JAMES DANIELS ► Matt Bomer.

Je ne me souviens pas vraiment de ma mère, j'ai de vagues souvenirs d'une femme, blonde aux grands yeux bleus. Elle avait l'habitude de me prendre contre elle pour m'endormir, en me citant des poèmes qu'elle adorait. C'était le genre de femme, qui savait ce qu'elle voulait, et comment l'obtenir, c'est sans doute pour cela que je me revois en elle. Aussi puissante qu'une tempête qui renversait tout à son passage, et aussi douce que les rayons du soleil. Elle me manque, vous savez ? J'ai l'impression que dans ma vie, j'aurai toujours ce vide, qui ne pourra jamais être comblé. Malgré mes efforts de poursuivre celle-ci, cette disparition soudaine m'a vraiment écorché. Elle nous a abandonnées, moi et ma sœur. Mon minable père n'était même pas en état de s'occuper de lui-même, alors comment voulez-vous qu'il arrive à s'occuper de ses propres enfants ? Il payait les gens, pour qu'eux, prennent soin de nous, sans aucun amour, sans aucune tendresse, nous étions que des meubles dans cette demeure. Je me souviens d'un jour, après mes cours, où j'avais décidé de lui offrir un dessin, accompagné de quelques mots qui feraient sans doute plaisir à n'importe quel père. Sauf à lui. Il l'a déchiré, en prononçant que c'était inutile, et que c'était une perte de temps considérable de faire ce genre de connerie. Ouais, j'étais une connerie pour lui. Une erreur de la nature, alors que ma sœur, n'était rien d'autre que la première merveille du monde. Peut-être parce qu'elle ressemblait beaucoup à maman. Les yeux bleus, une grande blonde, avec un sourire qui en ferait tomber plus d'un. Et moi, c'est peut-être parce que je lui ressemble, qu'il me déteste autant. Je n'ai toujours pas compris pourquoi ma mère nous a laissées entre les mains de cet homme. Pourquoi elle est partie, et pourquoi elle n'a jamais voulu reprendre de nos nouvelles, comme si à ces yeux, nous n'étions plus rien, que des passages dans sa vie. J'en veux à cette femme, et j'en veux à cet homme qui m'a enlevé la joie de vivre. Je n'étais qu'un gosse putain, croyez-vous qu'un garçon mal dans sa peau, peut contenir autant de haine ? Autant de tristesse ? C'est impossible, un beau jour, le monstre en lui se réveille, et c'est plus la peine de se mettre à genoux en implorant un pardon qui n'est même pas sincère. Je n'avais que dix ans, et j'avais déjà compris que la vie était une salope quand elle voulait te faire comprendre des choses.

-23 Juillet 2006 - Cambridge
On saute de dix ans, je n'ai pas vraiment énormément de choses à raconter, peut-être quelques détails qu'il serait important de souligner. J'ai terminé mes études obligatoires à Londres, en espérant qu'un beau jour, je puisse quitter ce pays de malheur, mon projet, est d'aller à Cambridge. J'ai passé une adolescence assez compliquée, entre les disputes avec mon paternel, le fait de découvrir mon attirance auprès des hommes, que je cache toujours aux yeux de n'importe qui. J'ai commencé à sortir, à fumer, à boire, à draguer des femmes pour les avoir une nuit et me souvenir de cette chaleur, de sentir ne serait qu'une infinie douceur venant des mains d'une demoiselle. J'aime les femmes, j'aime leurs courbes, leur délicatesse qu'on ne trouve pas chez un gars, avec eux, c'est plutôt du sexe, dur et brutal, comme j'aime.  J'ai perdu tout contact avec mon père, depuis le moment où mes pieds ont percuté le sol de Seattle, mais il persiste à me fournir de l'argent dans un compte à part, comme s'il voulait encore espérer qu'un beau jour, je vienne à lui réclamer de l'aide, alors que non, je me débrouille comme un grand. J'ai bientôt terminé mes cours, je poursuis la même voie que ma mère, la justice, dans des domaines bien précis. Comme la violence conjugale, ou tout rapport avec la défense auprès des femmes torturées par leurs maris, et les causes de maltraitance verbale ainsi que physique. Cela me touche particulièrement. En commençant à chercher plus en profondeur l'histoire de mon père, et celle de ma mère, j'ai pu constater que celle-ci avait disparut après une agression de mon paternel. Il la frappait, et elle subissait des coups pour finalement partir sans laisser aucune trace. Depuis mon arrivée à Cambridge, je fais des recherches, en priant Dieu qu'un jour, je puisse retrouver une quelconque trace de cette femme, pour terminer mon dossier que j'entretiens contre mon propre père. J'ai envie qu'il souffre. J'ai envie qu'il paye pour ces conneries, et cet acharnement contre ma personne. Après tout, la victime, ce n'est pas lui, n'est-ce pas ? Les coupables doivent en assumer les conséquences, et le moment est venu pour que ça soit le tour de mon père. Je me suis installé dans un grand appartement où demeurait ma soeur pendant quelques mois, avant qu'elle s'installe à quelques pâtés de maisons en me rassurant sur le fait, qu'elle serait présente, et qu'elle me laisserait pour rien au monde tomber. Je commence bientôt mes années d'université, dans le domaine d'avocat. Et je suis totalement seul. Je ne suis jamais sorti avec quelqu'un, je veux dire... Je ne suis jamais tombé amoureux, et j'ai l'impression que cela ne soit pas mon domaine, je suis doué avec le cul, je suis doué pour offrir du plaisir à un inconnu, mais je ne me sens pas capable de me poser avec une personne et d'y faire ma vie. Après tout, qui voudrait d'un homme comme moi ?


-13 Janvier 2016 - Cambridge
Nous sommes le 13 janvier 2016. Ma dernière écriture date d'il y a dix ans. J'espère que vous ne m'en voulez pas. J'ai vécu dix années à étudier, à me construire dans cette ville qui ne dort jamais, à connaître une meilleure amie, et des amis avec qui j'espère continuer à avoir cette relation d'amitié. Ma soeur est mère de deux enfants, mariée et toujours installée à la même place qu'avant. Elle tient à ces promesses, tout comme moi. Lorsque je prononçais le fait que j'allais réussir dans mes études, que j'allais avoir cette liberté que je réclamais depuis de longues années. Et cela est fait. J'ai mon propre cabinet, défendant la cause des femmes violentées, et maltraités, que cela soit verbal que physique. Je suis pleinement heureux dans cette vie. Je n'ai plus aucun contact avec mon père, malgré que celui-ci, continu son acharnement à m'envoyer de l'argent tous les mois. Et qu'il me supplie de lui pardonner. En vain, ma vie depuis dix ans est la même chose. À part, un petit détail, que j'ai oublié de motionner. J'ai été en couple environs... 6 mois, je passe les détails, mais j'avais une nouvelle fois raison sur mes précédents mots. Je ne suis pas fait pour être en couple, ou peut-être que ce n'était pas la bonne personne. Comme dit, ma propre soeur en levant les yeux au ciel. Cependant, me voici. James Daniels, 30 ans. Célibataire, et pleinement heureux de ma vie. Comme vous l'avez compris, je n'ai pas eu de vie traumatisante, j'ai été éduqué, j'ai eu des valeurs, et cette motivation pour montrer à mon paternel que j'allais y arriver. Je n'ai rien à offrir à personne, encore moins de l'amour. Je ne sais pas aimer. Alors, ne m'aimez pas. Vous risqueriez de foncer contre un mur.


J'ai vécu dans l'ombre durant trois mois. Loin des personnes, loin de comprendre pourquoi le monde continuait de tourner, alors que moi, j'étais en résumé une épave, un cadavre sans vie. J'ai été en couple durant trois mois, hilarant, n'est-ce pas ? J'ai bien cité dans mes précédents paragraphes, le fait que je ne sois jamais tombé amoureux, que l'amour pour moi, était un néant, une sorte de creux et qu'il serait insensé de se lancer tête la première et se fracasser la tête contre le béton. Et pourtant, j'ai vécu les mois les plus heureux de ma vie, j'ai vécu une sorte d'amour où il ne pleuvait jamais, où je me sentais totalement libre de moi-même, où je ne sentais plus de haine, plus de tristesse, que chaque passerelle de mon corps résumaient cet amour qui ne cessait de grandir. Une maison, un chien. Une vie de couple, des secrets. Je ne comprends pas, j'ai de la peine à y mettre des paroles, j'ai l'impression de n'avoir plus vu le soleil depuis qu'il est parti. Je n'arrive plus à dormir, mes journées sont des plus ennuyantes. J'ai été.. Comme jamais au fond du trou, consumé, j'attends mon heure. Je ne pouvais m'empêcher de le guetter, de temps en temps, j'allais voir comment il allait, sans qu'il puisse me voir. Je sais, ça paraît pathétique, ou même, on pourrait très bien me dire que j'étais.. Ou je suis un psychopathe. Mais je m'en contre fou. Je l'aime, je n'ai jamais ressenti autant de choses pour quelqu'un. Le premier mois, à été le pire. Je ne voulais pas dormir dans mon lit, je ne voulais ni manger, ni aller, travailler. Je suis resté enfermé chez moi, de l'attente d'un simple signe, qui n'est pourtant jamais venu.. Le deuxième mois, j'ai pensé que la douleur s'estomperait.. Foutaise. Le temps ne guérit pas les blessures, au contraire. J'ai recommencé à boire, énormément. Je suis retombé dans l'alcool, avec ma propre volonté. J'ai recommencé à me battre, à subir des coups pour essayer de sentir une quelconque émotion, pour me faire croire que je n'étais pas totalement mort de l'intérieur. Je le surveillais toujours. En sortant de l'université, j'espérais au fond de moi, qu'il passe part les mêmes sensations que moi, et par égoïsme, j'espérais qu'il soit autant mal que moi. Finalement, nous passons dans le troisième mois de douleur. J'écris mes mots, il est exactement 4h00 du matin, je me lève dans une petite heure. C'est sans doute pour cette raison que je suis autant émotif. Mais, il me manque. Il me manque... Tellement. Je ne suis que poussière. Je survis. Sans vivre. Je suis prisonnier de ma propre douleur, et je l'accepte. Je l'accueille à bras ouverts. Je me suis fait une raison.. Il ne reviendra pas. Pourquoi voudrait-il revenir auprès d'un monstre ? D'un monstre possessif. Je ne le mérite pas, il mérite mieux que moi. Je m'efforce de garder mes distances, mais quelques fois, c'est bien plus difficile. À chaque fois que je vais courir, je ne peux contrôler de passer devant son bâtiment, en priant d'apercevoir son visage. Il me manque, vous savez. Il me manque, et j'en crève de plus en plus.


James Daniels. 12.06.2016 - 18:50