Peu importe où nous sommes, le passé nous rattrape toujours

   Me voici donc à Harvard, loin de ma contrée, de ma famille, de mes soucis, de mon mariage raté pour entamer une nouvelle vie. Et ce, avec comme particularité de faire partie d’une des Maisons du campus. J'avais choisi les Quincy ce qui semblait me coller le plus à la peau et puis je voulais aussi casser cette solitude pour ne pas me renfermer et me sentir également utile sur n’importe quel front.

Tout allait pour le mieux, je poursuivais mas études de médecine, j’errais ici et là, pour m’approprier les lieux de ce campus si réputé sous un soleil radieux d’ailleurs, sacoche en bandoulière et un bouquin à la main. Parfois il m’arrivait de me perdre dans mon orientation tant j’étais partie à penser, à trop réfléchir. Je tentais de prendre mes marques, de me situer dans ce nouvel environnement, un peu apeurée mais c’était pour mieux avancer dans mon avenir.
Les yeux se posaient ici et là, sur quelques visages, sur tout ce qui pouvait orner cet endroit ou toute une plâtrée d’étudiants circulaient comme s’ils avaient toujours vécus ici tandis que moi j’avançais à tâtons, pas très sure de moi, de mes pas qui m’emmèneraient je ne sais où. J’explorais simplement les lieux, espérant ne pas trop me perdre. Même si le plus simple au pire des cas serait de demander à une personne où me diriger ou encre retourner sur mes pas pour atteindre mon point de départ.

Ce fut à cet instant, que je percutais plus ou moins une personne, faisant même tomber mon livre de Mary Higgins Clark au sol. Quelle idiote. Relevant la tête après récupérer mon roman, l’un de mes passe-temps favori lorsque je prenais un peu de temps pour moi, que mes yeux se posèrent sur cette personne et ce fut là que je vis ce visage si familier qui me fit sursauter le cœur. Serrant mon livre tout contre moi, je déglutis avant de m’assurer qu’il était bien là face à moi. C’était une sensation étrange et déconcertante à la fois. Je crus faire un arrêt cardiaque dans la seconde. Je devais contrôler ma respiration et mes nerfs avant de me reprendre sous cet effet de surprise.
« Qu’est-ce que tu fais là ? »M’avait-il suivi ? Savait-il que j’étais à Harvard ? Que faisait-il ici ? Tout un tas de questions qui ma taraudaient l’esprit.  Nous ne nous étions pas quittés en mauvais terme, ou presque, j’avais fui en quelque sorte, rejoignant mes proches, ma famille, malgré que je l’aimais, mais tous les amours ne sont faciles à vivre et d’autres sont  malheureusement invivables. Une pointe de nostalgie vint me traversé l’âme. Baissant le regard un court instant,  je me sentis si vide qu’ à peine inaudible je repris la parole. « Je dois y aller je vais être en retard… »Sans savoir ce qu’il me répondrait, tiraillée entre vouloir connaitre la raison de sa venue ici et le fait de vite m’éloigner de lui. Une cruelle sensation vint m’envahir. Un amour impossible peut-il se poursuivre en une réelle amitié ?

Tout se bousculait dans ma tête, les souvenirs, les rires, les pleurs, notre rencontre, notre mariage, le bonheur partagé et puis cette dure réalité qui avait fait que la vie ne semblait pas vouloir nous laisser vivre pleinement. J’étais partie à des milliers de kilomètres de chez moi, de tout ce passé et voilà que je tombais sur Stephen. Peut-être était-ce le destin ? J’avais toujours cette sensation que lui et moi étions liés et on le serait probablement à jamais même si entre nous plus rien ne pourrait se faire, ou même se défaire. Deux âmes perdues, errantes torturées…Au point que je ne voulais même pas savoir quel était son ressenti après que je sois retournée chez moi auprès de mes parents et de mon frère aîné, où  j’avais vécu en ermite, refusant tout contact extérieur, afin de panser mes blessures, ou du moins essayer…


   

Je ne sus si je devais rester ou partir, comment gérer tout ceci après un tel désastre. Une relation si idyllique qui a fini par se perdre tant nous étions avec des caractères opposés et si différents au point que cela nous avait coûté notre mariage. J’avais décidé de reprendre ma vie en main comme je le pus, reprendre mes études, poursuivre mon optique de vie et aller de l’avant pour ne pas me meurtrir dans des pensées, des souvenirs des blessures. Pensant à prendre la fuite sur l’instant, je fus interrompu dans ma lancée quand Stephen me parla. Cette voix que j’avais tant entendu par le passé, pendant tant d’année et qui m’avait fait tant frissonner tant je l’aimais à m’entendre dire des choses. Cela m’étira un léger sourire aux coins des lèvres. Levant les yeux sur sa personne, je pris une infime inspiration avant de lui répondre.
« Bien sûr, je suis désolée…oui c’était une question bête. Au temps pour moi. »Un léger froid se mit ensuite en place, avant de repartir doucement vers une possible conversation. Même si mille questions me taraudaient l’esprit. Avait-il fait de nouvelles rencontres ? Avait-il quelqu’un dans sa vie ? Me détestait-il ? Supporterait-il de nous voir chaque jour à nous côtoyer alors que nous sommes devenus si espacés l’un de l’autre ?
J’aurai pu appuyer ma réponse autrement et dans tout autre sens comme le fait d’avoir voulu m’éloigner de mon ancienne vie, de mon frère Charly si oppressant et protecteur , de mes parents qui ne suent comment agir avec moi, bien que ma mère depuis mon retour de ce mariage raté, avait pleuré pendant des jours heureuse de m’avoir retrouvé et malheureuse d’avoir pu voir mon père si détaché de moi après mon acte irréfléchi d’avoir été en fuite pour me marier, déshonorant notre famille malgré qu’il avait pu rattraper le coup en me disant être partie pendant un temps en mission humanitaire. Je ne sus si les gens de notre entourage avait appris la véritable histoire ou non mais les personnes n’étaient pas crédules à mon sens à moins d’être crédules et d’avaler toutes sortes de paroles venant de mon père. Bien que je ne sus ce qu’il s’était dit sur mon compte concernant mon absence auprès des miens pour avoir voulu et être partie vivre mon histoire d’Amour auprès de mon époux Stephen O’Brian.
« Alors ? Qu’est ce qui t’as poussé à venir dans cette université plutôt qu’une autre ? »Je n’osais me lancer mais j’vais toujours été honnête avec lui. Même si j’étais partie précipitamment il y a quelques mois déjà…
« Je pensais que tu resterais auprès des tiens pour reprendre ou fusionner avec le reste de la fratrie O’Brian. »Tentais-je de dire pour alimenter un début de conversation qui serait agréable, du moins le souhaitais-je. Avançant de quelques pas vers le reste du campus visitant les lieux ici et là.