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FELIMAN
17 juin. Vacances, être étudiant à l’université me manque parfois pour les quelques mois de relâche qui sont proposés après les examens. Je ne peux néanmoins pas me plaindre d’être occupé, j’ai passé trois longues années en vacances forcées… Enfin… Si se battre contre un cancer est considéré comme prendre du repos. Je ne pense pas mais je n’ai rien fait pendant ces trois années, c’est un fait. Ces six mois à travailler comme un dingue sur mes affaires de protection judiciaire des mineurs m’auront permis d’apprendre énormément et de prendre une décision de la plus haute importance pour l’année à venir : reprendre mes études. Mon cancer a tout interrompu, j’ai validé ma première année de doctorat sans parvenir à aller jusqu’au bout et je déteste ne pas finir ce que j’ai commencé. Mon dossier est déjà rempli, j’ai été accepté par Harvard et je ferais donc mon grand retour sur le campus à la rentrée universitaire. J’ai d’ores et déjà négocié mon départ du cabinet de psychologie où j’évolue depuis septembre. On ne me donnera plus aucun nouveau dossier mais je mènerais à bien les dossiers qui m’ont été attribués. J’en ai cinq en cours, deux qui se sont terminés avec le procès des deux jeunes qui étaient accusés et qui seront suivis indépendamment du cabinet jusqu’à leur majorité. Un boulot prenant, aussi bien en volume horaire qu’émotionnellement. Il faut avoir les nerfs solides pour supporter un tel travail où tu côtoies des gosses abimés au quotidien, ceux qui sont tellement embourbés qu’ils ne voient aucune lumière au bout du tunnel. J’ai bossé toute la journée sur le profil de mon dossier le plus récent, un jeune qui a tenté de poignarder l’un de ses professeurs, il n’a pas encore soufflé sa douzième bougie, comment en arrive-t-on à faire une telle chose à cet âge ? J’ai trouvé quelques pistes, des éléments de réponse qui me permettront de rebondir lorsque je le verrais en séance pour appuyer là où ça fait mal et tout fait ressortir. En attendant d’en avoir l’occasion, je suis d’humeur à me détendre, à relâcher la pression ce soir et je n’ai rien trouvé mieux qu’un bon petit cinéma. Ils diffusent le dernier Conjuring, j’ai peur d’être déçu même si les critiques ont été anormalement sympathiques avec le film. Je me sers de la monnaie que vient de me rendre la réceptionniste pour acheter une bouteille d’eau et un petit pot de popcorn et file en direction de la salle 7, il y a déjà énormément de monde, je me fraie un chemin jusqu’au dix-huitième rang et m’installe sur l’une des places disponibles. Le film ne devrait plus tarder à démarrer.(Invité)