GHAÏA ► Don't stop the music

Jaeden était un fêtard; ce n'était d'ailleurs un secret pour personne. Ce n'était pas un fêtard invétéré, adepte des orgies et excès en tous genres, il avait passé l'âge pour cela.Pour lui, les fêtes les plus réussies étaient souvent celles dans lesquelles on s'amusait sans avoir besoin d'artifice. Il n'était pas rare de le retrouver dans divers bars. En fait, c'était le plus souvent avec ses amis, plus ou moins proches, ses camarades, des investisseurs potentiels de son futur projet d'entreprise. L'univers festif et mondain était un monde où il se sentait bien. Peut-être cela venait-il de son passé ? Après tout son enfance et son adolescence avaient été rythmées par les soirées organisées par sa mère, non ? Enfin bref, l'essentiel était qu'il aimait être entouré de monde. A une époque, les fêtes étaient un énième moyen de passer la soirée en galante compagnie, maintenant ce n'était plus le cas. En tous cas, c'est ce qu'il espérait, ce qu'il voulait croire. Il ajusta son col de chemise avant de sourire à son rétroviseur intérieur, un sourire de play-boy américain, bien vantard. Il secoua la tête, se moquant intérieurement de lui-même. Ce soir, il ne ferait rien de mal: il était avec Linoa maintenant, il était "casé". Il voulait être sérieux. Jusqu'à présent, il n'avait pas fait d'écart de conduite, pas trop au moins. Il avait repoussé au maximum ses instincts de Don Juan infidèle, pour longtemps, il l'espérait. Pourtant, il ne fallait pas non plus lui demander de cesser de faire le séducteur. C'était quelque chose dont il était définitivement incapable.

"Salut, beau brun, tu m'invites à prendre un verre ?" Jaeden sourit. La jeune femme était mignonne, très mignonne, exactement le genre de fille avec laquelle il pourrait passer la nuit. Quoi qu'il n'avait pas de genre en y songeant. Mais ce ne serait pas honnête. Après tout, il était en couple, et amoureux. Il est vrai que ce dernier mois, il avait le sentiment que son histoire avec Linoa était un peu étrange. Pas qu'elle battait de l'aile, non, mais il y avait quelque chose qui clochait, il le sentait. Sans qu'il ne puisse dire quoi ... "Une autre fois peut-être, chérie, là j'ai des choses plus importantes à faire". En effet, au milieu de la piste de danse, se déhanchant tranquillement, il venait d'apercevoir un visage qu'il aurait sans doute reconnu entre mille. Ghaïa Keegan. La jeune femme était étudiante à Harvard également, et en parfait gars populaire, Jaeden n'avait pas vraiment tardé à la rencontrer. Et il avait découvert une fille, absolument sublime soyons clair, mais surtout résolument géniale. Il l'adorait, vraiment. Elle était rapidement devenue une très bonne amie à lui, et sa bonne humeur parviendrait sans aucun doute à faire qu'il cesse cinq minutes à s'inquiéter pour Linoa. Ou pour son histoire avec elle. Il était absolument certain qu'elle le ferait rire aux éclats. Jouant des coudes, il se faufila jusqu'à elle sans faire attention à l'air un tantinet vexé de la blonde qu'il laissait en plan. Elle trouverait bien quelqu'un d'autre.

"Eh bien Arizona - c'était le nom qu'il lui avait donné lorsqu'il avait appris qu'elle venait de Phoenix, et il considérait que ça lui allait très bien - qu'est-ce que tu fais ici, seule et esseulée, personne pour sortir ce soir ? Je t'offre un verre ?" Il planta un baiser sonore sur sa joue avant de prendre sa main pour la faire tourner. Oui, il allait sans aucun doute passer une excellente soirée.

C'était un vendredi soir. Et Ghaïa, en tant qu'adepte de sorties et de folles nuits de fêtes, ne pouvait rester tranquillement chez elle à ne rien faire si ce n'est regarder la télévision. D'autant plus que, comme à l'accoutumée le vendredi passé vingt et une heure, il n'y avait absolument rien d'intéressant à voir à part des retransmissions de Dawson. Ennuyeux. C'est donc tout naturellement que la demoiselle s'était préparée pour aller en boîte, au People's Republik. Elle y était déjà allée de nombreuses fois en deux ans et n'en gardait que de merveilleux souvenirs ... Lorsqu'elle arrivait à se souvenir. Gee avait prévenu ses amis, mais chacun avait des plans pour la soirée, ou ne pouvaient pas se libérer. Qu'à cela ne tienne, elle irait seule. Le monde ne lui faisait pas peur, elle s'y sentait plutôt comme un poisson dans l'eau. Et puis, belle et confiante comme elle l'était, elle trouverait bien un beau garçon à se mettre sous la dent pour lui tenir compagnie le temps d'une soirée. D'autant plus qu'elle faisait partie de la Cabot House, la maison qui regroupait les filles les plus prisées du campus. Mine de rien, cette adhésion ajoutait indéniablement du prestige à sa personne. C'est donc vers minuit et demi, après deux bonnes heures à décider de ce qu'elle allait porter et de quelle type de maquillage elle mettrait que la jolie jeune Cabot débarqua sur les lieux. Birdie commença à prendre un verre, puis deux, et s'élança sur la piste de danse.

Deux heures du matin. La demoiselle était encore entrain de se déhancher au milieu de la piste, sous les projecteurs. Être au centre de l'attention, elle adorait ça. Et puis, ne le nions pas, elle avait sacrément le rythme dans la peau. Sans dire qu'il s'agissait d'une professionnelle ou quelque chose du genre. Elle savait simplement comment bouger sur de la musique de manière innée. C'est alors qu'il arriva comme un charme, lui plantant un baiser sur la joue et la faisant tourner. Jaeden Garrisson. Comment ne pas le connaître ? C'était sûrement l'une des personnes les plus populaires de Harvard, et l'un des mecs les plus canons. " Eh bien Arizona, qu'est-ce que tu fais ici, seule et esseulée, personne pour sortir ce soir ? Je t'offre un verre ? " La demoiselle arbora immédiatement un sourire radieux. Les choses devenaient enfin un peu plus intéressantes. " Tu ne cesseras jamais de m'appeler ainsi, n'est-ce pas, Gary ? " Le taquina-t-elle ... Gary, Garrison, voyez l'allusion. Elle aurait pu trouver mieux mais ses neurones étaient embrumés à cause de la musique trop forte et surtout à cause de ces quelques verres qu'elle s’était enfilés. Effectivement, l'alcool ne rend pas vraiment plus intelligent. " Vois-tu j'essayais d'appâter ce beau brun là-bas en faisant ma super danse de la séduction. Mais il ne vient toujours pas, alors je me demande s'il n'est pas gay, ou aveugle, un truc dans le genre. Personne ne résiste à ça non ? " Reprit-elle en se montrant d'un geste du bras, de haut en bas, prenant la pose je suis trop sexy et je le vaux bien. " Mais puisque tu es là je vais le faire rager en acceptant ce verre. Même si t'essaies juste de me saouler, espèce de pervers. " Plaisanta-t-elle, évidemment il n'avait rien d'un pervers. Gee était majeure et avait parfaitement conscience de ses actes.

Ghaïa était exactement ce style de personne que Jaeden adorait. Le style d'individu avec lequel il adorait converser, plaisanter, ... Bien entendu, le fait qu'elle soit une fille splendide et adorable ajoutait sans doute beaucoup toutefois à cette amitié et à cette certitude de rire avec elle. Malgré qu'il soit un fan de football américain, de soirée entre amis et de bagarres masculines au possible, il fallait avouer qu'il avait tendance à se sentir plus à son aise avec ces demoiselles. Le problème était que les rapports n'étaient pas toujours simples. C'était ainsi qu'il sortait aujourd'hui avec sa meilleure amie, et qu'il entretenait une relation froide bien qu'ambigüe avec son ex-petite amie avec laquelle il avait entretenu la plus longue relation: Blake-Arya. Les exemples de ce genre, il pouvait les citer à volonté. Ses histoires d'amitié, de cœur, ou d'une nuit avaient souvent tendance à ne pas être très simples ... C'est vrai que son regard caramel détaillait les formes de la demoiselle face à lui, pourtant, ce n'était pas vraiment parce qu'il avait une pensée derrière la tête, une habitude, voilà tout. "Tu ne cesseras jamais de m'appeler ainsi, n'est-ce pas, Gary ?" Il rit. Apparemment, et au vu de cet élégant surnom qui venait de sortir, elle commençait à être légèrement imbibée. Cela dit, le surnom que lui-même lui donnait n'était pas beaucoup plus ingénieux, et lui n'avait aucune excuse "Pas avant que tu ne me trouves un autre surnom, Ari: Gary quoi ! S'aurait pas pût être Boston ? - je pense qu'il est de mon devoir de préciser qu'à ce moment-là de la soirée, il n'avait encore rien bu, ou presque - "OK, mauvais exemple, Gary c'est très bien" Boston, quoi ! Ce sobriquet-ci aurait sans doute pût casser la joie de n'importequi.

Elle lui indiqua un jeune homme brun un peu plus loin: "Vois-tu j'essayais d'appâter ce beau brun là-bas en faisant ma super danse de la séduction. Mais il ne vient toujours pas, alors je me demande s'il n'est pas gay, ou aveugle, un truc dans le genre. Personne ne résiste à ça non ?" Il le regarda plus en détail. C'était idiot, il n'était pas très doué pour évaluer le charme ou l'apparence d'un autre homme, mais en général c'était plutôt dont lui que les demoiselles parlaient et qu'elles voulaient attirer dans leurs filets. "Gay ou aveugle, je ne sais pas ... Idiot, sans aucun doute, si une fille de ton genre me faisait la danse du serpent, je ne prévois pas de résister longtemps" Il rit encore un peu. En fait, cette phrase était dite en toute innocence à la base, vraiment en toute innocence. Il n'y avait pour ainsi dire rien de sérieux dans cette déclaration et ce même s'il savait qu'effectivement, il avait souvent du mal à résister aux appels de phare dans ce genre-là. Pourtant, ce n'était ici qu'une phrase comme une autre, ... " Mais puisque tu es là je vais le faire rager en acceptant ce verre. Même si t'essaies juste de me saouler, espèce de pervers. " Elle lui fit un clin d'oeil tandis qu'il lui attrapait la main pour ne pas la perdre dans ce bain de foule. "Je connais un autre moyen de le faire rager plus radical" disant cela, il l'attira contre lui pour l'embrasser tendrement. Ce n'était en aucun cas réfléchi. D'ailleurs, il n'y réfléchissait toujours pas.

Il venait de l'embrasser le plus simplement du monde, sans que cela ne soit programmé, ou avec une arrière pensée. Enfin, normalement. Pourtant, ce n'était pas le plus chaste baiser qu'il ait pût donner. Sa main droite se posa sur la joue de la jeune femme tandis que son autre main ne quittait pas sa hanche. Gary était en train de faire une bêtise, il le savait du reste. Il était sensé être avec Linoa ... oui mais ... C'est presque à regret qu'il s'éloigna de son visage, pas la peine d'envenimer la situation. Il venait juste de rendre jaloux un type, voilà tout "Euh oui ... enfin bref ! Il fait quoi comme tête, là ?" Il essaya de masquer son trouble par cette piètre pirouette, avant de l'entraîner vers le bar: "Moi je dis, le pervers n'a pas besoin d'alcool pour arriver à ses fins apparemment ... Qu'est-ce que tu veux boire donc ?"