I CRAVE YOU, DESTROY ME
Le cœur alourdi de responsabilités, le cerveau en ébullition, il en devenait presque pénible de respirer. Il n’avait pourtant jamais choisi cette vie. Une vie dans laquelle il passait ses journées plongé dans un tas de paperasses et de réunions. Mais ce n’était pas comme s’il avait eu le choix. S’il avait vécu une enfance des plus gâtées, c’était parce que son père avait choisi de mener ce train de vie, pour assurer la meilleure qualité de vie à sa famille. Au moins, il l’avait choisie, lui. Fils unique, c’était lui qui, le jour où son père quitta ce monde, hérita de sa fortune. Mais pour lui, posséder des hôtels et des restaurants de luxe un peu partout dans le monde était incroyablement pénible. Après tout, les affaires n’étaient pas faites pour un rêveur comme lui. Au fond, c’était un artiste, un aventurier, un romantique. Dans une autre vie, il aurait pu être un peintre, un poète, un écrivain. Dans une autre vie, il aurait pu être heureux.
Il adorait la nuit et son silence, loin du stress pesant des affaires. Il aimait regarder le ciel noir tacheté d’étoiles, mais n’avait jamais réussi à pleinement se perdre sans être interrompu par l’une de ses responsabilités. Homme d’affaire à succès, il jouissait d’une puissante notoriété. Mais derrière son regard serein et sa business suit, se cachait un homme faible en manque d’amour. Pour combler ce vide, la nuit venue, il se jette dans les bras d’une femme. Il y avait une en particulier qui possédait le don de lui redonner sourire après une dure journée.
Elle était là, allongée sur le lit. Elle l’attendait, patiemment et silencieusement. Elle leva d’un geste vif la tête lorsque la porte claqua et elle le regarda. Le visage pâle et le regard fatigué, elle eut l’impression que son état se dégradait jour après jour. Elle faillit ressentir un pincement au cœur, mais se ressaisit en se disant qu’elle n’aurait jamais été là s’il n’était pas ce qu’il était et s’il ne possédait pas ce qu’il possédait. Grâce à ses regards séduisants et à ses douces caresses, elle réussissait à lui faire oublier tout ce qui le perturbait tellement. Contrairement à lui, son enfance à elle fut des plus difficiles. Issue d’une famille pauvre, dont le père n’était qu’un foutu alcoolique et dont la mère se prostituait assez souvent pour assurer un morceau de pain, elle grandit pour devenir une jeune femme au cœur brisé par les malheurs de la vie. Elle désirait mener une vie où le souci d’argent n’existait pas. C’était donc pour cette raison précise qu’elle s’était amourachée du célèbre homme d’affaire. Il avait besoin d’amour, elle avait besoin d’argent, ils étaient donc quittes. Mais cette nuit-là, quelque chose d’autre était sur le point de se passer.
« Emporte-moi dans un autre monde comme tu le fais si bien. » Lui demanda-t-il alors qu’il se sentait déjà mieux rien qu’en posant ses yeux sur son visage d’ange.
« J’ai quelque chose à t’annoncer … » Elle se mordilla légèrement la lèvre inférieure et sourit.
« Je suis enceinte. » SOFT AND ANXIOUS
La mère d’Aleksandra n’a jamais été destinée à être mère. Elle ne comprenait pas que l’arrivée d’un enfant demandait du temps, de l’amour et plusieurs contraintes. Ou bien faut-il dire qu’elle ne voulait tout simplement pas comprendre : Aleksandra n’était, pour elle, qu’un simple alibi, un outil pour ne laisser aucun autre choix au père d’Aleks que de la marier, et donc être plus proche de son immense fortune. Aleksandra connut alors une enfance avec une mère constamment absente : Cette dernière avait dilapidé l’argent de son mari et partit faire le tour du monde à la recherche d’un monde meilleur. Son père, quant à lui, faisait toujours des efforts pour pouvoir voir sa fille le plus souvent possible. Ainsi, Aleksandra développa un lien fort avec son géniteur. Elle admirait depuis toute petite sa mentalité et sa façon de penser, et était parfaitement consciente de son planning chargé et des efforts qu’il fournissait pour pouvoir passer du temps avec elle. Tout cela eut, éventuellement, un impact sur la personnalité d’Aleksandra qui commença alors à éviter toute compagnie féminine, et ce pour éloigner le souvenir d’une mère froide et distante ; et à ne fréquenter que la gente masculine, y trouvant plus de confort.
Aleksandra franchit la porte d’entrée et traversa le hall plongé dans la pénombre à petits pas, espérant ne pas se faire sentir. Il était 2 heures du matin et la jeune fille avait passé la soirée avec la bande. Sergeï avait insisté qu’elle reste et elle ne pouvait pas dire non. De toute façon, à part sa gouvernante – dont elle se fichait pas mal, personne n’allait s’inquiéter de son retard.
« Bon sang, mais où est-ce que t’étais ? » Aleksandra se figea pendant une seconde et haussa un sourcil de stupéfaction. Cette voix ? Les lumières s’allumèrent et elle se retrouva face à face avec sa mère. Son ton pourrait vous faire croire qu’elle était sincèrement inquiète, mais son visage passif et son regard dépourvu d’émotion la trahissaient.
« Qu’est-ce que tu fous là ? » Lança Aleksandra tout en fronçant les sourcils. Elle n’était pas spécialement contente de la revoir et n’hésitait pas à le montrer. Elle n’avait pas vu sa mère pendant un peu plus d’un an, et le fait qu’elle vienne jouer la mère responsable après tout ce temps d’absence commençait à vraiment taper sur les nerfs d’Aleksandra.
« Mais enfin, Aleks, c’est comme ça que tu parles à ta mère ? Ne me dis pas que je ne t’ai pas manquée ? » Dit-elle tout en s’approchant d’elle d’une lenteur qu’Aleksandra trouvait insupportable. A vrai dire, tout ce qui concernait cette femme mettait la jeune fille hors d’elle-même. Elle porta sa main lentement vers le visage de l’adolescente et cette dernière recula d’un pas. Le fait qu’elle l’ait appelée ‘Aleks’ la frustrait encore plus. Seul son père et Sergeï l’appelaient par ce surnom. Elle avait l’impression que son cœur s’effritait à chaque fois que sa mère parlait. Lâchant un profond soupir, elle se ressaisit.
« Ne m’appelle plus jamais Aleks. Je n’ai nullement envie de te parler. J’espère que ton prochain voyage est très bientôt. Bonne nuit. » C’est étrange. Aleksandra n’aurait jamais pensé qu’elle ne reverrait plus sa mère après cette petite discussion froide. Tout s’était passé beaucoup trop vite. Elle voyageait aussi, et essayait constamment de coïncider la période de son voyage avec celle du retour de sa mère à la maison. Elle partit ensuite étudier et il lui arrive toujours à se demander si elles se reverront de nouveau car, en tout cas, Aleksandra n’a aucunement envie de retourner chez elle; notamment après avoir appris l'infidélité de son père. Si seulement l'histoire ne se résumait qu'à ça. Alors qu'elle était en voyage en Inde, elle reçut un appel téléphonique de la part de son père qui l'informa qu'elle était grande soeur. La nouvelle fut un choc, ça c'est sûr, surtout que l'enfant n'était pas de sa mère à elle mais, pour une quelconque raison, elle avait vu ça venir un jour. Elle n'a jamais rencontré son frère et n'est plus retournée chez elle.
SHOW ME LOVE
« Tomàs ! Bouge ton boule de mon lit tu veux ! » Lâcha Aleksandra avant de laisser échapper un léger petit rire cristallin. Sergeï la contemplait, abordant un petit sourire. La jeune femme le regarda à son tour, se demandant ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Il avait l’air extrêmement rêveur ces derniers temps et elle le surprenait assez souvent l’esprit complètement ailleurs. Aleks avait pensé que c’était probablement une fille derrière toutes ces rêveries. A vrai dire, c’était fort possible. Cependant, elle trouvait cela quelque peu étrange qu’il ne lui avait rien dit. Après tout, ils sont meilleurs amis et elle était là pour ça. S’il avait rencontré « l’amour », il devait lui dire. Ou bien était-il trop timide ? ça ne l’étonnerait pas. Elle sourit sous cette pensée et c’est à ce moment là qu’elle reçu un oreiller dans la gueule. Sans même y penser, elle lui renvoya l’oreiller et lui sauta dessus pour l’empêcher de faire de même tout en riant aux éclats. On aurait dit des gosses en train de se chamailler. C’était à ce moment là qu’Aleksandra se rendit compte à quel point elle était chanceuse d’avoir une personne comme Sergeï à ses côtés. Un pur bonheur. Elle sortit du champ de bataille les cheveux complètement décoiffés.
« T’es chiant Tommy ... Je ressemble plus à rien et je te signale que je devais te présenter mon mec ce soir ?! » Lui dit-elle en faisant mine de bouder. Mais ça ne dura pas longtemps car elle ne put s’empêcher de lâcher un autre petit rire innocent. Elle passait une main dans sa tignasse blonde et aplatissait quelques mèches qui dépassaient lorsqu’elle remarqua le changement d’humeur subite de Sergeï. Son sourire rayonnant laissa place à une mine boudeuse. Tout en fronçant légèrement les sourcils, elle voulu se rattraper et entoura ses bras autour de son cou avant de déposer un baiser furtif sur le coin de ses lèvres. La jolie blonde ne comprenait pas trop sa réaction, mais le sentiment de regret d’avoir ruiné ce moment de pur bonheur la dévorait. Sergeï se leva et quitta la pièce sans rien ajouter.
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Des frissons la parcouraient de tout son long alors qu’il dévorait son cou de baisers aussi passionnés que l’amour qu’elle portait pour lui. Il s’empara ensuite de ses lèvres, échangeant un baiser des plus langoureux. Il l’embrassait comme si ses lèvres étaient de l’air et qu’il ne pouvait plus respirer ; ses mains caressant sans cesse ses longs cheveux blonds. Elle se laissait faire, le serrant encore plus contre elle, voulant sentir son cœur battre contre le sien. Elle se sentait aimée, désirée, au paradis. Elle n’avait plus conscience de ce qui les entourait. Elle se demandait si c’était l’effet de ce qu’il lui avait donné à fumer, mais son esprit beaucoup trop embrouillé n’arrivait plus à rassembler les idées. Légère comme une plume, elle sentait qu’elle quittait le monde réel petit à petit. Et elle se laissait faire. Il avait réussi à la convaincre d’essayer ce produit miracle, cette petite douceur, plus communément appelé : drogue. Et elle ne pouvait plus s’en passer. Elle se demandait seulement si son addiction à elle, c’était lui ou bien la drogue ?
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Avec beaucoup de peine, elle ouvrit les yeux. Souffrant d’un maux de tête violent, rien que le fait de rester les yeux ouverts demandait un effort fou de sa part. L’esprit complètement confus et embrouillé, Aleksandra tenta de se rappeler des événements de la vieille, mais en vain. Elle avait beaucoup trop abusé d’alcool et la drogue qu’elle avait consommée n’avait fait qu’empirer la situation. Elle se leva du sol et regarda autour d’elle : Elle n’avait pas la moindre idée de l’endroit où elle se trouvait. Une douleur se répandit dans son corps et la jeune femme remarqua de nombreuses marques rougeâtres et bleuâtres un peu partout sur ses bras, jambes et ventre. Terrifiée, elle se demandait ce qui avait bien pu se passer. Elle força son esprit à se remémorer quelques souvenirs de la veille mais sans résultat ; cela ne fit qu’empirer son maux de tête.
Et elle le retrouva, dans la pièce d’à-côté, dormant dans les bras d’une autre fille à moitié nue. Le cœur serré, ses yeux s’emplirent de larmes. Ce n’était pas la première fois. Mais elle était bien décidée que c’était la dernière.
Elle quitta le pays, le cœur plein de regrets de ne pas avoir été le meilleur d’elle-même, mais bien décidée à le devenir. Il avait appartenu à une période assez sombre de sa vie, et c'était justement lui qui avait absorbé la lumière qui illuminait sa vie. Elle l'avait aimé. Enfin, c'était ce qu'elle croyait. C'était un amour incertain. Elle ne savait pas si elle l'aimait pour ce qu'il était, ou pour ce qu'il lui procurait comme sentiments. Dans un monde où elle se sentait seule et délaissée par tous, il était là et il l'avait aimé. Il lui avait redonné confiance en elle, mais en échange, il lui vola son innocence. Elle qui n'avait jamais pensé pouvoir toucher à une drogue... Elle devait se reprendre en main, et continuer ses études. Elle s'inscrit donc à Harvad pour faire des études de droit; car c'était ce que son père souhaitait qu'elle fasse. Il avait fait tant de choses pour elle, c'était à son tour de lui faire plaisir, et de lui dire merci, tout simplement. Harvard fut comme un tout nouveau commencement pour elle. La jolie blonde avait décidé que le passé appartenait justement au passé, et que ses erreurs allaient l'aider à avancer et à devenir quelqu'un de meilleur. Et puis, son coeur avait encore besoin de présenter quelques excuses et de dire certaines choses à certaines personnes qui sont parties de façon beaucoup trop subite de sa vie. Elle ressentait le besoin de retrouver son meilleur ami, Sergeï. Elle avait fait le mauvais choix dans le passé en choisissant les personnes qui l'avaient éventuellement détruites et en ignorant celles qui l'aimaient vraiment, et voulait donc se rattraper pour un futur meilleur.