La vie c’est comme une boîte de chocolats ... + GIULETTA

« Merci … Merci beaucoup. » C’étaient mes derniers mots au micro pour ce soir. Je venais de chanter une de mes chansons habituelles. Let her go de Passenger. J’avais toujours aimé cette chanson et la chanter me faisait plaisir. Les gens m’applaudissaient tandis que je saluais une dernière fois mon public. Je quittais la petite scène sur laquelle je venais de me produire et me rendis au comptoir. Je m’installai sur l’un des tabourets de libres et le gérant vint directement me voir. « Un capucino s’il te plait. » J’étais parfaitement consciente qu’il était déjà tard mais boire du café à une heure pareille ne m’empêchait jamais de dormir, heureusement. Une fois servi, je bus mon café avec rapidité. J’avais quand même envie de rentrer chez moi, me mettre en pyjama et m’allonger dans le divan devant la télévision. Une fin de soirée bien tranquille pour une fois. « On se voit dans deux jours ! » je lançai au gérant après avoir payé l’addition. Ma petite veste enfilée, sac en bandoulière, je sortis de l’établissement. J’avais à peine fait un pas dehors que mon portable vibra. Je le sortis de mon sac. Un message de mon grand frère. Encore une de ses blagues dont il avait le secret. Je lui répondis, remis le portable dans mon sac et me retournai pour partir à droite en direction de l’université. Seulement, je n’avais pas fait attention et je percutai quelqu’un. Heureusement, le choc ne fut pas violent. Je restai convenablement stable sur mes pieds et il en était de même pour l’autre personne. Une jeune femme.  « Je suis désolée, je ne regardais pas où j’allais… » dis-je doucement.  

Je commençais à avoir l'habitude de venir dans ce bar deux fois par semaines. Deux soirs par semaine. Et à vrai dire, ces soirs étaient bien choisis. Ce n'était pas au hasard, eeh non. La première fois que je m'y étais rendu un mardi soir, je vis une jolie blonde s'asseoir en face du piano et chanter quelques chansons avant de repartir. Quand j'avais demandé au barman, il m'avait dit de revenir du jeudi et qu'elle serait là. C'est ainsi que je m'étais prise de cet engouement pour la musique. Avant ça, j'écoutais de la musique comme tout le monde. Maintenant, quand je vois cette fille monter sur scène, je ne fais pas qu'écouter sa musique. Je la ressens. Sa voix était envoûtante et je ne pouvais pas louper une de ses reproductions.
Au fil des semaines, je m'étais mise à regarder partout lorsque j'étais en ville afin de voir si je ne la croisais pas. Je voulais la rencontrer, mais je n'osais pas tout simplement l'attendre à la fin d'une soirée. J'avais peur. Peur que ça fasse trop forceuse. Et je ne savais pas pourquoi, mais il fallait que je fasse bonne impression. Je rêvais vraiment de discuter avec elle, savoir depuis quand elle jouais et même d'apprendre à la connaître.
Je ressortais ce soir là du bar dès qu'elle eu fini de chanter. J'étais au coin de la rue, je m'étais arrêté afin de fumer ma clope. Alors que je tirais une fois sur ma cigarette, quelqu'un me percuta. Je me mis alors à tousser, ayant trop tiré d'un coup à cause du choc. Je suis désolée, je ne regardais pas où j’allais… J'avouais ne même pas avoir regardé cette personne avant, m'en foutant un peu mais lorsque j'entendais cette voix familière s'excuser, je tournais la tête et souris légèrement. Oh! Mais c'est toi qui viens de chanter dans le bar! Depuis le temps que je rêvais e parler à cette fille, il faut croire que Dieu m'avait donné un coup de pouce. Mais ne t'excuse pas, c'est de ma faute aussi je ne t'ai pas vu arriver non plus. Je lui adressais un petit sourire, bien heureuse d'enfin la voir.

A m’occuper de ranger ce portable, j’en étais venue à bousculer quelqu’un. J’avais bien de la chance que cette personne n’était pas tombée à terre. Pareil pour moi. La personne qui n’était autre qu’une femme qui se mit alors à tousser. Aïe. C’était de ma faute. D’accord ce n’était que tousser, mais voilà quoi. En tout cas, je remarquai malgré la pénombre qu’elle devait à peine être plus âgée que moi. La petite vingtaine et encore … Oh! Mais c'est toi qui viens de chanter dans le bar! Oui, effectivement, c’était bien moi. Par contre, elle, son visage ne me disait absolument rien. Elle n’était sans doute pas une habituée du bar. Je me contentai donc d’hocher la tête, un petit sourire aux lèvres. Je m’étais excusée de l’avoir bousculée, mais la jeune femme m’annonça que je n’avais pas besoin de le faire. Que c’était de sa faute aussi. Elle ne m’avait pas vu d’accord, mais m’excuser m’avait semblé nécessaire. C’était poli. « Pas de soucis dans ce cas. » Je replaçai une mèche de mes cheveux derrière mon oreille tout en réfléchissant à ce que je pouvais bien dire. « Tu viens souvent dans ce bar ? Je demande car, d’habitude, je suis assez physionomiste pour reconnaitre les gens et me rappeler si je les ais déjà vu ou pas. » Enfin voilà, je faisais la conversation avec une parfaite inconnue. Du moins, j’essayais de la faire. De toute façon cette jeune femme ne me paraissait pas méchante du tout, bien au contraire. « Je m’appelle Lisa, mais bon, je suppose que tu le sais déjà… » Le propriétaire du café citait suffisamment mon prénom comme cela au micro pour m’annoncer avant chacune de mes prestations …

Aussi bizarre que cela puisse paraître, j'étais bien contente que Lisa m'ai poussée. Ca faisait une raison valable de pouvoir lui parler, et depuis le temps que j'attendais ça. En plus, elle n'avait pas fait exprès, et je ne pouvais m'empêcher de remarquer que même lorsqu'elle parlait, sa voix était douce et différentes de voix des autres. Elle avait l'air de s'en vouloir de m'avoir bousculée, alors j'essayais de la rassurer. Je tirais encore une fois sur ma clope après avoir calmé ma crise de toux. Pas de soucis dans ce cas. me dit-elle. J'observais son visage, ses gestes. Je suivais des yeux le mouvement de sa main derrière son oreilles pour replacer ses cheveux. Je lui souriais doucement, puis crachais ma fumée en tournant la tête pour ne pas qu'elle la reçoive sur le visage. Tu viens souvent dans ce bar ? Je demande car, d’habitude, je suis assez physionomiste pour reconnaitre les gens et me rappeler si je les ais déjà vu ou pas. me demanda la jolie blonde. Je distinguais à peine son visage dans le noir, mais j'arrivais quand même à la regarder dans les yeux pour répondre. Je viens de temps en temps. Une à deux fois par semaines. Je t'ai déjà vu plusieurs fois chanter. Je m'éclaircis la gorge. Tu as une très jolie voix. Elle ne me connaissait pas, mais ceux qui sont proches de moi savent à quel point il est difficile de m'entendre formuler un compliment. Elle me dit ensuite qu'elle s'appelait Lisa, et effectivement je le savais déjà. Je lui adressais une nouvelle fois un sourire en appuyant sur ma cigarette pour que les cendres tombent de celle ci. Moi c'est Giulietta. Je préfère qu'on m'appelle Lietta. Mon accent + mon prénom, ma nationalité italienne n'était désormais plus un secret.

Je n’étais pas quelqu’un de maladroit à la base. Bien que mes sœurs adoraient me faire la remarque quand je faisais tomber quelque chose ou autre du genre. Néanmoins, j’avais toujours pensé qu’en bousculant quelqu’un, juste s’excuser était le plus que l’on faisait. Mais ici, dans ce cas, la conversation s’entame comme si de rien n’était. Après tout, j’avais toujours eu le contact facile avec les gens. Je n’étais pas introvertie pour autant, je savais juste bien doser mes émotions, mes paroles et mes gestes. L’inconnue tourna la tête pour cracher la fumée et mentalement je l’en remerciais. Je n’avais pas cela dans la figure comme cela. Je fis alors ma curieuse, lui demandant si elle était une habituée du bar. Je viens de temps en temps. Une à deux fois par semaine. Je t'ai déjà vu plusieurs fois chanter. D’accord, une à deux fois par semaines mais je n’avais pas le souvenir de l’avoir déjà vue… Mon sens de la physionomie disparaitrait-il ? Tu as une très jolie voix. Oh, un compliment. J’avais l’habitude, ça oui. Mais à chaque fois, ça me faisait plaisir. « Merci mais tu sais, il doit y avoir encore plus jolie voix que moi. » J’en étais même certaine. Je ne sus même pas pourquoi je lui annonçai mon prénom par la suite, car elle le connaissait. Cela me permit de connaitre celui de l’inconnue pourtant. Giulietta.« Enchantée Lietta alors. » J’utilisai directement le diminutif vu qu’elle le préférait à son prénom entier. « Tu es d’origine italienne si je ne me trompe pas. Je ne suis jamais allée dans ton pays mais on m’a toujours dit que c’était magnifique à visiter. » L’Italie n’avait jamais été dans les préférences de mes parents. Ils étaient plus portés vers l’Espagne, Hawaï et autres. « Tu es à l’université ? » Si elle y était, je n’aurais qu’à lui proposer de rentrer avec elle. Histoire de ne pas faire le chemin seule pour une fois.

Je tapotais ma cigarette qui en était à sa fin pour que les cendres tombent en regardant le peu de visage de la fameuse Lisa que j’apercevais. Dans tout ce noir, c'était plutôt difficile de distinguer les traits de quelqu'un, mais je m'efforçais à le faire, analysant la jolie blonde en face de moi. Lorsque je lui dis qu'elle avait une très jolie voix, elle me dit qu'il y en existait des plus jolies qu'elle, alors je souriais sur le coin de ma lèvre. Peut-être, mais je n'en ai jamais entendu. Et en plus, je suis plutôt une adepte de concerts. Et pourtant je ne mentais pas. Ce que je disais était sincère. Après s'être échangées nos prénoms, Lisa se met à me parler de mes origines. Je l'écoute attentivement parler, sûrement pour faire la conversation. Et ça n'était pas sans me déplaire. Tu es d’origine italienne si je ne me trompe pas. Je ne suis jamais allée dans ton pays mais on m’a toujours dit que c’était magnifique à visiter. Je souris un peu à ses mots, et après avoir recraché de la fumée de la cigarette sur laquelle je venais de tirer, je répondais. C'est un pays génial. Rome est une magnifique ville même si j'ai une petite préférence pour le Nord de l'Italie. Je suis du sud, de Naples. J'espérais que je ne l'ennuyais pas à parler de moi, depuis le temps que je voulais lui parler, je ne voulais pas gâcher ma chance. Tu es à l’université ? me demanda t elle alors que j'écrasais ma cigarette sur le sol avant de pousser le mégot dans un égout. A Harvard? Yep. Toi aussi? Je ne savais même pas si j'avais posé la question "A Harvard?" bien sur à Harvard. Elle ne me demandait pas si j'étais à la Sorbonne. Ce que je pouvais me sentir conne parfois..