LIES A JAMAIS

LIES A JAMAIS
— leïla et sergeï

A dire vrai, cette période de l'année n'était pas celle que je préférais. Non cela faisait un an, une longue année, une trop longue année que ma meilleure amie s'en était allée, même surement plus, comme si j'avais fais un reset de tout ce qui s'était passé pendant les attentats, ces moments horribles que nous avions presque tout traversés, voyant nos proches succomber, partir ... J'avais mis du temps avant de pouvoir de nouveau retourner sur le campus, pour réussir à penser à elle sans avoir les larmes qui envahissaient mon visage en quelques secondes. Je crois que dans ma vie les trois meilleures amies de mon existence avaient toutes eues une place importante, gigantesque dans ma vie et aujourd'hui je me retrouvais sans aucunes d'elles dans ma vie. Un coup coupable, un coup victime, dans cette histoire c'était injustice et regrets. Je la voyais encore à quelques mètres de moi en train de pleurer, sentant la vie s'en aller et moi dans l'incapacité d'avancer plus vite pour la sortir des décombres, la jambe douloureuse, pissant le sang, j'avais été inutile et tout ceci était de ma faute. Et aujourd'hui en plus de cette période, c'était l'anniversaire de décès de celui que j'avais pris l'habitude d'appeler Mike, j'avais promis à Gulia de veiller sur lui, chose à laquelle j'avais encore échoué. Un bouquet à la main, je me rendais au cimetière le coeur lourd, les pas lents, comme un besoin de venir le voir, lui montrer que même si la vie continuait il resterait toujours là dans mon coeur. Une fois arrivé devant, je voyais déjà Leïla qui se trouvait plantée devant, avançant alors sans un bruit, je me mettais derrière elle, posant ma tête sur son épaule, et l'entourant d'un bras au niveau de sa taille. Car oui j'étais là ! Pour lui, pour elle, pour toute cette histoire qui nous avait rapproché, bien plus qu'on ne l'aurait cru. « Ca va aller, ma belle ? » Bien loin d'un ma belle que je pouvais sortir à n'importe qui en soirée, celui ci était plus que sincère, plus que profond, je voulais être là, avec elle, point barre !

(Invité)

Un an. Ça fait un an que Michaël est mort et je le vis mal, très mal. Je ne peux pas dire pourquoi ni comment mais je le vis mal. Je n'ai jamais été une bonne grande soeur pour mon petit frère, absolument jamais. Quand ma mère l'a adopté, j'ai pleuré parce qu'on avait pas adopté Feryel. Quand il s'est fait mal pour la première fois, je lui ai dis d'arrêter de chialer, qu'il n'était déjà pas un Cartwith de sang mais si, en plus, il chouinait pour un rien, ça n'allait pas être possible. Quand les médecins l'ont plongé dans le coma, je ne suis pas rentrée tout de suite. J'avais des examens, un voyage dans les alpes françaises de prévu alors bon... Et là, je suis devant sa tombe et mon coeur se serre. C'est quand on perd quelqu'un qu'on se rend compte à quel point il a compté pour nous. Je ne croyais pas à cet adage mais finalement... Je m'accroupie pour déposer le bouquet de fleur que j'avais fais faire sur mesure pour l'occasion et pose ma main sur la pierre tombale, me retenant de pleurer. Il n'y a qu'ici que je relâche la pression, que je me laisse aller de la sorte. Je me redresse, reste stoïque devant son nom écrit ainsi que ses dates de naissance et de mort. Il n'avait que 20 ans... Je soupire et ferme les yeux. Des mains se glissent autour de ma taille, une tête se pose sur mon épaule et je sursaute légèrement. Je reconnais la voix de Sergeï et pose mes mains sur les siennes. " Non " Soufflais-je, la voix tremblante, pleine d'émotions et de larmes. " T'imagines que ça fait un an " Ça passe fuckingement vite un an, quand on y pense...

(Invité)

LIES A JAMAIS
— leïla et sergeï

L'ambiance avait toujours été pesante dans ce cimetière, même si aujourd'hui tout semblait un peu moins triste et intense qu'il y a un an au moment de l'enterrement, mon coeur continuait de se serrer chaque jour que je pensais à Gulia et Mike. Ils avaient presque tout pour être parfaits, beaux, jeunes et fous amoureux. Plutôt réticent au départ de toute cette histoire, j'avais finalement était l'un de leur plus grand fervent supporter et complice, j'avais mené des bateaux pour que la famille de Mike ne se doute de rien. Combien de soirée entre mecs on s'était organisé alors que Gulia était dans les parages sans que personne ne le sache, car les Cartwith étaient contre, point barre ! Et aujourd'hui je ne regrettais rien de tout cela, au moins l'un comme l'autre avait pu trouver l'amour avant de s'éteindre, de s'en aller, comme Buzz l'Eclair, vers l'infini et l'haut delà. Eux ne souffrais plus, eux vivaient en paix avec qu'à cet instant précis pour Leïla et moi même c'était la journée de l'horreur, la journée des larmes et des sanglots. « J'suis là ... Ca me paraît tellement plus proche, je revois le visage de Gulia sous ces pierres, en train de pleurer, de souffrir et moi qui suis bon à rien pour la sauver de là ! » Les mots étaient sortis tous seuls, car cette vision me hantait toujours aujourd'hui et c'était la plus grande raison de mes rendez vous hebdomadaires chez la psy, je n'y voyais aucune amélioration pour le moment, mais qui sait un jour.

(Invité)

Non ça ne va pas et oui, ça va faire mal pendant encore un bon petit bout de temps. Je n'arrive pas à m'y faire, à me le dire, à le comprendre... Mon frère est mort et je ne comprends pas comment ça a pu arriver. Sérieusement, c'est quoi cette université à la con où ses étudiants frôlent la mort plusieurs fois pendant leur cursus ? Je ne crois pas au destin, à la poisse et à tout ce qui va avec mais là... Je ne sais pas, c'est bizarre. J'avais été incapable de rentrer voir mon frère après les évènements, préférant rester loin de lui, de tout ça parce que je n'étais pas assez courageuse et qu'avouer l'effet que ça me faisait était impensable. J'ai passé vingt quatre ans à détester Michaël, ce n'est pas maintenant que ça va changer. Je soupire fortement et serre les mains de Sergeï comme si je m'accrochais à une bouée de sauvetage. On a tous les deux perdus des gens qu'on aimait l'an dernier... À vrai dire, on a été nombreux à perdre quelqu'un qu'on aime mais me voir comme le commun des mortels, non merci. Je l'écoute et grimace légèrement. Gulia, je ne l'ai jamais supporté. Surtout pas alors qu'elle était bien trop vieille pour mon frère. Il était heureux mais non, j'étais contre. J'étais contre tous les choix qu'il faisait, de toute manière. Je tourne le visage pour lui et pose ma main sur sa joue, cherchant ses yeux, son regard. " T'y es pour rien Sergeï, les médecins ont dit que tu avais fais tout ton possible, qu'ils n'auraient pas pu faire mieux " Soufflais-je en collant mon front au sien, fermant les yeux quelques secondes. J'avais été chercher les dossiers de Gulia en rentrant à Harvard, j'avais fais ma petite enquête quoi. " Même moi j'aurai pas pu la sauver " Soufflais-je en rouvrant les yeux. Face à une grosse blessure, même le plus doué des médecins ne peut rien faire. " T'es resté avec elle jusqu'au bout, elle n'était pas seule et même si elle avait peur et que toi aussi, je suis sûre que tu l'as rassuré au maximum " Soufflais-je en glissant mon pouce sur sa joue, lui adressant un léger sourire. Il a tout fait pour elle, absolument tout. Il était là dans le pire moment de sa vie, chose à laquelle j'avais lamentablement échoué avec mon frère.

(Invité)

LIES A JAMAIS
— leïla et sergeï

La sentant proche de moi un instant, je sentais que mon coeur se mettait à battre plus fort, comme si elle me redonnait une certaine force que j'avais bien du mal aujourd'hui à puiser. Ses doigts sur ma joue, puis son front sur le mien, comme pour me manifester le fait qu'elle se trouvait là avec moi et pour moi dans la pire des situations. L'enlaçant alors de toutes mes forces sans pour autant l'étouffer, pas de bouche à bouche en cette journée oppressante. « Oui mais ça n'a pas suffit et c'est surement la seule chose qui me restera en mémoire ... » C'était bien beau d'avoir fait ce qu'on pouvait le plus, toujours était il que le résultat était là et que Gulia n'était plus là, tout comme Mike au passage. Certes je me plaignais, alors que Gulia n'était que ma meilleure amie et Leïla avait quand à elle perdu son frère, et pourtant cela me brisait bien plus le coeur que je ne l'aurais jamais imaginé. Je me tournais de nouveau face à la tombe de Mike, laissant de nouveau le silence prendre place dans l'atmosphère, un silence lourd et pesant. L'ambiance était hostile et noire, et j'espérais bien pouvoir avoir une fin de journée un peu moins horrible, même si de toute évidence la journée était gâchée comme de nombreuses autres par leurs absences. Mais la vie continuait, nous nous faisions de nouveaux amis, une nouvelle vie, les gardant dans notre coeur, continuant d'avancer tout de même. C'était la vie, la dure réalité de la vie, continuer d'exister alors que ceux qui faisions de nous qui nous étions ne sont plus là. « Tu as prévu quoi après ... »

(Invité)

La vie n'est pas toujours facile et juste. Loin de là même. Perdre mon frère est surement l'expérience la plus traumatisante de ma vie même si Michaël et moi, ça n'a pas toujours été l'amour fou. Pourtant, il fait parti de ma famille, il est mon frère. Enfin, était. Je ne m'en remettrais surement jamais, encore moins quand on voit l'attitude que j'ai eu avec lui. Petit afghan adopté, tâche au milieu d'une famille de blonds. Je l'avais toujours traité comme un moins que rien mais le vide qu'il laissait dans ma vie n'en était que plus gros en ce moment même. Heureusement que Sergeï était là, qu'on était là l'un pour l'autre. Parce qu'ensemble, on oublie tout. " Arrête de ressasser ça Sergeï, ça te sert pas " Soufflais-je avec une petite mine, une voix douce et loin de la voix agressive que je pouvais assigner à n'importe qui. Je n'étais pas la même avec Sergeï et encore moins un jour comme ça. avec lui, j'étais douce et avenante alors qu'avec n'importe qui, j'aurais fait de cette personne ma nouvelle victime. Face à la tombe, je ferme les yeux. C'est quand les gens sont partis qu'on se rend compte qu'on les a aimé. Je soupire légèrement et passe une main dans mes cheveux. " Rien du tout. Je comptais aller me bourrer la gueule au bar du coin et toi ? " Mon père me tuerait s'il m'entendrait. Quoi que... Je me dis que pour l'anniversaire de la mort de son fils, il ne serait pas trop regardant. " Mais si on peut aller faire quelque chose qui nous occuperait l'esprit, ça m'arrangerait " Lâchais-je avec un léger sourire vers lui. N'importe quoi. Sauter d'un hélicoptère, prendre l'avion pour Los Angeles et le parc Disney, allez à New York manger en haut de l'Empire State Building. Ce qu'il veut, réellement..

(Invité)

LIES A JAMAIS
— leïla et sergeï

Repenser au passé, refaire le monde avec des SI voilà ce que je faisais souvent le soir avant que les bras de Morphée ne me kidnappent. Tous les soirs ou presque les images me revenaient en tête, et concrètement toute cette histoire de psychologue ne semblait pas réellement faire quoi que ce soit sur ces cauchemars et ces angoisses qui prenaient trop souvent possession de mon corps. A croire que pour le moment le choc était encore beaucoup trop présent, et encore plus en cette date, cette date qui semblait être comme la bombe après le décompte, un supplice. Toujours postés debout devant la tombe de Mike, et toujours la tête sur l'épaule de Leïla, le silence reprenait le pouvoir comme si de toute évidence les mots ne servaient à rien. Mais finalement je l'interrogeais sur ce qu'elle comptait faire, se bourrer, bonne idée, excellente même, boire ou oublier tout le monde connaissait cet adage. « Me bourrer ça me tente totalement ... Et si j't'embarque avec moi direction Vegas ? » Un bon moyen de flamber notre frique dans les casinos, tout en sirotant des cocktails puis rejoindre les soirées les plus branchées de la ville. En plus j'avais toujours rêvé de me rendre à Vegas, comme ça sur un coup de tête ...

(Invité)

J'ai le coeur en vrac mais me retrouver avec Sergeï me fait du bien. Il est là pile quand il faut et je ne pourrais pas faire autrement que de le remercier indéfiniment. On est tous les deux liés à jamais, qu'on le veuille ou pas. Je suis contente d'avoir le jeune Winthrop dans ma vie mais je dois avouer que j'aurai préféré que ce soit pour des souvenirs un peu plus joyeux. On s'était connu grâce à Michaël et Gulia et je voudrais les remercier. Mais les remercier en chair et en os, pas de cette façon, face à la tombe de mon petit frère. Ses bras autour de moi, je me sens un peu mieux. Pour combien de temps ? Ça c'est de la question. Je soupire légèrement et lui expose mon 'programme' de la journée. Jusqu'à ce que je change d'avis parce que ça va arriver, je vais changer d'avis parce que boire pour oublier n'est pas franchement ce pour quoi je suis le plus douée. Je l'écoute et fronce les sourcils. Vegas, sérieusement ? J'ouvre mon sac à main et en sors mon passeport. " Allons-y " Lâchais-je avec un large sourire sur le visage. Cassons nous et vite. Oui. Vite, si vite, plus vite que ça. " Mon chauffeur m'attend, on peut être à l'héliport en une vingtaine de minutes " Concluais-je avec un sourire sur le visage. Hélicoptère qui nous emmènera à l'aéroport en un temps record. Et on pourrait rester là bas quelques jours, oublier, profiter... Mais ne pas se marier, faut pas abuser. En tout cas, maintenant qu'il avait émit cette possibilité, je rêvais d'y aller et plus vite que ça !

(Invité)

(Contenu sponsorisé)