Posée tel un cachalot sur mon lit, j’observais le plafond, et je réfléchissais. A quoi, me demanderez-vous. Eh bien, à tout, et à rien de bien particulier en même temps. En réalité, ce n’était rien d’autre qu’une pause pour mon cerveau, j’avais pressé le bouton ‘off’ le temps d’un instant. Instant qui fut bien court puisque mon téléphone vibrait bien trop fort contre mon bras pour que je puisse faire comme si de rien n’était. En le saisissant et en lisant le nom affiché à l’écran, j’avais fait un bond sur mon lit, parée pour tout ce qui pouvait m’être proposé. Je savais pertinemment que dès lors que Terry m’écrivait, j’avais tout intérêt à me préparer dans la demi-heure pour me ramener je ne sais où. Et autant vous dire que ce garçon avait beaucoup trop d’idées par moment. Il me proposait un bain de minuit… ou plutôt, m’imposait. Il ne me laissait absolument pas le choix puisqu’il me disait même d’annuler tout ce que je pouvais avoir de prévu ce soir. Ce garçon n’avait donc vraiment aucune honte, hein ! Quoiqu’il en soit, je n’avais pas tardé à lui répondre et je m’étais levée sans plus attendre pour me préparer. J’avais enfilé un maillot plutôt sexy, ça me semblait de mise, même s’il ne se passait rien – ou pas grand-chose en tout cas – entre mon meilleur ami et moi. Au moins, si on se faisait chopper, comme il pouvait ne pas espérer, j’aurais peut-être les arguments suffisants pour que l’histoire n’aille pas plus loin et ne s’ébruite pas. Sympa, non ? J’avais fait une mini-natte avec mes cheveux, histoire de ne pas les emmêler malgré qu’ils soient plutôt courts. J’avais fini par filer, certaine que j’allais être en retard, à bord de mon Cadillac Escalade. La route ne fut pas bien longue mais pour une fois, prendre mon 4x4 semblait être l’une des meilleures idées de ma vie. En vélo, je serais sans doute morte sur le chemin du retour vu la route et la fatigue. Fatigue à venir, oui, je savais pertinemment que ce bain de minuit allait me claquer totalement. Je m’étais garée non loin du lieu de rendez-vous, où je me précipitais pour rejoindre mon ami. Je n’avais même pas attendu d’être sur la plage pour retirer mon haut, que je balançais nonchalamment sur Terry dès lors que je fus arrivée près de lui. « Si je tombe malade, je te fais la peau, je te préviens ! » rigolais-je. Ni une, ni deux, je retirais mon pantalon que je posais simplement sur la plage avec mon sac. Et puis, sans crier gare, je poussais l’Eliot plus profond dans la mer en faisant des petits bonds à cause de l’eau glacée. « Tu comptes te baigner tout habillé on dirait, alors allons-y ! »
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Avec la fin d'année qui approchait à grands pas, tu avais envie de te lâcher, de laisser parler tes envies, de te faire plaisir. La période d'examens étant particulièrement épuisante, tu avais besoin de relâcher la pression et d'oublier ce maudit pavé de droit international qui avait fini par prendre la poussière sur la table de chevet de ta chambre. Plus le temps passait et plus tu reportais. Tu te disais que tu avais le temps et qu'il fallait aussi que tu te détendes. Allongé sur ton lit défait, tu contemples depuis la fenêtre de ta chambre le coucher du soleil. Les yeux bouffis par la fatigue, tu ne ressens clairement pas l'envie de te plonger dans tes bouquins. A quoi bon ? La motivation n'est pas là. D'habitude, tu te fais violence, tu luttes et cesses d'écouter cette voix qui te murmure à l'oreille qu'il est mieux de repousser à demain ce que tu peux faire le jour même. Mais là, tu n'as pas envie de lutter. Tu as besoin de prendre l'air. Tu veux faire quelque chose de différent ce soir, d'extraordinaire, quelque chose qui pourrait rompre la monotonie de tes journées. Pensif, tu réfléchis aux meilleurs moyens de rendre cette soirée mémorable. Tu prévois déjà d'intégrer Fidji dans tes projets. Tu ne peux te passer d'elle quand tu réalises. Elle est au centre de ton monde, de ton petit univers. Tu n'imagines pas une seule journée sans elle. Elle t'est devenue presque aussi vitale que l'oxygène. Chaque journée en sa compagnie devient différente, exceptionnelle et passe tellement vite. Quand tu regagnes ton appartement dans le quartier de South End, tu as l'impression de ne pas avoir profité suffisamment d'elle. Tu aurais aimé prolonger certaines journées, les immortaliser. Tu t'empares de ton iphone posé sur la table de chevet près d'un exemplaire de la Bible et fais défiler les contacts. Ton doigt mince s'arrête sur le nom de Fidji. Tu te demandes ce que tu pourrais faire d'excitant pour ce soir. Des idées se bousculent dans ta tête. Tu décides finalement de lui proposer une baignade nocturne. C'est risqué, dangereux mais ça sort de l'ordinaire. Tu ne lui laisses pas le choix. Il est évident qu'elle viendra. Tu prends ça pour acquis. A toi, elle ne te refuse rien. Elle n'oserait pas. Tu files t'habiller, enfiles un jean seyant agrémenté d'un pull léger ainsi que d' une paire de jordan noire. Tu arroses ton cou de parfum puis glisses dans un sac de sport quelques serviettes ainsi que ton maillot de bain. Tu consultes ta montre. Il est quasiment 22h. Tu quittes ton appartement de South End et te glisses à l'intérieur de ton Audi A3 d'un rouge reluisant. La musique à fond, tu effectues une marche arrière puis fonces à toute vitesse en direction de Carson Beach. Une de tes chansons favorites passe à la radio et tu te mets à fredonner accompagnant ainsi la voix du chanteur tout en remuant légèrement les épaules. Ta voiture avale les kilomètres. Après près d'un quart d'heure de route, tu finis par arriver à bon port. Tu gares ta voiture sur le parking, prends ton sac de sport sur les épaules et files en direction de la plage déserte. Tes pieds s'enfoncent dans le sable frais. Tu regardes autour de toi. Aucun signe de Fidji. Tu réprimes un sourire amusé. Les filles aiment se faire attendre. Plus l'attente est longue et plus elles prennent du plaisir. Ce qu'elles peuvent être sadiques par moment ! En attendant son arrivée, tu te diriges lentement vers la mer sombre et retrousses les extrémités de ton jean. Les vagues glacées viennent se fracasser contre tes chevilles. Tu frissonnes et te demandes ce qui t'a pris de lui proposer une baignade au clair de lune.