu'il n'avait nullement l'envie de lui parler car ils s'étaient tout dit; faisant référence à leur dernière rencontre en Russie. Lâchant un léger soupir, Aleksandra se servit d'une main pour faire tourner doucement le visage de Sergeï afin qu'il puisse la regarder droit dans les yeux. « Non, Sergeï. On ne s'est pas tout dit. » Elle lui sourit, un sourire simple, léger, et remit son haut. Elle continua : « Tu ne t'es pas demandé pourquoi je suis là et non pas en Russie ? C'est justement parce qu'on ne s'est pas tout dit. » Elle ferma les yeux pendant quelques secondes, respira profondément et le regarda à nouveau dans les yeux. « J'ai fait des erreurs, Sergeï. J'ai cru mener la vie que je voulais, je me croyais heureuse mais ce n'était pas mon environnement. Je me suis perdue et je t'ai perdu aussi. Mais je suis là parce que je suis redevenue la Aleksandra que tu connaissais. » La jolie blonde prit les mains du jeune homme et les serra. « Tu me manques Sergeï. Que ferais-je sans toi ? » Le regard plongé dans celui de Sergeï, Aleksandra sourit intérieurement : Elle reconnaissait son Sergeï. Le Sergeï qu'elle avait toujours connu. Il y avait peut-être encore un peu d'espoir.

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