Gareth Abbots ► Aaron Paul.

Ton père te regarde d’un air hagard, sa bouteille de vin dans la main, celle-ci est brisée, et le liquide s’en échappe, tombant au sol par petites gouttes. Tu es plus petit que lui, alors, tes prunelles sont levées en sa direction. Tu trembles, tu as terriblement peur de ce dernier, surtout dans cet état. Les effluves d’alcool font des ravages, et aujourd’hui, tu le ressens. Son poing rencontre ta joue, te faisant ainsi tomber au sol. Puis, les coups reprennent de plus belle, tu te mets en boule, attendant simplement que ça passe, que la douleur sera un jour moins forte. Le calvaire dure une vingtaine minutes, durant lesquelles tu as la sensation de mourir, de quitter le monde. Tu ne comprends pas pourquoi tu mérites une telle punition. Tu cries. Mais personne ne t’entends. Plus personne n’entre dans cette maison depuis le décès de ta mère qui a plongé ton paternel dans une dépression, l’alcoolisme, et maintenant la violence. Il se calme et te grogne de monter dans ta chambre, ce que tu exécutes sans attendre, sans le regarder, tu saignes du nez, mais qu’importe, tu penses plutôt à fuir maintenant. Fuir ce monstre que tu ne considères plus comme ton père. Quel père frapperait son enfant ? Aucun. Alors, tu fais une croix dessus, et ce, définitivement. Tu n’as que 10 ans, mais tu as rapidement saisi la gravité de la situation. Tu vas donc te coucher sans t’occuper de tes blessures. Tu as mal partout, tant pis, tu ne veux pas sortir de ta chambre par crainte de le recroiser. T’enroulant dans ta couverture, tu essayes de trouver le sommeil malgré le brouhaha que cause ton père. Celui-ci casse des verres, assiettes en marmonnant.


Dans ce bled quelque part en France, tu ouvres les yeux délicatement, les muscles endoloris à cause des coups que te donne ton père depuis deux mois maintenant. Tu attrapes ton sac de cours et tu t’empresses de partir de chez toi, la boule au ventre en pensant au soir. Va-t-il décider d’enfin arrêter ? Tu ne sais pas, et tu t’isoles des autres élèves qui te trouvent trop étrange. Tu as changé Gareth. Tu n’es plus le petit gamin souriant, avenant et sociable. Tu es devenu froid, distant et renfermé. Tes résultats scolaires sont en chute libre malgré le fait que tu sois surdoué. C’est ton sac sur le dos que pénètres chez toi le soir. Alors que grimpes les escaliers tu entends la voix d’une femme. « Monsieur Abbots nous ne pouvons laisser votre enfant dans cette situation. Vous avez aggravé votre cas. » ton père, fou de rage rétorque sur un ton puissant. « Vous ne pouvez pas me l’enlever ! ».  La réponse est irrévocable, et le jour d’après tu quittes enfin cette maison emplie de mauvais souvenirs. Ton père est désormais seul et ne pourra plus te faire du mal, c’est ainsi que tu résonnes, car ton amour pour lui s’est envolé au fil des coups. Tu te retrouves donc dans une maison de redressement pour les enfants en difficultés en attendant de trouver quelqu’un qui veut de toi. C’est finalement ta tante qui va venir te chercher et s’occuper de toi. Et pour cela, tu quittes la France pour prendre le chemin de Cambdrige. Pour toi qui ne parle aucun mot d’anglais, c’est compliqué. Mais tu apprends vite. Tu te sens plutôt à l’aise, et surtout, tu es loin de ton géniteur, dont tu n’as plus aucune nouvelle. Le reste de ta scolarité se passe sur les chapeaux de roues, et tu décroches le bac avec les honneurs. Cela te permet d’accéder à la prestigieuse université d’Harvard pour étudier l’informatique. Evidemment, tu rejoins la Mather House qui prône la fête, la débauche. Ce que tu es totalement. Tu commences à goûter aux plaisirs des drogues douces et durs, puis, tu développes un business fleurissant, devenant le dealer de la fac. Ta réputation dépasse toutes tes espérances et tu rapportes un bon paquet de pognon qui sert à payer les frais de scolarité. Tu ne vas pas t’en plaindre, bien que ce ne soit pas très légal. Les règles sont faites pour être briser n’est-ce pas ?


Tes études se passent sans encombre. La dernière année attaquée à bras le corps, tu reçois un appel. Ton père est décédé. Cette annonce ne te fait ni chaud ni froid, aucune tristesse, pas la moindre once de tendresse à l’égard de cet odieux personnage. La personne au bout du fil te demande si tu veux venir aux obsèques. D’un ton sec, tu réponds « Non. ». Puis, tu raccroches, le vieux est enterré, une nouvelle page se tourne, il a révolté ce qu’il a semé, à force de boire. Cependant, cet appel a le don de te rappeler de mauvais souvenirs que tu as longtemps mis de côté. Un goût amer te parvient tandis que tu sors de chez toi pour faire la fête, afin d’oublier tout ça. Avec tes meilleurs amis, tu te sens bien mieux, à fumer et boire pour faire passer la pilule.
Le Master en poche, tu quittes la demeure de ta tante pour t’installer dans un petit appartement non loin de la fac. Tous les bars se trouvent à proximité, donc le choix est vite fait. Tu ne trouves qu’un petit job d’informaticien dans une boite de textile. Un petit boulot qui ne paye pas vraiment, alors, usant de tes capacités en informatique hors du commun, tu décides de devenir hackeur. En plus d’être dealer. N’importe qui peut te demander tes services, à condition de payer, bien évidemment. C’est ainsi que tu vis, une vie loin d’être paisible, tu te perds dans la drogue que tu consommes constamment. Mais jusqu’à quand ?