La main dans le sac.

« C’est du gâchis que tu deviennes une bonne sœur ma puce » râla Bonaventure mais en même temps, il savait qu’il serait capable de menacer tous ses prétendants pour être certains qu’ils la traitent bien. Edelweiss était sa petite merveille, elle était comme sa sœur jumelle. Il était hors de question que quelqu’un lui fasse du mal -heureusement donc qu’il n’était pas au courant du pourquoi et du comment elle avait si peur des hommes. « Je sais que je dois faire plus attention mais j’ai tendance à oublier que je suis marié… Je n’ai aucun sentiment pour Suzanne et je dirais même qu’elle a tendance à me glacer. Sa dernière lubie est de me présenter à ses meilleures amies. Du coup, elle m’a envoyé tout un questionnaire à remplir pour que l’on se connaisse par cœur. Elle m’a envoyé ses réponses il y a quelques jours… Comment te dire… J’ai l’impression de lire les pages jaunes ! Si tu veux t’amuser, j’ai imprimé la dizaine de page que je dois mémoriser pour la fin du mois » grommela-t-il. Si seulement il était tombé sur une femme comme Edel’, le mariage aurait pu être intéressant mais non… Il était tombé sur Cruella d’enfer.

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Bonaventure

« Peut-être pas pour les autres bonnes sœurs qui profiteront de ma douce compagnie, et toc ! » Tu lui effleures le bout du nez avec ton index alors que tu viens coincer ta langue entre tes dents, faisant une légère grimace. Tu n’insinues pas par-là que tu peux devenir homosexuelle, même si cela réglerait certains de tes problèmes, cette idée ne t’a jamais effleuré l’esprit. Tu reprends alors ton sérieux une minute, tu souffles longuement en l’écoutant, tu sais qu’il a du mal à gérer la situation, en même temps qui profiterait d’un mariage blanc sans se soucier de quoi que ce soit ? C’est totalement impossible et a sa place tu serais encore plus paniquée. « Je comprends Bona… mais dis-toi que ce n’est que temporaire. Après ce mariage, vous ne vous verrez plus, votre vie sera totalement différente. Tu auras officiellement tes papiers et elle, elle pourra aller glacer le sang de quelqu’un d’autre. En attendant, il va falloir que l’on ajoute la matière Suzanne à tes révisions pour tes examens de fin d’années et ne t’inquiète pas, je serai là pour t’aider. » Tu trouves cela bizarre d’imprimer un questionnaire et de devoir apprendre les réponses par cœur mais ce n’est pas étonnant, c’est la technique la plus basique pour apprendre à connaître quelqu’un, sans âme mais basique.

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« Ouais mais moi, je ne pourrais pas profiter de ta présence ! » grommela-t-il en soupirant bien qu’il retrouva rapidement un sourire lorsqu’elle lui effleura le bout du nez avec son doigt. Impossible de rester morose auprès de sa cousine, Edelweiss était son petit rayon de soleil personnel -C’est bien pour cela que cela le chagrinait qu’elle ne puisse pas être heureuse auprès d’un homme. La jolie cabot méritait le bonheur tout simplement. Bonaventure se plaignit alors de sa chère et tendre épouse qui lui glaçait le sang plus que toute autre chose. Il n’était pourtant pas un homme difficile mais Suzanne n’avait visiblement aucune empathie et cela coinçait beaucoup entre eux. « Le pire, c’est que je n’ai pas envie de la connaitre. Tu me connais, je suis une bonne patte ! Je suis même très sociable mais avec elle… Je ne sais pas, j’ai même pas envie de faire l’effort et puis à quoi ça sert de la connaitre ? Comme tu dis, une fois le mariage annulé, je ne compte pas la fréquenter plus que nécessaire. C’est toi que j’aurais dû épouser » rigola-t-il. Après tout, ils n’avaient aucun lien de sang.

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Bonaventure

Tu soupirais tout en fixant un instant le plafond, parfois il faisait tout pour te sortir de tes gonds, pour rire bien sûr. Tu aimais ton cousin et tu n’aimais pas le voir dans des situations telles que celle-ci mais il n’avait pas le choix, pour rester ici, il devait faire face à ce mariage blanc tout en montrant qu’il filait le parfait amour avec une inconnue. Tu ne répondais à sa petite remarque, tu ferais peut-être une excellente bonne sœur mais même si tu n’aimes pas la mode, que tu es une fille simple, les tenues au sein d’un couvent ne t’attirent pas du tout. Tu croises les bras et laisses tomber ta tête contre le mur derrière toi, ton cousin est dans une impasse. « Je sais bien qu’elle est spéciale, qu’elle ne donne pas du tout envie de la connaître mais tu es obligé Bona. Et je sais que ce faux mariage t’en demande beaucoup mais il faut que tu fasses ces efforts, même si tu n’en as pas envie. C’est important, il faut y mettre du tien. » Tu poses ta main sur la sienne tout en plantant ton regard dépité dans le sien, tu sais qu’il fait ce qu’il peut, malheureusement tu as peur que ce ne soit pas assez. Tu lâches un rire nerveux en entendant sa remarque. « Je ne suis pas sûre que je fasse une meilleure épouse tu sais… »

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Edelweiss était la voix de la raison, celle qui l’empêchait de faire des conneries la plupart du temps. Elle était son petit ange, sa petite conscience sur son épaule gauche. Il savait qu’elle avait raison au sujet de Suzanne, qu’il devait jouer le jeu, se montrer reconnaissant également. Le problème c’est que le romantique en lui se tordait de douleurs. « J’essaie d’y mettre du miens mais dès que je lui trouve une circonstance atténuante, elle trouve le moyen de me déplaire autrement » soupira-t-il. Cela aurait été tellement plus simple s’il avait pu épouser la femme de son choix même pour un mariage blanc. « Oh si crois-moi ! Au moins, toi, je sais que tu ne serais pas en train de me demander de prendre ta virginité en me fixant un rendez-vous. Oui, c’est la dernière lubie de ma femme. Elle souhaiterait se débarrasser de sa virginité car les rapports sentimentaux ou sexuels ne sont qu’un frein à son ambition professionnelle et qu’être vierge pourrait être un handicap dans sa vie. Peut-être s’attend-elle à avoir recours à la promotion canapé » lâcha-t-il avec une certaine amertume. Bonaventure avait l’impression de n’être qu’un objet, de ne plus s’appartenir. Il était comme un animal en cage ou un lion dans un cirque.

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« La situation ne doit pas être facile pour elle, à croire qu’elle te demande gentiment ta main pour te la faire couper. Je la trouve vraiment étrange, elle est gentille et l’instant d’après elle t’aboie dessus comme ces gros chiens… » Tu regardes ton cousin tout en croisant les bras, tu restes incrédule. Quelque chose t’échappe dans cette histoire et tu n’arrives pas à mettre une solution sur le problème. Tu ne comprends pas comment cette femme, qui a accepté un mariage blanc, peut tout faire pour se faire détester, quitte à annuler sa situation actuelle et avoir des problèmes car aux Etats-Unis, c’est le genre de crime qui est punis. Tu souffles en réfléchissant à te faire fondre le cerveau, puis tu regardes ton cousin en entrouvrant tes lèvres. Tu n’arrives pas à y croire, tu ne pipes pas un mot. Elle veut perdre sa virginité, comme ça ? Tu secoues ta queue de cheval blonde de gauche à droite en sifflant entre tes lèvres. « Cette fille est vraiment folle… » Tu ménages tes mots, tu as tellement de mots qui te viennent en tête lorsque tu penses à elle et ses lubies étranges. Tu cherches quoi répondre à ce dernier phénomène que vient de t’exposer ton cousin mais tu ne trouves vraiment rien à dire, il vient de te scotcher à son lit.

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« Je pense qu’elle a accepté avant tout pour son propre intérêt. Elle étudie les sciences politiques alors avoir un beau-père sénateur, ça aide pour trouver des stages etc. Après, tu sais, le monde de la haute est profondément ancré dans les apparences. Elle donnera toujours une très bonne image en société mais dans l’intimité… je me paie Cruella d’enfer » soupira-t-il. C’était sûrement ça le pire. Devant tout le monde, ils formaient un couple assorti et adorable. Son épouse restait souriante, aimable et sympathique. Ce n’est qu’une fois qu’ils étaient seuls qu’il avait le droit aux critiques sur telle ou telle personne. Rien ne semblait trouver grâce aux yeux de Suzanne Weasley mise à part elle-même. « Penses-tu » ricana-t-il en se passant une main sur le visage. « Tu comprends pourquoi je recherche un peu de compagnie ? Je dois simuler le parfait mariage aux yeux de tout le monde alors que je me suis jamais senti aussi seul… Par moment, je me demande si cela vaut le coup ! Après tout, j’aurais très bien pu rester en Namibie voire faire mes études en Europe avec un visa étudiant » lâcha-t-il mais il savait très bien pourquoi il était revenu : pour elle, pour ses amis, pour sa vie à Cambridge.

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Bonaventure

« Je le sais, c’est sûrement pour ça que j’ai vraiment du mal avec ce type de personne… Mais en y réfléchissant, son idée est à double tranchant, elle est tellement populaire dans son monde, notamment à cause de son père… Regarde les dégâts que ça pourrait entraîner si ce mariage venait à échouer, que ce soit dans un divorce ou à cause d’une histoire de papiers, tu imagines les énormes retombées ?? » Tu es sidérée par toutes ces révélations, le voile de ce mystère s’estompe peu à peu et plus les révélations se font pertinentes, moins tu comprends quelque chose à cette histoire. Que cette fois soit exécrable dans l’intimité est déjà quelque chose d’ahurissant à tes yeux, même si cela ne t’étonne guère car tu sais que pour énerver ton cousin, il faut y mettre tout son cœur, mais les retombées dangereuses de ce mariage te laissent perplexes. Tu souffles, dépitées, puis tu t’amuses quelques secondes avec son animal de compagnie, écoutant d’une oreille les confessions de Bonaventure, tu ne peux pas lui en vouloir de se sentir seul, de tout mettre en œuvre pour rester à Harvard, auprès des gens qui forment sa vie actuelle. « On va trouver une solution… » Tu l’espères en tout cas.

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« Oh je les imagine très bien ! Elle s’en sortirait très certainement avec un rappel de la loi parce qu’elle a des parents influents et moi, je me retrouverai à la case départ en Namibie » haussa-t-il des épaules. Bonaventure se demandait si tout simplement, il ne devrait pas abonder dans le sens de son épouse. Après tout, personne n’était foncièrement méchant dans la vie, elle devait très certainement avoir de bons côtés n’est-ce pas ?! Ce mariage pouvait très bien être quelque chose de viable sur le long terme. « J’en ai bien une : essayer d’aimer ma femme » lui dit-il avec une petite grimace. D’ordinaire, les gens s’aimaient avant de se marier et non pas le contraire. « J’ai une idée, et si nous apprenions à connaitre ses gouts ? Qui sait, je vais peut-être trouver des points communs avec ma Cruella » décide-t-il en se relevant pour mieux attraper les papiers et les tendre à sa cousine. « Tu m’aides ? » lui demande-t-il avant de s’asseoir sur le lit, à ses côtés. Bonaventure ignorait ce que l’avenir lui réservait mais au moins, en compagnie de sa cousine, cela lui paraissait supportable.

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