I have died everyday waiting for you ○ Lou-Ane

Main dans la main, un sourire sur le visage, je me baladais avec Lou-Ane, la femme à qui j'avais juré fidélité, la femme pour qui je faisais des efforts afin qu'elle me fasse confiance. Certes, nous étions sortis ensemble à lui suite d'un défi mais elle n'était pas une femme que je voulais délaisser, une que je voulais trahir. Non, elle était plus que ça, elle avait réussi à faire en sorte que je m'attache à elle, que j'accepte de devenir exclusif avec quelqu'un et ça, ce n'était pas rien. Alors, afin de la rassurer dans son choix, je l'emmenais dans un lieu qu'elle n'avait peut être pas encore visité, le port de Boston. Marchant depuis bien vingt minutes, on arrivait enfin à Waterfront, pouvant admirer la vue, sentir la bonne odeur qui se dégageait des restaurants. Ce que Lou ne savait pas était que nous n'allions pas juste nous contenter de regarder les gens passer, j'avais réservé une balade en bateau, y laissant toutes mes économies. Mais bon sang, je m'en foutais, rien que son sourire quand j'allais lui annoncer la nouvelle me rendait plus heureux que n'importe quoi acheté avec cet argent. « Alors ça te plaît ? » finis-je par demander, tournant mon visage vers elle, lâchant sa main pour passer mon bras autour de son épaule. J'espérais qu'elle hocherait la tête, qu'elle me dise que c'était magnifique, qu'elle se laisse enfin aller, constatant qu'elle pouvait me faire confiance. Certes j'avais un passé avec les femmes, j'avais déjà trompé une de mes petites amies – ce que je m'abstenais de lui dire – mais avec elle je voulais vraiment faire la différence. Lou pouvait être un nouveau départ pour moi, une manière d'oublier mon passé pas si glorieux, de m'offrir un futur que je pensais ne jamais avoir.

On doit oublier tout ça. Voilà la phrase qui me revenait à l'esprit alors que Lou me confiait qu'elle était contente d'être avec moi, qu'elle me remerciait de cette surprise. Les souvenirs de ma nuit avec Denna remontaient à la surface tandis que la culpabilité me gagnait petit à petit. J'étais supposé être le petit-ami parfait, celui qui allait prendre soin d'elle, celui qui ne la trahirait jamais, qui serait honnête avec elle mais j'avais coché toutes les mauvaises cases. Alors, observant les bateaux, je me rendais compte que tout avouer lui briserait le cœur, lui donnerait raison, ruinerait notre amitié. Voilà pourquoi il ne fallait pas qu'elle soit au courant de cette nuit que j'avais passé dans les bras d'une autre, cette nuit qui menaçait notre couple. Ma volonté avait été ébranlé par juste quelques verres d'alcool et une jolie femme, rien de plus. A croire que j'étais juste un connard comme les autres, que j'étais devenu ceux que je méprisais. Affichant un petit sourire, je tentais de chasser ces pensées négatives, de profiter de ce moment avec Lou, après tout ils étaient rares. Entre mes cours de médecine et les sorties avec mes amis je n'avais pas pu lui accorder beaucoup de temps, cette surprise était une manière pour moi de me rattraper. « Si cette partie te rend déjà heureuse alors attend de voir la suite ! » lâchais-je, lui adressant un clin d'oeil. Sans prévenir, ma main attrapa la sienne et je la conduisais ailleurs, nous rapprochant des bateaux, espérant qu'elle soit trop confuse pour comprendre tout de suite. « Allez viens ! J'ai hâte de voir ta tête quand tu verras ce que je t'ai préparé ! » Un grand gamin, voilà ce que j'étais. Le genre de gosse qui faisait une surprise juste pour voir l'autre sourire, qui était prêt à tout lâcher, à tout perdre juste pour que l'autre gagne tout. Ne la laissant pas reprendre son souffle, je la fis monter sur un bateau que j'avais loué spécialement pour l'occasion. « J'espère que t'as pas trop le mal de mer » plaisantais-je avant de déposer un baiser sur sa bouche.

Elle semblait heureuse de ma surprise, la qualifiant de romantique, me faisant un grand sourire. Heureusement qu'elle aimait ça car j'étais du genre à gâter la femme avec qui je sortais, faisant de mon mieux pour être le petit ami idéal car rien que son air content suffisait à me mettre de bonne humeur. Cette femme me faisait craquer, je voulais l'embrasser, tout le temps, la prendre dans mes bras pour lui assurer que tout irait bien, que jamais je ne la trahirais ou la ferais souffrir. Malheureusement, promettre ceci serait hypocrite, cela reviendrait à lui mentir car j'avais déjà passé une nuit dans les bras d'une autre femme, me rendant compte le lendemain de l'énorme erreur commise. Voilà pourquoi je ne répondis rien, me contentant de lui sourire, sachant pertinemment que je ne pouvais prétendre tenir à elle après ce que j'avais fait, et ça me bouffait de l'intérieur. Pourquoi pas lui dire hein ? Pourquoi pas tout lui avouer et se débarrasser de cette culpabilité ? Il suffisait juste de quelques mots, d'une phrase et ma souffrance serait soulagée. Mais pour combien de temps ? Car il était sûr qu'elle romprait avec moi après une révélation comme celle-ci. Ma souffrance actuelle serait alors remplacée par une autre : celle de l'avoir perdue, cette femme qui, rien qu'avec un sourire, me faisait fondre. Passant une main sur sa joue, j'approchais mes lèvres des siennes afin de partager un tendre baiser, maigre consolation après l'avoir trompé. « Je t'aime » murmurais-je tandis que nos lèvres se séparaient. Première fois que je le disais à quelqu'un, première fois que j'avouais une telle chose sans avoir peur. Je n'avais même pas réfléchi avant de le dire, comme si être avec elle me rassurait, comme si je n'avais plus à avoir peur en sa présence. « Et pour information, ce n'est pas moi qui fera le capitaine » ajoutais-je avec un sourire tandis qu'un homme montait sur le bateau pour le démarrer.

Je ne la méritais pas, elle était là, à me dire qu'elle m'aimait aussi, ignorant que je l'avais trompé, que l'homme en face d'elle n'était rien d'autre qu'un connard. Tout ce temps où je lui avais dit qu'elle pouvait me faire confiance, tout ça n'avait été que mensonge finalement. A ce moment là tout me paraissait insignifiant tant ma culpabilité était grande, m'empêchant même de profiter de ce petit tour avec Lou. La seule chose à laquelle je pensais était cette nuit qui avait tout changé, cette nuit où j'avais dérapé. J'avais promis tellement de choses à Lou, je m'étais tellement investi, laissant mon cœur parler pour moi, me perdant moi même dans cette relation. Et elle, elle se collait contre moi, heureuse de cette journée. « T'es en train de me dire que j'aurai droit à une récompense ce soir ? Non parce que tout ça m'a pris du temps » plaisantais-je, un sourire en coin, le regard amusé tandis que je passais mon bras autour de sa taille pour la coller un peu plus à moi. Déposant un baiser sur son front, je continuais à réfléchir, à hésiter à lui avouer toute la vérité. Ce serait fini de ce petit nid d'amour si je faisais ça, fini les baisers, fini les « je t'aime », tout ça laissera place à deux cœurs brisés. En plus, vouloir le bonheur de l'autre, ce n'était pas forcément égoïste si ? « Je suis sincère Lou, t'es vraiment importante pour moi. » Ouais, crois moi s'il te plait, ne me laisse pas seul.

On était là, deux amoureux qui n'avaient, en apparence, aucun soucis, deux personnes qui ne faisaient que s'aimer et pourtant j'avais l'impression que c'était un crime. Lui dire que je tenais à elle, que j'avais été sincère, pour toutes ces paroles je méritais d'être puni, pour avoir fait espérer une fille bien je n'avais pas le droit d'aimer, d'être heureux avec elle. Lou semblait sentir que quelque chose n'allait pas, me demandant ce qu'il se passait, n'ayant apparemment pas la moindre idée de ce que je m'apprêtais à lui annoncer. Ouvrant la bouche, je réfléchissais à ce que je devais dire, tentant de résoudre le dilemme auquel je devais faire face depuis deux semaines. « C'est ce que je pensais aussi » murmurais-je, relevant la tête pour planter mon regard dans le sien. Un regard triste, rempli de regrets et de peur pour ce qui allait suivre. Il fallait s'attendre au pire, Lou avait toujours douté de moi et maintenant je lui donnais raison. Moi, celui qui avait juré ne jamais devenir un connard. « Mais ça je peux pas te le dire... Je peux pas te le dire sans que tu m'en veuilles, sans tu que flippes, sans que ça ruine tout » lâchais-je finalement l'air triste, presque suppliant. Oui voilà, je la suppliais de ne pas aller plus loin, de ne pas chercher à en savoir plus car cela voudrait dire passer une nuit horrible, dire au revoir à cette journée de rêve.

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