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ROBIN & BENJI
► UNFAMILIAR ROAD CALLED "HOME"
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Elle semble mal à l’aise avec l’idée qu’elle ne sache pas exactement vers quoi elle avance. Je ne sais pas si c’est le fait qu’elle aie lâché l’école ou cet incident qu’elle a vécu il y a un an qu’elle a mentionné. Ça reste qu’elle se casse la tête à ce propos et que, pourtant, y’a tellement pas de raison. Elle finira par mettre de l’ordre dans ses idées et se trouver, un jour. Elle a pas à se mettre la pression pour ça.
Je la préviens une première fois pour mon caractère, alors qu’elle parle de m’engager comme guide pour lui faire visiter le pays. Ce n’est pas que j’aie un problème à retourner parcourir les routes, au contraire, j’aime bien. C’est relaxant. Seulement, vivre dans l’espace restreint de la camionnette si je lui tombe sur le système, je suis pas certain qu’elle trouve que ça en vaut la peine. Quand elle me demande des précisions, je joue franc jeu : je n’oblige pas à beaucoup de règles quand on vit avec moi, mais j’ai un caractère merdique par moment. Lorsqu’elle affirme que ce n’est pas un problème, j’en rigole doucement. Soit elle veut vraiment cette colocation, soit elle se fou complètement de ce qui peut arriver. L’un comme l’autre, ça revient sensiblement au même. Elle ne semble pas avoir contrôler totalement ce qu’elle dit et se retrouve à m’affirmer ce qu’elle ne voulait pas, ou alors elle n’a pas choisi le meilleur mot.
- Envahissante? répêtais-je avec un sourire en coin, haussant un sourcil interrogatif. Et trop franche peut-être? Me moquais-je légèrement. T’entends quoi par "envahissante"?
Le type de personne toujours penché sur ton épaule à te demander ce que tu es en train de faire - même si c’est parfois évident - ou le genre à vouloir s’inscruster dans ma douche, ou même carrément dans mon pantalon? Je suis curieux d’entendre son explication.
Lorsqu’elle me demande si je ne traîne pas dans des trucs louches, son air suspicieux finit par me faire rire. Je peux comprendre qu’elle s’inquiète de voir débarquer la police et de perdre son toit. Seulement, même si j’ai vu, je trempe pas là-dedans et je le lui fais savoir. L’entendant soupirer, je m’étonne un peu. Y’a quelque chose là-dessous. Elle semble trop soulagé pour être quelqu’un qui n’a pas connu ce genre de relation. Apportant précision sur la source de revenu qui semble l’inquiéter, je me fais dévisager un instant avant qu’elle ne pose plusieurs questions.
- Si par « fils à maman » tu veux dire que j’ai vécu avec elle toute ma vie, alors oui. Je ne suis pas dépendant d’elle, c’est peut-être même l’inverse, mais elle est la seule personne qui aie toujours été là, expliquais-je. Pour ce qui est des prolétaires, j’en ai toujours été un.
J’ai ramassé ma mère, ses copains et ses copines un nombre incalculable de fois. Et je passe les pires scénarios qui se sont produits. Sur la route, je peux me fier à elle, lorsqu’on s’installe… beaucoup moins. Adossé au comptoir, je fixe Blondie un instant, penchant la tête sur le côté, évaluant si je lui dis tout ou non. Les mains sur le rebord du comptoir, je pianote un moment avant de me décider.
- J’ai toujours vécu sous la barre de la classe moyenne, finis-je par l’informer. Comprends-moi bien Robin, si j’ai passé ma vie à déménager, c’est que ma mère ne payait pas les comptes après un certain temps, parce qu’elle passait son revenu ailleurs et qu’elle finissait par avoir des problèmes. Alors on fuyait. Je ne compte plus le nombre de baraques crades avec le toit qui fuit dans lesquelles j’ai habité. J’ai toujours cumulé deux ou trois boulots. Je déteste rien faire et c’était nécessaire si on voulait manger. Je n’ai changer de classe sociale que récemment, en apprenant que mon père, que je n’ai jamais connu, était un homme riche et, malheureusement pour lui, décédé. J’en reste le même mec, avec les mêmes habitudes des bas fonds. L’appartement c’est limite une folie que je me suis permis.
Ma vie, en grandes lignes. Rare que j’en dise autant. Extrèment rare. Et j’espère que je n’aurai pas à le regretter.
Je la préviens une première fois pour mon caractère, alors qu’elle parle de m’engager comme guide pour lui faire visiter le pays. Ce n’est pas que j’aie un problème à retourner parcourir les routes, au contraire, j’aime bien. C’est relaxant. Seulement, vivre dans l’espace restreint de la camionnette si je lui tombe sur le système, je suis pas certain qu’elle trouve que ça en vaut la peine. Quand elle me demande des précisions, je joue franc jeu : je n’oblige pas à beaucoup de règles quand on vit avec moi, mais j’ai un caractère merdique par moment. Lorsqu’elle affirme que ce n’est pas un problème, j’en rigole doucement. Soit elle veut vraiment cette colocation, soit elle se fou complètement de ce qui peut arriver. L’un comme l’autre, ça revient sensiblement au même. Elle ne semble pas avoir contrôler totalement ce qu’elle dit et se retrouve à m’affirmer ce qu’elle ne voulait pas, ou alors elle n’a pas choisi le meilleur mot.
- Envahissante? répêtais-je avec un sourire en coin, haussant un sourcil interrogatif. Et trop franche peut-être? Me moquais-je légèrement. T’entends quoi par "envahissante"?
Le type de personne toujours penché sur ton épaule à te demander ce que tu es en train de faire - même si c’est parfois évident - ou le genre à vouloir s’inscruster dans ma douche, ou même carrément dans mon pantalon? Je suis curieux d’entendre son explication.
Lorsqu’elle me demande si je ne traîne pas dans des trucs louches, son air suspicieux finit par me faire rire. Je peux comprendre qu’elle s’inquiète de voir débarquer la police et de perdre son toit. Seulement, même si j’ai vu, je trempe pas là-dedans et je le lui fais savoir. L’entendant soupirer, je m’étonne un peu. Y’a quelque chose là-dessous. Elle semble trop soulagé pour être quelqu’un qui n’a pas connu ce genre de relation. Apportant précision sur la source de revenu qui semble l’inquiéter, je me fais dévisager un instant avant qu’elle ne pose plusieurs questions.
- Si par « fils à maman » tu veux dire que j’ai vécu avec elle toute ma vie, alors oui. Je ne suis pas dépendant d’elle, c’est peut-être même l’inverse, mais elle est la seule personne qui aie toujours été là, expliquais-je. Pour ce qui est des prolétaires, j’en ai toujours été un.
J’ai ramassé ma mère, ses copains et ses copines un nombre incalculable de fois. Et je passe les pires scénarios qui se sont produits. Sur la route, je peux me fier à elle, lorsqu’on s’installe… beaucoup moins. Adossé au comptoir, je fixe Blondie un instant, penchant la tête sur le côté, évaluant si je lui dis tout ou non. Les mains sur le rebord du comptoir, je pianote un moment avant de me décider.
- J’ai toujours vécu sous la barre de la classe moyenne, finis-je par l’informer. Comprends-moi bien Robin, si j’ai passé ma vie à déménager, c’est que ma mère ne payait pas les comptes après un certain temps, parce qu’elle passait son revenu ailleurs et qu’elle finissait par avoir des problèmes. Alors on fuyait. Je ne compte plus le nombre de baraques crades avec le toit qui fuit dans lesquelles j’ai habité. J’ai toujours cumulé deux ou trois boulots. Je déteste rien faire et c’était nécessaire si on voulait manger. Je n’ai changer de classe sociale que récemment, en apprenant que mon père, que je n’ai jamais connu, était un homme riche et, malheureusement pour lui, décédé. J’en reste le même mec, avec les mêmes habitudes des bas fonds. L’appartement c’est limite une folie que je me suis permis.
Ma vie, en grandes lignes. Rare que j’en dise autant. Extrèment rare. Et j’espère que je n’aurai pas à le regretter.
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FICHE BY LAVENDER J. TREVENA
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