REAGAN GARCIA-WILCOX ► bridget satterlee.

je sais ce que je vais faire ! mon amie me regarde en levant les yeux au ciel. à croire qu'elle me connait pas coeur. elle sait avant moi que j'ai une idée stupide en tête. en entrouvre les lèvres, elle a espoir de me faire changer d'avis, espoir que je ne dise plus un mot mais, c'est trop tard ! je ne lui laisse pas le temps de répondre. je débite un tas de conneries à la minute avant de déclarer fièrement : je vais me trouver un mari ! oui, c'est trop tard. elle ferme les yeux et secoue la tête désespérément. elle ne sait plus quoi faire de moi parce que j'ai du mal à l'écouter. en fait, elle sait que quoiqu'elle dise, j'agirais selon mes avis. j'en ai toujours eu rien à foutre de ce que les autres pensaient de moi ou encore de mes idées aussi dingues soient-elles. parfois, je l'écoute et prends ses conseils en compte pour lui faire plaisir or, j'en reviens à très vite faire comme moi je le sens. je suis qu'une petite fille pourrie gâtée. je le sais, c'est ça le pire. je n'ai jamais essayé de changer. je n'en vois pas l'utilité. soit on m'accepte, soit on trace sa route de toute façon, je n'ai rien à perdre pour ma part. elle se mord la lèvre, pose sa main sur mon épaule comme si elle s'apprêtait à me raisonner or, je suis déjà très loin. je vois défiler le scénario dans ma tête. je sais exactement ce que je veux. je sais comment je vais m'y prendre. je la stoppe d'un geste de la main et la fais pivoter en direction de la porte de sortie. elle soupire d'un air désespéré alors que son copain, quant à lui, rigole du discours que je tiens... à moins que ça ne soit à cause de l'alcool. je ne s'en sais trop rien. je préfère ne pas le savoir à vrai dire. ça sera lui ! je fais un geste de la tête en direction d'un mec, tout juste sorti de la boîte de nuit. je me tourne vers mes amis en souriant de plus belle et finalement, je me lance.

quelques jours plus tard, je me retourne assise dans un café de Nîmes, en train de rédiger un livre d'instructions. en fait, ce ne sont que des règles or, j'ai tellement de choses à raconter qu'on pourrait comparer ce bloc notes à un livre ! je parle du fait de se tenir correctement en société, surtout lorsqu'il s'agit d'un gala ou encore d'une oeuvre de charité. je mentionne le fait de bien se tenir à table lors des repas de famille qui ont lieu au minimum une fois par mois. j'explique aussi que je ne supporte pas qu'on m'adresse la parole le matin, avant le petit déjeuner parce que je trouve que c'est quelque chose d'assez important. c'est important si on doit vivre ensemble. je n'oublie pas de préciser qu'il est hors de question qu'il puisse ramener des filles à la maison parce que, non seulement on doit faire bonne figure mais aussi parce que c'est mon loft et que j'y tiens un minimum. j'écris tout et n'importe quoi et, lorsque j'ai fini, je vais le retrouver pour lui faire signer le contact. c'est pas comme si tu avais le choix, je te rappelle que c'est bon pour toi, mais aussi pour moi. c'est dingue d'en arriver là. la plupart des gens me trouverait complètement cinglée. peut-être que je le suis un peu quand même. j'en sais trop rien. pour moi, c'est juste un jeu. faut juste respecter les règles pour ne pas se faire éliminer. il gagne un paquet de fric et je gagne le droit d'en faire voir de toutes les couleurs à mes parents.

en parlant de mes parents, ils n'ont pas été super contents lorsque je leur ai annoncé tout fièrement : papa, maman, j'ai rencontré quelqu'un lorsque j'étais en France ! tout sourire, j'ai pris un air on ne peut plus enthousiaste si bien que moi-même j'y aurais cru. je pensais être une piètre menteuse, il s'avère que c'est tout l'inverse. oh ! et il s'appelle comment ? d'où vient-il ? que font ses parents ? j'eus droit à un interrogatoire des plus poussés. évidemment, j'ai fini par cracher le fait qu'il n'avait pas une tune. j'ai cru que ma mère allait nous faire un syncope. quant à mon père, je ne l'avais jamais vu aussi rouge de rage. malgré tout, ils n'ont pas trouvé la force de m'engueuler lorsque je leur ai dit toute joyeuse : il est charmant. vous allez l'adorer ! on s'est marié à Paris ! je me suis mise à sautiller sur place en leur montrant la bague que je m'étais moi-même achetée, évidemment. je veux faire les choses bien quand même. Paris, non mais n'importe quoi. on a juste signer des pauvres papiers avant de s'installer ensemble, à Cambridge pour tous deux reprendre nos études. lui, après une année sabbatique si je peux dire et moi, après avoir passé plusieurs mois ici et là, en vacances. maman s'est mise à pleurer. je pense que c'était un mélange de rage et de joie. mon père a commencé à parler très vite du fait qu'ils allaient devoir annuler le mariage qu'ils avaient pris grand soin d'organiser avec un duc ou prince de je ne sais où... jamais entendu parlé ! enfin bref, j'avais réussi mon coup et j'étais on ne peut plus fière de moi. je sais que ce n'est pas bien de mentir, encore moins à ses parents mais, que voulez-vous que je vous dise. j'ai le contrôle total sur ma vie. je ne dois rien à personne... à ce n'est à Charlie. je voulais juste que mes parents comprennent que merde, c'est ma vie !

du coup, je suis repartie à Harvard et je dois dire que ça me plait plutôt bien de retrouver tous mes amis et d'avoir un semblant de stabilité. voyager c'est bien mais parfois, faut savoir se poser et profiter des personnes qui nous entourent. je continue donc mes études de droits parce que c'est ce que j'aime. je dois dire que je suis plutôt douée en la matière alors, je ne vois pas pourquoi je jetterai l'éponge. à côté, j'ai entrepris des études dans l'informatique mais, c'est plus comme ça, pour déconner parce que je dois dire que je suis plutôt douée en ce qui concerne internet. je me débrouille pas mal derrière un ordinateur si bien que j'ai réussi à pirater le site de mon école lorsque j'étais en primaire. j'étais toute fière de moi et mes copains aussi d'ailleurs. c'est juste que ça n'a pas fait rire maman et papa. tant pis, ça peut pas plaire à tout le monde ! en tout cas, je suis vraiment heureuse de pouvoir reprendre là où je me suis arrivée, comme si de rien était.