MICKY D. CREED ► Hayden Pannetiere

« ON NE PARLERA PAS DE CA JE TE DIS ! FOUS MOI LA PAIX !! » Micky venait de s’époumoner. Cela faisait bien dix minutes que son père adoptif, Anton, cherchait à lui faire cracher le morceau, à la faire s’énerver ou pleurer. Il attendait une certaine réaction de sa part… une réaction qu’il aurait jugée normale, humaine, profonde. Depuis un an maintenant, la piquante blonde renfermait la majeure partie de ses véritables sentiments au fond d’elle, mentant sur ceux-ci en disant tout était au mieux dans le meilleur des mondes. Mais c’était sans compter l’intervention de son père adoptif… brave homme l’ayant sauvée d’un orphelinat pour lequel il était bienfaiteur, et ce quand elle avait douze ans. Il la connaissait, maintenant. Et pour cause, il l’obligeait encore à venir chaque weekend, après ses cours à la fac, pour passer du temps ensemble… il avait même arrangé son emploi du temps d’homme d’affaires, précisé à son assistant qu’il ne devait être dérangé sous aucun prétexte, aujourd’hui plus encore que toutes les fois précédentes réunies. Anton était bien décidé à faire cesser ce petit jeu d’ombres, et à pousser Micky à s’avouer son véritable état d’esprit. Oh il comprenait bien que la mort de son jumeau, le fait qu’elle ait été tabassée puis laissée pour morte sur le bitume tandis que son frère rendait son dernier souffle à côté d’elle soit perturbant… mais justement, il fallait que tout cela sorte. Qu’elle se libère enfin de cette haine, de cette colère latente lui pourrissant silencieusement l’existence. « Scott n’aurait pas voulu que tu baisses les bras, chérie. Il aurait même voulu que tu continues cette rééducation, que tu ailles jusqu’au bout, que tu te battes pour marcher » avait-il reprit d’un ton calme. Il savait bien que la tempête ne tarderait pas et que la prendre carrément à rebrousse poil était la pire idée de l’année. Alors il tentait, petit à petit, de lui faire entendre raison jusqu’à ce que son esprit soit également d’accord. Cela prendrait le temps que cela prendrait, mais il ne comptait pas lâcher de sitôt. Après tout, n’était-ce pas grâce à lui qu’elle avait été admise à Harvard ? Certes, Micky avait toujours été une brillante élève, dans chaque classe qu’elle avait traversée, mais ne se prédisposait pas nécessairement à faire une université prestigieuse. Il avait donc été nécessaire à Anton d’argumenter auprès de sa fille pour qu’elle cherche à intégrer Harvard, dans le cursus de son choix, afin que son avenir soit tout tracé. Finalement, la demoiselle en avait été ravie. Qui disait université disait intégration dans une confrérie, de nouvelles rencontres, en bref une nouvelle aventure. Son tempérament de feu lui avait joué des tours au départ, mais elle était parvenue à s’intégrer sans peine tout de même. Sa décision d’intégrer Harvard, avec le soutien de son père adoptif, n’avait jamais été regrettée. Au contraire, elle profitait de chaque jour qui lui permettait de se construire un bel avenir, malgré la perte de son frère jumeau.

« Je t’ai dit qu’on ne parlerait pas de lui. » Les doigts extrêmement serrés contre les roues de son fauteuil, la respiration de Micky s’était faite saccadée, montrant qu’elle était au bord de la rupture. Tout ce qui touchait à la mort de son jumeau la démolissait. En partant, Scott avait embarqué une partie de son cœur à elle, la laissant sans force, sans volonté… ou presque. Si elle choisissait la voie du journalisme aujourd’hui, ce n’était pas du tout innocent, bien au contraire. Un désir de vendetta sommeillait calmement en elle, cherchant les responsables de cet acharnement contre la blonde et son frère. Son jumeau n’avait pas survécu, tandis qu’elle, après avoir été laissée pour morte et passé un temps indescriptible à l’hôpital, se battait pour remarcher depuis. Oh difficile de dire que ses résultats récents n’étaient pas encourageants, mais puisque l’anniversaire de la mort de Scott était passé… sa volonté déclinait. « Tu veux me faire dire quoi, hein ? Qu’il me manque à en crever ? Que j’ai envie de le rejoindre ? BIEN SUR QUE OUI ! Il était tout pour moi ! Mon soutien, mon écoute, mon frère, la deuxième partie de mon âme ! Je serais un monstre si je n’en n’avais rien à foutre ! Seulement tout le monde n’est pas aussi doué que toi pour dévoiler ses émotions… » soupira-t-elle, balayant d’un revers de manche particulièrement violent la seule larme ayant osé dépasser la barrière si bien protégée de ses yeux. Il n’était pas question de continuer cette conversation, et ce weekend, elle retournerait à sa maison de confrérie ! « Quand t’arrêtera de me harceler pour ça, on se reverra. Salut ! » s’exclama-t-elle d’une voix à la fois froide et brisée, claquant la porte aussi violemment qu’elle le put derrière elle. Trop, c’était trop. Anton avait beau l’avoir sauvée de la misère… cela ne lui permettait pas de jouer aux apprentis sorciers avec son palpitant.