hey bro, what's up ? - LEWANDER

Encore une journée où je devais m'occuper du petit, Az étant partie bien trop vite de l'appartement pour que je puisse dire quoique ce soit. Autant dire tout de suite, j'avais du prendre au moins cinq cafés ce matin pour que mes paupières s'ouvrent. Il était fatiguant ce petit, pourquoi il n'était pas comme sa soeur ? Calme et câline. Lui était criard et violent. Ouais bon, j'avais une piste sur le pourquoi du comment et j'osais espérer que ça allait s'arranger assez rapidement. Quoiqu'il en soit, je m'étais pointé au parc pour voir Lewis, parce que ça faisait genre dix ans que je l'avais pas vu. Pas ma faute s'il faisait le mort. Non mais j'le voyais arriver et j'me mettais à sourire en voyant qu'il accélérait la cadence, cependant perturbé par la présence du petit ici. Pourtant je lui avais envoyé un sms non ? « Salut mec » que je répondais à son check « Tu lis pas tes messages? Ça fait trois semaines, le lendemain du bal qu'il est là » que je disais en rigolant. Alors ouais, il avait quand même un peu vécu le petit. Même si bon, deux semaines en couveuse, c'est pas le top pour débuter sa vie. Mais il allait mieux là, c'est le principal. Voilà que Lewis se penchait pour regarder le bonhomme et ouais, il était pas déçu pour le coup. « Quand on voit les parents, normal ! N'empêche, j'ai hâte que sa soeur le voie, elle va être toute folle d'être une grande soeur » Je m'approchais du landau et puis je détachais bébé Hendrix, tout en le protégeant bien du soleil, avant de le caler dans mes bras. « Hendrix, dis coucou à tonton Wiwi »

Faut dire, ça faisait un moment que ma vie était sans dessus dessous. Le bal était un renouveau à la base, entre Azraël et moi, mais ça a fini en engueulade, clairement adepte du "tout foutre en l'air". Sauf que suite à cette dispute, elle a perdu les eaux, le travail pour le bébé avait commencé et nos vies se sont précipitées assez rapidement, pas le temps de dire ouf. « Ouais, ouais, ouais, remets la faute sur ce pauvre téléphone! » Au final, je m'en foutais pas mal de cette histoire, c'était surtout pour le charrier. Faut dire, depuis qu'on se connait, c'était mon activité préférée et j'avais tendance à le faire un peu trop souvent. Mais en fait, il s'en fichait aussi de son côté, son attention s'étant alors déviée directement vers monsieur Hendrix, deuxième Strudwick du nom, qui était avec son papa dans le parc. Ouais, c'était dans ces moments là que je remarquais assez aisément que Lewis était fana de bébés. « Tu m'étonnes » Je l'avais été, avec les Strudwick, avec Diamantika aussi. Et puis plus récemment, avec Holly. Alors ouais, j'étais pas une fille donc je pouvais pas connaitre le rôle de grande soeur, mais c'était kiff-kiff non ? Je demanderai à ma fille quand elle aura vingt ans tiens. « Ouais carrément.. il a décidé de pointer son bout du nez un peu trop rapidement donc on gère comme on peut.. enfin, je. Az est pas très... impliquée dans tout ça » Ce qui était étrange, j'en conviens. Après tout, elle était excitée à l'idée d'avoir le bébé à la base.. et puis les choses ont changé et c'est à peine si elle peut être dans la même pièce que son fils. « Mais sinon ça va, fatigué mais ça va. Et toi ? » Après tout, il a fait un peu le mort récemment donc faut bien qu'on vienne aux nouvelles un peu.

J'étais fier de mon petit mine de rien, il était beau et avait quand même une grande partie de son visage qui venait de sa mère. Bien sûr, il tenait également de moi, mais ça ne se voyait pas tellement encore. Il allait falloir attendre encore quelques mois voire quelques années pour le remarquer. Après tout, ça se voyait à peine chez Robyn qui allait sur ses trois ans en fin d'année. Et puis, ça changeait pas le fait que Lewis était complètement gaga de mon fils. La preuve étant qu'il était penché au dessus de lui, clairement en train de faire joujou avec. Oui, c'était sûrement le mec qui était le plus heureux de la naissance d'Hendrix. Non pas que les autres ne le soient pas, mais il montrait clairement plus d'enthousiasme que certains autres. Comme Azraël par exemple. « On peut dire ça comme ça ouais.. C'est compliqué mais en gros, je suis le seul à m'occuper du petit. Nuit et jour » Et c'était plus que fatiguant. Alors limite, j'étais tenté de demander à Lewis de s'occuper d'Hendrix pour l'après midi juste pour que je puisse dormir quelques heures. Mais ce n'était malheureusement pas possible. Sûrement que mon pote avait d'autres choses à faire par la suite et il était hors de question que je m'impose comme ça, de cette façon. « Pas trop de vague ? C'est genre une piscine sans remous ta vie en c'moment ? » Ouais bah après c'était chacun son truc. Je savais que moi, j'étais plutôt du genre à kiffer bien comme il fallait quand ça bougeait. Même si, clairement, des fois c'était cool quand il ne se passait pas grand chose. Genre si je pouvais ne rien avoir pendant plusieurs heures, c'était cool. « J'suis sûr que tu peux trouver des occupations qui sauront faire en sorte que c'est pas aussi plat » C'était Lewis, il était plein de ressources après tout.

J'avais quand même toujours bien kiffé mes moments passés avec Lewis. Déjà de base, le mec était aussi déjanté que moi et c'était bien pour cette raison qu'on s'était bien entendu dès le début. Alors ouais, forcément, ça crée des liens et ça devient potes. Même si à la rentrée je ne serai plus Mather, je savais qu'il ferait partie de ceux sur qui je pourrai compter malgré tout. C'était mon pote, mon protégé et clairement, il gardera une place spéciale dans ma vie, même pour l'après Harvard. « Ouais ouais t'inquiète mec, j'le sais » Si y'a bien une personne sur qui je peux compter, c'est bien lui. La loyauté et le dévouement émanaient de lui naturellement, toujours là pour ses proches, pour ses potes. Et du coup, j'étais pareil avec lui, au point de vouloir en savoir un peu plus sur sa vie actuelle, c'est à dire... tout ce qui peut être intéressant. Mais visiblement, c'est aussi actif qu'une piscine sans remous. « Bah tant mieux non ? Enfin, ne pas se faire choper, ne pas avoir de merdes avec le business » C'était quand même le but. Gagner un tas d'oseille sans forcément finir par la case prison parce qu'on a pas été assez vigilant. C'était l'apothéose qu'il était en train d'atteindre là, et fallait pas qu'il relâche ses efforts afin de rester sur le bon chemin. Et là il m'racontait et je ne pouvais que comprendre ce par quoi il passait. « Mec, c'est pas une fille qui te frustre comme ça quand même ? » Non mais parce que quand même, je connaissais ça et il suffisait de voir comment je réagissais la plupart du temps quand j'avais un crush et que ça se passait pas comme je le souhaitais.

J'avais bien changé durant les années. Si avant j'étais un petit con plein de prétention qui n'en faisait qu'à sa tête, maintenant.. je pouvais plus. Et c'était nul, parce que je voulais redevenir ce gars qui ne pensait à rien d'autre qu'à sa conquête du soir, à sa connerie de la semaine ou à la dose d'adrénaline qu'il pouvait avoir. Ce mec là me manquait mais il était bien loin. Depuis que j'étais papa, bientôt trois ans, tout était devenu plus ralenti. Faut quand même avouer que je n'avais pas Robyn h24 donc j'avais un certain degré de liberté. Mais je ne pouvais plus me mettre en danger, ne voulant pas la priver de son père. Je ne pouvais pas déconner avec les drogues, pour pas qu'elle ait une vision de moi assez bancale. Tout ceci était un casse-tête chinois. Ça n'a fait qu'empirer quand Hendrix a débarqué dans ma vie, avec sa mère qui a pris un tout nouvel aspect dans mon existence. Alors clairement, je n'étais plus le même homme mais fréquenter Lewis me faisait remonter tous les souvenirs. Ô nostalgie. « L'adrénaline, la peur de se faire choper... la peur de se ramasser sévère, j'peux comprendre » Clairement ouais, on était fait pareil lui et moi. « Mais bon, tu peux choper tout ça dans un truc moins affligeant dans un casier judiciaire mec » Après tout, le trafic de drogues pouvait être assez lourd si on se fait choper, et j'avais pas tellement envie que Lewis finisse derrière les barreaux. Qu'il aille pas faire un mouvement exotique qui pourrait le dénoncer. Et puis je vois le mec là, il était comme un lion en cage. C'est ce que je comprenais de ce qu'il me disait en tout cas et je voyais bien que ça le bouffait un peu plus à chaque instant. « Ouais je vois.. tu t'sens bloqué dans la peau de quelqu'un que t'es pas, pour rassurer tes proches » Fais pas ci, fais pas ça. Et pour rassurer ceux que t'aimes, tu te ranges, tu cesses les conneries bien trop grosses. Et au final, c'est plus toi. Parce que toi, t'as envie de liberté et de danger. Je le comprenais Lewis, je le comprenais entièrement.