MADIKHAR ∇ no woman no cry.

La soirée de fin d'année des Cabots se passait comme prévu, tout semblait plutôt calme, les étudiants jouaient le jeu et la bonne humeur était au rendez-vous.. du moins, je le ressentais ainsi. Il est vrai que j'étais dans ma bonne période, mon accident au Chili ne me hantait plus vraiment, je reprenais doucement le travail et j'allais bientôt me marier.. que demander de mieux?! Je me faufilais à travers un petit groupe, à la recherche d'un gobelet neuf, je pouvais m'en prendre qu'à moi-même puisque quelques secondes avant je m'étais assis dessus. J'arrivais près d'un petit feu de camp, il faisait carrément bon vivre ici, c'était plutôt agréable et surtout convivial. C'est en m'approchant de celui-ci que je remarquais la présence de Madisson, elle ne semblait pas vraiment dans son assiette à en voir sa tête. Je fronçais alors les yeux, je ne connaissais pratiquement pas Madi, le peu de fois où je lui avais parlé c'était au Maroc, pour le voyage des Cabots. Tout ce que je savais c'est que cette fille m'avait donné une très bonne impression.. elle m'avait presque intrigué pour être honnête. Je laissais soudainement tomber ma recherche de gobelet, en m'approchant de la jeune Cabot je remarquais qu'elle venait tout juste de se brûler.. qu'est-ce qu'elle était en train de faire au juste? J'avais presque eu l'impression qu'elle avait fait exprès de se brûler. « Hey Madisson, ça va? Tu ne t'ai pas fais mal..? » dis-je soudainement en me plaçant près d'elle, je la regardais, attendant qu'elle daigne me rassurer sur son état.

Cette soirée ne m'amusait pas le moins du monde. Ma seule envie était d'être le lendemain pour partir d'ici quelques temps avec Athéna, Dante et un fameux Xavi. Juste être sur un autre continent et profiter de quelques jours sans prise de tête et sans histoire. J'aimerais tant déjà être dans l'avion pour la Suisse mais.. Je devais faire un effort et être présente. Je devrais être entrain de faire la fête, mais je n'en avais pas le cœur. Deux jours plus tôt, durant le bal, mon cavalier qui n'était autre qu'Austin m'avait fait comprendre qu'entre lui et moi, ce n'était même pas la peine de rêver. Ça pourrait ne paraître « rien », juste un chagrin d'amour et basta, ça passerait avec le temps. Sauf qu'avec lui, ça ne passe jamais. Ça revient sans cesse dans ma tête et j'aimerais me lancer dans une nouvelle histoire mais.. J'avais beau apprécier Andrew, il ne pourrait jamais atteindre le même niveau que mon premier amour. Assise seule près du feu, je profitais d'un instant de calme pour réfléchir à tout cela. Je ne lui avais jamais rien reproché.. Et lui, sous prétexte qu'un autre homme me tourne autour.. Il m'envoie sur les roses encore une fois. Certes, j'avais trahi sa confiance mais.. Ne l'avait-il pas déjà fait, de mon côté ? Ne lui avais-je pas pardonné à répétition depuis notre rencontre ? Me mordant la lèvre, je refusais de me laisser aller à pleurer. Il y avait trop de monde autour de moi. Et.. Quoi de mieux que de régler la douleur par de la douleur ? Si la tristesse que je supportais ne pouvait pas sortir ce soir, il me fallait autre chose pour la laisser s'évacuer. Ma main bougeait au rythme des flammes alors que je regardais le tatouage que j'avais en commun avec mon ex petit ami. Cela servirait réellement que je le garde ? S'il pensait que l'on puisse être amis.. Il rêvait. Nous n'avions plus jamais été amis au sens littéral depuis que nous avions été ensemble pour la première fois. Un. Ce serait me voiler la face de croire qu'il me pardonnerait et que tout serait comme avant mon voyage au Japon. Deux. Comment avais-je pu faire pour tomber si bas ? Trois. La douleur fut brève mais si vive. Serrant les dents, le feu venait de mordre la peau de mon avant bras avec rage. Si je pleurais maintenant.. Personne ne ferait la relation ? Malheureusement pour moi, je n'en eus pas le temps car je venais de sursauter en entendant une voix et en remarquant une silhouette juste à mes côtés. Levant les yeux vers l'homme qui venait de me parler, je ne mis pas longtemps avant de voir que c'était Zakhar. Je l'avais vu arriver avec Alexys. Comme je les enviais d'être si heureux. « Oh oui, ça va et toi ? » souriais-je faiblement avant de froncer les sourcils. Me faire-oh. « ça.. pique un peu, mais à trop jouer avec le feu, on finit par se brûler » riais-je, un peu trop forcée pour que ça puisse être perçu comme naturel. « Je vais aller chercher de la pommade » dis-je en me relevant directement. Je n'avais même pas l'impression d'être connectée avec la réalité. C'était comme si.. Tout était flou, trop fluide, trop rapide pour que ce soit la vraie vie. J'allais me coucher tôt ce soir, je pense.

J'étais sûr d'une chose, Madisson ne semblait pas dans son assiette.. même si je ne l'a connaissais pas vraiment, j'avais pu remarquer sa joie de vivre au Maroc, elle avait constamment le sourire, elle avait cette impression de bonheur rien que dans le regard. Ce soir, c'était différent.. son visage complètement voilé me forçait à aller la rejoindre. Je n'étais pas vraiment le genre de personne à me préoccuper des autres, je ne savais même pas ce qui me poussais à aller vers elle.. peut-être que l'amour me rendais plus vulnérable. Il est vrai que je traversais une période plutôt idyllique et ça depuis mon réveil, je pouvais dire que cette période de coma était bien loin et que le bonheur me souriais. Je ne pouvais pas en dire autant pour Madisson qui se brulait en faisant je ne sais quoi, cet acte me semblait déraisonné puisqu'il me semblais qu'elle en avait fait exprès. En arrivant à ses côtés, je la questionnais rapidement sur son état, plantant mon regard dans le sien. Elle me répondait rapidement que ça allait, me renvoyant la question. Je fronçais légèrement les sourcils, voyant évidemment que ça n'allait pas.. elle n'était pas vraiment bonne comédienne. « Je suis assez lucide pour voir que tu es une très mauvaise actrice Madisson. » dis-je naturellement, la regardant avec mon éternel sourire enfantin. Je sortais alors mon paquet de cigarette de ma veste en jean.. La jeune Cabot en profitait pour me dire que cette brulure était en quelque sorte un purgatoire. Finalement, elle riait, de façon plutôt forcé, j'étais bien conscient qu'elle se payait ma tête.. je crois également qu'elle est au courant que je l'ai grillé, si bien qu'elle prétextait vouloir aller chercher de la pommade. Je remettais mon paquet de cigarette dans ma poche sans avoir pris la peine de me remplir les poumons. Je voyais Madisson se relever, le regard vide.. triste. J'attrapais alors doucement son bras, pour me retrouver devant elle. « On va te chercher de la pommade et après on brulera ensemble nos vieux démons.. okay? » dis-je en plantant un regard réconfortant dans le sien. Je ressentais soudainement cette envie de la protéger, je ne voulais pas qu'elle se brûle les ailes et j'étais prêt à donner de ma personne pour lui changer un peu les idées. Je lâchais alors son bras, ne la quittant pas du regard.

« Le passé est derrière, apprends de lui. Le futur est devant, prépare-toi pour lui. Le présent est aujourd'hui, souris-lui. » Comment sourire au présent alors que le passé n'est pas très loin et qu'il est si douloureux que le présent n'a aucun goût, aucune saveur ? Je ne pouvais pas faire comme si de rien n'était et sourire, profiter de cette soirée. Peut-être qu'Athéna y arrivait, mais.. Je n'en étais pas capable et je n'arrivais pas à être une très bonne comédienne. La preuve, Zakhar qui venait de me rejoindre semblait bien comprendre que mes « ça va » voulait totalement dire l'inverse. Son regard se voulait doux et bienveillant.. Si je pouvais, je crois que je pleurais tellement il me couvait du regard. Je me sentais presque coupable de lui mentir, pour le coup. Ses paroles me mettaient mal à l'aise. J'avais vraiment l'air idiote de jouer la comédie mais.. Je n'avais pas envie d'en parler. « J'avais réussi à faire des progrès pourtant.. » râlais-je doucement avant de lui parler d'un peu n'importe quoi avant de venir à la pommade. De toute façon, je crois que ce serait quand même le mieux à faire.. Même s'il avait très bien compris que mon geste avait été intentionnel. Ma peau me tirait mais.. Le tatouage était toujours là et bien visible, malgré la couleur plus foncée qu'avait pris ma peau. Me relevant, je fus surprise de voir l'homme en face de moi ranger ses cigarettes pour me proposer un petit planning pour la suite. Qu'il veuille venir avec moi avant de brûler des trucs – à la place de mon bras – m'arrachait un fin sourire. Un vrai, cette fois-ci. Pourtant, nous ne nous connaissions pas plus que ça alors.. j'étais reconnaissante qu'il reste quand même. Il aurait très bien pu me prendre pour une fois, m'envoyer balader en me critiquant et rester avec sa fiancée en profitant de la soirée. Posant mon regard sur sa main qui se trouvait sur son bras, il l'enleva au même moment avant que je réagisse pour lui répondre. « C'est gentil, ce que tu fais pour moi » souriais-je, alors que je me trouvais en face de lui. « Je crois qu'on a une boîte dans le salon, où il y en a » disais-je en commençant à marcher, n'osant pas trop croiser les regards, même de mes amies alors que je rentrais dans la Cabot House. « Au fait.. Tu as amené des choses à brûler ? » Parce qu'il en avait parlé avant alors.. Autant savoir ce qu'il comptait réduire en cendres.