ARWEN RICHARDSON ► Imogen Poots

Je suis née et j'ai toujours vécu à Édimbourg. Quand je dis cela, je veux dire : je ne suis jamais sortie de l'Écosse - ou presque. Mais aucun problème pour moi, c'est un pays que j'affectionne et où je retourne régulièrement - depuis que je fais mes études à Harvard - pour me ressourcer auprès de ma famille.
Mais, commençons par le début. Je suis née au mois de mars alors que les beaux jours commençaient à peine à arriver. Oubliez ce que je viens de dire, les beaux jours arrivent bien plus tard au Royaume-Uni. Disons que, rêveuse, j'aimerais penser que mon pays que j'aime temps ait un peu plus de soleil dans l'année. J'ai beau avoir fait la demande au père Noël étant petite, ça n'a jamais été réalisé. Bref. Je faisais mon entrée dans la famille Richardson, mon père travaillait dans la police et ma mère était couturière à la fabrique de tartan de la ville - celle de la reine. Cela va vous paraître banal et ennuyeux et en effet, ça l'a été. Il ne s'est rien passé durant mon enfance et manque de chance, je suis fille unique. Pas de crêpage de chignon avec une sœur ou de dispute à coups de pied avec un frère. Nop, l'ennui, le désert. Seulement moi et le chat de la voisine qui venait me rendre visite à la fenêtre de ma chambre. Et avec le job de mon père, je peux aussitôt dire : aucun écart de conduite, aucun problème familiaux. Le néant, juste le bruit de la mouche qui vole. Alors, ma meilleure défense pour vaincre l'ennui fut de m’intéresser aux choses. Pourquoi sont-elles ainsi ? Comment ? Mon sujet de prédilection fut le ciel et son abondance en matière de découverte à faire et de choses encore inexplicables, trop complexes. J'étais absorbée par les étoiles, à devenir une petite fille à part. J'étais dans mon monde et très peu de personnes pouvaient le comprendre. En plus de cela, mes parents m'obligent à m’intéresser à un instrument de musique, contre toute attente, je choisis le violon. Je pratique cette discipline depuis l'âge de sept ans et je dois avouer que ça n'a jamais vraiment été une corvée. J'aimais le son que je pouvais faire avec un aussi bel instrument. Ma dernière passion - et pas des moindre - c'est Harry Potter. Je suis incollable. Je connais tout, par cœur. Note à vous-même : ne JAMAIS me lancer dans une discussion sur Harry Potter pour votre propre survie, parce que oh my fucking god, quand je parle c'est impossible de m'arrêter. D'ailleurs, j'en étais où ? Mon enfance ? Parlons éducation. Aucune grande surprise si je vous dis que mon éducation fut stricte. À l'image que celle que mon père avait reçu. Tout devait marcher dans un sens, tout devait marcher comme sur des roulettes, le bonheur était la seule chose qui devait transparaître quand nous parlions de la famille. Autant vous dire que je n'ai pas vraiment su ce qu'était le réel bonheur familial. En réalité, il ne se passait rien, tout était plat, calme et sans sentiment. Alors, je ne disais pas un mot, je respectais les règles, je travaillais et j'étais amie avec des personnes qui ne semblaient n'avoir aucun problème eux aussi - et qui étaient capables de me comprendre ou bien, qui faisaient genre de me comprendre.
C'est à mes quatorze ans que je mettais les pieds aux États-Unis pour la première fois. New York, ville immense et impressionnante pour une adolescente. Nous sommes venus pour rendre visite à ma grand-mère paternelle que ne je voyais que très rarement. Je serai incapable de vous dire si c'était prévu ou non, car je n'en ai absolument aucune idée. Je n'ai fait que suivre mes parents sans dire un mot, une fois de plus. Puis, faut dire que j'étais sacrement dans la lune et je ne voyais que ce qui m'intéressait. Je crois que cette vieille dame que je devais appeler grand-mère était sur le point de mourir. Je sais que c'est bizarre dit comme ça, mais on ne m'a pas non plus appris à faire dans les sentiments les plus profonds. Nous sommes restés un petit moment tout de même, mais il a bien fallu que nous rentrions à Édimbourg un jour pour reprendre une vie normale. En grandissant, je suis restée la même personne. L'adolescence n'a pas été facile, enfin, le contact avec les autres ne l'a pas été. Je n'étais pas vraiment comme eux. J'étais sur une autre planète. Le vilain petit canard incompris. Ma curiosité, mon intelligence ont fait que j'ai été acceptée à Harvard. J'ai décroché une bourse et un visa d'étude m'a été offert. Je suis partie à l'âge de dix-huit ans pour les États-Unis, sans réellement savoir à quoi m'attendre. Ma mère pleurait à l'idée de perdre "son bébé". Je crois bien que c'était la première fois que je la voyais ainsi, avec autant d'émotions d'un coup. Personnellement, je me comparais à Harry qui partait pour Poudlard. J'étais surprise et je ne comprenais certainement encore rien à la vie, mais dans ma tête, ça sonnait comme quelque chose de cool.
Je suis arrivée à Cambridge à mes dix-huit ans. Depuis ce jour, je pense avoir grandi, mais je reste malgré tout fidèle à moi-même. Je suis devenue une jeune femme têtue et indépendante, accro à ses études et que les gens ont tendance à qualifier de "bizarre". Il y a un an, j'ai dû m'absenter un long mois pour retourner en Ecosse auprès de ma mère mourante. Elle est décédée des suites d'un cancer des poumons. J'étais très touchée par cette perte et j'ai pris mon temps avant de revenir sur Cambridge. J'ai eu beaucoup de mal à me faire à cette perte et bizarrement, cela a joué sur mon caractère. Si au début c'était l'incompréhension la plus totale, j'en suis ressortie plus forte. Je suis retournée à Harvard par la suite, mais je me suis trouvée un stage à la NASA pour me couper du monde. Aujourd'hui, je suis de retour. Je n'ai plus d'excuse pour revenir à mes études, mon skate à la main. Ah, j'ai oublié de vous dire, je suis accro au skate aussi. Ce n'est pas une blague.