clarke&firenza ♦ cupcake time

Attablée dans un coin du salon de Georgetown Cupcakes, Firenza affichait une moue concentrée tandis qu’une série de photographies défilaient sur l’écran de son Sony A7. Récemment, et après avoir remporté un concours avec d’autres élèves de sa promotion, l’étudiante avait été approchée par le Maire de Boston pour photographier l’inauguration d’un Musée d’Arts Modernes qui venait tout juste de s’ouvrir. Bien sûr, en tant qu’artiste, Firenza avait été plus que ravie d’avoir été sélectionnée pour couvrir l’évènement, mais elle avait été aussi très nerveuse. C’était la première fois qu’elle faisait quelque chose d’aussi « officiel » et ça représentait une telle pression pour l’italienne que cela semblait obscurcir son esprit critique. Ses photos ne lui semblaient pas très réussies.

Elle avait quitté le Musée aux alentours de 16h, heure à laquelle la cérémonie fut close et les invités dirigés vers le buffet pour déguster quelques mignardises autour de coupes de champagnes bien fraîches. Le Maire avait proposé à Firenza de rester avec eux, mais la jeune femme avait prétexté un rendez-vous important et lui avait assuré que les clichés lui seraient transmis dans les plus brefs délais. Cependant, à l’instant où elle eut mis le pied en dehors de l’immeuble, elle avait aussitôt dégainé son iPhone pour envoyer un SMS à son amie en l’invitant à la rejoindre pour en discuter autour d’un café. Un regard rapide à sa montre lui indiquait que cette dernière ne devrait plus tarder à la rejoindre.

Si Firenza avait demandé l’aide de Clarke, c’est qu’outre son cursus en arts plastiques, l’italienne appréciait sa compagnie. Elle avait été l’une des premières filles avec qui elle s’était liée d’amitié et Firenza connaissait assez son amie pour savoir qu’elle ne chercherait pas à la ménager, mais à lui faire part de son point de vue en toute sincérité…

Firenza était tellement plongée dans ses réflexions qu’elle n’avait même pas entendu le doux titillement du carillon de la porte lorsque Clarke en avait franchi le seuil. L’italienne étudiait chaque œuvre colorée avec une telle insistance qu’un nuage multicolore se dressait devant ses yeux dès lors qu’elle fermait les paupières ! Elle était en train de se dire qu’il serait peut-être préférable d’attendre Clarke plutôt que de se triturer davantage les méninges lorsqu’un mouvement en face d’elle l’obligea à redresser la tête. « Me voilà ! Alors, ça va ? » lança son amie tout en prenant place sur le siège d’en face. Firenza poussa un soupir de soulagement, comme si la jeune femme venait tout juste de la libérer d’une prison quelconque. « Clarke, tu tombes à point nommé. Je suis en train de devenir folle… » dit-elle dans un soupir. « Mise à part une migraine, je me porte plutôt bien. Et toi ? Je ne t’ai pas dérangée, j’espère… ». Firenza afficha aussitôt un air gêné à cette idée.

Une serveuse se posta à leur niveau avec un carnet de notes dans la main. « Je t’attendais pour commander. Tu prends quoi ? C’est moi qui offre. » dit-elle.

Si Firenza avait opté pour qu’elles se retrouvent au Georgetown Cupcakes, ce n’était pas seulement parce que son estomac criait famine. Le fait est que la jeune italienne adorait les cupcakes et y vouait un véritable culte depuis que sa famille avait posé le pied sur le sol américain. Elle avait bien essayé de se mettre à la cuisine pour en réaliser de ses propres mains, mais ses tentatives ne valaient pas le goût de ceux qui étaient servis dans cette jolie petite échoppe qui offrait en plus un salon de thé où les clients pouvaient s’installer confortablement. Firenza aimait beaucoup l’ambiance qui s’en dégageait. Bien que Firenza n’y soit jamais venue avec Clarke, elle savait – pour en avoir discuté au détour d’une conversation banale – que son amie avait connaissance de l’endroit. La réputation du vendeur n’était plus à refaire… « C’est normal quand tu regardes ton écran d’aussi proche. » répondit Clarke. Firenza poussa un soupir lourd de sens et posa délicatement l’appareil sur la table en le poussant vers son amie pour qu’elle prenne le temps de contempler les photographies à son tour et de lui donner son avis d’artiste. Le fait de se détacher de l’appareil lui fit prendre conscience que ses yeux piquaient de fatigue… « Tu marques un point » dit-elle avant de fermer les yeux pour en frotter délicatement les paupières. Heureusement qu’elle n’était pas maquillée ! « Moi, ça va. T’inquiètes, tu m’as sauvé plus qu’autre chose. J’ai passé l’après-midi sur un travail. J’en pouvais plus ! ». Firenza pouffa de rire et acquiesça d’un signe de tête ; elle comprenait parfaitement le point de vue de Clarke. Combien de fois son amie l’avait sauvé d’un devoir ennuyeux à mourir ? Elle ne tenait plus les comptes, depuis le temps ! « Quelle matière ? » demanda-t-elle, piquée par la curiosité.

« Un cupcake shortcake aux fraises pour moi. ET une bouteille d’eau. » annonça Clarke à la serveuse tout en gratifiant Firenza d’un sourire qu’elle lui rendit aussitôt. « Et pour moi, ce sera un Red Velvet et une bouteille d’eau également s’il vous plait. » dit-elle, de son petit accent italien qui arracha un sourire à la serveuse avant que celle-ci ne s’éloigne pour préparer leur commande.