Liam ♠ Family Portrait

Mais qu’est ce qu’elle foutait ? Il était encore temps de faire demi-tour, après tout, elle ne lui devait rien. Elle avait grandi avec lui depuis l’âge de ses dix ans, ses parents l’avaient considéré comme leur fils, ils lui avaient dit de l’aimer comme un frère et elle y était parvenue. La distance ne s’est pas installée tout de suite entre eux, ils étaient même assez proches étant enfants, mais les différences en grandissant se sont accentués, jusqu’à la rupture à la mort de leur parents. Comment pouvait-il comprendre ce qu’elle ressentait ? Est-ce qu’il les aimait, comme elle les aimait ? Elle avait un doute et c’était d’ailleurs pour cette raison, qu’elle avait gardé l’héritage, c’était une LLyod Ferguson et elle était l’héritière légitime. Cela n’expliquait pas pourquoi elle marchait vers sa maison ? Peut-être qu’une petite partie d’elle savait qu’il était la seule famille qui lui restait, peut-être qu’au fond, elle ne voulait pas perdre ce qu’ils avaient construits, le souvenir et les désirs de leur parents. Puis lui aussi les avait perdu et elle, elle était parti sans rien dire. Elle ne savait pas comment son frère adoptif allait réagir, elle n’allait pas non plus s’excuser d’être partie, elle ne lui devait aucune explication et faisait ce qu’elle voulait. En arrivant dans le quartier ou il habitait, elle regarda autour d’elle, dieu qu’il habitait dans un quartier bas de gamme et elle avec ses vêtements hors de prix, faisait plutôt tache ici. Elle s’apprêtait à tourner vers l’immeuble de son frère quand elle l’aperçût, elle resta un moment immobile, ne sachant pas comment réagir avant de s’avancer vers lui. « Salut ... euh … » elle sourit légèrement à son frère, passant sa main dans ses cheveux, ce qui trahissait sa gène face à la situation « comme tu vois je suis de retour, je passais pour … te l’annoncer » Voilà, elle était lancée, pas d'excuses, pas de remords, le mal était fait de toutes les façons, il ne resterait plus qu'à voir comme il allait réagir et s'il allait lui reprocher son départ et son absence de nouvelles.

Je chantonnais, accoudé au balcon de mon appartement, réfléchissant à quelque chose à faire. Aujourd'hui tout me semblait vide, comme s'il n'y avait plus aucune activité sympa à faire, comme si je les avais toutes testées. Normalement, dans ces cas là, j'allais faire la fête, je sortais avec des amis et finissais souvent avec une femme dans mon lit mais là je ne pouvais pas. Il était encore beaucoup trop tôt pour commencer à traîner dans les bars et pour ce qui était des femmes, il s'avérait que j'avais une petite amie. Si je l'aimais ? Seulement en tant qu'amie, c'était suite à un stupide pari que nous nous étions mis ensemble. Après bien sûr que oui elle m'attirait, son visage d'ange me faisait énormément d'effet mais de là à devenir amoureux en quelques secondes... Il faudrait attendre encore un peu. De plus, ce sentiment n'était pas pour moi, je n'étais pas le genre de mec qui pouvait rendre une femme heureuse, excepté pour une nuit. Soupirant, mon regard se tourna vers mes cours de médecine posés à l'intérieur de l'appartement, ma raison me poussant à y jeter ne serait-ce qu'un coup d'oeil mais mon cœur me suppliant de prendre une pause. Passant ma main dans mes cheveux, je réfléchissais. Que faire ? Tout à coup, comme si la vie voulait s'amuser un peu avec moi, elle mit cette femme sur mon chemin, celle que j'apercevais de mon balcon. Sans attendre, je fonçais en bas pour ouvrir la porte, n'y croyant pas mes yeux. Qu'est-ce qu'elle faisait là ? Avoir l'argent de nos parents ne lui avait donc pas suffit ? Il fallait qu'elle vienne me narguer maintenant. Mais quelque chose clochait, fronçant les sourcils, je remarquais qu'elle semblait gênée, comme si elle ne se sentait pas à sa place. Était-ce devenu si chaotique entre nous ? Je me souvenais d'un temps où l'on rigolait ensemble, où nous ne nous prenions pas la tête et maintenant... Maintenant on arrivait à aligner à peine deux mots. « Qu'est ce que tu veux vraiment ? On sait tous les deux que tu ne viendrais pas dans ce quartier sans une bonne raison ! » dis-je, m'approchant petit à petit d'elle jusqu'à ce qu'on se retrouve face à face. Il était temps qu'elle soit sincère.

Elle fit une petite moue, qui pouvait être désagréable pour son frère, si on prenait en compte la fausseté de l’expression sur son visage. « Allons Liam, on n’est pas content de voir sa sœur après tout ce temps », elle feignit un visage triste avant de reprendre « Oui je vais bien, merci et toi ? Ça me fait vraiment plaisir que tu le demandes ».  Il avait raison après tout, ce n’était pas dans ses habitudes de venir le voir et c’était encore moins dans ses habitudes de trainer dans ce genre de quartier. Elle passa sa main dans ses cheveux avant de répondre à son frère d’un air agacé « Rassure-toi, ma visite dans le tiers monde … » elle montra le quartier d’un geste bref « N’a rien à voir avec le plaisir ou le tourisme. D’ailleurs, tu devrais sérieusement penser à habiter dans des endroits plus … fréquentables ». Cependant, elle ne se sentait pas dire à son frère qu’elle voulait se rapprocher de lui, qu’il était tout ce qui lui restait de sa famille, en dehors de son rapace d’oncle qui voulait lui prendre sa fortune familiale. Elle aurait voulu lui dire que ses parents l’aimaient et qu’ils devraient conserver leur souvenirs tous les deux. Le seul problème … était qu’il s’agissait de Gabrielle, et ces mots ne sortaient jamais de ses lèvres. Elle évitait les excuses et l’effusion de sentiment que si c’était un poison, du moins, elle le faisait avec son frère. Elle avait du mal à accepter que lui aussi pouvait souffrir de la mort de ses parents, tout comme elle avait du mal à accepter qu’ils devraient peut être se serrer les coudes. La demoiselle était têtue et dans son idée fixe, elle n’avait pas besoin de lui, elle n’avait pas besoin qu’on l’aide et elle n’avait pas besoin de quelqu’un qui pouvait lui rappeler ses parents. Elle toisa son frère avant de lâcher sur un ton agacé « Je suis venue voir comment tu allais … idiot ». Elle détailla ensuite son visage et ses vêtements avant d’ajouter « comment tu t’en sors depuis ? ».

Des excuses, encore et toujours, Gabrielle ne dévoilant jamais ses sentiments, se servant toujours de l'ironie pour s'en sortir. Là, en l’occurrence, elle faisait comme si j'étais impoli, ne lui demandant pas comment elle allait, sûrement parce que j'avais des choses plus importantes à penser. Il serait temps qu'elle apprenne que tout ne tournait pas autour de sa petite personne. Je ne la déteste pas, détrompez vous, il fut un temps où je l'adorais, où nous rigolions ensemble sans problèmes mais ça avait changé depuis la mort de nos, enfin, ses parents. « Change pas de sujet Gabrielle, tu veux quoi ? » Ouais, sois honnête cette fois, dis moi vraiment ce que t'es venu foutre là. Ma « soeur » commença à me conseiller sur mon mode de vie, voulant que je trouve un quartier plus fréquentable, agacé je commençais à détourné le regard, lassé de son petit jeu. Mais je restais là, à attendre qu'elle finisse, parce que c'était quelqu'un qui avait fait parti de ma vie, quelqu'un à qui j'avais tenu. Alors je patientais, serrant des dents jusqu'à ce qu'enfin elle me révèle la véritable raison de sa venue, assez surprenante d'ailleurs. « Depuis quand ça t'intéresse ? » rétorquais-je sur un ton glacial. Je n'étais pas celui qui s'était barré alors que tout allait mal, celui qui avait blâmé l'autre à la mort de ses parents, celui qui avait voulu couper tout contact. Malheureusement la blessure n'était pas cicatrisée et il faudrait plus qu'une visite pour apaiser les choses mais, ça, elle ne semblait pas le savoir. « Tu m'as laissé tomber Gabrielle et tu oses revenir comme ça ? Comme si de rien n'était ? J'ai même pas envie de savoir ce que t'as foutu ces deux dernières années alors tu peux m'abandonner à nouveau et repartir, ça n'a pas eu l'air de te déranger la première fois ». Rancunier, ouais je l'étais. Mais c'était Gabrielle dont on parlait là, je pouvais pas juste rentrer et l'abandonne là alors je restais sur le pas de la porte à la regarder, attendant une réponse.

Gabrielle effectua un roulement d'yeux comme elle savait si bien faire en entendant les mots de son frère. Ils s'étaient tous ligués pour l'emmerder ? Il allait encore falloir qu'elle se justifie ? Elle regarda Liam d'un air consterné alors qu'elle sentait clairement la colère de son frère à son égard. " Ça m’intéresse parce que figure toi que je ne suis pas le monstre sans cœur que tu t'imagine dans te petite tête Liam ... Alors m'emmerde pas et dis moi comment tu vas, au moins l'un d'entre nous s'en préoccupe." Elle poussa un soupire après ces quelques mots avant de reposer les yeux sur son frère. Qu'attendait il vraiment ? Qu'elle s'excuse ? Allons s'il la connaissait vraiment, il savait que ce serait peine perdue d'attendre une telle chose de la jeune femme. Elle ne voulait pas se fatiguer à en formuler et lui devrait économiser son énergie en ne lui demandant pas de s'excuser. " Pourquoi ! Pourquoi il faut que tu viennes m'emmerder concernant mon départ Liam ? Tu sais très bien que si j'avais eu une autre solution à ce moment je serais restée, mais j'aimerais bien t'y voir moi, avoir à gérer tout ça sans péter un câble." Elle s'avança faisant face à son frère et fronça légèrement les sourcils en l'entendant dire qu'elle pouvait s'en aller encore une fois et l'abandonner puisque visiblement c'est ce qu'elle savait faire. Gabrielle, ferma furtivement les yeux avant de souffler légèrement histoire de se calmer et que ça ne parte pas trop en vrille avec son frère. "C'est trop te demander de comprendre la situation dans laquelle j'étais il y a plus d'un an ? Est ce que tu en as seulement quelque chose à faire ? Est ce que tu sais ce que j'ai du traverser Liam ? Alors maintenant tu vas me laisser pourrir dehors ou je peux entrer ?" Elle força un léger sourire vers lui en ajoutant "Parce que crois moi ta sœur à besoin d'un verre, même si un de ces alcools bons marchés et insipides que tu as certainement." Après tout Gabrielle restait elle même, elle ne faisait pas vraiment d'effort et campait sur ses positions, elle attendait que tout le monde comprenne parce qu'au final, elle estimait qu'elle n'avait rien fait de mal, elle souffrait alors elle s'est barrée, point. 

Devais-je ravaler ma fierté et la laisser entrer ? Ou laisser tomber et rester en mauvais termes avec elle ? La réponse à ce dilemme semblait tellement évidente mais je n'arrivais pas à lâcher prise, à lui dire que tout allait bien maintenant et qu'on allait s'occuper l'un de l'autre comme on l'avait toujours fait. Mais c'était aussi trop dur de tirer une croix sur elle, sur cette sœur adoptive à qui je m'étais attaché au fil du temps. Alors je restais là, à l'écouter, préférant ne pas répondre pour ne pas aggraver les choses. Si je comprenais pourquoi elle était partie ? Bien sûr. Si je l'acceptais ? Toujours pas, considérant cela comme un abandon, de la lâcheté dont je me serai bien passé. Mais le pire dans tout ça est qu'elle ne semblait pas se rendre compte combien elle m'avait fait souffrir en faisant ses bagages pour se barrer sans un au revoir. Si Gabrielle était juste venue me voir je l'aurai aidé, j'aurai été là pour elle, on aurait traversé la crise ensemble mais non elle m'avait laissé seul avec l'alcool, avec mes démons, dans cette maison vide où on avait l'habitude de faire des conneries, cette maison dans laquelle je ne pouvais plus entrer sans avoir un pincement au cœur. « Je m'en fiche » rétorquais d'un ton qui se voulait sec mais qui tranchait avec ma voix brisée. « Ouais j'en ai rien à foutre de ce dont t'as besoin maintenant ou de ce qu'il te fallait avant. Tu m'as laissé seul avec ma merde il y a un an, pourquoi je ferais pas pareil avec toi maintenant ? » demandais-je toujours planté devant la porte, ne la quittant pas du regard, sachant pertinemment que je finirai par craquer et lui pardonner mais tentant de lutter parce que cette rancœur qui me bouffait était toujours là. « T'avais une autre solution, t'aurais pu venir me voir parce que, comme tu dis, t'es ma putain de sœur ! Mais non t'as voulu être seule, qu'on se sépare, t'as pas voulu de moi alors que j'avais besoin de toi ! » C'était trop, je commençais à hausser la voix tandis que les souvenirs de nos parents revenaient petit à petit. Ouais, t'étais allée trop loin Gabrielle.

Gabrielle était le genre de personne qui perdait souvent son calme, un peu trop souvent et lorsque ça arrivait, il n'y avait aucun filtre entre ce qui lui passait par la tête et ce qu'elle pouvait dire. En ce moment, elle se faisait violence pour ne pas s'énerver plus que de raison face à son frère, elle avait déjà trop perdu pour risquer de le perdre lui aussi. Bien évidemment, elle n'allait pas lui dire qu'elle avait besoin de lui, bien évidemment, elle n'allait pas s'excuser ... il ne fallait pas trop lui demander. Cependant, elle avait l'intention de faire en sorte de ne pas le perdre lui aussi, au fond, elle savait qu'elle ne pourrait pas le supporter. "Tu peux arrêter d'en faire tout un drame Liam ? Je ne suis partie que pendant quelques mois, ça va ... je n'ai pas quitté Boston pendant 10 ans. Du Gabrielle dans toute sa splendeur, aucune culpabilité et surtout, elle s'appliquait à minimiser ses fautes. Elle croisa les bras en regardant son frère, pourquoi il était si têtu ! C'était la question qu'elle se posait alors qu'elle même campait sur ses positions, refusant de lui faire part de l'attachement qu'elle avait pour lui.  "Tu ne feras pas la même chose parce que tu n'as aucune raison de le faire Liam, la situation dans laquelle j'étais il y a un ans et celle dans laquelle tu es maintenant sont deux choses différentes. Mais merde ... maman et papa sont morts et tu vas me planter là ? comme ça ? ". Comme à son habitude, la jeune femme culpabilisait son frère, elle l'avait fait tellement souvent que c'était presque devenu un automatisme maintenant, tout était toujours de la faute de Liam et jamais de la sienne. Elle eu un sursaut de conscience aux derniers mot du jeune homme, lorsque celui ci lui dit qu'il avait besoin d'elle à l'époque et qu'elle, elle s'était barrée sans rien dire. Elle poussa un léger soupire avant de prendre son frère dans ses bras, sans prévenir, est ce que la culpabilité osait s'approcher de Gabrielle ? Elle n'irait pas jusque là, mais elle savait qu'il fallait qu'elle fasse un pas vers lui au risque de le perdre lui aussi si elle continuait à s’entêter. "Tu m'énerves Liam ...". Lui glissa t'elle tout de même alors qu'elle le serrait contre elle.