PEARL L. SANCHEZ ► emma roberts.

Cher Journal.

Pouah, rien que d’écrire ces deux mots je me sens terriblement stupide.

Je n’ai jamais été très douée pour parler de moi à qui que ce soit, mais peut-être que coucher mon histoire sur un vulgaire cahier m’aiderait peut-être à y voir plus clair, enfin j’en sais trop rien en fait. En quoi parler de mon passé peut-il réellement m’aider à aller de l’avant ? Je ne sais d’ailleurs pas ce qui me prends de vouloir faire tout ça, j’ai encore du lire quelque part qu’écrire ses émotions aide à se libérer de ses maux. Des maux pour les mots. Ouais, j’ai du mal à y croire. Mais bon, puisque je suis là, autant terminer ce que j’avais prévu. Donc, mon histoire…

Je suis née le 22 Juillet 1991, je me revois encore petite fille, fière et innocente dans sa toute nouvelle robe rose. J’avais tout ce dont une enfant pouvait rêver. Des parents formidables, une grande sœur que je chérissais plus que tout, une famille, une vraie famille. Et en plus de tout ça, j’avais la chance de ne manquer de rien, je suis, comme beaucoup de gens médisants peuvent le dire, née avec une cuillère en argent dans la bouche. Mais ces années de bonheur n’ont pas duré bien longtemps, en fait, je n’en ai quasiment aucun souvenir, et tout ce que je me rappelle de cette époque c’est ma mère qui me l’a raconté quand je fus, selon elle, en âge de comprendre.
Mais comprendre quoi me demanderas-tu ? Et puis même si tu ne me le demande pas je suis là pour te raconter mon histoire non ? Faisons donc comme si tu l’avais demandé.

Je disais donc que cette petite vie parfaite prit rapidement fin. Tout s’est passé très vite, en une soirée nous sommes passées d’une vie de rêve à un cauchemar sans nom. Je n’ai de souvenirs de cette nuit que le hurlement de ma mère retentissant au milieu de la nuit, la peur dans ses yeux quand du haut de mes 6 ans je suis allée dans le salon voir quelle grosse bête terrifiante avait fait peur à ma maman, et la silhouette de mon père s’élançant à travers la porte d’entrée. Maman me renvoya au lit dès qu’elle posa son regard sur moi, ce n’est que le lendemain matin, lorsqu’elle vint me réveiller, les yeux rouges et gonflés, me demandant de rassembler mes affaires préférées que je compris que quelque chose avait changé.

La seule explication que je réussis à avoir ce jour-là était que mon père et ma sœur étaient partis vivre de leur côté, que c’était comme ça, que je devais m’y faire, ce jour-là, j’eu le cœur brisé pour la première fois. Je n’appris la vérité que des années plus tard, mais j’y reviendrai plus loin dans l’histoire pour respecter un certain ordre chronologique, et puisque de toute façon tu es mon Journal, tu ne m’en voudras pas de faire à ma guise n’est-ce pas ?

Suite à cette nuit, maman et moi sommes parties de Chicago, une journée entière de voiture, les heures les plus longues de ma vie, et nous sommes arrivées à Boston, pourquoi avait-elle choisit cette ville ? Je ne l’ai jamais su, je n’ai plus jamais retrouvé ma maman après cette drôle de nuit. Oh, elle ne s’est pas enfuie, mais elle n’a plus jamais été la même.

A partir de ce moment-là, je ne mis presque plus un pied hors de notre nouveau chez nous, des précepteurs venaient me faire l’école à la maison, ma seule connaissance était la fille de nos voisins qui avait à peu près le même âge que moi. Ma vie sociale ne se développa pas franchement à cette époque-là. Et pendant très longtemps ma vie se résuma à ma mère, à elle uniquement, tout mon monde tournait autour d’elle, après tout, je n’avais plus qu’elle.
Je grandis ainsi, coupée du monde. Mon adolescence je la vécu dans le plus grand des secret. Pas de sorties, pas de premières expériences désastreuses, non, rien de tout ça. Mes professeurs venaient tous les jours pour me faire étudier, ainsi, je passai mes examens et fut reçue à chacun d’entre eux haut la main, après tout, je n’avais rien d’autre à faire qu’étudier, c’était d’ailleurs mon seul loisir à la maison, et j’adorai être entourée de livres, ils étaient mes seuls amis. Ma vie me convenait, je n’avais connu que ça. Mais cette dernière prit un nouveau tournant le jour ou la vérité éclata.

Le jour de mes 18 ans, je découvris une enveloppe dans la cuisine, j’avais tout de suite reconnu l’écriture de ma mère, et pour la seconde fois de ma vie, je senti mon cœur se briser en lisant le mot qu’elle m’avait laissé. Je n’avais rien vu venir, rien compris, rien entendu. Elle était partie, elle m’abandonnait elle aussi. Elle n’en pouvait plus de cette vie, elle ne voulait plus faire semblant. Ce n’est qu’en posant les yeux sur un article découpé dans un vieux journal que j’avais assemblé les morceaux de ma vie.

Pendant 18 ans j’avais pensé que mon père avait lâchement quitté ma mère et qu’il m’avait égoïstement prit ma sœur pour ne pas être seul, mais j’avais tords. Comment aurais-je pu imaginer ce que j’ai découvert ce soir-là ?

Même l’écrire aujourd’hui, alors que ça fait des années que je suis au courant reste compliqué à accepter. Je ne saurais jamais pourquoi les cambrioleurs qui s’étaient introduits dans notre maison ce fameux soir s’en sont pris à ma sœur, peut-être était-elle descendue pour se servir un verre de lait, ou que sais-je, mais la vérité était là, sur ce papier jauni par les années, un homme l’avait poignardée, il l’avait violemment assassinée, et mon père, qui s’était en réalité lancé à la suite de cette pourriture était décédé dans un accident provoqué lors de leur course poursuite. Ce soir-là, ma vie prit une toute nouvelle tournure, joyeux anniversaire Pearl.

J'avais non seulement découvert que mon père et ma soeur étaient en réalité décédés, mais en plus de tout ça, ma mère, dans sa lettre, m'avouait qu'elle n'était pas la seule famille qui me restait, je n'étais pas seule. Il me restait de la famille du côté de mon père, j'étais trop jeune pour m'en souvenir à l'époque.. Toute ma vie n'avait été qu'un mensonge, des années durant je pensais n'avoir que ma mère, c'était faux.

Mais tu sais journal, c’est à partir de ce moment-là que tout devint plus intéressant pour moi. Ma mère m’avait laissé la maison, mais elle ne représentait pour moi rien d’autre qu’une prison, je demandais alors de l’aide à mon professeur préféré, qui m’épaula beaucoup durant cette période. La maison fut mise en vente, des candidatures pour les facultés les plus prestigieuses de la côte Est furent envoyées et à ma plus grande surprise la première réponse positive que je reçu fut celle d’une université toute proche. Harvard. Mon professeur m’avait vanté les mérites de cet endroit pendant tellement d’heures que je confirmai mon inscription sur le champ, j’avais après tout assez d’argent pour couvrir les frais d’inscriptions et pour louer une chambre sur le campus, puisque ma mère s'était tirée, autant que l'argent qu'elle m'avait généreusement laissé serve à quelque chose d'utile.

A la rentrée, j’intégrais donc mon nouveau chez moi, ainsi qu’un cursus en Sociologie, moi qui avais eu très peu de contacts avec les Hommes j’étais très curieuse d’en apprendre plus sur leur mode de vie, leur mode de fonctionnement et j’en passe.

Et voilà ou j’en suis aujourd’hui, quelques années plus tard, à étaler ma vie sur les pages d’un cahier trouvé par hasard dans ma librairie préférée. A t’expliquer combien j’ai pu avoir une drôle d’enfance, une adolescence encore pire, mais à quel point j’ai réussi à m’épanouir aujourd’hui. Intégrer Harvard a été la chance de ma vie, j’ai rencontré des personnes exceptionnelles, des personnes qui m’ont aidée à sortir de ma coquille, qui m’ont aidée à grandir, à devenir celle que je suis aujourd’hui. Evidemment, j’ai également appris que les gens peuvent être faux, fourbes et égoïstes, mais peu d’entre eux parviennent à m’atteindre, il faut dire que j’apprends du meilleur des meilleurs. Julian, mon Julian, heureusement qu’il est là, près de moi. Je l’ai rencontré il y a quelques années, et ça a été un véritable coup de foudre amical, malgré nos différences de caractère. Tu vois Journal, Julian, c’est un peu ma moitié, il m’épaule, il me protège et j’essaye de lui rendre du mieux que je peux, bien que parfois je ne me sente pas à sa hauteur, j’essaye d’être digne de lui, de l’amitié qu’il me donne.

Je sais que beaucoup sur le campus n’attendent qu’une seule chose, que Julian et moi nous mettions enfin ensemble, mais cela n’arrivera pas, notre amitié est bien trop précieuse à mes yeux, je refuse de prendre le risque de tenter quelque chose avec celui qui est le plus important de ma vie. Et puis, je n’ai pas de sentiments amoureux pour lui. Bien sûr, aucun des hommes que j’ai pu fréquenter jusqu’à présent n’a réussi à prendre la place qu’occupe Julian dans ma vie, mais ça c’est parce qu’il est mon meilleur ami, et je crois qu’aucun homme ne le détrônera jamais, il est mon pilier, et sans lui, je ne serai pas celle que je suis aujourd’hui.