Our hearts are like firestones ○ Jeisa

Pourquoi étais-je là ? Pourquoi était-ce moi à ce bal et pas mon frère ? Ce con avait péri dans un accident de voiture il y avait déjà treize ans et pourtant la douleur était toujours aussi vive, comme une plaie qui n'avait pas cicatrisé. A chaque fois que je riais, que je me sentais heureux cette boule se nichait en moi et la culpabilité venait me saluer comme une vieille amie qui resterait à mes côtés toute ma vie. Mon quotidien, depuis ce jour, était un enfer. Il ne se passait pas une minute, une seconde, sans que j'y pense, sans que j'essaye de retrouver mes souvenirs, de savoir si j'étais coupable ou pas de cet accident. J'avais peut être mis fin à la vie de toute ma famille et me voilà dans un bal, regardant mon verre, me demandant si je devais le finir. J'étais tenté de me bourrer la gueule, de tout oublier chaque soir dans l'alcool et de profiter de la vie dans les bras d'une femme différente à chaque fois. Mais quelque chose me bloquait. C'était comme si j'allais décevoir encore plus ma famille décédée. Inspirant un grand coup, mon regard dériva sur une belle jeune femme habillée d'une magnifique robe. Et sa vue me fit tout oublier. Machinalement je me dirigeais vers elle, sans savoir quoi dire, quoi faire, juste en admirant sa beauté, ses traits parfaitement dessinés. J'avais l'impression que c'était Noël, tout à coup je ne regrettais plus d'être venu à ce bal, comme si sa simple présence me donnait une raison d'être présent. M'arrêtant, je réalisais combien c'était idiot, cette femme n'était qu'une inconnue. Et pourtant... Pourtant je me devais d'aller la voir, rien que pour savoir son nom, apprendre à la connaître, comprendre pourquoi elle m'intriguait tant. Avec un sourire, je me positionnais derrière elle, lâchant alors un simple : « Ennuyante cette soirée hein ? » M'avançant de quelques pas afin d'être en face d'elle, je l'observais de plus près, espérant qu'elle ne me prenne pas pour un de ces dragueurs à deux balles qui ne pensent qu'au sexe. Une main dans une poche, l'air décontracté, je ne disais plus rien, attendant qu'elle me réponde. Alors peut-être que j'arriverai à comprendre ce qui m'attirait tant chez elle.

J'avais l'impression que j'allais subir un peu mon bal à cause de l'ennui, mais j'avais quand même préféré boire un peu, histoire de me mettre dans l'ambiance. Sauf que l'alcool montait plus vite au cerveau que ce que je me souvenais. En Inde, j'avais pas touché une seule goutte d'alcool après tout, j'étais pas là pour ça. Puis depuis l'accident l'été dernier, j'en avais eu aucune envie. Mais ce soir, c'était un peu différent. J'avais besoin de renouer un peu avec ma vie d'avant, celle ou je faisais réellement ce dont j'avais envie. C'était à la base de tout, la raison pour laquelle mes parents m'avaient fait venir auprès de mon frère au Etats Unis, et m'éloigner de Rio où tout partait en vrille. Mais là c'était pas question de drogue ou quoi que ce soit, juste boire quelques verres et me retrouver pompette plus vite que prévu ahah. Ma robe m'énervait un peu, heureusement qu'elle était courte et que j'avais mis mes baskets ahah. Je m'en passais plus sérieux, j'aime addidas de tout mon coeur ce soir. Finalement, dans un profond moment d'ennui, j'entendis une voix derrière moi. La voix, ou plutôt le gars se déplaçait pour se trouver en face de moi. Oh, ce n'était pas moche à regarder dis donc. Même plutôt pas mal, vraiment. Mais d'où il sortait? Je l'avais jamais vu dans les parages. Je n'aurais pas dit mieux, répondais-je simplement, le détaillant un peu plus. Non, décidément inconnu au bataillon ce jeune homme. T'es nouveau ici? Peut être pas. Après tout, c'est moi qui m'était absenté pendant presque six mois.

Elle confirma mes propos, m'arrachant un petit rire. Je n'étais donc pas le seul à m'emmerder ici, à trouver que ce bal était d'un ennui monumental. D'abord, j'allais draguer une jeune femme du nom de Dana qui, apparemment, était déjà en couple et ensuite il s'avérait qu'elle était la meilleure amie d'Ombre, une femme avec qui j'avais perdu tout contact et qui me manquait terriblement. Autant vous dire que le bal commençait merveilleusement bien ! Heureusement, cette femme-ci semblait célibataire et d'accord pour qu'on fasse connaissance. « Non, je suis là depuis cinq ans ! » répondis-je avant de porter le gobelet à mes lèvres, avalant quelques gorgées de cette liqueur qui brûlait la gorge. Apparemment elle ne m'avait jamais remarquée sur le campus tout comme je ne l'avais pas vu à Harvard ces derniers temps. Et pourtant le hasard nous réunissait à ce bal, rien que pour une nuit, le temps d'apprendre à se connaître l'un l'autre et d'oublier les misères de la vie ensemble. « Mais ça fait toujours plaisir de voir une nouvelle tête non ? Surtout quand elle a l'air aussi sympa que moi ! » plaisantais-je, un sourire en coin, espérant qu'elle ne prenne pas ça pour de l’arrogance car, s'il y avait bien une chose que je détestais c'étaient les personnes se vantant de leurs mérites, se pensant meilleures que d'autres et rabaissant ceux qui n'avaient déjà pas confiance en eux. « Tu t'appelles comment ? » finis-je alors par demander, voulant connaître le prénom de cette sublime femme qui se tenait en face de moi. Pour l'instant, je ne demandais que le nom, peut-être qu'à la fin de la soirée je prendrai le numéro aussi. En tout cas c'était bien parti pour.

J'étais presque soulagé, voir excitée que quelqu'un vienne me parler. Parce que je m'ennuyais, et que j'avais besoin d'être divertie. De plus, être divertie par un joli garçon, ça ne fait jamais de mal. J'avais du souffrir un peu du manque d'attention pendant mon voyage humanitaire, car j'en demandais beaucoup en ce moment. Je me posais tout de même la question de savoir si il était nouveau. Je ne l'avais jamais croisé, ou peut être ne l'avais-je simplement pas remarqué. Quel dommage. Il était là depuis cinq ans, plus longtemps que moi. Je lui souriais simplement, alors qu'il continuait, se ventant un petit peu. Je prenais ça pour rire, ça l'était sûrement. Les gens réellement arrogant, ça se remarque croyez moi. J'avais une soeur arrogante pour le prouver. Tu as raison ! Et tu sais quoi ? Je trouve ça géniale que deux têtes qui ont l'air aussi sympa l'une que l'autre se rencontrent ! Je lui adressais un grand sourire. Je ne suis pas vantarde, mais je me considère comme quelqu'un de cool et sympathique. Il faut juste pas me chercher. Mis à part cela, je suis un ange. Rien que ça, oui. Je m'appelle Jeisa, et toi ? répondais-je, intrigué de connaître le prénom ce beau blond. D'ailleurs, il n'était pas accompagné ? Aucune idée. Peut être que sa cavalière faisait un petit break, ou que sais-je. En tout cas là, il était seul. Alors, qui as-tu invité ce soir ? Et bien oui, je suis curieuse. Je veux savoir un peu comment il est. Si je connais la fille, ou le mec imaginons, je pourrais me faire une idée du genre de personnes qu'il fréquente.

ps; désolé pour le retard, j'avais oublié de suivre le sujet du coup c'est passé à la trappe

Liam. Joli prénom, pour un beau garçon. Heureusement, il avait l'air vraiment gentil. Pas le genre de gros lourd à venir draguer sans tact. Non, il était juste sympathique et de ce fait il ne me dérangeait absolument pas, au contraire. Puis de toute façon j'étais un peu pompette, donc il en fallait pour me déranger. Comme ça, je suis l'ami de tout le monde. Même de lui. Finalement, il m'avouait qu'il était venu seul au bal. Yay, comme moi. C'était la tendance cette année ? Non je plaisante. De toute façon, l'année dernière je n'avais pas eu plus de chance. Mon cavalier avait disparu dans la nature en pleine soirée. Faut croire que je ne dois pas être de très bonne compagnie. « Les nanas ne savent pas ce qu'elles ratent » dis-je en lui adressant un clin d'oeil. Oh mon dieu, on dirait une grosse lourde. Pourtant je pensais même pas à le draguer, je disais juste la vérité, seulement elle sonnait tout autrement. La honte quoi. « C'est moi qui n'ai pas voulu d'eux » dis-je en souriant. C'était pas vrai. Je venais de revenir, me chercher un cavalier avait été la dernière des choses à faire. Je m'en fichais, j'étais trop sociable pour penser passer la soirée tout seule une seule seconde. « Tu sais ce qu'on dit ? Mieux vaux être seule que mal accompagnée... » Il devait me prendre pour une désespérée. C'est la phrase typique des célibataires, ça. T'es pas originale ma belle.