FIGHT FOR THIS "LOVE"

Ce soir c'était sorti au Royale avec les potes, une petite bande avec qui je faisais du sport assez souvent, direction la meilleure boîte de Boston, autant dire que la soirée allait être la meilleure de l'année du moins je l'espérais, histoire de fêter la fin de l'année en beauté. Habillé classe pour ne pas faire tâche dans cette enceinte, nous franchissions les portes pour rejoindre la piste de danse après avoir passé un petit moment au bar pour prendre un big mojito pour toute la petite bande posé sur la table que nous commencions à envahir. « Aux vacances !  » On fêtait un peu ça comme si finalement nous n'avions pas fait de soirée depuis des siècles alors qu'en réalité on se voyait toute l'année. Mais le problème des soirées en bande ? Les autres bandes, surtout que nous n'étions que des mecs et que déjà quelqu'un de mes potes draguaient toutes les nanas des alentours, en espérant que y ai pas trop d'embrouilles. Pour le moment je préférais rester sur le canapé à siroter mon mojito.

La fin d'année. Et ben vous voulez savoir ? Je suis bien contente qu'on y arrive. Il est temps qu'on se barre tous de cette fac, qu'on pense aux vacances. J'ai besoin de soleil, de voir d'autres gens. Ces dernières semaines, la colère semble regner comme sentiment principal sous la peau de la demoiselle. Un amas de déception, de la rage centrée sur l'autre sexe. J'aime plus les hommes depuis qu'ils s'amusent à me faire provoquer des frissons sentimentaux. Et jeune femme, tu les détestes tellement que tes billes obscurs cherchent leur admiration. Tu veux te sentir désirée. Tu veux être comme avant. Comme avant qu'ils s'amusent à la balle avec ton battant. Amazone, perchée sur ses talons et la bouche rouge. Autour, y a les copines, et deux-trois mâles qui forment ton groupe actuel. Les belles rient aux plaisanteries de quelques hommes venus s'incruster, Maxym fait de même. Parce que c'est le jeu. Mais son regard est d'avantage concentré sur son téléphone, sa tête dodelinant au rythme de la chanson. Tu m'intéresses pas, si j'souris c'est juste pour pas casser l'ambiance. Ses traits se relèvent quand elle entend un éclat de voix. « Hé ! » Une de ses amies vient de gifler proprement un des incrustes. L'imbécile insiste, elle l'insulte, son groupe se rapproche, dont McAllister. L'un de ses alliés masculins saisit l'épaule de l'énervé, et récolte une droite en réponse. « Tu dégages, et m'fait pas répéter. » Que siffle Maxym, venue agripper le bras de l'inconnu. Parce que nous, moi, ça nous dérange pas de nous énerver.

Posé tranquillement avec mon mojito pendant que mes potes étaient déjà partis en train de draguer à la table d'à côté colonisé par de jeunes femmes qui pouvaient être pour certaines assez charmantes, mais à croire que j'étais moins en manque qu'eux. Les regardant de loin, j'entendis rapidement quelques phrases crier ici et là, me levant alors que cela commençait à dégénérer un peu. Mes potes rendant le coup à un mec de la bande d'en face, alors que les femmes sortaient les crocs, elles n'étaient peut être pas si mignonnes que cela finalement. D'ailleurs l'un de mes potes venaient de se prendre un coup, pissant le sang du nez, je sentais le carnage. Surtout que l'un de mes proches bouillonnant de vengeance, armait déjà son bras.  « Au c'est bon là putain ...  » dis je en essayant de me faufiler pour me mettre un peu entre les deux groupes, même si avec ma crevette de corps face aux autres je ne ferais pas l'affaire longtemps, pas grande résistance. Surtout que voilà qu'un poing venait de se loger dans mon maxillaire, je grimaçais, putain le connard .... surtout lorsque le coup vient de ton pote bien trop ivre déjà pour savoir le bon du mauvais. «Dégage ! » Je le poussais pour qu'il sorte, qu'il ne lève plus le bras sur ma tête parfaitement parfaite, alors que déjà un autre s'excitait de nouveau, j'étais avec des fous, tarés qui venaient de se prendre un vent et le supportaient pas ou quoi. Cela criait dans tous les sens, les coups partaient et totalement innocent j'm'en prenais un autre dans les côtes. Fait chier the soiree !

Il n'en faut pas d'avantage pour que l'attrait de la revenge, de la colère, attire les vautours que nous sommes. Que je suis. J'y peux rien. Mon sang est de ceux qui bouillonnent, qui jouissent de l'adrénaline. Je suis celle qui aime quand on l'abime, quand on lutte. Des bleus couvrent ma peau, souvent bien camouflé sous le fond de teint. Restes de salle de sport, ou de soirées comme celles-ci. Pourtant, dame McAllister essaye de calmer les choses. A sa manière, tous crocs sortis. L'une de ses amies s'est éloignée, préméditant déjà la suite. Les autres persistent. Les hommes signent de leurs poings. Un type essaye de se mettre au milieu. Mais mon mignon, c'est déjà finit l'heure des négociations. Ne vois-tu pas qu'ils ont déjà la bave aux lèvres, et les canines à l'air ? Le coup qu'il se prend de son allié fait s'ouvrir en grand la bouche maquillée. Un instant interdite, avant de se mettre à rire. « Je crois qu'ils se battent entre eux. » Qu'elle glisse à sa coéquipière, n'ayant qu'à peine le temps d'être moqueuse qu'elle se retrouve poussée contre le bar. Manquant de royalement se flinguer la cheville avec ses talons. Les billes déjà sombres s'enflamment, l'Amazone venant tordre un poignet, planter un coude, un genou, marquer quelques peaux de ses ongles, et abimer ses poings à la manière garçonne. Un méli-mélo de coups, à n'en plus retrouver ses camarades. A s'attarder sur l'homme qui s'est interposé, une nouvelle fois victime d'une charge. Et d'une prochaine, si l'on en juge le mec derrière qui s'approche. « Derrière-toi ! » Qu'elle scande au blond, avec un large sourire. Qu'on jugera malicieux, après coup. Un clin d'oeil juste après, qu'elle disparaît dans l'amas de corps échauffé.

Toute cette histoire devenait réellement un scandale, soif de vengeance et de coups, ces derniers partaient dans tous les sens sans même savoir sur quelle personne ces poings venaient s'abattre dans un bruit sourd et une douleur plus ou moins intense. A croire que je devenais le pacifiste de la bande, jamais pourtant le dernier pour rétorquer de toutes mes forces, sauf que ce soir, totalement innocent à cette petite guerre qui devenait de plus en plus grosse au fur et mesure que même des inconnus venaient s'en mêler, je préférais calmer les choses mêmes si le regard de mes potes en disait déjà long sur le fait que cela allait durer encore et encore. A peine avais je réussi à pousser mon pote pour qu'il sorte de l'embrouille, bien aidé par la sécurité, j'entendais une voix crier "derrière toi" étais ce pour moi ? En tout cas son regard s'était adressé tout comme son sourire plein de malice, baissant alors la tête d'un réflexe, je balançais mon coude en arrière d'un geste brusque et intense : ce coup venant percuter le ventre de l'adversaire, l'achevant presque par un coup de genou après m'être retourné tel un éclair. Puis me retournant pour voir ma "complice" du moment, elle n'y était plus, déjà loin de nouveau au milieu des âmes échauffées, les coups continuaient alors que la sécurité essayait d'intervenir se prenant elle aussi quelques coups par ci par là, puis la jeune femme (Maxym), venait à commencer à se battre avec un mec, mon pote, celui qui apparemment était tellement saoul qu'il oubliait totalement qu'on en tapait pas les femmes, me dirigeant vers eux. « Putain tu déconnes ou quoi ... pas une nana, ce sont les tafiotes qui s'en prennent aux femmes ...   » Je savais que le mot "tafiote" parfaitement utilisé allait le faire redescendre un peu, même si tout était trop tard, le poing était armé, poussant alors un peu la jeune femme dans le feu de l'action, j'essayais de bloquer le poing de mon propre pote, ils déconnaient tous ce soir ou quoi. C'était quand ils voulaient la sécurité d'ailleurs qu'ils renvoyaient tout le monde de son côté, non j'faisais pas le poids pour essayer de calmer tout cela, surtout qu'à force mes nerfs allaient flamber et que moi même je sentais que les coups ne pourraient plus se retenir bien longtemps.

Et l'adrénaline me consume, me consomme. Des frissons me gagnent, et ce n'est pas la douleur. Je me sens vivante, plantée dans le présent, j'oublie ceux qui s'amusent de mon coeur. Les déceptions, la détestation de ce qu'on devient. Je suis pas une pauvre demoiselle fragile, les larmes qui coulent parfois, c'est que de l'eau. Mes phalanges qui s'abîment contre ton nez, ca c'est moi. Je suis une combattante, une vaillante. Et qu'importe les raisons, j'ai besoin de ça d'accord ? Seule la blondeur m'apporte une pause, me soutire un autre sentiment que l'expiation de la rage. Alors oui, je souris, je prends le temps d'inspirer. Pour disparaître juste après dans les méandres de la violence. C'est familier, ça sent le sang et la sueur. Le bruit est fait de soupires, douloureux ou de colère. Maxym est dans la masse, elle voit certains compatriotes sortir, se faire sortir même, des étrangers rentrer, sans qu'ils sachent pourquoi ils s'énervaient les poings. Moi, j'ai pleins de raisons. Pas toutes bonnes, d'accord. Des raisons qui nécessitent que je me débatte, que mes bras se teintent de marques de doigts, et que son ventre accueille mon genou. Quand la revanche masculine veut s'abattre sur mes traits parfaits, on la stoppe dans son élan. « Putain tu déconnes ou quoi ... pas une nana, ce sont les tafiotes qui s'en prennent aux femmes ...   » Elle veut répliquer, mais est dégagée de la scène. Tangue légèrement sur ses talons, et s'accroche à l'épaule de l'homme pour se rapprocher. « Je ne suis pas une "nana". » Qu'elle siffle avec l'air de la petite adolescente insolente, qui ne peut s'empêcher de toujours corriger. Et d'adresser un fin sourire provocateur à l'homme dont le poing se bloque. T'as perdu, même ton camp se retourne contre toi. Dans la pagaille, entre la sécurité qui s'en mêle et notre propre bazar, le pied de la McAllister parvient à se confronter au côté de l'homme. Toujours frapper avant de l'être. « Tu devrais mieux choisir tes amis. » C'est presque un murmure, toujours taquine, toujours souriante, malgré le corps endolori. Ca sera pire tout à l'heure, encore plus demain.

La musique qui résonne à en perdre la tête. Les cris émanant de cette bagarre ridicule viennent frapper mes tympans dans une douleur insupportable. Essayant de m'interposer tant bien que mal, j'aimerais disparaître, m'effacer et pourtant je tente de parer un coup qui vient de droite puis un autre qui vient de gauche. Habituellement bagarreur, je ne souhaitais qu'une chose passer une agréable soirée et voilà que je me retrouve à vivre la pire soirée depuis longtemps. Je me prends même des coups, un puis deux, j'crois que j'ai l'arcade en sang mais peu importe, faut les calmer les lions en rut. Et puis il y a cette jeune femme, qui semble aimer les combats, elle glousse, elle sourit, elle y va, elle supporte sa team, elle me fait sourire à mon tour même si j'ai autre chose à faire, elle met de la joie dans ce KO. Oui c'est elle que j'ai essayé de protéger un instant, sans même savoir pourquoi, jouer les héros ? Certainement pas, elle semblait n'avoir besoin de personne et pourtant ... D'ailleurs elle se trouvait tout à coup juste derrière moi, elle affirmait qu'elle n'était pas une nana, je laissais échapper un rire avant de lui rétorquer.  « Et qui êtes vous alors ?  » Comme si tout à coup, mon regard prenant position sur son visage, comme si le temps s'était arrêté autour, que les bagarres pouvaient continuer sans que je ne sache ce qui allait se passer, ni même vouloir y participer, elle était la lumière dans ce KO sans fin.  « Les tiens sont des teignes aussi ...  » Un point partout, on avait de mauvaises fréquentations, et alors ? Les ennemies de mes amis sont mes ennemis ? Pour le coup je n'avais pas envi d'y croire, NON !

Dans cette jolie spirale, on en oublie qui sont les alliés, qui sont les ennemis. On croise un regard et on s'y fixe. On s'laisse happer, et zappe de lever sa garde. On s'abime les genoux, les mains, tu t’abîmes l'arcade et la peau. La douleur tiraille et l'excitation prend au ventre, s'amuse avec ton échine, nous fait sourire alors qu'on devrait être catastrophé. Quelle bande d'idiots, à ne même pas saisir la beauté. Vous oubliez les autres douleurs, les anciennes et celles du cœur. N'existe que l'Instant. Ce Moment où vous vous terrez dans une parenthèse confortable, où l'adrénaline bouffe tout votre monde, tout le reste. Où ta main se pose sur l'épaule du supposé adversaire, qui vient d'éviter un trop gros dégât au visage féminin. Merci pour ça. Ca n'empêchera pas que je rectifie, d'un mutin : « Une femme. » Une femme, qui se régale de violence, d'excès, mais se laisse séduire par un regard plus lumineux que les autres. Qui parfois tombe à genoux, mais se relève toujours, sa couronne souvent bancale sur son port altier. Princesse sans royaume. Qu'importe. Mes doigts quittent son épaule, parce que tu me regardes, et qu'il y a une partie de moi que ça perturbe. Les billes foncées se posent sur ses « teignes », un espèce de sourire attendri aux lèvres. « Je sais, c'est en parti pour ça que je les aime. » Ce ne sont pas des amis proches, pas de ceux que je ramène chez moi et qui recueille mes confidences. Mais solide comme groupe d'excessifs. Le haussement de voix de son amie se fait entendre, et Maxym se raidit. « J'vais aller l'aider contre tes teignes. » Qu'elle s'en amuse, tout en gardant les billes fixées vers  la sécurité qui commençait sérieusement à faire le ménage. Regarde l'homme, à nouveau, se pinçant les lèvres. « Essaye de ne pas te faire sortir. » Que je te retrouve à la fin, quand la tempête aura finit se sévir.