Oh well, whatever, nevermind.

Trop de lumière. Trop. Trop de bruit. Trop. Juste trop.
J’ai l’impression qu’on m’a ouvert le cerveau un qu’un renard s’amusait à le lacérer de l’intérieur. Foutu renard. Je savais que je pouvais pas te faire confiance, depuis que j’ai lu les Fables de la Fontaine. Foutu gueule de bois. Je dois –malheureusement- me lever de mon sublime et confortable lit de mort canapé. J’ai rendez-vous à 20h, avec un certain Indio. Qu’est-ce qui m’a pris d’accepter ? Je ne le connais absolument pas, à peine de vue. Si ça se trouve c’est un pur psychopathe, violeur de chats à ses heures perdues. Et il voudra prendre des photos pornos zoophiles de moi, en compagnie de Totor le Taureau. Oui, je ne suis clairement pas redescendu, l’acide d’hier était bien trop fort. Je décide tout de suite de tiré sur les reines de mon imagination douteuse. De simples photos en extérieur. Pas de Totor le taureau ou de Marguerite la Vache pour me tenir chaude compagnie. Juste moi sous l’œil de l’objectif d’Indio. Je m’inquiète pour ma santé mentale. Vraiment.
Je me lève en un soupir. Brin de toilette. Enfilage de jean. Paré ! Je laisse tomber le t-shirt et les chaussures. Et oui, mes habitudes brésiliennes ont pris le dessus. Là bas, voir les gens se balader à moitié nu est devenu limite une coutume.
Casque vissé sur les oreilles. Je marche en direction de la cascade. J’arrive enfin. Coup d’œil à ma montre. 20h08. Léger retard, mais personne à l’horizon. Je ferme mes yeux et m’allonge par terre. L’herbe est étonnamment confortable. Je peux bien m’octroyer une petite sieste, non ?

Je rouvre les yeux et me relève. La légère brise m’effleure le visage, c’est agréable. Je regarde autour de moi. Je comprends pourquoi Indio a voulu prendre ses photos si tard. Le jour déclinait. Les derniers rayons du soleil mourraient dans l’eau, faisant exploser une myriade de lumineuses couleurs. Explosion. La cascade se paraît de rouge. De violet. D’orange. Un véritable arc-en-ciel, qui se jetait dans l’immensité du lac. Explosion de beauté pure, brute. Tellement éphémère. Ce spectacle n’allait pas durer plus d’une heure. Indio, dépêche-toi. Viens prendre cette magnificence dans ta machine à capturer les souvenirs. Vite. Comme si elle avait entendu mes pensées, une silhouette se pointe au loin. Elle s’approche. Je distingue son visage.
Il ne ressemble absolument pas au petit geek passionné auquel il avait l’air dans ma tête. Il n’a rien du nerd boutonneux. Il est même carrément séduisant. Putain. C’est mauvais. Il me sourit. C’est doublement mauvais. Il n’aurait pas pu avoir des dents jaunâtres, de travers et recouvertes d’un chemin de fer ? C m’aurait passé l’envie de me demander quel goût avait ses lèvres.