Sergeï * Stuck together

Il était un peu plus de 21h quand Gabrielle se décida à enfin quitter la bibliothèque, pas qu’elle était spécialement fan de cet endroit, elle préférait très nettement travailler dans le luxe de chez elle mais elle se devait de rattraper le retard qu’elle avait pris pour son dernier devoir. Il fallait aussi avouer que la dernière fois qu’elle avait voulu le bouclé, les choses ne s’étaient pas vraiment passé comme prévu. Elle poussa un léger soupire, dû à la fatigue qu’elle ressentait et elle rassembla ses affaires avant de quitter la bibliothèque et de se diriger vers l’ascenseur. La jeune femme était plutôt fière d’elle mais elle était aussi épuisée et la seule pensée de retrouver son lit, lui donnait l’impression d’accéder au nirvana. Elle appuya longuement sur le bouton de l’ascenseur et comme l’appareil ne semblait pas être assez rapide au gout de la brune, elle s’acharna dessus nerveusement, appuyant plusieurs fois de plus sur le bouton. Une voix la sortie de l’agacement qu’elle s’apprêtait à ressentir, elle leva légèrement les yeux et aperçu, une tête blonde bien connue, ses lèvres se fendirent d’un petit sourire en coin « Sergei … je ne savais pas que tu fréquentais la bibliothèque, enfin … je veux dire que je t’image fréquenter bien d’autres lieux mais celui … ». La jeune femme était moqueuse et provocatrice, mais c’étaient des traits de sa personnalité dont elle avait du mal à se départir, encore faudrait-il qu’elle le veuille. Le bruit de la porte de l’ascenseur s’ouvrant à leur étage lui fit détourner le regard, offrant un sourire insolent au jeune homme. Elle le regarda à peine alors qu’il entrait à son tour et ses yeux baissés sur son téléphone ne se levèrent que lorsqu’elle entendit des bruits étranges, venant de la cage d’ascenseur. Elle fronça légèrement les sourcils, et regarda furtivement le blond quand l’appareil s’arrêta net. La jeune femme resta interdite un moment, hésitant entre la colère et le rire,  il fallait que ce stupide ascenseur s’arrête maintenant juste au moment où elle avait décidé de rentrer chez elle. Elle roula des yeux et regarda Sergei « Si je n’étais pas rationnelle, je pourrais presque penser que ta présence me porte malheur ». Elle sourit doucement avant de regarder le numéro d’urgence qui était inscrit non loin de la porte.

Personne ne souhaiterait être dans la tête de Gabrielle à cet instant, ou des dizaines d’insultes semblaient se perdre. Pourquoi quand une couille devait arriver, elle pouvait être certaine que ça allait lui tomber dessus. La jeune femme dramatisait surement, mais tout était fait pour l’exaspéré, non seulement elle avait passé la journée terrée dans la bibliothèque et maintenant il serait fort possible qu’elle passe la soirée coincée dans l’ascenseur avec … Sergei, rebaptisé, monsieur modeste pendant qu’on y était. Il y avait quelque chose d’étrange entre eux, une attirance qu’ils n’assumaient, ou plutôt qu’ils faisaient semblant de ne pas assumer, en attendant que l’autre cède en premier par fierté sans doutes. Le blond ne laissait pas la brune indifférente mais il ne fallait pas compter sur elle pour qu’elle puisse le lui dire et encore moins le montrer. Elle laissa échapper un petit rire lorsque Sergei lui fit part de sa modestie, le regardant en coin elle lui dit d’une voix un peu amusée et moqueuse « Ta modestie te perdra Sergei, en réalité … je sais que tu es au bord de la crise de panique  ne sachant pas comment tu vas faire pour résister à l’effet que je te fais et n’ayant aucune porte de sortie tu es surement en train de chercher un moyen de t’en préserver ». Si le jeune homme voulait faire preuve de fausse modestie, ce n’était pas le cas de Gabrielle, elle était consciente de l’effet qu’elle avait sur la plupart des hommes et si elle n’en n’usait pas exagérément elle était loin de le nier et de s’en cacher.

Composant le numéro, elle porta le téléphone à son oreille, roulant des yeux, agacée lorsqu’elle entendit le service la mettre en attente. Ces imbéciles en plus d’avoir des machines qui ne fonctionnaient pas se permettaient de mettre des plombes pour répondre quand il y avait un problème. La voix d'un homme au téléphone la fit réagir et la brune ne cacha pas son exaspération face à celui-ci. «  Oui … c’est ça bonsoir. Excusez-moi de vous déranger, je me doute que vous aillez autre chose à faire que votre travail … » ironie et insolence encore et toujours « Mais il se trouve que je suis bloquée en compagnie de … » elle regarda Sergei brièvement avant de poursuivre « … peu importe … il faudrait que vous envoyez quelqu’un à Harvard, pour nous sortir … si cela ne vous dérange pas trop bien sûr étant donné que vous faites tout sauf bosser … de l’ascenseur de la bibliothèque». L’interlocuteur n’était évidemment pas ravi du ton sur lequel Gabrielle s’adressait à lui, mais la jeune femme n’en avait absolument rien à faire. Il lui confirma qu’ils ne pourraient être là que dans une quarantaine de minutes, ce qui la fit soupirer nerveusement et glisser un « efficace comme toujours » ironique, avant de raccrocher. Elle regarda ensuite Sergei avant de lui sourire « On dirait que tu vas devoir résister pendant plus quarante minutes modeste. Sois fort je sais que tu peux y arriver».  

La vérité était que Gabrielle n’était pas du tout à l’aise dans cet endroit, pas qu’elle était claustrophobe mais on va dire qu’elle préférait de loin être à l’air libre plutôt que coincée dans cette cage en ferraille. Comme si ce n’était pas suffisant, voilà que Ivanov se moquait d’elle ce qui, par ailleurs lui donnait envie de lui taper la tête contre l’un des murs de l’ascenseur. Enfin, après la réponse du type qui sonnait comme si on venait de lui annoncer ces dernières heures sur terre, elle tentait tant bien que mal de faire bonne figure et de ne pas montrer comment cette situation la stressait. Elle se reposa contre l’un des murs, s’appuyant contre celui-ci avant de suivre modeste des yeux alors qu’il s’approchait d’elle. Son regard persistant dans le sien, son petit sourire en coin et son assurance avait pour effet de le rendre plus attirant encore pour la brune et elle se retint de mordre sa lèvre inférieure alors qu’il vint murmurer à son oreille et qu’elle sentait son souffle s’écraser sur sa peau.

Il recula d’un pas, restant donc relativement proche d’elle, elle garda ses yeux dans les siens avant de sourire légèrement en coin à son tour « Ca dépend pour qui … » Elle passa ensuite sa main dans ses cheveux avant de les attacher à l’aide de l’élastique qu’elle avait au poignet et qui lui servait souvent quand elle étudiant, elle qui détestait avoir les cheveux dans les yeux. « Je suis certaine de pouvoir résister moi … à condition bien sûr, qu’il ait quelque chose contre quoi je dois résister ». Dieu qui faisait chaud être coincée ici, sans air n’arrangeait pas grand-chose. Elle déboutonna le bouton de sa veste avant de l’enlever et de la poser sur une des rambardes de l’ascenseur. « Dis-moi, modeste, tu te penses toujours aussi irrésistible ou tu éprouves juste constamment le besoin de m’impressionner ? ». Elle sourit largement en le regardant, amusée par sa réflexion avant de s’approcher de lui et de poser ses doigts sur son torse, pianotant sur celui-ci, gardant son regard dans le sien. « Qui sait, à force d’essayer tu pourras peut-être y arriver … un jour … ».