JORDEN ALEXANDRE KLEIN ► Liam Payne

Caresse sur une joue. Coton à l’odeur lavande, doucement, frotte sur ton visage endormi. Visage en Picasso, défiguré par le sommeil qui plombe tes cernes. Le soleil domine dans ta chambre, éblouie sur ce mur blanc à la con. Mur design, mur contemporain, la couleur passe partout. Mon cul Damido. Le blanc te brule la rétine de bon matin. Le blanc fade, triste. Blanc hôpital. Ce drap au touché peu soyeux que tu retires de tes épaules. Redressé, sur tes coudes. Plombant, la pièce, les yeux d’asiatiques. Fermé, à ne rien voir de tes prunelles. Merde. Brouilleur de noir. Cette odeur de lavande que t’aimais qui s’est barrée sans que te comprennes qu’elle n’a jamais existé. Ce rêve, si parfait. La plage. Sable fin entre tes orteils, sable côté à tes claquettes, invasion dans la maison. Ce souvenir d’enfance a cajoler la mer. Barbe à papa sur les doigts, le sucre fondu, le collant du sparadrap. Vision d’un souvenir. Déchiré pour ces quelques jours, un an en arrière. Tu ne voudrais pas être la. Tu sais où tu es. Un raclement de gorge, presque un soupire qui ressort difficilement d’entre tes lèvres sèches. Amertume. Le néant. Ton corps impuissant qui retombe lourdement sur le lit à peine assez confortable pour la légalité. Les normes de moralité. Comme paralysé, de ce flashback au présent. Victime d’ton mauvais sort. Simple accidenté d’un terrain de foot. D’une voiture. Un an, en arrière. Plus d’un an. Douze mois, quelques mois de plus. De moins. Tu ne veux pas y repenser. Revoir ces images. Simple rigolade à monter à tes proches. Douleur, à toi même. Quelques jours en amnésique, quelques simples jours où tu n’étais plus toi. Un mauvais virage, sur cette route mouillée. La pluie en cascade contre ton pare-brise, brisé. Ton corps mal en point, dans la voiture défigurée par le choc. Choc contre toi-même. C’est après ça. Drame, que tu as quitté la ville. Le macadam de la côte est ne voulait plus d’toi. Tu voulais plus l’voir. Revenu, janvier deux mille seize. Briser la glace. Revenir sur tes pas, éviter morceaux cassés, coupants sur le sol de ta vie ici. Boston à nouveau. Harvard, pour changer. Tes études vétérinaires mises en suspens, quelques mois à reprendre de toute urgence. Soigner des vies, animales. Des vies, surtout. Petites bêtes poilues, sans poils. Revenir à Harvard, compliqué à la fois excitant. T’as jamais eu aussi peur de rentrer à l’université, retrouver la civilisation, comme avant. Jorden extraverti qui se fait timide tu les bancs de la nouvelle année. L’argent de ton père, le dossier aisément rempli, comme la première fois, déjà. Ta cinquième année mise en pause, pour un accident. Fuite, loin de tout ça. Yeux plongés sur ce plafond. Gouttelettes de peintures qui pointent sur toi. Plafond sombre. L’obscurité de cette chambre. L’hôpital en arrière-plan. Te revoilà, ici. Ce genou qui te fait mal. Ce genou qui t’fou la vie en sale. Tu as repris le sport, quelques semaines, depuis. Foot, américain, bien sûr. Des mois loin d’un ballon. Des moins loin de cette sueur enveloppante. Sueur qui imprègne tes vêtements, ton esprit. Ce mode de vie. Tu ne joues pas au foot. Tu le vis. Foot. Sensation dure. Molle. Éloigne tes pensées d’pervers. L’herbe parfaitement coupée façons toison catégorie shaved. Armure de guerre sur tes épaules. Ton élément. Jorden, dans ce qu’il est. Loin de lui. De tout. Juste, le ballon. Jorden. Sueur à couler sur ton front, lancé. Fusé le long du stade. Gradin à défiler sur les côtés. Regard pointé. Le noir, sombre. Souvenir de rien, à peine. Un hurlement. Cette douleur vive. Connasse de douleur. Tu voulais partir. Te barrer. Loin d’ton corps. Loin d’la où t’étais. Tu ne pensais pas, te retrouver ici. Ploter ton oreille lavande imaginaire. Soupire profond. Soupire de tes poumons. Quoi d’autre pouvant te laisser giser. Sur ton lit. Tu ne veux que ça. Retourner, chez toi. T'a vie à la normale, ta jambe à trainer, à s’faire mal. Harvard te rend fou. Gravé sur ton corps, dans ton cœur. Tu es parti pour respirer, retrouver ailleurs ce que t’avais perdu à Cambridge. Ce gout pour tout et rien. Les gens, s’intéresser aux autres sans se baser sur tes relations elles-mêmes. Alexys. Elle t’a laissé cet arrière-gout d’amertume. Elle t’a laissé en plan, baigné dans ton propre mépris. Plus d’un an à courir après cette fille. Sauvage. Un an a essayé de te faire pardonner. L’avoir trompé une fois. Elle aurait pu te dire les choses. Les choses qui font mal, qui sont vraies. Vous deux, c’était terminé. Plus jamais, à jamais scellé sur cette mauvaise note que t’as lâché. L’corps d’une inconnue contre toi, sous ses yeux. Te laisser mariner, des mois à perdre espoir. Dénaturer, de toi même. Le sourire était dur, douloureux à étirer sur tes lèvres. Elle aurait du, te le dur. Passer à autre chose. Page tournée. L’espoir t’fais trop rêver. Tu voulais respirer. Partir loin. Ton accident a été le tremplin. Quelques semaines à Paris. Chez ta mère, divorcée de ton père depuis trop longues années. Journaliste, féministe. La résistante à notre époque. Ta mère ton modèle. Confiture sur du pain face à Madame Eiffel. Quelques mois retournés à New York. Nostalgie de tes quelques années passées. Commençais tes études là bas, à tes dix-neuf ans, pour trois années. Macadam de la Grosse Pomme t’avais manqué. Odeur de bagel chaud sur les coins de rue. Vitrines colorées. Cupcakes qui t’attire illégalement, gourmandise. Prendre l’air, sur la simplicité. Sur ton passé, pas très compliqué. T’as pas tout vécu, de rien et de tout.  Un type normal. Sa merde de santé. Inavouée. Impossible de te faire avouer ta jambe en mauvais état. Tu veux juste. Rentrer chez toi. Frotté ton cul sur ton sofa, moelleux, loi de ça. Ton accident sur le terrain qui rappelle aux mauvais souvenirs qui t’ont fais partir, un an en arrière.