A drink to forget you - Laïna&James

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Il était tard, trop tard à mon goût. Je faisais voyager mes prunelles bleutées sur les horions. Le bar était pratiquement vide, il n'y avait plus que moi, un alcoolique qui était à une table, limite couché sur cette dernière. Et moi, les yeux infectés de sang, à peine conscient de mes faits et gestes. Je priais, silencieusement, que cette douleur s'éteigne, que cette tristesse s'en aille. Mais rien, rien ne me semblait assez fort pour atténuer ces émotions. Rien, à part l'alcool, que je dévalais sans éprouver une certaine gêne. Un verre, puis deux.. Puis six. Qu'importe le nombre, qu'importe la dose d'alcool.. Mon but était de ne plus être en mesure de réfléchir, d'être totalement absorbé par ce liquide, qui me ferait peut-être transporter dans un monde meilleur, dans un monde moins pourrit que celui-ci. Merde. Je travaille demain ? Je ris à cette réflexion des plus inattendu, et surtout à mon cerveau, qui est encore en état de penser. Difficile d'y croire, n'est-ce pas ? Et pourtant. Je lève un sourcil, en observant, cette fois. Cette femme derrière le bar, elle entretenait ce dernier à merveille. Aucun verre, tout était propre. Étonnant vu le lieux. Mais en soit... Ma main se posait sur la carrure de ma mâchoire, légèrement piquante après avoir délaissé mon rasoir. Le regard pétillant, la bouche sèche et les cordes vocales douloureux. < Vous voudriez peut-être rentrer, je suis.. Navré, de vous retenir. > M'excuser, était peut-être la meilleure chose. Surtout que l'heure me semblait très tardive, et vu les circonstances, elle devait justement avoir d'autres choses à faire, plutôt qu'à servir des verres à un alcoolique dans mon genre. Un soupire s'échappait de mes lèvres. Néanmoins, couvert par le plus simple sourire, et le plus faux, certainement.

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james et laïna

La soirée n’avait pas été particulièrement calme, mais au fil des heures, ce dernier se posait sur le bar. Et je constatais que malgré qu’il soit tard, un homme restait là. Avachi sur une table. Sans doute trop alcoolisé pour se sortir d’ici, mais il allait bien falloir qu’il finisse par rentrer chez lui, ou alors qu’il continue à écumer tous les bars de la ville, à lui de voir. Même s’il valait mieux que je lui déconseille cette dernière solution. Je nettoyais au fur et à mesure le bar, et le désinfectais afin qu’il soit le plus clean possible. Et mes yeux ne cessaient de dévier sur cet homme. Il semblait tellement mal que j’avais à peine l’envie de le laisser filer chez lui comme ça. Je savais qu’il avait beaucoup bu, mais impossible de dire combien de verres puisque je ne m’étais qu’occupée de leur préparation. Soudain, il se mit à parler. Il était encore vivant alors ? Bon, c’est vrai, il avait ri. Et me faisait plus penser à un fou qu’à un homme alcoolisé, mais je ne ressentais aucune crainte. « Vous inquiétez pas, je suis là pour ça. » souriais-je à l’intention de l’inconnu. « Je suppose que ça ne va pas fort ? Venez. » le questionnai-je en tapotant le bar afin qu’il prenne place sur une chaise haute. Ou peut-être était-ce une mauvaise idée s’il basculait soudainement et se fracassait le crâne au sol ? Sans doute. « Vous voulez boire quoi ? Je vous offre un soft, histoire de décuver un peu. » Je savais ce que c’était qu’être bourrée, j’appréciais particulièrement ça au cours de mes nombreuses soirées. Et je m’avérais être une sacrée buveuse, même si mon mètre cinquante ne le laissait pas penser.

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En haussant un sourcil, j'observais longuement la femme qui se trouvait derrière le bar. Elle était plutôt sympathique, en voyant mon état, je suppose qu'elle aurait prit pitié, et qu'elle se serait contenté de me dire de rentrer. Mais là non, c'était bien différent. Je me déplace jusqu'à une chaise haute où je prends place. Mes mains sur le comptoir, je la scrutais discrètement sous mes cils noirs. Je n'aimais pas être un dans un état pareil. Je n'aimais pas me réveiller le matin en sentant le dégoût dégouliner dans mon corps, ne plus pouvoir marcher, parler correctement. Non. Passant nerveusement ma main sur la longueur de mon visage, je racle ma gorge dans l'espérance que cette dernière devienne un peu plus clair et qu'elle ne soit pas rouillé par l'alcool. < Vous travaillez ici depuis.. Longtemps ? > J'ai le souffle court, alors je me permets de faire quelques pauses entre mes mots. Mes yeux sont brillants, lourds. Je me sens engourdis, et pourtant, je lâche un faible rire en voyant cette femme me tendre un verre soft. Pas d'alcool, juste un verre pour essayer de me rendre un peu plus potable. Je l'encercle de ma paume, et je dirige ce dernier contre mes chaires masculines en avant d'une traite le liquide logé dans le verre transparent. < Vous devez en voir des hommes comme moi.. > Je levais mes yeux d'un bleu profond, au plus profond des siens. Les traits de la jeune femme me semblent doux, limite paisible. Si je pouvais me permettre, je dirai même qu'elle m'apaise. Je relâche mon souffle. Lentement, mon coude se pose sur le comptoir et mon visage sur ma main ouverte. De quoi ais-je l'air ? D'un grand avocat, totalement saoul, sans doute.

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Un sourire sympathique ornait mes lèvres tandis que l’inconnu du bar s’installait face à moi, de l’autre côté du bar. Il semblait aller vraiment mal, mais étais-je bien placée pour lui proposer de discuter et de le soutenir ? Il ne savait pas qui j’étais, tout comme l’inverse d’ailleurs. Mais je ne pouvais pas le laisser ainsi. « Depuis quelques mois déjà. Vous venez régulièrement ? » lançai-je d’une voix douce. Si c’était le cas, je ne l’avais jamais remarqué ; mais c’était fort probable puisque je ne me suis jamais que contentée de rester là, derrière ce grand bar qui paraissait pratiquement plus haut que moi, à préparer les multiples boissons demandées. Je lui tends son verre, qu’il ne tarde pas à boire d’ailleurs. Sans doute était-ce une plutôt bonne idée. « Tout dépend. Mais j’ai appris au fil du temps à ne pas trop porter d’attention aux hommes qui viennent ici. Vous êtes l’une des exceptions. » Je souriais. C’est vrai que mon physique avait tendance à faire parler, mais la plupart des hommes, une fois alcoolisés, s’avéraient être plutôt tenaces. Et leurs intentions, bien que pas fondamentalement mauvaises, n’étaient pas des meilleures. « Qu’est-ce qui ramène un bel homme comme vous par ici ? Et dans un tel état, qui plus est. » Loin de moi l’idée de ‘charmer’ ou ne sais-je quoi d’autre. Je cherchais simplement à faire en sorte qu’il se détende et à lui montrer que s’il souhaitait discuter, j’étais toute ouïe.

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Cela faisait bien longtemps, que je n'avais pas cutoyé des personnes. À croire que durant la relation avec Nevada, je ne voyais que lui, et je crois.. Que c'était le cas. Je me permets de soupirer en songeant aux soirées de ce dernier, dans l'état qu'il doit être, ou même.. Avec qui. Je me contracte sans réellement répondre à la question de la jeune femme, qui se trouve derrière le comptoir. Je me sens oppressé, à la limite de suffoquer tant cette douleur m'écrase la poitrine. Mais je relève, oui. Je relève le regard brouillé en sa direction, et je ravale cette haine, cette rage qui s'écoule dans ma gorge. < Les hommes sont des sauvages. Ils ne respectent plus rien, lorsqu'ils sont bourrés. Ils n'ont plus de limites. > Je sais de quoi je parle, je sais dans quel sujet je plonge, tête la première. Je suis moi-même un grand fanatique d'alcool, j'y prends goût, depuis toujours, mais en ce moment, j'avoue que celui-ci, soit mon unique vrai ami, lors des soirées où je me retrouve seul, dans ma demeure. À la voix prononcée de la femme, je lui souris, sans montrer une quelconque attirance. À vrai dire, pour mon plus grand étonnement, j'ai envie de le connaître. Sans ambiguïté. Sans rien penser de mauvais à son égard. < Merci, pour le bel homme. > Je lui fais un clin d'oeil, pour la taquiner, je me doute qu'elle n'aille pas utilisée ce mot pour séduire. Mais en vain, un compliment en soit, ne fait jamais de mal. < Je dois avoir le coeur brisé. Alors, je suis accompagné de mon plus vieil ami. > Je lève sans autre mon verre qui.. Ne contient pas de l'alcool, mais un certain mélange que la jeune femme m'a offert. < Je suis James, et vous ? > D'une main tatouée, d'une main tremblante, je dirige cette poigne vers elle, mes yeux dilatés, mais bleutés figés sur ces traits.

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L’homme qui me faisait face ne me paraissait pas horrible, bien au contraire. Il m’inspirait d’ailleurs une certaine confiance, sans pour autant que je puisse savoir pourquoi. Moi qui étais par habitude si méfiante vis-à-vis des hommes, je ne l’étais qu’à moitié à ce moment-là. Sans doute son mal-être m’inspirait-il un certain réconfort à lui apporter, en tout bien tout honneur. Sa réponse au sujet des hommes m’avait pourtant surprise, pour je ne sais quelle raison encore. Etait-il l’un de ceux qui étaient des monstres avec les femmes une fois alcoolisés mais pourtant si doux lorsqu’il ne l’était pas ? Impossible, ou il se serait montré extrêmement désagréable à cet instant. « C’est la triste réalité, oui. Je déplore l’effet négatif que peut avoir l’alcool sur certaines personnes, et pas seulement les hommes. Dieu soit loué, vous ne semblez pas être l’un d’eux et semblez même avoir encore la tête sur les épaules. » souriais-je. Je ne disais pas que c’était un alcoolo fini ou je ne sais quoi, je serais bien mal placée pour le dire. Mais l’alcool ne lui tapait visiblement pas négativement sur le système, bien qu’il ne semblait pas être au meilleur de sa forme. Mes sourcils se haussent, dégageant soudainement le sourire que j’affichais jusqu’alors. « Qui donc a brisé votre cœur ? » Je ne voulais pas me montrer indiscrète, mais plutôt lui prêter mon oreille pour l’écouter ou mon épaule pour pleurer, selon ses besoins. J’attrapais machinalement le verre que j’avais disposé sous le comptoir, à l’abris des regards des clients jusqu’à présent, pour le cogner délicatement dans le sien en me présenter. « Vous pouvez m’appeler Laïna. » Je lâchais ces mots accompagnés d’un léger sourire qui se voulait réconfortant.

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J'avais le coeur brisé, et le pire, c'est que j'essayais de le recoller avec de l'alcool. Au temps vous dire que cela ne fonctionne pas vraiment. Je soupirais lourdement, en replaçant mon regard sur la femme face à moi, elle m'expliquait qu'effectivement, elle voyait l'état misérable des hommes influencés par l'alcool. Heureusement pour moi, j'étais quelqu'un de.. Non, je ne vais pas dire de mensonges, je suis quelqu'un de violent, qui aime provoquer, mais en cette soirée, je n'y arrive pas. Je suis sous cette tristesse qui m'agrippe le bras et qui ne veut pas me lâcher. Je hausse les épaules, en reculant le sommet de mon corps, tout en plaçant mes coudes sur le bar. < Une personne, m'a brisé le coeur. > Dis-je dans un faible rire. Ouais, franchement. Si on m'avait dit ça, il y a quelques mois, que j'aurai ainsi le coeur en miettes, mais j'aurai tellement rigolé. < Laïna ? Enchanté. > J'appuyais mon menton contre la paume de ma main. Inclinant mon visage sur la droite, tout en désignant la bouteille de whisky face à moi.

< Vous croyez que je peux avoir un autre petit verre ? > J'avais de l'argent, mais en voyant autour de moi, j'imaginais que le bar n'allait pas tarder à fermer. Je ne veux pas m'imposer, mais j'avouerai bien avoir envie d'un énième verre. < Vous prenez un verre avec moi ? Sans ambiguïté. Évidemment. En simple.. Début d'amitié ? > Je souriais grandement, pour approfondir mes propos.

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