C. Elyka Vanderwall ► Zoella Sugg

Je suis née dans la magnifique ville de Londres dans une famille aisée. Mon père avait son propre cabinet d'avocats en plein coeur de la capitale. Un des cabinet les plus prestigieux d'ailleurs. Ma mère, pour sa part, était mannequin. Il faut dire que j'ai dû être hospitalisée à la naissance car ma mère refusait de trop manger. Il ne fallait pas qu'elle prenne trop de poids. Elle n'aurait pas pu continuer le mannequinat si ça avait été le cas. C'est donc après trois semaines à l'hôpital que j'ai pu rentrer à la maison avec mes parents.
J'ai grandi sans jamais manquer de rien si ce n'est que de la présence de ma mère. Elle devait s'absenter souvent à cause des défilés qui se donnaient à l'étranger. Heureusement pour moi, elle me téléphonait tous les jours et dès son retour, on passait nos journées ensemble. Malgré le fait que j'avais des parents des plus occupés, ils trouvaient toujours le moyens de passer du temps avec moi, de me montrer qu'ils m'aimaient autant que je les aimais.
Lorsque j'avais trois ans, j'ai commencé les cours de gymnastique ainsi que de danse. Puis, ce fut le tour des cours de chant, de piano, etc. Mes parents tenaient à ce que je sois des plus polyvalente. Je crois bien qu'ils n'ont pas manqué leur coup. Je passais donc mon temps entre l'école, mes cours e dehors de l'école et les défilés de mode de ma mère. J'avais le droit d'y assister avec mon père lorsqu'ils étaient près de la maison.
En regardant ma vie jusqu'à ce moment-là, on pouvait dire que j'avais une vie parfaite. Des parents aimants et présents le plus possible, d'excellents repas préparés par ma nourrice à chaque jour, des amis en bonne quantité, des cours que j'adorais, de bonnes notes à l'école. Je ne manquais absolument de rien. Mais quand tout va trop bien depuis très longtemps, il est inévitable qu'un malheur s'abatte sur nous.
Je devais avoir 11 ans lorsque nous avons appris que ma mère souffrait d'un cancer. Il a été détecté en phase terminal. Donc, aucune possibilité d'opération ou de survie selon les médecins. Ils ont été très précis sur le nombre de temps qu'il lui restait. 3 mois. Pas plus. Il avait raison. Moins de trois mois plus tard, nous lui disions au revoir pour une dernière fois à l'église. Ce fut sûrement l'épreuve la plus difficile que j'ai eu à vivre de toute ma vie. Juste après les fêtes en plus. Au moins, j'ai pu fêter un dernier Noël et un dernier jour de l'an avec elle.
Ma nourrice s'est installée avec nous définitivement. Je me disais que c'était pour le côté pratique. Après tout, elle arrivait tôt le matin pour aller me porter à l'école et ensuite, elle revenait pour faire le ménage, les commissions et les repas. Elle repartait donc assez tard chaque soir. C'était donc moins compliqué pour elle de simplement dormir à la maison. De plus, avec mon père qui n'allait pas très bien, elle a commencé à venir me chercher à l'école et m'accompagna à mes cours. Souvent, c'était même elle qui me bordait avant que je m'endorme. Mon père n'était plus là du tout. Ça lui a prit quelques mois à se remettre de la perte de maman. Il passait son temps  au cabinet pour éviter d'y penser et revenait souvent tard dans la nuit après avoir pris un coup. Tranquillement, il est revenu à lui-même. Il fallait bien avec une enfant qui entrait dans l'adolescence. J'aurais eu besoin de ma mère pour me parler de maquillage, de mode, des garçons. J'avoue que c'était plutôt marrant de voir mon père m'expliquer ce qui se passait chez les filles une fois par mois. Je savais très bien ce que c'était. On nous en avait parlé à l'école. Mais j'aimais bien voir mon père patiner avec ses explications. Heureusement que certaines amies de ma mère qui étaient elles aussi mannequins ont pris mon éducation féminine en main. Elles m'amenaient magasiner de temps en temps, me laissaient venir aux défilés, comme quand ma mère était encore là. J'aimais les voir défilé et je m'amusais parfois à le faire avec elles pendant les pratiques mais il manquait quelque chose. Il manquait la présence de ma mère.
À l'âge de 15 ans, j'ai eu une grosse remise en question. Je devais coucher chez une amie pour une soirée pyjama mais je ne me sentais pas bien. Sa mère a donc décidé de venir me reconduire chez moi. Imaginez ma surprise de voir mon père et ma nourrice sur le divan. Je ne m'y attendais pas du tout. Tellement de questions me sont passées par la tête. Depuis combien de temps? Avant la mort de ma mère ou après? Formaient-ils un couple ou était-ce simplement pour s'amuser? Je n'ai pas posé aucune question. Je me suis sauvée. J'ai quitté la maison en courant malgré le fait que mon père m'appelait. J'ai couru jusqu'au parc le plus près de chez moi. À bout de souffle, je me suis arrêtée et assise sur le banc. Idée plutôt stupide de ma part. Une jeune fille de 15 ans, seule dans un parc, à cette heure tardive. Je n'y avais pas pensé jusqu'à ce que j'aperçoive une bande de gars s'approcher de moi. Je me suis rapidement levée pour marcher en sens inverse. Je devais m'éloigner d'eux au plus vite. La panique devait se lire dans mes yeux puisqu'un jeune homme qui venait du sens inverse m'accrocha en s'excusant d'être en retard, il avait été retenu au boulot. Il passa son bras dans mon dos et me donna un bec sur les cheveux. Je ne savais pas si je devais paniquer ou non. Mais voyant que la bande de gars avait tourné les talons, je fus soulagée. Je le remercia et passa même une partie de la nuit avec lui. Nous avons marché et discuté pendant des heures. Puis, je suis retournée chez moi.
J'ai appris que la relation entre ma nourrice et mon père avait débuté après le décès de ma mère et qu'ils ne voulaient pas me le dire tout de suite pour s'assurer que c'était sérieux. Ça semblait l'être maintenant. Ça m'a prit un peu de temps mais j'ai fini par m'y faire. Et pour ce qui est du jeune homme que j'ai rencontré ce soir-là, quelques semaines plus tard, nous échangions notre premier baiser. Ma mère l'aurait adoré. Un garçon de bonne famille, une famille aristocrate, avec de bonnes manières, un bel avenir, un vrai gentleman.
Nous avons été ensemble pendant plus de quatre ans. J'aurais aimé que ça dure plus longtemps. Lorsque j'avais 18 ans, j'ai quitté Londres pour intégrer l'université d'Harvard, à Cambridge. Mon copain est resté à Londres. Sa famille a profité de la distance qui nous séparait pour le fiancer avec une fille du même rang que lui. Je l'ai appris sur les réseaux sociaux. J'ai cru qu'il était d'accord avec cela, qu'il ne m'aimait plus mais qu'il était incapable de me le dire. J'ai donc arrêté de lui répondre, de lui parler.
C'est donc plutôt mal qu'ont commencé mes études à Harvard. J'ai malgré tout fait application chez les Dunsters et j'ai mis tous les efforts que je pouvais pour réussir dans mes cours. Si je ne réussissais pas en amour au moins j'allais réussir en tant qu'avocate dans la cabinet de mon père. J'ai appris ce qu'était la vie universitaire. Les cours, les amis, les fêtes plus démentes les unes que les autres. On peut dire que ma vie est bien occupée depuis que je suis arrivée à Harvard. Bien sûr, je retourne chez mon père durant le temps des fêtes et j'y reste jusqu'à l'anniversaire de décès de ma mère. J'y vais aussi pendant une semaine ou deux l'été. J'ai préféré habiter dans un loft près de l'université plutôt que dans une résidence. J'aime bien avoir mon intimité. je suis maintenant en quatrième année de droit et d'administration. Je n'ai encore intégré aucun club. Peut-être cette année ou l'année prochaine. Ça reste à voir...