LIAM WADE MOORE ► Drew Van Acker

Du sang sur mes mains, sur mon frère, coulant doucement pour venir s'étaler sur le sol. Plus loin une voiture renversée, un homme qui sort d'une ambulance et se dirige vers moi, je ne vois pas bien son visage, tout est flou. Je me rappelle juste des mots que mon frère me criait à ce moment là tandis que l'homme en uniforme le mettait sur un brancard : « crève pas Liam, garde les yeux ouverts, garde les ouverts ! ». L'instant d'après, le trou noir. Je me réveillais à l'hôpital, entre ces murs blancs qui ne renfermaient rien d'autre que la mort, tentant de comprendre ce qui m'était arrivé, où était mon frère, le reste de ma famille. Mes bras étaient perfusés, ma tête me semblait lourde, comme si un éléphant m'avait marché dessus, je ne pouvais penser à autre chose jusqu'à ce que j'entende des voix et des bruits de pas. Un médecin entra suivie d'une interne, les deux se posèrent près de moi, le regard plein de pitié. La bouche du docteur bougeait mais je ne comprenais rien ou, en tout cas, je ne voulais rien entendre. Parce que je savais ce qu'il disait, je l'avais vu à son air triste alors, pendant qu'il parlait, une main posée sur la mienne, je tentais de retenir mes larmes. J'avais dix ans et étais orphelin. Putain d'accident de voiture.

« Voilà ce sera ta maison maintenant » m'expliquait la femme devant moi, me tendant la main, espérant que je la prendrais mais je restais là, muet. Mes yeux passaient de meubles en meubles, observant chaque détail, regrettant ma maison, celle où je cassais des vases avec mon frère, où mes parents avaient pour habitude de venir se reposer après une longue journée de travail. Je sentis les larmes me monter aux yeux au fur et à mesure que les souvenirs revenaient. Tout ça n'aurait jamais dû arriver. Si ça se trouve l'accident était de ma faute, oui, j'avais dû faire un caprice, les déconcentrer juste une seconde, assez de temps pour que tout dérape. Pourquoi moi, pas mon frère ? Je ne méritais pas plus de vivre que lui. Et pourtant j'étais là et lui non. Prenant une grande inspiration, je murmurais un petit merci à la dame et m'en allais dans la première chambre que je trouvais. Désormais, il me fallait affronter mes futurs malheurs seul.


« T'es vraiment obligé d'aller à ce cours ? » me demandait Leandra tandis que je me rhabillais. Laissant échapper un rire, je m'approchais d'elle afin de déposer un  baiser sur ses lèvres avant de lui répondre que oui, si je voulais devenir un bon médecin j'avais intérêt à assurer. La jeune femme fit une moue triste, m'attendrissant un peu plus. Nous n'étions pas ensemble, elle était juste quelqu'un que je rencontrais souvent au bar et avec qui je m'envoyais en l'air à chaque fois. Bien sûr elle connaissait les règles : pas d'attachement. Les femmes avec qui je finissais la nuit savaient toujours qu'il n'y aurait jamais plus. Entre ma famille biologique morte dans un accident de voiture et mes parents adoptifs décédés il y a quatre ans, j'avais trop perdu. Mais je refusais de me laisser aller aux ténèbres pour autant, suivant le cursus de médecine je comptais bien aider un maximum de personnes. Personne ne méritait de souffrir, personne.  Même si ces temps ci je me posais des questions concernant les agressions et la bombe. Si j'avais postulé à Harvard c'était pour sa réputation et, s'ils m'avaient accepté, c'était parce que mon père adoptif avait fait ses études là bas. Je me plaisais bien dans cet université, les personnes étaient sympa et cette guerre des clans m'amusait mais, ce qui comptait le plus pour moi là tout de suite était mon diplôme. Il fallait que je l'ai, que je continue mes études et pour ça il fallait payer. Voilà pourquoi j'avais un job de serveur car l'argent laissé par mes parents ne seraient pas assez pour toutes mes études.