Talia-Hadley Okeden ► zoey deutch

the secret garden.
La tête dans les nuages comme à ton habitude, tu sentis à peine cette brise contre tes jambes dénudées. Ton corps frissonna mais ton esprit ailleurs, tu ne sentis pas la soudaine froideur contre ta peau. Comme beaucoup de jeunes de ton âge t'avais des rêves pleins la tête sauf que toi tu rêvais un peu trop. Tu imaginais un univers entier, un monde rien qu'à toi, c'était normal pour un enfant d'avoir une imagination débordante mais on découvrit bien vite que tu n'étais pas normale. Assise dans ton jardin un calepin à la main tu notais toutes ces idées qui défilaient dans ton cerveau de génie, une génie voilà ce que tu étais. Dés l'âge de six ans tu avais commencé à écrire, des poèmes, des contes  employant des mots habituellement inconnu pour un enfant, spécifiquement de cet âge. Voilà, que tu étais maintenant âgée de dizaine d'années mais au lieu de commencer à disparaître ton imagination ne cessait d'accroître jusqu'à prendre le dessus sur la réalité. En ce moment même des fées et des trolls se battaient en duel pour savoir qui pouvait avoir le potager pour territoire. Il t'avait alors déclaré juge, toi l'enfant perdue, l'enfant sauvage, la princesse-pirate ,celle qui dirigeait ces âmes égarées. Tu avais alors choisi les fées, (les trolls n'étaient pas assez honnêtes à ton goût et puis tu avais toujours eu un faible pour les ailes).  Ceci n'était qu'une affine partie de ton imagination qui allait bien au-delà de cela, ton cerveau créatif créait tant de personnages unique en leur genre, tant de monde, d'univers parallèle qu'il te semblait parfois être plusieurs dans ta tête et c'était quelques fois atroce. Tu en faisais presque des cauchemars; ton imagination te jouait parfois des tours et tu ne rêvais pas que de créatures magiques et bienveillantes... heureusement qu'elle était là, ta mère, ton rayon de soleil, ton héroïne de tous les jours tu l'aimais encore plus que Mr Freeze (non ce n'était pas un personnage de comics et encore mois la fameuse glace) c'était ta peluche pingouin que l'on avait offert à l'âge de cinq ans car tu avais toujours voulu vivre sur la banquise. Cela te rappelait ainsi cet endroit que tu portais bizarrement dans ton cœur sans jamais y avoir mis les pieds. C'était peut-être parce que cet endroit était fragile et qu'il avait besoin d'être protégé, tout comme toi malgré le fait que tu te dises forte du haut de tes dix ans. Tu étais fragile pas faible mais fragile et au fond tu l'es encore, tu l'as toujours été et tu le seras toujours tel une poupée de porcelaine. 

it's where my demons hide.
Les années s'étaient écoulées, elles étaient passées si vite aussi rapidement qu'un battement de cil. Tu t'étais transformée en une - presque - jeune femme. Ton corps s'était métamorphosé, ton physique avait aussi légèrement changé ainsi que ton caractère. C'était probablement une phase, la crise d'adolescence c'était ainsi qu'on appelait cette montée d'hormones, ce sang chaud bouillant en soi et cette envie de tout casser. Cliché, n'est-ce-pas ? C'était pourtant réellement ce qui t'étais arrivée une fois tes seize bougies soufflées. Tes idées noires prirent le dessus sur ce monde imaginaire que tu avais crée mais ce ne fut pas si mal que ça cette alliance de noirceur à l'état pure, d'humour noire tout ça marié à un univers féerique te permit de le faire, enfin. Tu devins l'auteure d'un bestseller pour le plus grand bonheur de tes parents mais surtout de ton père qui voulait toujours plus. Votre famille était déjà assez fortunée comme-ça et influente mais ce n'était pas suffisant pour lui. Alors avoir un génie à la maison qui en plus de cela lui ramenait de l'argent c'était le rêve mais un cauchemars pour toi; après la sortie du premier tome de Dead Leaves ton père se mit à te mettre la pression pour la suite du livre qui était censé être une saga. Pendant toutes ces années tu avais assez noté d'idées et créé de personnages pour au moins cinq livres. Le problème c'est que pour exploiter toutes ces idées il fallait avoir de l'inspiration et génie ou non, celle-ci ne pointait pas le bout de son nez comme-ça. Surtout avec quelqu'un comme toi, tu avais besoin d'être sereine, heureuse et l'esprit tranquille et ton père (ainsi que cette stupide phase de colère) te faisait être tout le contraire. « Papa ! Si tu pouvais juste un instant arrêter de me mettre la pression peut-être que je réussirai enfin à envoyer une page autre que vierge à mon éditeur ! » Tu étais vraiment à bout de nerfs, il t'agaçait, le lycée t'agaçait, écrire t'agaçait tout t'agaçait et la seule personne qui pouvait t'apaiser n'était pas là. Ta mère travaillait (malheureusement) à l'ambassade et devait donc très souvent s'absenter, ton père aussi avait un travail qui le faisait beaucoup voyager mais il était son propre patron alors il pouvait prendre des vacances quand il voulait, et il semblait que tant que tu n'aurais pas au moins écrit le premier chapitre du tome de Dead Leaves il ne te laisserait pas tranquille, toi et ton esprit assez tourmenté comme-ça. C'est que tu n'étais pas une simple génie de l'écriture, tu étais une génie pour tout ce qui touchait à l'art et tu avais envie de changement, tu en avais besoin. Tu aimais écrire mais tu avais ce sentiment d'étouffement comme-si quelque chose écrasait ta cage thoracique t'empêchant de respirer, de vivre. Mais, l'art c'était bien trop facile pour toi, tu adorais cela, de la peinture à la photographie tout te passionnait, tu avais juste besoin d'un vrai challenge c'est pourquoi dès ta deuxième année au lycée tu as commencé à t'intéresser à la psychologie. Tu trouvais cela intéressant cette manière d'étudier l'être humain, de découvrir toutes ces personnes si uniques sous un tout autre angle, comprendre le comportement de certains et celui des autres, discerner une angoisse, une peur par un simple geste, découvrir enfin les raisons profondes des phobies et des traumatismes, aller puiser au plus profond d'une âme afin de desceller des secrets, de ramener à la surface des souvenirs enfouis. Oui, tu trouvais tout cela intriguant, cette science était intrigante, elle était un peu comme une branche égarée de la philosophie, une très vieille amie de cette discipline pleine de sagesse.

don't let me down.
Ta deuxième année au lycée se termina, il ne te restait plus que deux ans avant de pouvoir voler de tes propres ailes, deux ans pour avouer à ton père ton changement de plan. Mais, entre la mutation de ta mère et le déménagement aux Etats-Unis se fut le cadet de tes soucis. Inscription dans un lycée privé de Washington D.C malgré ton peu d'enthousiasme à ce propos. Tu finis finalement par accepter et très rapidement par le regretter. C'est la décadence. Jeune, insouciante, nouvelle, tu voulais tout simplement d'intégrer dans la jeunesse de la haute-société américaine. Alors, tu ne pris par forcément les bons choix, les clichés que tu voyais dans les films n'étaient pas tant des mensonges que ça. Alcool, sexe, drogue. Voilà ce que l'on retrouvait le plus entre les murs d'un des lycées les plus prestigieux de la capital du pays. Mais, en dirait bien que la descente aux enfers fut ta nouvelle muse, inspirée comme jamais le tome deux de Dead Leaves vit enfin le jour, pour le plus grand bonheur de ton père : ce fut un nouveau succès. Trop imbu de lui-même et trop occupé à compter l'argent de son compte en banque, il ne remarqua même pas le changement chez sa fille, chez toi. Toutes ces absences, ces soudaines mauvaises notes, tes dépassements du couvre-feu bien trop fréquents, tes vomissements, cette odeur d'alcool qui te suivait partout. Non, il ne remarqua pas tout ça et surtout pas que tu étais entrain de gâcher ton année pour tes erreurs de jeunesse, tes conneries. Il était trop obnubilé par l'argent et son travail. Puis quelque chose de stupide te poussa à fumer un joint - avec celle qui c'était auto-proclamée ta meilleure amie  - dans la chambre de tes parents. C'était pas juste un problème d'aération qui t'as trahi, on t'avais prise en flagrant délit et le soucis c'est que ce jour-là vous aviez décidé d'aller plus loin que les joints. Vous imaginez votre mère adoré qui vous considère comme la prunelle de ses yeux, vous surprend avec des produits illicites dans sa chambre, son espace intime. Vous imaginez ce pincement au cœur lorsque vous voyiez la déception dans ses yeux ? Cet horrible de décevoir un parent, un être aimé et encore plus de ne pas se rendre compte de ses problèmes. Tu t'étais pas rendue compte que ce n'était plus qu'un simple moyen d'aider un peu ton inspiration, t'étais devenue accro, voilà tout et t'avais besoin d'aide. Ce fut une épreuve dure à traverser entre vol d'alcool et cigarette en cachette mais tu réussis à la traverser avec ton père mais surtout ta mère.  

a page turner.
C'était ta dernière année au lycée, tu étais déchirée entre les préparatifs pour le bal ainsi que la comédie musicale de l'établissement  où tu avais obtenue le premier rôle, les examens arrivés aussi à grands pas ainsi que les réponses pour les universités. Ton père voulait que tu rentres à Yale et que tu étudies les lettres modernes ainsi que le français pour perfectionner ton style ainsi que ta culture. Ta mère quant à elle, toujours voix de la sagesse te disait de choisir l'université dont tu rêvais, celle que ton cœur avait choisi et non tes principes, malgré que tu l'ai déçu quelques temps auparavant tu n'avais pas tarder à regagner sa confiance et pour elle que se soit Brown, Columbia, Yale, Harvard, Stanford, ou encore Oxford, tant que c'était ton choix, c'était le bon choix. C'était ainsi que ta mère voyait les choses (ce qui t'amenais parfois à réfléchir sur l'identité de celle-ci, à croire que l'âme d'une bohémienne avait été enfermé dans le corps d'une diplomate) et tu devais aussi les voir de la même manière.  

Tout se passa à une vitesse fulgurante, la comédie musicale, les examens et enfin le bal où tu dis au revoir à tous ces gamins de riches aussi paumés que toi. Tu n'étais tout de même pas déçue de ces deux dernières années même si tu as dérapé, en y repensant les élèves étaient tous plutôt sympas malgré ces stupides histoires de groupes, ces quelques hypocrites et ces personnes qui t'entraînent dans leur chute. Tu garderas de bons et de mauvais souvenirs du lycée mais l'importance c'était d'en posséder. Le lendemain du bal de fin d'année ta mère vint te réveiller brusquement - oui, car tu n'avais pas couché avec ton cavalier comme la moitié des filles - le courrier était arrivé et tu avais aussi reçu des emails. Ton cœur se mit à battre à la chamade c'était ton destin qui était entre ses mains, tu lui arrachas les trois lettres et te mis à les ouvrir une par une. Résultats : tu étais acceptée à Harvard, Yale et Columbia (en même temps avec ce dossier en béton dont les imperfections ont été méticuleusement camouflées). Aucunes réponses pour le moment des autres universités mais ça t'importait peu tu avais déjà fait ton choix. Harvard, Cambridge voilà ton choix, tu en rêvais en vérité depuis ton arrivée au lycée même lorsque tu ne vivais pas à Washington même avec ces quelques graves accidents tu voulais t'y rendre. Être acceptée c'était comme un rêve devenu réalité et la première étape pour faire comprendre à ton père qu'il ne contrôlerait plus ta vie, qu'il ne l'avait jamais contrôlé.. Tu ne lui donnas aucunes explications sur ton choix, tu en avais marre de devoir faire ce qui lui plaisait et lorsqu'il se mit à hurler tu bouchas intérieurement tes oreilles, énumérant - en toute innocence - les insultes qui te passaient par la tête. Tu ne lui fis donc pas pars de ta passion pour le comportement humain ainsi que pour le monde du cinéma, ton envie d'interpréter un personnage, de ressentir ses peurs, ses craintes, de réellement le vivre et non plus de le créer, l'imaginer dans sa tête, ton cerveau engourdi. Tu te contentas tout simplement de lui dire qu'à partir d'aujourd'hui tu serais libre, libre de vivre ta vie comme tu le souhaites et d'écrire quand tu le veux. Malheureusement, ta liberté avait apparemment un prix tes parents eurent un accident en se rendant à ta remise des diplômes. Ta mère s'en est sortie mais ton père est toujours dans le coma, plongé dans un profond sommeil tel est aussi le cœur de ta mère, il dort profondément. Ton père avait beau être un crétin s'il n'avait pas de qualités jamais ta mère ne serait tombée amoureuse de lui et c'était d'ailleurs cela sa première qualité. Il possédait une femme extraordinaire qui l'aimait malgré tous ces défauts et toi aussi malgré tous ces défauts tu l'aimais. Mais, pour le moment c'était trop tard tu étais déjà loin et il était inconscient et jamais une fois dans ta vie tu lui avais fait part de ton amour pour lui. C'était triste mais la vie est triste. Tu t'étais sentie coupable pendant des mois, prenant même une année sabbatique pour essayer d'oublier, de prendre un nouveau départ c'est donc à dix-neuf ans que tu es finalement entrée à Harvard.