Il n'y avait pas à dire : le bal 2016 organisé par les Winthrops, les beaux rouges du campus, était une véritable réussite. Entre ce thème si décalé, la décoration et les universitaires et autres invités qui avaient joués le jeu en portant des tenues à la fois classes et extravagantes... Je ne pouvais que les applaudir et bien fortement d'ailleurs. Des fêtes et des bals, j'en comptais aujourd'hui énormément à mon actif. Mais là, ce style si insolite et particulier m'avait prise de cours et j'en étais ravie car, pour une personne comme moi qui est si conformiste et à cheval sur le traditionnel et le déjà-vu, il s'agissait d'un univers complètement différent, que j'expérimentais donc avec plaisir.
Vaguant de ça et là pour faire des apparitions auprès de mes amis et camarades à travers la salle, je m'amusai réellement et profitais on ne peut mieux de la soirée en compagnie de mon cavalier Shunzei. En tant qu'ami et partenaire, c'était lui qui m'avait proposé de l'accompagner et j'avais aussitôt accepté. Après tout, c'était un homme respectable que je valorisais et admirais beaucoup, et j'avais considéré son invitation comme un honneur. Et à présent, nous voilà en train de faire la fête avec nous amis à la suite d'un bon dîner avec ces-derniers. En rythme avec la musique, j'effectuai des mouvements de danses, toute euphorique mais toujours en contrôlant mes gestes et mes manières. Cela pouvait paraître idiot en de telles circonstances mais c'était une habitude que je gardai toujours, celle de toujours faire attention à ma gestuelle et à mes dires, même durant des soirées - qu'elles soient mondaines ou non.
Mais très vite, je commençai à sentir un peu fatiguée de tournoyer gaiement sur la piste de danse. De ce fait, je lâchai la main de mon cavalier bleu et l'informa que j'allai faire une pause un instant avant de reprendre. Ainsi, je me dirigeai lentement vers le grand bar, non pas sans un sourire et un soupir de satisfaction. Ne buvant pas d'alcool, je demandai aimablement un verre de limonade au citron bien glacé à un des barmans, qui me le servit presque immédiatement. J'en bu ensuite une gorgée avant de marcher, mon verre à la main, vers la partie buffet.
Cependant, sans m'en rendre compte, je percutai doucement quelqu'un, qui apparut d'un seul coup dans mon champ de vision. C'est dingue : j'avais été si distraite par le buffet au loin que je ne l'avais même pas remarqué.
Confuse, j'étais sur le point de m'excuser, lorsque je me tus en la reconnaissant aussitôt. Ennuyée, je passai une main dans mes longs cheveux bruns avant de la déposer sur ma hanche et d'affiché une expression las sur le visage. De toute les étudiants présents ici ce soir, elle était celle que je tenais à ne pas voir du tout durant cette soirée, celle qui pourrait la ruinée à tout moment. Il s'agissait bien entendu de Bruna, la pire membre que la confrérie Cabot a à ce jour.
« Tiens donc. Si ce n'est pas notre Bruna nationale. »
Mon attitude agacée changea vite pour se transformer en celle de la femme espiègle que je suis naturellement, en remarquant que la rose était un vérité complètement ivre tant elle sentait l'alcool. Dégoûté, j'agitai, un sourire narquois au lèvres, ma main libre devant mon visage pour chasser cet odeur insupportable, avant de brandir légèrement mon verre de limonade dans sa direction grâce à l'autre, en guise de salutation sans doute.
« M pauvre chérie, tu as l'air tellement saoul que tu en es pitoyable. Je plains ton cavalier d'ailleurs, à moins que personne ne t'ai invité. Oui... je penche plus pour le deuxième cas. Personne ne serait assez stupide pour le faire. Il faudrait même être fou pour ça. »
Plutôt satisfaite de mon entrée en matière, je bus de nouveau une gorgée de mon breuvage gazeux avant de lui offrir un sourire faux. Pourquoi est-ce que je m'attardai avec elle en y repensant ? C'est vrai, elle ne méritait pas que lui accorde mon attention. Mais... autant écouter ce qu'elle va me répondre, si elle est encore un tantinet lucide dans sa petite tête.